Au Far West pakistanais, une bibliothèque se fait une place près d'un grand marché d'armes

Des personnes lisent des livres à l'intérieur de la bibliothèque de Darra Adam Khel, au sud de Peshawar. La ville était connue pour ses boutiques de marché noir approvisionnées en armes. (AFP)
Des personnes lisent des livres à l'intérieur de la bibliothèque de Darra Adam Khel, au sud de Peshawar. La ville était connue pour ses boutiques de marché noir approvisionnées en armes. (AFP)
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Publié le Mardi 17 janvier 2023

Au Far West pakistanais, une bibliothèque se fait une place près d'un grand marché d'armes

  • «Au début, on nous a découragés. Les gens demandaient: 'A quoi bon des livres dans un endroit comme Darra Adamkhel? Qui voudrait jamais lire ici?'», se remémore le fondateur de la bibliothèque
  • Mais «maintenant, nous avons plus de 500 usagers», souligne-t-il

DARRA ADAMKHEL : Quand le brouhaha du marché d'armes sur lequel il travaille, le plus célèbre du Pakistan, devient trop dérangeant, Muhammad Jahanzeb s'éloigne de sa boutique, passe derrière des collègues qui testent des mitrailleuses et se réfugie au calme dans la bibliothèque locale.

"C'est ma passion, mon passe-temps préféré, alors parfois je m'éclipse en douce", confie à l'AFP le marchand d'armes âgé de 28 ans, après avoir fièrement montré sa collection de fusils anciens, de répliques d'armes d'assaut et de poignards aux lames luisantes.

"J'ai toujours espéré qu'on ait une bibliothèque ici et mon vœu est devenu réalité", dit-il à Darra Adamkhel.

Cette ville est située dans les très conservatrices zones tribales du Nord-Ouest pakistanais qui font tampon avec l'Afghanistan voisin. Elles ont gagné une réputation de Far West après des décennies de violence armée et de trafic de drogue dans les montagnes alentour.

Darra Adamkhel est depuis longtemps connue pour ses marchés noirs regorgeant de répliques de fusils américains, de copies d'armes de poing et de kalachnikovs.

Mais à quelques mètres à pied du marché bondé, la bibliothèque propose au prêt des produits qui ne sont pas de contrefaçon: le classique de Virginia Woolf "Mrs Dalloway", la saga racontant l'idylle entre un vampire et une humaine "Twilight", ou encore un livre sur "La vie, les discours et les lettres" d'Abraham Lincoln.

"Au début, on nous a découragés. Les gens demandaient: 'A quoi bon des livres dans un endroit comme Darra Adamkhel? Qui voudrait jamais lire ici?'", se remémore le fondateur de la bibliothèque, Raj Muhammad.

Mais "maintenant, nous avons plus de 500 usagers", souligne-t-il.

Le taux d'alphabétisation dans les zones tribales, un territoire resté semi-autonome jusqu'en 2018, est parmi les plus faibles du Pakistan en raison de la pauvreté, des traditions patriarcales, des conflits inter-claniques et du manque d'écoles.

«A quoi bon des livres?»

Mais les attitudes changent lentement, veut croire Shafiullah Afridi, bibliothécaire bénévole de 33 ans aux manières douces. "Surtout parmi la jeune génération, qui est maintenant plus intéressée par l'éducation que par les armes", remarque-t-il.

"Quand les gens voient des jeunes dans leur voisinage qui deviennent docteurs et ingénieurs, d'autres aussi commencent à envoyer leurs enfants à l'école", ajoute Shafiullah, en charge d'un établissement qui propose 4 000 titres en trois langues (anglais, ourdou et pachtou).

Malgré le bruit en arrière-plan des armuriers qui testent leurs marchandises en tirant des balles dans le sol poussiéreux, l'ambiance dans la bibliothèque est policée, les habitués méditant sur leur livre en sirotant leur thé.

Même si Shafiullah peine à faire strictement appliquer la règle interdisant les armes à feu.

Un jeune marchand d'armes déambule dans la salle aux murs rose saumon. Il a laissé sa kalachnikov à l'entrée, mais conservé son arme de poing à la ceinture, et s'est joint aux lecteurs qui farfouillent dans les rayonnages.

