Les banques libanaises «pourraient se remettre de la crise d’ici cinq ou dix ans grâce à une planification astucieuse»

La livre libanaise a perdu 90% de sa valeur environ en raison de la crise économique que traverse le pays. (AFP)
La livre libanaise a perdu 90% de sa valeur environ en raison de la crise économique que traverse le pays. (AFP)
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Publié le Dimanche 29 janvier 2023

Les banques libanaises «pourraient se remettre de la crise d’ici cinq ou dix ans grâce à une planification astucieuse»

  • Des experts européens enquêtent sur des allégations de fraude au niveau de l’État et des actions de Riad Salamé, qui a été gouverneur de la banque centrale pendant trois décennies
  • Un renflouement interne apporte un soulagement à une institution financière défaillante en exigeant l’annulation des dettes dues aux créanciers et aux déposants

LONDRES: La crise financière au Liban pourrait être résolue d’ici cinq à dix ans si un «programme bien pensé» est mis en œuvre pour préserver les droits des petits déposants, répondre aux besoins des moyens déposants et faire des grands déposants des partenaires dans de nouvelles banques, selon un expert du secteur financier à Londres.

L’économie libanaise «continue de se détériorer à des niveaux insoutenables», selon le Fonds monétaire international. Le produit intérieur brut par habitant a chuté de 36,5% entre 2019 et 2021 et devrait encore chuter cette année.

«Ils auraient pu se rétablir plus rapidement s’ils avaient commencé plus tôt», déclare George Kanaan, PDG de l’Arab Bankers Association, une organisation professionnelle à but non lucratif basée à Londres dont les membres travaillent dans le secteur bancaire et les industries connexes du monde arabe et du Royaume-Uni. «Cependant, trois ans se sont écoulés et aucune initiative n’a été prise.»

M. Kanaan, directeur de l’ABA depuis 2009, travaille pour des banques de premier plan à New York, à Londres et en Arabie saoudite depuis 1975. Il affirme qu’il n’est pas inhabituel qu’une ou deux banques fassent faillite dans un pays, ou peut-être un département de l’industrie ou un secteur spécialisé, «mais qu’un système échoue complètement est presque une première dans l’histoire».

La livre libanaise a perdu environ 90% de sa valeur pendant la crise économique dans le pays et continue de chuter à des niveaux record, atteignant plus de 60 000 livres pour un dollar vendredi.

«Nous aimerions voir une action conjointe des grands déposants pour travailler avec les banques, le gouvernement et le FMI afin de restructurer un système qui a échoué – sachant qu’il s’agit d’un échec total», déclare M. Kanaan dans un entretien exclusif accordé à Arab News.

Il indique que la corruption et le gaspillage des revenus et des ressources n’avaient en fait joué qu’un petit rôle dans l'échec et que le système financier s’était effondré principalement en raison de l’incompétence de sa direction, en particulier la banque centrale du pays – la Banque du Liban.

Des experts européens enquêtent sur des allégations de fraude au niveau de l’État et des actions de Riad Salamé, qui a été gouverneur de la banque centrale pendant trois décennies. Son frère Raja et lui ont été accusés d’avoir illégalement extirpé plus de 300 millions de dollars (1 dollar = 0,92 euro) à la banque entre 2002 et 2015.

«Le gouverneur de la banque centrale a été nommé il y a très, très longtemps et il a manifestement dépassé toute période raisonnable de gouvernance et d’événements mal gérés, soit par ignorance, soit parce que cela semblait fonctionner et qu’on l’a laissé faire, soit en raison des pressions du régime politique», précise M. Kanaan.

Le «trou noir dans le système bancaire libanais s’élève à 100 milliards de dollars environ», ajoute-t-il. «Presque le tiers des prêts sont accordés à un très mauvais client appelé l’État libanais... et les deux tiers étaient destinés à soutenir la livre et à la garder à un taux de change fixe de 1 500 livres libanaises pour un dollar.»

Cette stratégie, mise en œuvre après la fin de la guerre civile de quinze ans dans le pays en 1990, a d’abord fonctionné parce qu’elle a aidé à «stabiliser l’économie et lui permettre d’évoluer sur une base saine», poursuit M. Kanaan.

«Il faudra alors s’adresser aux déposants de premier plan avec un renflouement interne, comme ce qui s’est passé à Chypre, lorsque tous les grands déposants sont devenus actionnaires de nouvelles banques.»- George Kanaan, PDG de l’Arab Bankers Association.

