Retraites: Le gouvernement garde son cap malgré une mobilisation record

Des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves et de manifestations nationales contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 31 janvier 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves et de manifestations nationales contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 31 janvier 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 02 février 2023

Retraites: Le gouvernement garde son cap malgré une mobilisation record

  • Les manifestations ont réuni mardi plus de 1,27 million de personnes selon le ministère de l'Intérieur (plus de 2,5 millions selon les syndicats), soit davantage que la première mobilisation du 19 janvier, et que le record historique de 2010
  • Borne a assuré ne pas vouloir dévier de son «cap», quelques jours après avoir affirmé que les 64 ans n'étaient «pas négociables»

PARIS: Au lendemain d'une mobilisation record contre la réforme des retraites, le projet défendu par le gouvernement a achevé son passage en commission à l'Assemblée sans que les députés ne puissent l'examiner dans sa totalité, prélude au combat qui s'annonce dès lundi dans l'hémicycle.

Les deux semaines de débats qui s'annoncent houleux au Palais Bourbon à partir du 6, se dérouleront avec en toile de fond deux nouvelles journées d'action, les 7 et 11 février, à l'appel de l'intersyndicale d'autant plus prête à poursuivre le bras de fer avec l'exécutif que la mobilisation dans la rue a dépassé le record historique de 2010.

Les manifestations ont réuni mardi plus de 1,27 million de personnes selon le ministère de l'Intérieur (plus de 2,5 millions selon les syndicats), soit davantage que la première mobilisation du 19 janvier.

Si le gouvernement dit "entendre" et "comprendre" la colère des Français, il ne renonce pas pour autant au report de l'âge de départ à 64 ans qui cristallise le mécontentement.

"Bien sûr, nous entendons les inquiétudes et les doutes. Nous sommes prêts à enrichir le texte et je ne doute pas que le Parlement y contribuera", a déclaré mercredi la Première ministre, lors de la séance des Questions au gouvernement au Sénat.

Élisabeth Borne a repris à son compte les propos du premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici qui "a déclaré la semaine dernière que notre système de retraite n'était pas soutenable en l'état et qu'une réforme était indispensable". Elle a aussi dit "mesure(r) ce que cela représente pour beaucoup de Français".

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait auparavant assuré que le gouvernement regardait avec "humilité, concentration" le mouvement social, tout en assurant garder le "cap de préserver la souveraineté de notre pays".

M. Véran a relativisé la hausse de la mobilisation entre les deux journées d'action, constatant que s'il y a eu "un peu plus de manifestants" mardi, il y eut aussi "un peu moins de grévistes" que le 19.

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Des manifestants défilent lors d'un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves et de manifestations nationales contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 31 janvier 2023. (Photo, AFP)

«On accentue cette mobilisation»
"Hier (mardi) c’était la plus grande manifestation (depuis 30 ans), 1995 compris!", a salué sur RTL le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, en première ligne de la contestation.

Avec deux nouvelles journées d'actions, "on accentue cette mobilisation" et "on donne la possibilité (...) à des gens qui ne peuvent pas toujours manifester en semaine de venir exprimer leur mécontentement", a expliqué M. Berger.

La première journée coïncidera avec le mouvement social chez les raffineurs, appelés à cesser le travail pour 72 heures à partir du 6 février. A la RATP, l'intersyndicale a également appelé à la grève les 7 et 11 février. Front syndical désuni en revanche à la SNCF: si  les principaux syndicats de l'entreprise ferroviaire appellent à une troisième journée de grève le 7, seuls la CGT Cheminots et SUD-Rail veulent poursuivre le mouvement le lendemain, et l'indécision persiste pour le 11.

"J'appelle le gouvernement à arrêter d'être droits dans vos bottes, discutons et entendez que cette mesure d'âge, elle n'est pas du tout acceptée, elle est rejetée", a intimé M. Berger.

Philippe Martinez (CGT) a, lui, mis en garde contre un durcissement du mouvement et des grèves reconductibles : si le gouvernement continue à "minimiser le mécontentement, il va falloir passer à la vitesse supérieure", a-t-il dit, accusant l'exécutif de "jouer le bras de fer".

