Turquie: l'opposition promet un retour au jeu démocratique

Erdogan a commencé son règne en 2003 en tant que premier ministre et a été élu président - un poste beaucoup moins puissant à l'époque - à l'expiration de ses mandats en 2014 (AFP).
Erdogan a commencé son règne en 2003 en tant que premier ministre et a été élu président - un poste beaucoup moins puissant à l'époque - à l'expiration de ses mandats en 2014 (AFP).
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Publié le Lundi 30 janvier 2023

Turquie: l'opposition promet un retour au jeu démocratique

  • Présentant un programme de 240 pages et plus de 2 300 objectifs lundi à Ankara, les six partis d'opposition rassemblés en un front uni doivent encore désigner leur candidat face au chef de l'Etat
  • L'élection présidentielle se tiendra en même temps que les législatives le 14 mai avec, si besoin, un second tour le 28 mai

ANKARA : L'opposition turque, constituée en Alliance nationale pour les élections prévues en mai, a promis en cas de victoire le retour à un fonctionnement démocratique en Turquie après 20 ans de règne sans partage du président sortant Recep Tayyip Erdogan.

Présentant un programme de 240 pages et plus de 2 300 objectifs lundi à Ankara, les six partis d'opposition rassemblés en un front uni doivent encore désigner leur candidat face au chef de l'Etat, qui dit briguer un ultime mandat et a déjà largement entamé sa campagne.

Le candidat choisi sera très certainement issu du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), le parti de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République en 1923, première force d'opposition au Parlement.

L'élection présidentielle se tiendra en même temps que les législatives le 14 mai avec, si besoin, un second tour le 28 mai.

L'Alliance nationale -- communément appelée "Table des Six" -- entend tourner la page en revenant à une stricte séparation des pouvoirs avec un renforcement du rôle du Parlement, "un exécutif comptable" de ses décisions et une "justice indépendante et impartiale".

Les pouvoirs de l'exécutif seraient ainsi confiés à un Premier ministre élu par le Parlement et le président ne pourrait être élu que pour mandat unique de sept ans.

M. Erdogan, chef du parti AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), fut d'abord Premier ministre de 2003 à 2014 avant de devenir en 2014 le premier président turc élu au suffrage universel direct et d'être réélu en 2018.

En 2017, une révision constitutionnelle a élargi considérablement ses pouvoirs.

L'opposition promet, si elle est élue, que les amendements à la Constitution seront soumis au Parlement qui devra les approuver par une majorité des deux tiers - 400 voix sur 600 députés.

Ni décret ni veto présidentiels

L'opposition dit aussi vouloir supprimer les décrets présidentiels, dont M. Erdogan s'est régulièrement servi pour limoger de hauts responsables, dont le gouverneur de la Banque centrale, ou pour dénoncer en 2021 la Convention d'Istanbul, qui impose de poursuivre les auteurs de violences contre les femmes.

Le président ne pourra pas non plus opposer son veto à une loi débattue par le Parlement mais pourra renvoyer ce texte devant les députés s'il entend le contester.

L'Alliance nationale promet également que toute procédure engagée contre un parti politique en vue de son interdiction sera soumise au feu vert du parlement.

Décision symbolique, l'Alliance nationale promet le retour de la présidence au palais présidentiel historique de Cankaya: M. Erdogan s'est fait construire sur une colline à l'extérieur d'Ankara un palais décrié de plus de 1 000 pièces, inauguré en 2014, comprenant mosquée, bibliothèque et jardin d'hiver.

Les Six veulent aussi renforcer la liberté d'expression et celle de la presse, en "restructurant" l'agence étatique Anadolu et la chaîne publique TRT.

Face à la grave crise économique, l'Alliance nationale assure qu'elle ramènera l'inflation "à un chiffre d'ici deux ans" (contre les plus de 60% sur les douze derniers mois) et de "rendre sa crédibilité à la livre turque", qui s'est effondrée ces dernières années.

Sur le front diplomatique, l'opposition n'entend pas renverser la table et respectera les traités et conventions auxquels elle adhère: "Paix dans le pays, paix dans le monde" résume-t-elle en reprenant une phrase d'Atatürk.

La Turquie restera ainsi dans l'Otan "en tenant compte de ses intérêts nationaux" et maintiendra ses relations avec la Russie par un "dialogue équilibré", tout en renouant avec la Syrie de Bachar al-Assad.

L'opposition espère toujours faire de la Turquie un "membre à part entière" de l'Union européenne et établir une "relation d'égal à égal" avec les Etats-Unis, en concluant notamment un accord sur la livraison litigieuse des avions de combat F-35.

L'Alliance nationale, qui pourrait annoncer son candidat le 13 février, se défend de tarder à le désigner: "Tout se passe conformément à notre stratégie", a déclaré lundi à l'AFP le député et porte-parole du CHP Faik Öztrak.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.