Mais elle aurait dû prendre fin trois à cinq ans plus tard, le taux de change étant ensuite laissé aux fluctuations du marché, explique-t-il. Cela ne s’est cependant pas produit.

Lors de la crise financière mondiale de 2008, l’argent «affluait» dans le pays, indique M. Kanaan. Les banques libanaises étaient considérées comme des refuges parce qu’elles n’avaient pas souffert comme les banques d’autres pays et qu’elles n’étaient pas impliquées dans les «instruments à risque» et «sophistiqués» utilisés par les banques occidentales. Par conséquent, il a été considéré comme «contre-intuitif» à ce moment-là d’abandonner le taux fixe par rapport au dollar.

«Une fois que cette période toute rose est passée, le pays a commencé à traverser des périodes de vide, c’est-à-dire sans conseil des ministres et sans président, les prérogatives de l’État ont été retirées et l’économie a commencé son déclin», déclare-t-il.

«Si la livre avait été soumise aux fluctuations du marché, elle aurait perdu de sa valeur. Avec cette chute, elle aurait tiré la sonnette d’alarme auprès du marché, des politiciens et de tout le monde: la situation n’est pas bonne, il convient d’y remédier. Cela ne s’est pas fait. Ils ont continué à soutenir aveuglément la livre et cela a eu pour effet de donner aux Libanais un sentiment exceptionnellement faux de sécurité et de richesse.»

Les petits déposants n’ont d’abord pas été très touchés et ont récupéré une partie de leur argent. Les très grands déposants «ont également dû garder le silence», dit M. Kanaan – la plupart effectuant des opérations bancaires au Liban parce qu’ils ne pouvaient pas faire leurs affaires ailleurs. Ils avaient été sanctionnés directement, craignaient d’être sanctionnés, provenaient de juridictions douteuses, étaient impliqués dans des transactions peu recommandables ou de l’évasion fiscale, ou avaient de nombreux autres investissements pour les dépanner, note-t-il. Mais finalement, tout le système s’est effondré.

«C’est très triste», affirme M. Kanaan. «Les gens sont obligés de retourner au travail à 70 ans parce qu’ils ont besoin de vivre; ils ne peuvent plus prendre leur retraite. Cela, en quelque sorte, rappelle l’horreur du crime.»

Il rejette d’abord et avant tout la faute sur les banquiers, puisqu’il était de leur devoir de s’assurer que les déposants récupèrent leur argent. Ils auraient dû défier l’ordre de la Banque du Liban de bloquer l’accès des déposants à leurs comptes en dollars et les transferts vers d’autres pays, souligne-t-il.

«C’est là que réside la faute», poursuit M. Kanaan. «La banque centrale a littéralement forcé les gens à faire ce qu’elle voulait et les gens ont acquiescé, créant, en quelque sorte, un système inhabituel.»

«Ce n’était pas vraiment un système. Nous avions une banque – la Banque du Liban – et des succursales. Chaque branche était une reproduction similaire de celle d’à côté; vous ne pouvez pas les différencier puisqu’elles ont toutes été contraintes de prendre les mêmes actifs à risque.»

Selon le FMI, les prix alimentaires au Liban ont presque décuplé depuis le début de la crise en mai 2019, le chômage est exceptionnellement élevé et les trois quarts de la population sont plongés dans la pauvreté.

Une chute aussi brutale est généralement associée à un conflit ou à une guerre, écrit la Banque mondiale. La situation a été exacerbée par le flux de réfugiés, la pandémie de Covid-19 et l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020.

N’ayant plus accès à leur épargne, un nombre croissant de personnes, en plus de participer à des manifestations de masse, se font justice eux-mêmes et recourent à des mesures extrêmes pour récupérer leur argent, comme les entrées par effraction dans les banques, au moyen parfois d’armes et de prises d’otages.

«Dans cinq à dix ans, il sera possible d’avoir un nouveau système, entièrement rétabli, et les gens, pour la plupart, récupèreront leur argent», explique M. Kanaan, ajoutant que tout système pourrait être réformé tous les cinq ans.

«Mais il faudra s’adresser aux déposants de premier plan avec un renflouement interne, comme ce qui s’est passé à Chypre, lorsque tous les grands déposants sont devenus actionnaires de nouvelles banques. Les moyens déposants recouvreront leurs droits au moyen d’un programme de titrisation ou d’obligations.»

