Enquête de l’explosion du port de Beyrouth: Ni cris, ni pleurs, ni larmes, mais une colère qui glace le sang dans les veines

Le grand père maternel d’Alexandra Naggear qui aurait eu 6 ans la semaine dernière. Photo Patricia Khoder
Le grand père maternel d’Alexandra Naggear qui aurait eu 6 ans la semaine dernière. Photo Patricia Khoder
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Publié le Jeudi 02 février 2023

Enquête de l’explosion du port de Beyrouth: Ni cris, ni pleurs, ni larmes, mais une colère qui glace le sang dans les veines

  • «J’ai perdu mon fils et ses deux cousins. Comment voulez-vous que je puisse dormir la nuit quand je sais que le crime est toujours impuni?»
  • «Le Liban est le pays de l’impunité; l’explosion et l’enquête du port en sont la plus importante preuve»

BEYROUTH: Cela fait des mois et des mois qu’ils manifestent. Cela fera, dans quelques jours, le 4 février 2023 exactement, deux ans et demi que leurs proches ont péri dans l’explosion du port de Beyrouth.

La décision prise la semaine dernière par le procureur général, Ghassan Oueidate, de libérer tous les détenus dans l’enquête du port de Beyrouth et de poursuivre le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête, pour «usurpation du pouvoir» à la suite d’une décision de ce dernier d’inculper de nouvelles personnes dont le procureur Oueidate lui-même et deux hauts responsables de la sécurité, n’a fait qu’ajouter encore à leur immense tristesse, leur amertume et leur dégoût de l’establishment politique.

Depuis un peu moins de deux ans et demi, malgré les promesses du président de la république de l’époque, Michel Aoun, de donner des réponses dans un délai de cinq jours au sujet de l’explosion du port de Beyrouth, l’enquête traîne.

Le premier magistrat chargé de l'enquête, Fadi Sawan, avait inculpé le Premier ministre en poste à l'époque du drame, Hassan Diab, et trois anciens ministres. Mais il doit jeter l'éponge en décembre 2020 face aux pressions politiques. Son successeur, Tarek Bitar, continue sur la même voie. En juillet 2021, il réclame d'interroger Hassan Diab et demande en vain au Parlement de lever l'immunité de trois députés ayant occupé des postes ministériels.

En outre, le ministère de l'Intérieur ne lui permet pas d'interroger de hauts responsables sécuritaires et les forces de sécurité refusent d'exécuter les mandats d'arrêt qu'il émet. Le Hezbollah lance de son côté une campagne contre lui, l'accusant d'être partial et exigeant son remplacement. L'affaire paralyse les réunions du gouvernement et conduit à des protestations dans la rue: une manifestation du Hezbollah et de ses alliés contre le juge se termine en violences qui font sept morts en octobre 2021.
Deux mois plus tard, face aux pressions politiques croissantes et en raison d'une quarantaine de plaintes contre lui, déposées notamment par des politiciens, l'enquête du juge Bitar est suspendue pour la quatrième fois. La semaine dernière, donc, Tarek Bitar a décidé de reprendre l’enquête, mais il a fallu moins de vingt-quatre heures pour que le procureur général contre-attaque, libère tous les détenus et le poursuive en justice.

Et mercredi soir, dans un local d’Achrafieh, un quartier de Beyrouth lourdement touché par l’explosion du port, transformé en permanence par les parents des victimes, il n’y avait ni cris, ni pleurs, ni larmes, mais une colère qui glace le sang dans les veines.

«Nous ne leur cèderons pas le pays»

C’est ici qu’ils se réunissent depuis des mois pour décider de leurs rassemblements et sit-in, où ils appellent depuis de longs mois à ce que justice soit faite et à ce que la mort de leurs bien-aimés, tués dans l’une des plus importantes explosions de l’Histoire, ne demeure pas impunie.
Ici, comme dans les manifestations devant le port de Beyrouth ou devant le palais de Justice, ils se présentent comme «le père de..», «la sœur de…», «le fils de…» et ils estiment qu’ils «ne font pas assez» pour ceux qui ont été tués.

