Après les émeutes de Brasilia, un président Lula renforcé

Sur cette photo d'archive prise le 15 octobre 2022, l'actrice australienne Cate Blanchett pose sur le tapis rouge à son arrivée pour assister à la première mondiale de "Pinocchio", lors du Festival du film de Londres BFI 2022 à Londres. Blanchett joue un rôle principal dans le film "Tar", un drame à venir, qui sortira le 25 janvier 2023, sur la chute d'un chef d'orchestre vedette, et a reçu le Golden Globe de la meilleure actrice pour le film. (AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 15 octobre 2022, l'actrice australienne Cate Blanchett pose sur le tapis rouge à son arrivée pour assister à la première mondiale de "Pinocchio", lors du Festival du film de Londres BFI 2022 à Londres. Blanchett joue un rôle principal dans le film "Tar", un drame à venir, qui sortira le 25 janvier 2023, sur la chute d'un chef d'orchestre vedette, et a reçu le Golden Globe de la meilleure actrice pour le film. (AFP).
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Publié le Dimanche 15 janvier 2023

Après les émeutes de Brasilia, un président Lula renforcé

  • Plus de 4 000 partisans de l'ex-chef d'Etat Jair Bolsonaro, qui refusent depuis octobre sa défaite électorale face à Luiz Inacio Lula da Silva, ont profité du fait que le nouveau gouvernement était en pleine installation pour semer le chaos à Brasilia
  • Une semaine exactement après l'investiture de Lula qui avait mêlé pompe protocolaire et joie populaire à Brasilia, des hordes déchaînées ont envahi et saccagé le Palais présidentiel du Planalto, la Cour suprême et le Congrès

RIO DE JANEIRO : En voulant empêcher à tout prix Lula de gouverner et en saccageant des édifices institutionnels à Brasilia, les émeutiers d'extrême droite du 8 janvier ont finalement renforcé le président de gauche dans son pouvoir, estiment les analystes.

Plus de 4 000 partisans de l'ex-chef d'Etat Jair Bolsonaro, qui refusent depuis octobre sa défaite électorale face à Luiz Inacio Lula da Silva, ont profité du fait que le nouveau gouvernement était en pleine installation pour semer le chaos dans la capitale.

Une semaine exactement après l'investiture de Lula qui avait mêlé pompe protocolaire et joie populaire à Brasilia, des hordes déchaînées ont envahi et saccagé le Palais présidentiel du Planalto, la Cour suprême et le Congrès.

"Il est clair que les événements (du 8 janvier) ont eu l'effet inverse" à ce qui était recherché, dit à l'AFP Mayra Goulart, professeure de sciences politiques de l'Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ).

"Lula en sort sans aucun doute renforcé. Ces assauts ont créé un climat d'union nationale pour la défense de la démocratie", explique-t-elle.

L'image était forte: Lula descendant la rampe du palais présidentiel pour aller sur la place des Trois-pouvoirs, flanqué des chefs du Sénat, de la Chambre des députés, de la Cour suprême et des gouverneurs, quelques heures seulement après le saccage des lieux de pouvoir.

Ensemble, ils ont réaffirmé que la jeune démocratie ne vacillerait pas au Brésil, trois décennies après la fin de la dictature militaire.

A l'étranger, l'assaut a été condamné unanimement. Washington, Moscou, Pékin, l'Union européenne, Paris ou les capitales latino-américaines ont exprimé leur soutien entier au président d'un Brésil, qui, sous Bolsonaro, s'était isolé du monde.

"L'émoi international va conforter la position de Lula, qui va être perçu comme un dirigeant important pouvant contribuer à un renforcement des forums multilatéraux", prédit Mme Goulart.

«Soutien unanime»

Leandro Gabiati, directeur du cabinet de consultants Dominium, estime également que "l'image positive que Lula avait déjà à l'étranger sort renforcée". Et celle de Jair Bolsonaro, désormais visé par l'enquête sur les instigateurs des violences avec lesquelles il jure n'avoir aucun lien, encore plus dégradée.