Un renflouement interne apporte un soulagement à une institution financière défaillante en exigeant l’annulation des dettes dues aux créanciers et aux déposants. En effet, c’est le contraire d'un sauvetage, qui implique l’intervention de parties externes, généralement des gouvernements, en utilisant un afflux de liquidités.

La reprise se produira plus rapidement si des revenus importants ou des «revenus imprévus» affluent, précise M. Kanaan.

«Ce qui est intéressant à ce stade, ce sont les découvertes de gaz et de pétrole offshore», que le Liban devrait commencer à exploiter, conclut-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour 2025 et 2026 

La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1. (AFP)
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  • L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025
  • La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB)

PARIS: La Banque de France va remonter sa prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine, a indiqué mercredi le gouverneur François Villeroy de Galhau, au micro d'Europe 1.

Lors de la publication prévue le 19 décembre, "nous allons remonter un peu notre prévision de croissance pour cette année et pour l'année prochaine. Nous étions à 0,7% pour cette année, à 0,9% pour l'année prochaine", a-t-il indiqué en ajoutant qu'il ne pouvait pas encore donner de chiffres.

L'Insee et le gouvernement ont déjà relevé leur prévision de croissance à 0,8% pour 2025.

La Banque de France prévoit cependant un ralentissement de la croissance au quatrième trimestre à 0,2% du produit intérieur brut (PIB), contre 0,5% au trimestre précédent, a-t-elle indiqué jeudi.

"Evidemment, même si on allait à 1% (de croissance l'année prochaine, NDLR), ça ne suffit pas. C'est résilient, mais non suffisant", selon le gouverneur.

"L'économie, l'activité, résistent malgré cette incertitude" politique estime le gouverneur qui rappelle qu'il y a un an "beaucoup craignaient une récession", qui a été évitée.

"Il y a une estimation assez convergente qui dit qu'au total, l'incertitude nationale plus internationale nous coûte à peu près 0,5 point de croissance (...) et que la part nationale là-dedans, c'est au moins 0,2. Donc, si on arrivait à sortir avec une stratégie budgétaire et une stabilisation politique, on peut espérer gagner 0,2%", selon le gouverneur.

Le vote du budget de la sécurité sociale mardi "je relève simplement que c'est une étape franchie", "c'est pas du tout la fin de ce chemin", a insisté M. Villeroy de Galhau.

Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026.

Les discussions sur le budget de l'Etat se poursuivront en janvier si le Sénat et l'Assemblée ne parviennent pas à un accord, a annoncé mercredi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, excluant de facto le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.

"Baisser suffisamment le déficit total" 

Le gouverneur de la Banque de France a aussi rappelé mercredi qu'"on ne sait pas aujourd'hui si on va arriver à baisser suffisamment le déficit total".

"On part de 5,4% du PIB, du poids de notre économie, pour ce déficit total. Il faut être à 3% dans quatre ans (...) Donc, si on doit faire ce chemin en quatre ans, il faut faire le quart du chemin la première année. C'est pour ça que moi, j'ai plaidé un déficit à 4,8% l'an prochain".

Le gouverneur "croit qu'il reste très important d'être aussi proche que possible de ce chiffre de 4,8%", à la fois "pour sortir de l'étouffement progressif par la dette, parce que les intérêts de la dette prennent de plus en plus notre marge de manœuvre", et puis "pour ramener la confiance".

Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a pour sa part dit mercredi sur RTL souhaiter toujours que le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales réunis) soit à "5% (du PIB) et pas au-dessus" en 2026.

Cela implique que l'Etat renfloue les caisses de la Sécurité sociale de 4,5 milliards d'euros après le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, celui-ci aggravant le déficit de la Sécu par rapport au projet initial du gouvernement.

M. Lescure considère que le vote la veille du budget de la Sécurité sociale, avec un déficit alourdi, faisait "remonter d'un cran" la difficulté d'obtenir un vote du budget de l'Etat, qui va devoir compenser.

 


La France encouragée à donner plus vite la priorité à l'électricité

Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
Un employé du gestionnaire du réseau de transport d'électricité français RTE (Réseau de Transport d'Électricité) travaille à la rénovation des lignes à très haute tension autour d'Arèches-Beaufort, sur le sentier du Cormet de Roselend, le 6 septembre 2022. (AFP)
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  • RTE appelle à accélérer l’électrification pour réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles, combler le retard de la France et tenir ses objectifs climatiques et industriels
  • Le gestionnaire du réseau prône une stratégie combinant nucléaire et renouvelables,

PARIS: En plein débat sur les choix énergétiques de la France, le gestionnaire du réseau français de haute tension RTE sonne la mobilisation générale pour accélérer la transition vers l'électricité et réduire la dépendance coûteuse aux énergies fossiles.