Aux côtés de livres de poche usés signés Tom Clancy, Stephen King et Michael Crichton, trouvent place des ouvrages plus volumineux retraçant l'histoire du Pakistan et de l'Inde, des guides préparant aux examens d'entrée dans la fonction publique ou des manuels d'enseignement islamique.

Les bibliothèques sont rares dans les campagnes pakistanaises. Et même dans les villes, celles qui existent sont souvent mal fournies en livres et peu fréquentées.

A Darra Adamkhel, elle a d'abord ouvert en 2018 dans une seule pièce, garnie par la collection d'ouvrages personnelle de M. Muhammad, au-dessus de l'un des centaines de magasins d'armement du marché.

«L'éducation, pas les armes»

"Vous pourriez dire que nous avons planté la bibliothèque sur un tas d'armes", sourit ce dernier, un poète et enseignant issu lui-même d'une longue lignée de fabricants d'armes.

Mais le public de la bibliothèque avait alors beaucoup de mal à se concentrer, avec le vacarme causé par l'usinage des armes à feu.

Rapidement, la simple pièce s'est révélée insuffisante et la bibliothèque a été déplacée un an plus tard dans un immeuble dédié, construit sur un terrain donné à titre gracieux et financé par la communauté locale.

"Il y a eu un temps où nos jeunes hommes se paraient d'armes comme si c'étaient des bijoux", rappelle Irfanullah Khan, 65 ans, patriarche de la famille qui a offert la parcelle.

"Mais les hommes sont beaux avec le joyau de la connaissance. La beauté réside dans l'éducation, pas dans les armes", poétise celui qui consacre lui-même de son temps à la bibliothèque, auprès de son fils Shafiullah.

L'inscription coûte 150 roupies (0,60 euro) par an pour le public. Les écoliers bénéficient d'une déduction (100 roupies), si bien que certains n'hésitent pas à y venir juste le temps d'une récréation.

Parmi ceux-ci, près de 10% sont des filles, un pourcentage remarquablement élevé pour les zones tribales, même si à partir de l'adolescence elles seront confinées chez elles et les hommes de leur famille iront chercher les livres à leur place.

Néanmoins, pendant la récréation du matin, Manahil Jahangir, 9 ans, et Hareem Saeed, 5 ans, se joignent aux hommes, qui les dépassent de plusieurs têtes, et se plongent dans les livres.

"Le rêve de ma mère, c'est que je devienne médecin", glisse timidement Hareem. "Si j'étudie ici, je pourrai réaliser son rêve."


Le drapeau du BIE remis à l’Expo 2030 Riyad: une nouvelle ère commence pour l'Arabie saoudite

Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale. (Photo fournie)
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  • Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte
  • Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir »

OSAKA: Le drapeau du Bureau international des Expositions (BIE) a été officiellement remis à l’Expo 2030 Riyad lors de la cérémonie de clôture de l’Expo 2025 Osaka, marquant la fin de six mois d’échanges mondiaux et le début d’un nouveau chapitre pour le Royaume d’Arabie saoudite sur la scène internationale.

Recevant le drapeau des mains des organisateurs japonais, S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan, Ministre d’État et Directeur général de la Commission royale pour la ville de Riyad, a symboliquement accepté le transfert des responsabilités de ville hôte. Ce moment solennel consacre l’entrée du Royaume dans la phase préparatoire vers l’Exposition universelle 2030, qui se tiendra à Riyad sous le thème « Imaginer l’avenir ».

L’événement, auquel ont assisté S.E. Faisal Alibrahim, Ministre de l’Économie et de la Planification, et S.E. le Dr Ghazi Binzagr, Ambassadeur du Royaume au Japon, illustre l’unité nationale et la détermination du Royaume à faire de cette Exposition une réussite mondiale.