Nathalie Noureddine, 32 ans, raconte: «Je suis la sœur de Ayman Noureddine, un officier tué alors qu’il se trouvait au port. Je suis jeune, mais j’ai eu un cancer à cause du stress, je ne peux plus être tout le temps dans la rue. Ma peine n’est rien comparée à celle de mon père et de ma mère. Imaginez la douleur de perdre un enfant.»

Le lendemain, devant le palais de Justice, des dizaines de parents et proches de victimes sont descendus dans la rue, une scène devenue trop familière depuis plus de deux ans.
Armés uniquement des portraits de ceux et celles qu’ils ont perdus et arborant des pancartes réclamant que justice soit faite, ils se rassemblent en silence, sans cris ni pleurs. La colère a fait sécher leurs larmes. Leur visage est fermé et leur regard résolu.

«Je suis le grand-père maternel d’Alexandra Naggear. Aujourd’hui, elle aurait eu 6 ans. Elle est née le 26 janvier 2017», souligne Michel Awad, la soixantaine. «Je pense à elle à longueur de journée. Je sais qu’elle est tout le temps présente avec nous. Il y a quelques semaines, je me suis rendu à Gemayzé (un quartier de Beyrouth lourdement touché par l’explosion) chez ma fille Tracy, dans la maison où Alexandra habitait. C’était la première fois depuis l’explosion. Je me suis rendu compte à quel point le port de Beyrouth est proche de la ville. C’est (les dirigeants libanais) une bande de criminels, ils ont entreposé le nitrate d’ammonium parmi les habitants», précise-t-il.

Aujourd’hui, Tracy et Paul Naggear, les parents d’Alexandra, ont un fils de 10 mois. Il se prénomme Axel et ils ont décidé de réintégrer leur appartement témoin du drame après avoir habité plus de deux ans à Beit Mery, une localité surplombant Beyrouth. Michel Awad croit dur comme fer qu’un jour justice sera faite. «Cela se fera même si cela doit prendre des années. Il existe des pays où il y a eu pires criminels que les gens qui nous gouvernent et un jour tout s’est terminé pour eux. Cela arrivera aussi au Liban. Je détiens la nationalité canadienne, ma fille Tracy aussi et ma petite-fille Alexandra l’avait. Nous pouvons partir, mais nous ne leur cèderons pas le pays», martèle-t-il.

beyrouth
Les amis de Mohammed Damj, employé d’une entreprise du port de Beyrouth. Photo Patricia Khoder.

Un peu plus loin, deux hommes tiennent le portrait de leur ami, Mohammed Damj, qui avait 27 ans quand il a été tué dans l’explosion. Ils travaillaient tous les trois au port de Beyrouth et tous les trois sont originaires de la localité de Barja.
«Mohammed et moi travaillions dans la même entreprise qui était responsable des grues du port. Ce jour-là, j’avais terminé comme d’habitude mon travail à 15 heures et je suis rentré chez moi. Il y a eu un incendie. Mohammed devait commencer son travail à 18 heures, mais il est arrivé bien avant pour aider à circonscrire les flammes. Il a envoyé un message vocal sur le groupe WhatsApp du village et sur le groupe du personnel de l’entreprise pour donner l’alerte. J’écoute toujours, jusqu’à aujourd’hui, son message sur mon téléphone», raconte Mohammed Chamaa.

«Mohammed croyait au changement, il avait pris part aux manifestations qui avaient commencé le 17 octobre 2019. Il voulait un Liban différent, un état de droit. Malheureusement, le Liban est le pays de l’impunité et l’explosion et l’enquête du port en sont la plus importante preuve. Je n’arrêterai toutefois jamais de manifester pour mon ami, c’est la moindre des choses que je puisse faire pour lui», précise-t-il tenant à montrer la dernière vidéo de son camarade, montrant les flammes de l’entrepôt numéro 12 du port de Beyrouth, où l’ammonium était stocké.
«C’est grâce à cette vidéo que nous avons réussi à le localiser. C’est la pression générée par l’explosion qui l’a tué. Nous l’avons retrouvé dans sa voiture. Son corps était intact», ajoute-t-il.
Les parents des dix pompiers de la Défense civile de Beyrouth n’ont pas eu cette chance; leurs restes ont été retrouvés une dizaine de jours après l’explosion.

