Yémen: L'ONU obtient les fonds pour le sauvetage du Safer, mais trouver un navire de remplacement s'avère difficile

Plus de dix-sept pays ont contribué aux fonds nécessaires à la première phase de l'opération de sauvetage, dont l'Arabie saoudite, qui a fait don de 10 millions de dollars. (Photo, ONU)
Plus de dix-sept pays ont contribué aux fonds nécessaires à la première phase de l'opération de sauvetage, dont l'Arabie saoudite, qui a fait don de 10 millions de dollars. (Photo, ONU)
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Publié le Mercredi 18 janvier 2023

Yémen: L'ONU obtient les fonds pour le sauvetage du Safer, mais trouver un navire de remplacement s'avère difficile

  • Le porte-parole Farhane Haq déclare que les pétroliers adaptés sont devenus plus difficiles à trouver et plus chers à cause de la guerre en Ukraine
  • Le Safer, qui contient l’équivalent de plus d’1,14 million de barils de pétrole, est amarré dans la mer Rouge depuis 2015 avec peu ou pas d'entretien

NEW YORK: Les Nations unies sont «plus proches que jamais» d’entamer la première phase de l'opération de sauvetage du pétrolier Safer, en décomposition au large des côtes yéménites.

Toutefois, en raison de la guerre en Ukraine, il est devenu plus difficile et plus coûteux de trouver et de louer un pétrolier de remplacement, ce qui constitue un autre défi pour cette opération longtemps retardée.

«Les donateurs ont généreusement promis plus de 84 millions de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) au financement nécessaire du plan coordonné par l'Organisation des nations unies (ONU) dans le but d’empêcher une marée noire majeure du Safer», a révélé mardi le porte-parole de l'ONU, Farhane Haq. «Des fonds supplémentaires provenant du secteur privé sont attendus sous peu.»

Le navire, qui contient l’équivalent de plus d’1,14 million de barils de pétrole, est amarré en mer Rouge, au large des côtes yéménites, depuis plus de sept ans. Au cours de cette période, il n'a fait l'objet que de peu ou pas d'entretien et son état s'est détérioré au point que l'on craint de plus en plus une marée noire catastrophique.

L'opération de sauvetage prévue pour le sécuriser a été divisée en deux phases. Dans un premier temps, le pétrole sera transféré du pétrolier vers un autre navire, puis déplacé vers une installation de stockage permanent jusqu'à ce que la situation politique au Yémen permette de le vendre ou de le transporter ailleurs.

M. Haq affirme qu'avec les 73 millions de dollars de promesses de dons désormais reçus, les Nations unies ont pu commencer «le travail préparatoire essentiel».

«Toute l'expertise technique est en place pour entreprendre cette opération complexe», déclare-t-il. «Il s'agit notamment d'un cabinet de conseil en gestion maritime, d'un cabinet juridique maritime, de courtiers en assurance et en navires et d'experts en déversement de pétrole.»

«Le contrat de la société de sauvetage qui effectuera l'opération d'urgence est à un stade avancé.»

Selon Farhane Haq, le principal défi consiste désormais à disposer d'un pétrolier suffisamment grand, car «l'ONU ne peut pas commencer l'opération d'urgence tant qu'elle n'est pas certaine qu'un transporteur de brut sûr soit opérationnel pour transporter le pétrole».

Cependant, la disponibilité de navires adaptés a diminué au cours des six derniers mois et les prix ont doublé depuis la préparation du budget de l'opération, «essentiellement en raison d'événements liés à la guerre en Ukraine», précise-t-il.

«Alors que nous nous apprêtions à commencer les opérations, le coût de location et d'achat de ce type de navire a augmenté. Ainsi, un très gros transporteur de brut coûte désormais près de 50% de plus que ce qui était prévu dans le budget initial. Nous avons donc des dépenses supplémentaires et il est un peu plus difficile de trouver les bons navires, mais nous poursuivons les travaux.»

«L'ONU travaille ardemment avec un courtier maritime et d'autres partenaires afin de trouver une solution viable et reste confiante que les travaux pourront commencer dans les prochains mois.»

Si le Safer se brise et que le pétrole se déverse dans la mer Rouge, l'opération de nettoyage pourrait coûter quelque 30 milliards de dollars. La catastrophe écologique toucherait non seulement le Yémen, mais aussi les pays voisins, notamment l'Arabie saoudite, Djibouti, l'Érythrée et la Somalie. En outre, les zones de pêche seraient endommagées et la navigation perturbée.

Plus de dix-sept pays ont contribué aux fonds nécessaires à la première phase de l'opération de sauvetage, dont l'Arabie saoudite, qui a fait don de 10 millions de dollars. Des contributions ont également été apportées par le secteur privé, des fondations publiques et une campagne de financement participatif mise en place par les Nations unies. Un don de 7 millions de dollars des Pays-Bas, à la fin de l'année dernière, a porté le total à l'objectif initial.

Les Houthis contrôlent les ports de l'ouest du Yémen sur la mer Rouge, dont Ras Issa, près duquel le Safer est amarré. L'ONU négocie depuis plusieurs années avec les milices rebelles pour tenter d'accéder au pétrolier afin de procéder à une inspection en bonne et due forme. Les deux parties ont signé un protocole d'accord en mars de l'année dernière, qui autorisait une opération d'urgence de quatre mois visant à éliminer la menace immédiate en transférant le pétrole sur un autre navire.

Lundi, la France a annoncé une contribution supplémentaire de 1 million d'euros au fonds de sauvetage des Nations unies.

Alexandre Olmedo, coordinateur politique adjoint de la France auprès de l'ONU, a déclaré qu'il espérait que la première phase de l'opération pourrait être «rapidement mise en œuvre afin d'éviter une catastrophe écologique».

«Nous appelons également les Houthis, qui contrôlent actuellement le navire, à coopérer pleinement avec l'ONU dans la mise en œuvre du plan de sauvetage», déclare-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.