Faire de l'acier sans CO2, le choix d'ArcelorMittal présenté dans la rue à Dunkerque

Le sidérurgiste qui exploite trois haut fourneaux à Dunkerque envisage d'y investir 1,4 milliard d'euros pour produire de l'acier sans émettre de CO2 d'ici 2050. (AFP).
Le sidérurgiste qui exploite trois haut fourneaux à Dunkerque envisage d'y investir 1,4 milliard d'euros pour produire de l'acier sans émettre de CO2 d'ici 2050. (AFP).
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

Faire de l'acier sans CO2, le choix d'ArcelorMittal présenté dans la rue à Dunkerque

  • Remplacer le charbon par du gaz naturel, puis par de l'hydrogène, pour réduire et fondre le minerai de fer, construire des fours électriques, capturer et stocker le CO2 excédentaire
  • En pleine période du populaire carnaval de Dunkerque, il n'est pas facile de capter l'attention du public autour des méga-projets d'infrastructure du plus grand site sidérurgique d'Europe

DUNKERQUE: "Je suis surpris de découvrir qu'ArcelorMittal va remplacer le charbon pour fabriquer de l'acier, je pensais qu'il n'y en avait plus depuis longtemps": à l'entrée du centre commercial, certains passants jettent un oeil distrait sur les affiches. Alain Devigne s'attarde. Il veut comprendre.

En ce jour de fin janvier, dans une galerie commerciale du centre-ville, le deuxième sidérurgiste mondial a installé de grands panneaux présentant son vaste "projet de production d'acier à basse émission de CO2 sur le site de Dunkerque".

Remplacer le charbon par du gaz naturel, puis par de l'hydrogène, pour réduire et fondre le minerai de fer, construire des fours électriques, capturer et stocker le CO2 excédentaire: en pleine période du populaire carnaval de Dunkerque, il n'est pas facile de capter l'attention du public autour des méga-projets d'infrastructure du plus grand site sidérurgique d'Europe.

Mais dans cette ville portuaire qui détient le record du CO2 en France avec 21% des émissions industrielles du pays, industrie, climat et environnement ont partie liée depuis longtemps.

"La mauvaise presse des industries ici ce sont les nuages rouges, les fumées, les nuisances, je les vois de mon balcon. Alors, réduire le CO2, c'est une bonne chose si Arcelor s'attaque enfin au problème", s'exclame Maurice VandeWeghe, retraité.

Pour cette concertation, placée sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), des salariés d'ArcelorMittal et des deux gestionnaires des réseaux de gaz et d'électricité, GRT Gaz et RTE, vont à la rencontre des habitants pour leur expliquer le projet qui va s'étaler sur plusieurs décennies.

« Plus que menacée »

Le sidérurgiste qui exploite trois haut fourneaux à Dunkerque envisage d'y investir 1,4 milliard d'euros pour produire de l'acier sans émettre de CO2 d'ici 2050. Avec une première étape en 2030: les émissions devront avoir baissé de 40% par rapport à 2018.

"Il n'y a jamais eu un investissement aussi fort depuis la création de l'usine" résume Jean-Michel Stievenard, ancien maire de Valenciennes et l'un des deux garants de la sincérité du débat pour la CNDP.

"En réunion publique, les gens comprennent que si on n'investit pas, la vie du site est plus que menacée à très court terme" face à la concurrence des pays qui veulent développer une industrie verte, ajoute Thibault Maugenest, un des salariés qui engage la conversation dans la galerie marchande.

Mais comment faire pour y arriver ? Quelles nuisances ? Quels risques ? Les questions se bousculent. Alain Devigne, technico-commercial dans le domaine des équipements de dépollution, se dit "très intéressé" par le sujet, qui rejoint ses propres préoccupations.

"Ca fait des années que je vois des gouvernements successifs ne rien faire sur le sujet du climat, heureusement que le privé s'y met" affirme-t-il, sans savoir que l'Etat a promis depuis un an son soutien financier à l'opération, et n'attend plus que le feu vert de Bruxelles.

« Où trouver l'électricité? »

Si le projet arrive à terme, il ne devrait plus rester en 2027 qu'un seul des hauts fourneaux au charbon en activité, qui assurera 40% de la production d'acier, aux côtés d'une unité de réduction directe (DRI) à base de gaz naturel et de deux fours électriques, qui assureront les 60% restant, explique M. Maugenest.

Un peu plus loin, Claire Crockey, étudiante en lettres modernes âgée de 20 ans, qui traverse la galerie commerciale, s'inquiète des volumes gigantesques d'électricité nécessaires pour mener à bien cette transition industrielle.

"A la fac, beaucoup de pièces ne sont pas chauffées, on nous dit de restreindre nos consommations, où vont-ils trouver toute l'électricité nécessaire?" dit-elle, non loin d'un panneau indiquant que le groupe prévoit de se raccorder en 2030 à un réseau électrique à 400.000 volts au lieu des 225.000 volts actuels.

Aucun des interlocuteurs ne lui répond vraiment. Le projet de construction de deux EPR nucléaires par EDF à Gravelines, voisine de Dunkerque, n'est pas évoqué. Ils sont prévus au plus tôt pour 2039.

Mais les remarques de la jeune fille et d'autres sont consignées. "ArcelorMittal devra répondre", souligne M. Stievenard.

Ce gigantesque projet "génère des contradictions intéressantes" relève-t-il. "Il est vertueux, mais il exige beaucoup d'énergie, de gaz et d'électricité, et l'énergie est un autre problème à résoudre par la société".

La consultation s'achève le 12 février.


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.