Et sur le plan intérieur, Lula est fort "du soutien unanime des gouverneurs, du Congrès, de la Cour suprême et du secteur financier", dit-il lui aussi, toutes tendances politiques confondues.

Dans cette séquence, le chef historique de la gauche a également derrière lui la classe politique et la population brésilienne qui, dans sa grande majorité, a été choquée par les images ahurissantes de violence contre les institutions.

Lula "a été défié et il s'en est sorti plutôt bien", estime M. Gabiati, en évoquant "une attitude pondérée qui a permis, d'une certaine façon, de restaurer la normalité".

Dans des bâtiments officiels encore pleins de bris de vitres et de meubles anciens éventrés, les nouveaux ministres du gouvernement de Lula ont continué à être investis lors de cérémonies officielles, presque comme si de rien n'était, les jours suivant la tornade bolsonariste.

Mais le gouvernement de Lula a été ferme: les "fascistes" seront traqués, condamnés -- jusqu'à 30 ans de prison pour "terrorisme" -- de même que tous ceux qui ont organisé et financé les émeutes et autour desquels l'étau s'est resserré.

En quelques jours, plus d'un millier de fauteurs de troubles ont été incarcérés.

Les forces de police et services de sécurité vont être réorganisées, la sécurité du palais présidentielle expurgée des bolsonaristes.

Lula va devoir "prendre des sanctions exemplaires afin d'éviter la répétition de ce type de manifestations", estime M. Gabiati.

«Pays divisé»

Car le président de gauche reste sous la menace d'une mouvance bolsonariste dont les éléments les plus extrêmes n'ont pas renoncé à l'abattre. Et rien ne dit que l'union nationale va perdurer.

Ces événements "sont venus rappeler que Lula est face à un pays profondément divisé", notent les consultants d'Eurasia.

Lula a battu Bolsonaro sur le fil à la présidentielle avec 60 millions des voix contre 58 millions, après une campagne violente et polarisée.

Par ailleurs, il doit affronter de nombreux défis pour ce 3e mandat à la tête du Brésil où la pauvreté et la faim sont des fléaux.

"Il est nécessaire de dépenser de l'énergie dans les enquêtes et les condamnations des putschistes", dit Mme Goulart, mais "cela ne doit pas contaminer le mandat de de Lula".

L'icône de la gauche va devoir "améliorer les conditions de vie de la population, relancer l'économie et les politiques publiques", s'il veut faire de son mandat un succès.


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington et Londres imposent des sanctions contre l'Iran, visant des fabricants de drones

Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
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  • Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense
  • L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol

WASHINGTON: Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé jeudi des sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles", après l'attaque du week-end dernier contre Israël.

Les sanctions de Washington visent "16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens" dont les Shahed qui "ont été utilisés lors de l'attaque du 13 avril", a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.

Le président américain Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient continuer à faire "rendre des compte" à l'Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique.

Il a assuré que les sanctions étaient destinées à "limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l'Iran", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, "plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques", a précisé le Trésor.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol.

Téhéran a présenté son attaque comme une riposte à la frappe meurtrière imputée à Israël visant le consulat iranien à Damas début avril.

Eviter l'escalade 

En réponse, les pays occidentaux ont promis de renforcer leurs sanctions contre l'Iran, mais veulent aussi éviter une escalade de la violence dans la région.

L'Union européenne a ainsi décidé, mercredi lors d'un sommet à Bruxelles, d'imposer de nouvelles sanctions visant les producteurs iraniens de drones et de missiles.

Et jeudi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a indiqué que les dirigeants des pays du G7, en réunion sur l'île italienne de Capri, discutent "de mesures supplémentaires", tout en insistant sur la nécessité d'éviter "une escalade".

Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie) devraient appeler à des sanctions individuelles contre des personnes impliquées dans la chaîne d'approvisionnement iranienne en missiles et en drones, selon une source au sein du ministère italien des Affaires étrangères.

Et les ministres des Finances et banquiers centraux du G7, réunis à Washington, avaient promis, dans un communiqué mercredi soir, d'assurer "une coordination étroite de toute mesure future visant à affaiblir la capacité de l'Iran à acquérir, produire ou transférer des armes pour soutenir ses activités régionales déstabilisatrices".