Le village qui a perdu quatre habitants

Qartaba, village de montagne au cœur du mont Liban, compte quatre victimes, dont trois pompiers de la Défense civile, tous cousins. Il s’agit de Najib Hitti, Charbel Hitti et Charbel Karam, ainsi que de Joseph Roukoz, un employé des douanes du port. Ici, à chaque coin de rue, sur les vitrines des magasins et les pare-brise des voitures, les portraits des quatre victimes du port sont accrochés. Malgré le calme, la beauté de la montagne et la clarté du ciel bleu, le village porte toujours le deuil des victimes du port de Beyrouth.

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Rita, la mère de Nagib Hitti, promet de se battre jusqu à son denier souffle. (Photo fournie)

Rita Hitti, la mère de Najib, confie: «L’État libanais m’a indemnisée, car mon fils est pompier. Dans ma maison, il n’y a jamais eu de coffre ou de tiroir à clé. Mais quand j’ai reçu l’argent versé pour mon fils, j’ai acheté un coffre-fort dans lequel j’ai rangé les billets et chaque mois, j’y ai ajouté une petite somme. Je rêve du jour où je rencontrerai l’un de ces dirigeants qui ont mené mon fils à la mort et de lui dire: “Voilà de l’argent, prends-le et donne-moi ton propre enfant que je l’envoie à la mort, comme tu as fait avec le mien”. Mais cela n’aura pas lieu.»

«À cause de la dévaluation du dollar face à la livre libanaise et parce que depuis quatre mois, mon mari employé de l’administration n’est plus payé, en raison de la faillite de l’État, j’utilise l’argent pour vivre, pour payer l’essence de la voiture et descendre prendre part aux manifestations à Beyrouth», martèle-t-elle.

Mme Hitti, courageuse et en colère, se souvient du 4 août. «Quand nous nous sommes assurés que les trois cousins étaient parmi les pompiers envoyés au port, tout le village est descendu à la caserne des pompiers de Beyrouth. C’est là que j’ai pu parler à Georges, le père de Charbel Hitti, mon beau-frère, qui venait de rentrer du port et qui m’a dit: “Je ne les ai pas retrouvés”. Les gens présents tentaient de me donner des tranquillisants. Sanaa, la mère de Charbel Hitti, était debout à côté de moi, elle allait s’effondrer. Je l’ai tenue de mes deux mains pour qu’elle ne tombe pas, je lui ai donné un tranquillisant, je l’ai secouée et je lui ai dit: “Tu dois rester debout”», raconte-t-elle.

Rita Hitti est, elle, restée debout, guettant la moindre nouvelle. Et c’est une fausse information diffusée à la télévision rapportant que les pompiers ont été transportés à l’hôpital de l’université américaine de Beyrouth qui l’a menée ce soir-là à Hamra. «J’ai forcé le passage en criant aux médecins que j’étais la mère d’un pompier. Ils m’ont amenée d’un endroit à l’autre parmi les cadavres et les blessés. Je soulevais les draps qui couvraient chaque cadavre devant moi, puis je me suis dit que mon fils étant pompier, il devait porter son uniforme. J’ai donc commencé à soulever les draps au niveau des pieds pour éviter de voir le visage de tant de morts», explique-t-elle.

Elle confie: «Plus le temps passe, plus il m’est difficile de vivre. J’ai perdu mon fils et ses deux cousins. Ils étaient aussi comme mes fils. Comment voulez-vous que je puisse dormir la nuit quand je sais que le crime est toujours impuni? Peut-être que nous méritons les mafieux qui nous gouvernent, peut-être que jamais ceux qui ont tué nos enfants ne seront jugés, mais cela ne m’empêchera pas de lutter pour que justice soit faite, jusqu’à mon dernier souffle…»

 


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com