« La passation du drapeau du Japon à Riyad marque une étape décisive dans notre parcours vers l’accueil du monde à l’Expo 2030 », a déclaré S.E. l’ingénieur Ibrahim Alsultan. « C’est le lancement officiel du compte à rebours vers une édition sans précédent de la plus prestigieuse exposition mondiale. »

Le ministre a souligné que cette étape reflète la vision stratégique du Royaume, portée par le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman ben Abdelaziz Al Saoud, et par Son Altesse Royale le Prince héritier Mohammed ben Salman ben Abdelaziz Al Saoud, Premier Ministre, dont le leadership inspire l’ensemble du programme de transformation nationale, Vision 2030.

« Grâce au soutien indéfectible de nos dirigeants et à la mobilisation de toutes les institutions publiques et privées, nous offrirons une expérience exceptionnelle, incarnant l’excellence et le leadership du Royaume dans l’accueil d’événements mondiaux », a-t-il ajouté.

De son côté, l’ingénieur Talal AlMarri, Directeur général de l’Expo 2030 Riyadh Company, a déclaré :

« Nous entrons désormais dans la phase opérationnelle. L’Expo 2030 Riyad établira de nouveaux standards mondiaux en matière de durabilité, d’innovation et d’inclusivité. Ce ne sera pas seulement un rassemblement de nations, mais un héritage vivant et une plateforme d’action pour le Royaume et pour le monde. »

Quelques jours avant la cérémonie, le 10 octobre, l’équipe de l’Expo 2030 Riyad avait organisé à l’Expo Area Matsuri l’événement culturel « From Osaka to Riyadh », qui a attiré plus de 15 000 visiteurs. Cette initiative a illustré la capacité organisationnelle et la créativité du Royaume à l’approche de 2030.
Le pavillon saoudien à l’Expo 2025 a d’ailleurs connu un succès retentissant, accueillant plus de 3 millions de visiteurs et figurant parmi les plus fréquentés de l’exposition.

L’Expo 2030 Riyad, prévue du 1er octobre 2030 au 31 mars 2031, rassemblera 197 pays et 29 organisations internationales. Elle devrait accueillir plus de 42 millions de visites sur un site de 6 millions de mètres carrés, réparti en cinq zones thématiques.
L’exposition mettra l’accent sur des solutions concrètes pour un avenir durable, inclusif et interconnecté.

À l’issue de l’événement, le site se transformera en un Village mondial permanent, symbole de l’héritage durable laissé par l’Expo 2030 — pour Riyad, le Royaume et la communauté internationale.


La Riyadh Season 2025 débute par une parade d’ouverture éblouissante

L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
L'événement a donné lieu à un large éventail de représentations par des groupes internationaux et locaux, y compris des ballons géants. (Photo AN d'Abdulrahman bin Shalhoub)
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  • La Riyadh Season 2025 a débuté avec une parade spectaculaire mêlant ballons géants, musiques festives et performances internationales, attirant une foule enthousiaste à Riyad

RIYAD : D’immenses foules se sont rassemblées vendredi pour assister à la parade d’ouverture de la Riyadh Season 2025, qui s’est déroulée entre la Kingdom Arena et Boulevard World, au cœur de la capitale saoudienne.

Cette parade figure parmi les événements les plus attendus de l’année, marquant le lancement officiel d’une nouvelle saison.

Le spectacle a mis en scène une grande diversité de performances issues de groupes internationaux et locaux, avec des ballons géants et des personnages adorés du grand public, tels que Captain Tsubasa et Baby Yoda.

Avec une musique entraînante, des couleurs éclatantes et des spectacles vivants, Riyad s’est transformée en une fête rayonnante, pleine d’enthousiasme et de joie.

Turki Alalshikh, président de la General Entertainment Authority, a déclaré sur son compte X :
« La parade a commencé. Tous les regards sont tournés vers les ballons géants alors que chacun vit ce moment tant attendu. #RiyadhSeason 2025 commence sur un départ inoubliable. »

Les organisateurs ont précisé : « La parade est organisée en partenariat avec Macy’s, l’un des organisateurs de parades festives les plus emblématiques de New York, qui présente — pour la première fois hors des États-Unis — une sélection de ses célèbres ballons géants, véritables symboles de ses célébrations annuelles. Ces ballons énormes et finement conçus nécessitent des centaines de participants pour être manœuvrés en parfaite synchronisation, apportant une touche internationale à cette ouverture spectaculaire de la saison. »