Sans cela, le pays pourrait manquer ses objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, avertit l'opérateur.

"La pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide est attestée", écrit RTE dans son bilan prévisionnel 2025, destiné à éclairer les choix du gouvernement sur le futur énergétique du pays.

Le gardien de l'équilibre électrique français rappelle que les importations d'hydrocarbures (gaz, pétrole) constituent la première source du déficit commercial, une note salée de 50 à 70 milliards d'euros chaque année, et même près de 120 milliards lors de la crise énergétique.

La stratégie de décarbonation de la France vise à réduire d'ici 2035 la part des hydrocarbures dans sa consommation d'énergie de 60% aujourd'hui à 30-35% en augmentant l'usage de l'électricité bas carbone - nucléaire ou renouvelable - dans les transports, l'industrie, les bâtiments...

Problème: le pays accuse aujourd'hui un "retard" dans cette "électrification" alors qu'il dispose de "l’avantage quasi-unique en Europe d’une production d’électricité particulièrement abondante et déjà décarbonée à 95%", avec des prix sur les marchés de gros parmi les plus bas du continent, souligne RTE.

L'impératif de remplacement des énergies fossiles par de l’électricité décarbonée "va bien au-delà" des objectifs climatiques de baisse des émissions, précise à l'AFP Thomas Veyrenc, directeur général Economie, stratégie et finances de RTE. "C’est un enjeu de souveraineté de réduire des importations d’énergies fossiles de la Russie, du Moyen-Orient, ou même des Etats-Unis".

Ce rapport "confirme la nécessité d’accélérer sur l’électrification des usages pour atteindre nos objectifs: transition écologique, des logements plus résilients, décarbonation de l’industrie et réindustrialisation, indépendance énergétique", a commenté le ministère français de l'Industrie et de l'Energie.

Sa publication doit ouvrir une séquence politique avec des annonces du gouvernement sur une "stratégie d'électrification complémentaire" à la future feuille de route énergétique de la France, selon le ministère. Des décisions seront d'ailleurs "prises d’ici Noël", assure-t-il.

- Avancer sur deux jambes -

La publication du décret sur cette feuille de route a déjà plus de deux ans de retard en raison de profondes divisions politiques sur le partage entre nucléaire et énergies renouvelables, auxquelles est notamment opposé le Rassemblement national, le principal parti d'extrême droite français.

Leurs adversaires venus aussi d'une partie de la droite les accusent de coûter cher en aides publiques et de déséquilibrer le système électrique en raison de leur intermittence.

Mais du point de vue de RTE, nucléaire et renouvelables ne se concurrencent pas. "Le système énergétique de demain devra marcher sur deux jambes, les renouvelables et le nucléaire. Il n'y aurait aucun intérêt à se priver de l'une maintenant, au risque de ne plus pouvoir avancer", estime Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.

Le rapport actualise la trajectoire de décarbonation de la France en tenant compte du retard pris dans l’électrification depuis 2023, de la dégradation du contexte macroéconomique et des conséquences durables des actions de sobriété instaurées durant la crise énergétique de 2022-2023.

La France tend ainsi à s'inscrire actuellement dans une trajectoire de décarbonation dite "lente" dans laquelle elle n'atteint pas ses objectifs climatiques et voit la part de l'industrie manufacturière dans son PIB (Produit intérieur brut) baisser. Cela se traduit par une demande d'électricité en berne et un épisode de surcapacité avérée jusqu'en 2027-2028.

Pour en sortir, RTE prône une accélération de la consommation électrique dans les secteurs qui n'en consomment pas, correspondant à une trajectoire de décarbonation "rapide" alignée sur ses objectifs climatiques et de réindustrialisation - la solution la moins coûteuse et la plus efficace selon RTE.

"Face à cette situation de surcapacité électrique temporaire, la France a le choix entre actionner un levier de décarbonation rapide, possible car les projets industriels existent ou bien ralentir transitoirement le rythme d’installation des renouvelables", ajoute M. Piechaczyk.

Mais il met en garde: ce levier-là est "bien moins efficace économiquement".


