Le métavers en quête de problèmes à résoudre

L'odorat est essentiel au métavers, selon Sarah Socia, vice-présidente d'OVR, parce que c'est "le seul sens qui est directement relié au système limbique, une partie du cerveau cruciale pour la mémoire et les émotions". (AFP)
L'odorat est essentiel au métavers, selon Sarah Socia, vice-présidente d'OVR, parce que c'est "le seul sens qui est directement relié au système limbique, une partie du cerveau cruciale pour la mémoire et les émotions". (AFP)
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Publié le Dimanche 08 janvier 2023

Le métavers en quête de problèmes à résoudre

  • L'édition 2023 du CES, qui s'achève dimanche, a été marquée par l'émergence des technologies olfactives
  • OVR a mis au point un accessoire qui s'attache sous le casque VR pour diffuser des odeurs. L'utilisateur peut ainsi sentir la fumée d'un feu de camp virtuel et humer un marshmallow grillé

LAS VEGAS: Sentir des roses imaginaires, apprendre des manœuvres d'avion de chasse en réalité augmenté ou soigner Alzheimer par la réalité virtuelle: au salon des technologies de Las Vegas, les start-up rivalisent d'idées pour construire le métavers, convaincues que nous allons être de plus en plus immergés dans le virtuel.

L'édition 2023 du CES, qui s'achève dimanche, a été marquée par l'émergence des technologies olfactives.

OVR a mis au point un accessoire qui s'attache sous le casque de réalité virtuelle (VR) pour diffuser des odeurs. L'utilisateur peut ainsi sentir la fumée d'un feu de camp virtuel et humer un marshmallow grillé.

L'odorat est essentiel au métavers, selon Sarah Socia, vice-présidente d'OVR, parce que c'est "le seul sens qui est directement relié au système limbique, une partie du cerveau cruciale pour la mémoire et les émotions".

La start-up de l'Etat américain du Vermont a présenté un prototype de monture qui comporte aussi des cartouches d'odeurs chimiques et permet de créer des parfums via une application mobile.

L'utilisateur les associe à des vidéos à partager ensuite avec des amis - s'ils possèdent l'étrange serre-tête.

Aromajoin, une concurrente japonaise, parie aussi sur l'adoption de tels appareils.

"La plupart des gens ne savent pas ce dont ils ont besoin. C'est comme avant les smartphones, nous ne savions pas quelle place ils allaient prendre dans nos vies", estime SeonHoon Cho d'Aromajoin.

Une comparaison reprise en chœur par de nombreuses start-up du métavers confrontées aux observateurs circonspects.

«Cortex préfrontal»

Fin 2021, Facebook se rebaptisait Meta pour se concentrer sur "l'avenir d'internet", comme le décrit Mark Zuckerberg, le patron du géant des réseaux sociaux.

Mais l'année dernière, les bénéfices de Meta ont fondu à cause de la crise économique et les dizaines de milliards de dollars investis dans cette direction ont suscité une avalanche de critiques.

"Ces temps-ci, le métavers est accueilli avec scepticisme. Et c'est vrai que le terme reste assez spéculatif", reconnaît Steve Koenig, un vice-président de la Consumer Technology Association (CTA), qui organise le salon.

"Mais le métavers commence à avoir de la substance, on entrevoit les différentes applications. On se croirait au début des années 90, quand on parlait d'internet sans pouvoir imaginer tout ce qui allait se passer".

Pour AjnaLens, l'immersion virtuelle représente la solution au problème du chômage et du manque de main-d'œuvre qualifiée.

L'entreprise indienne produit AjnaXR, un casque de réalité mixte (virtuelle et augmentée), plus léger et fonctionnel que les modèles existants, pour que les utilisateurs puissent le porter pendant des heures.

Ses clients, des industriels, s'en servent pour enseigner aux ouvriers le maniement de différents outils (de soudure, de peinture, etc), attachés aux manettes, ou manipulés virtuellement grâce à des gants haptiques (à retour de sensations).

"La VR a un impact démultiplié sur le cortex préfrontal, la partie du cerveau où vous stockez des choses pour la vie", explique Pankaj Raut, cofondateur d'Ajnalens.

"C'est comme quand vous apprenez à faire du vélo, vous ne l'oubliez plus jamais ensuite".

Réalité mixte 

SocialDream éprouve aussi le besoin de créer son propre casque de réalité mixte, adapté à ses vidéos immersives pour stimuler la mémoire des patients souffrant d'Alzheimer.

"Dreamsense n'est pas un casque, l'image est projetée dans une bulle", décrit Thierry Gricourt, le fondateur de la start-up française. "Le visage n'est pas serré, pas de lentilles qui font mal aux yeux, c'est plus facile à nettoyer et des capteurs mesurent les émotions en temps réel".

Les principaux casques, ceux d'Oculus (Meta) et de Vive (HTC) ainsi que les accessoires comme les combinaisons haptiques ont d'abord été conçus pour les jeux vidéo.

La CTA table sur 3,1 millions de casques de VR vendus aux Etats-Unis cette année (+20% par rapport à 2022) et plus de 380.000 lunettes de réalité augmentée, ou "AR" (+100%).

D'après un sondage d'Accenture auprès de 9.000 personnes, plus de la moitié des consommateurs "veulent être des utilisateurs actifs du métavers" dès que possible.

Mais dans l'immédiat, hors jeux vidéo, les usages professionnels semblent s'imposer plus vite.

Red 6 teste actuellement son système de réalité augmentée pour former des pilotes d'avions de chasse aux manœuvres aériennes (approvisionnement en carburant, combats, etc).

Ils voient les autres avions, amis ou ennemis, sur leurs visières. Les formations coûtent ainsi beaucoup moins cher, polluent moins et sont moins dangereuses.

"Le métavers est un peu une solution à la recherche de problèmes. Nous avons fait l'inverse. Nous avons trouvé un cas d'usage pour la technologie qui résout des problèmes essentiels", assure Daniel Robinson, le fondateur de Red 6.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.