Ils avaient par ailleurs appelé "à la stabilité dans l'ensemble de la région, au vu des risques économiques posés par une escalade régionale, notamment les perturbations du transport maritime international".


L'éventuelle aide américaine à l'Ukraine «ne changera rien», selon le Kremlin

Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023
  • De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions

MOSCOU: Le Kremlin a assuré jeudi que l'aide des Etats-Unis à l'Ukraine, bloquée au Congrès depuis plusieurs mois et sur laquelle les élus américains doivent se prononcer samedi, "ne pourra rien changer" à la situation sur le front, où l'armée russe est à l'offensive.

L'Ukraine réclame inlassablement à ses alliés occidentaux plus de munitions et de systèmes de défense antiaérienne, alors que les forces russes pilonnent toujours quotidiennement ses villes et ses infrastructures énergétiques.

Or, la Chambre américaine des représentants doit voter samedi sur un texte prévoyant près de 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, ce qui pourrait permettre à son armée de reprendre son souffle.

"Cela ne peut en aucun cas influencer l'évolution de la situation sur les fronts", a balayé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

"Cela ne pourra rien changer", a-t-il martelé devant la presse, affirmant que "tous les experts indiquent dorénavant que la situation sur le front est défavorable à la partie ukrainienne".

Vote à l'issue incertaine 

L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023 et alors que l'armée russe grignote progressivement du terrain, notamment dans le Donbass, cible prioritaire du Kremlin.

De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions.

Les forces ukrainiennes manquent notamment de systèmes de défense antiaérienne pour contrer les attaques quotidiennes russes de drones explosifs et de missiles, à l'instar de la triple frappe mercredi à Tcherniguiv, qui a fait 18 morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky déplore quasiment tous les jours le manque d'aide des Occidentaux, après plus de deux ans de conflit à haute intensité.

Mi-mars, le chef de l'Etat ukrainien avait jugé "d'importance critique" une décision rapide du Congrès américain sur le déblocage de l'aide à son pays, confronté simultanément à des difficultés pour enrôler des volontaires dans l'armée.

"Nous avions besoin de cet argent hier, pas demain, pas aujourd'hui", a appuyé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal dans un entretien à la BBC.

Cette aide financière a déjà été approuvée par le Sénat à majorité démocrate, mais reste bloquée au Congrès, les représentants républicains, soutenant Donald Trump, faisant la sourde oreille à six mois de la présidentielle.

Le président américain Joe Biden, qui pousse pour l'adoption de ce texte, s'est lui à nouveau dit mercredi "très favorable" à cette enveloppe, évoquant dans les colonnes du Wall Street Journal "un moment charnière".

L'issue du vote n'en reste pas moins incertaine à ce stade.

Restrictions d'électricité 

Pourtant, sur le terrain, la dynamique n'est pas à l'avantage de l'Ukraine, dont près de 20% du territoire reste occupé par la Russie.

Deux personnes ont été tuées jeudi dans de nouveaux bombardements russes, selon les autorités locales.

Et les attaques russes visant les infrastructures énergétiques restent très fréquentes malgré les tentatives de l'armée ukrainienne de protéger ces sites.

Face à cette situation, le ministère ukrainien de l'Energie a appelé jeudi la population et les entreprises à limiter leur consommation d'électricité le soir "pendant les heures de pointe" (de 19h00 à 22h00), relayant la demande de l'opérateur privé d'électricité DTEK.

Le ministère a notamment justifié cette décision par "l'augmentation de la charge sur le réseau électrique qui découle" de ces frappes russes répétées.

En représailles, l'Ukraine vise régulièrement des raffineries ou des sites militaires sur le sol russe dans le but de perturber la chaîne logistique d'approvisionnement vers les troupes engagées sur le front.

Jeudi, le renseignement militaire ukrainien (GUR) a revendiqué une frappe "réussie" la veille sur un aérodrome militaire russe en Crimée annexée, "détruisant ou endommageant gravement" des lanceurs de systèmes S-400, des équipements radar et un centre de contrôle de défense antiaérienne.