Les Bourses mondiales patientent avant la Fed

Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine. (AFP)
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  • "Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank
  • Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid

PARIS: Les Bourses mondiales patientent lundi avant la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), temps fort de la semaine, où les investisseurs tenteront de déceler des indices sur l'orientation de la politique monétaire de l'institution monétaire pour l'année prochaine.

En Europe, dans les premiers échanges, la Bourse de Paris perdait 0,30% quand Francfort (+0,02%), Londres (+0,06%) et Milan (-0,01%) restaient à l'équilibre.

En Asie, à la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a oscillé autour de l'équilibre, terminant en hausse de 0,18%. A Séoul, l'indice Kospi a gagné 1,34%. A Hong Kong, l'indice Hang Seng lâchait 1,23% dans les derniers échanges.

"Toutes les attentions cette semaine seront tournées vers la réunion (de politique monétaire) de mercredi" de la Réserve fédérale américaine, commente Jim Reid, économiste de la Deutsche Bank.

Les marchés "s'attendent à ce que la Fed procède à une dernière et troisième baisse de taux de 0,25% pour 2025, portant à 6 le nombre de baisses et à 1,75% l'assouplissement cumulé depuis septembre 2024", résume M. Reid.

"La faiblesse récente des données sur l'emploi et un indice PCE stable (...) soutiennent cette perspective", note Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

A 2,8% sur un an contre 2,7% en août, l'inflation s'éloigne encore de la cible de la banque centrale américaine, qui est de 2%. L'inflation sous-jacente (hors prix de l'énergie et de l'alimentation) a, elle, légèrement ralenti à 2,8% en glissement annuel, contre 2,9% le mois précédent.

La répartition des votes au sein du FOMC, le Comité de politique monétaire de la Fed, devrait également être scrutée.

"Le FOMC est divisé", souligne Mme Ozkardeskaya. "Certains membres craignent qu'une inflation alimentée par les droits de douane ne contrebalance les forces désinflationnistes et plaident pour la prudence — face à ceux qui veulent des baisses plus rapides, en ligne avec les pressions politiques et la préférence du public."

L'hypothèse la plus probable pour l'analyste reste que "les taux continueront de baisser à mesure que le comité se tourne vers des membres plus alignés sur les positions de la nouvelle administration, à commencer par un nouveau président de la Réserve fédérale".

Parmi les personnalités vues comme de potentiels successeurs de Jerome Powell, l'actuel principal conseiller à l'économie du président américain, Kevin Hasset, est régulièrement cité.

Et "au-delà de cette décision de premier plan, le ton de la conférence de presse du président Powell et le communiqué qui l'accompagne seront essentiels", note Jim Reid.

La Chine menacée de droits de douane

L'excédent commercial colossal de la Chine a dépassé pour la première fois les 1.000 milliards de dollars en 2025, les exportations à travers le reste du monde compensant la forte baisse des livraisons vers les États-Unis, indiquent des chiffres officiels publiés lundi.

Le président français Emmanuel Macron, tout juste de retour de Chine où il a plaidé la cause européenne en fin de semaine passée, a menacé Pékin dimanche de droits de douane "dans les tout prochains mois" si la Chine ne prend pas des mesures pour réduire le déficit commercial qui ne cesse de se creuser avec l'Union européenne.

Lundi, les valeurs européennes exposées à la Chine comme le luxe français, perdaient du terrain. A Paris, L'Oréal cédait 1,64%, Hermes 1,57%, Christian Dior 1,36%, LVMH 1,00% et Kering 0,59% vers 08H30 GMT.

La défense japonaise soutenue

"Les tensions entre la Chine et le Japon montent, soutenant les actions japonaises de la défense", commente Ipek Ozkardeskaya.

Tokyo a convoqué l'ambassadeur de Chine au Japon pour lui exprimer sa "vive protestation" après que des avions militaires chinois ont verrouillé leurs radars sur des chasseurs japonais, au moment où les tensions sont fortes entre les deux pays au sujet de Taïwan.

La Première ministre Sanae Takaichi a suggéré le mois dernier que le Japon pourrait intervenir militairement en cas d'attaque chinoise contre Taïwan, île dont Pékin revendique la souveraineté. La Chine n'exclut pas de recourir à la force pour la reprendre.

A Tokyo, Mitsubishi Heavy Industries a terminé en hausse de 3,06%, Kawasaki Heavy Industries de 2,48% et Japan Steel Works de 4,68%.