Accès aux soins, grande consommation... En attendant les retraites, l'Assemblée s'active

Vue de l'intérieur de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, à Paris le 13 décembre 2022.  (AFP).
Vue de l'intérieur de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, à Paris le 13 décembre 2022. (AFP).
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Publié le Samedi 14 janvier 2023

Accès aux soins, grande consommation... En attendant les retraites, l'Assemblée s'active

  • En début de semaine, l'Assemblée se penchera sur une proposition de loi Renaissance suscitant l'ire des grands groupes de distribution, qui agitent la menace d'une hausse des prix dans les rayons
  • Les députés examineront un texte qui suscite la vive opposition de médecins. Porté par la députée Renaissance et rhumatologue Stéphanie Rist, il prévoit d'ouvrir «l'accès direct» des patients aux infirmiers en pratique avancée

PARIS : Avant d'entamer le gros morceau de la réforme des retraites, les députés ont au menu une semaine copieuse à partir de lundi, avec neuf textes d'initiative parlementaire, sur la grande distribution, l'accès aux soins, ou encore les victimes de violences.

Bras de fer avec la grande distribution

En début de semaine, l'Assemblée se penchera sur une proposition de loi Renaissance suscitant l'ire des grands groupes de distribution, qui agitent la menace d'une hausse des prix dans les rayons. Son auteur, Frédéric Descrozaille, entend rééquilibrer un "rapport de force structurellement défavorable aux fournisseurs" dans les négociations.

Il s'agit de redéfinir les règles de la relation entre l'industriel de l'agroalimentaire et le distributeur si les deux n'arrivent pas à s'accorder à la date butoir des négociations (1er mars). C'est le tarif demandé par l'industriel qui s'imposerait alors en cas d'échec.

C'est "une folie et un scandale" aux yeux notamment du président du comité stratégique E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, qui pense que le texte "ajoutera de l’inflation à l’inflation".

M. Descrozaille a déposé un amendement de réécriture de l'article litigieux, qui prévoit une simple expérimentation pour deux ans: à défaut d'accord entre industriel et distributeur à la date butoir, une médiation serait engagée pendant un mois et, en cas d'échec, les parties ne seraient plus liées entre elles par aucune obligation.

Parcours de soins et grogne des médecins

Dans la foulée, les députés examineront un texte qui suscite cette fois la vive opposition de médecins. Porté par la députée Renaissance et rhumatologue Stéphanie Rist, il prévoit d'ouvrir "l'accès direct" des patients aux infirmiers en pratique avancée. Ces derniers seraient autorisés à prescrire certains soins et médicaments.

La proposition de loi plaide surtout pour un "accès direct" aux kinésithérapeutes et orthophonistes, suscitant le courroux des organisations de médecins qui dénoncent un contournement des prérogatives des praticiens libéraux, alors que ceux-ci renégocient jusqu'à fin février la convention les liant à l'Assurance maladie.

Les députés ont pondéré la mesure en commission (limite de cinq rendez-vous chez le kiné sans prescription, obligation pour le kiné de tenir au courant le médecin traitant des soins pour qu'ils soient pris en charge ...).

Déjà en grève, voire dans la rue ces dernières semaines contre "l'abandon de la médecine de ville", les généralistes sont prêts à se mobiliser en cas d'adoption du texte, selon leur premier syndicat, MG France.

Violences conjugales

Avant ces deux textes, les députés commenceront cette semaine éclectique par le vote d'une aide financière "universelle d'urgence" pour les victimes de violences conjugales.

Le texte a déjà été unanimement approuvé une première fois au Sénat à l'initiative de la centriste Valérie Létard. Il vise à "lever un frein" à la séparation d'un compagnon violent, par l'octroi d'un prêt sans intérêt.

Le groupe RN à l'Assemblée avait tenté sans succès de l'inscrire dans sa journée dédiée (niche parlementaire). Il sera tout de même co-défendu par un rapporteur RN (et une députée Liot/UDI).

Une autre proposition de loi devrait passer sans encombres, sur les sages-femmes, afin de systématiser leur formation au sein des universités, créer un troisième cycle d'études, et reconnaître leur activité comme une pratique médicale et non paramédicale.

Bien-être animal

Lundi encore, les parlementaires doivent faire un pas supplémentaire en faveur du bien-être animal, avec une proposition de loi pour interdire les colliers étrangleurs ou électriques pour les chiens et autres animaux de compagnie.

Mercredi, les députés devraient adopter un texte issu du Sénat pour permettre aux élus et associations d'élus de se constituer partie civile au pénal pour soutenir un élu victime d'agression.

Enfin jeudi, ils s'intéresseront à un système de dérogation pour que l'État et les collectivités puissent étaler des financements de travaux de rénovation énergétique.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.