Yassin Nour, venu des Philippines, a été émerveillé par la parade et a confié à Arab News : « Ma partie préférée, c’était les feux d’artifice en plein jour. J’ai hâte de découvrir d’autres événements comme celui-ci. »

Mahmoud Samir, d’Égypte, a déclaré : « La parade était magnifique. Elle a dépassé nos attentes. On s’attendait à quelque chose de bien, mais c’était encore mieux que prévu. »

Samir a ajouté que les cérémonies d’ouverture de la Riyadh Season s’améliorent chaque année :
« Si Dieu le veut, nous serons les premiers visiteurs et profiterons de cette belle ambiance. »

Ali Al-Yami, originaire de Najran, a lui aussi été impressionné : « La Riyadh Season me surprend toujours avec ses spectacles d’ouverture. Les ballons étaient vraiment fantastiques et magnifiques. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des racines et des recettes : l’art de se retrouver autour d’un plat

Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
Sous les lumières vibrantes de la Green Room, « LéLa Cuisine », offre une fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines. (Photo: fournie)
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  • « LéLa Cuisine » incarne une exploration des identités culturelles, en tissant des liens entre les traditions libanaises et latino-américaines à travers des saveurs partagées et réinventées
  • La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration, de mémoire et de rencontre, au-delà des frontières géographiques

DUBAÏ: Sous les lumières vibrantes de la Green Room, aux parfums entêtants d'épices mêlées et au rythme d'une musique aux accents du Levant et des Andes, Soul Kitchen invite au voyage. À l’occasion de son deuxième anniversaire, le restaurant a célébré bien plus qu’un simple jalon : il a révélé une philosophie culinaire audacieuse baptisée « LéLa Cuisine », fusion harmonieuse des traditions libanaises et latino-américaines.

Au cœur de cette initiative, une idée forte: la cuisine comme langage universel, capable de traverser les frontières, de raconter l’histoire des diasporas et de créer des ponts entre les cultures.

« Concevoir ces plats consiste à trouver des liens simples entre les cuisines libanaise et latino-américaine, et à créer quelque chose qui semble à la fois familier et nouveau », explique la cheffe exécutive Margarita Vaamonde, qui incarne à elle seule ce mélange d'identités culinaires.

De Caracas à Beyrouth, de Buenos Aires à Baalbek, chaque bouchée offrait une rencontre: le hummus chimichurri, le ceviche tabbouleh, ou encore les arepas à la kafta devenaient des symboles vivants de ces histoires partagées par des générations de migrants en quête d’un nouveau foyer.

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Chaque bouchée offrait une rencontre. Le ceviche tabbouleh. (Photo: fournie)

Ce projet n’est pas né du hasard. Il est l’aboutissement d’une vision portée par Factory People, groupe à l’origine de Soul Kitchen, et en particulier par les associés Tala Mortada, Wassim Bou Malham et la cheffe Vaamonde. À travers « LéLa Cuisine », ils racontent une histoire de voyage, d’exil, mais aussi d’ancrage et de réinvention.

« Il s'agit de créer des liens entre les cultures à travers la nourriture », affirme Tala Mortada. Et ces liens ne sont pas théoriques : chaque plat était une escale, chaque saveur un échange.

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La cuisine devient ici un outil de dialogue interculturel, capable de raconter des histoires de migration. "Migration birds" (Photo: fournie)

Au-delà de la gastronomie, Soul Kitchen se positionne comme un espace d’échange culturel, où la musique, les arômes et les récits personnels se croisent. Une véritable ode à la diaspora arabe en Amérique latine, qui, depuis le XIX siècle, a semé les graines d’une culture métissée et vibrante.

Deux ans après son ouverture, Soul Kitchen ne se contente plus de nourrir : il connecte, raconte, unit. Un pari réussi, dans une ville aussi cosmopolite que Dubaï, où la cuisine devient un passeport vers l’autre, et un rappel que, malgré les distances, nos racines peuvent se rejoindre dans une assiette.