Du côté des syndicats comme du gouvernement, l'attention est désormais tournée vers le Parlement.

La Première ministre a reçu mercredi matin le président des Républicains Éric Ciotti et le chef de file des députés LR Olivier Marleix. Lors de cette rencontre ont été évoqués un "certain nombre de sujets" qui "doivent être améliorés, notamment celui des carrières longues", a expliqué M. Marleix, selon lequel "la balle est dans le camp du gouvernement".

Difficile en tout cas de tirer des enseignements de l'examen du texte en commission qui s'est achevé mercredi à 19H19 au bout de trois jours de débats où chacun s'est renvoyé la responsabilité des blocages.

Il restait 4.997 amendements à la fin des travaux et les députés n'ont pas eu le temps d'aborder l'article clé sur le report de l'âge légal à 64 ans.

"28 heures de blocage", a lancé Sylvain Maillard (Renaissance) à la gauche, les députés RN dénonçant également les milliers d'amendements déposés par la gauche.

"Ils me font penser à Juppé en 95: droits dans leurs bottes", a déploré en retour Jérôme Guedj (PS).

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, la réforme reste toujours majoritairement rejetée dans l'opinion, avec 71% des Français qui y sont opposés.


Grève des éboueurs à Paris: Baisse sensible du volume de déchets non ramassés

Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés (Photo, AFP).
Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés (Photo, AFP).
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  • Cette amélioration notable dans certains quartiers, est due à la réouverture des trois usines d'incinération entourant la capitale
  • Le syndicat demande une augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail

PARIS: Le volume de déchets non ramassés dans Paris, où des éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours, était en baisse dimanche avec 7.828 tonnes toujours en souffrance, mais de nouveaux arrondissements pourraient être touchés dès lundi.

"Ce dimanche, le tonnage d'ordures non ramassées dans Paris poursuit sa baisse, avec 7.828 tonnes estimées contre 9.800 tonnes hier", a indiqué la mairie de Paris, au 21e jour de la grève des éboueurs.

"Depuis ce matin, 162 bennes sillonnent les rues de Paris (...) C'est 2,5 fois plus qu'un dimanche normal", a précisé la mairie.

Cette amélioration, notable dans certains quartiers, est notamment due à la réouverture des trois usines d'incinération entourant la capitale.

Vendredi, le Syctom, syndicat métropolitain qui gère ces trois sites, avait annoncé la fin du mouvement de grève dans deux d'entre eux (Saint-Ouen et Issy-les-Moulineaux) tandis que le troisième, à Ivry-sur-Seine, a été réquisitionné par les forces de l'ordre.

Ces progrès restent toutefois précaires : alors que la grève était jusqu'ici essentiellement l'apanage des éboueurs de la Ville de Paris, qui gère la collecte de la moitié des arrondissements de la capitale, elle pourrait s'étendre à des prestataires privés où des négociations étaient en cours dimanche.

Un préavis de grève a notamment été déposé par la CGT pour l'entreprise Polyreva Derichebourg, installée à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et qui s'occupe de la collecte des Xe et XVIIIe arrondissements.

Le syndicat demande une augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail, tout en s'associant au mouvement contre la réforme des retraites.

La mobilisation n'a toutefois pas commencé comme prévu dimanche sur ce site. Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés, qui décideront alors s'ils font grève ou non.

Vendredi, le prestataire privé Pizzorno, qui gère la collecte dans le XVe arrondissement, avait lui annoncé la levée d'une grève qui durait depuis près d'un mois après la signature d'un "protocole de sortie de grève" avec la CGT.

Les ramassages ont repris dès vendredi après-midi et Philippe Goujon, le maire du XVe arrondissement, a dit sur Twitter espérer un retour à la normale "d'ici une semaine".


Manifestations: Zemmour appelle l'exécutif à «se défaire» du «syndrome Malik Oussekine»

Le président de Reconquête Eric Zemmour (Photo, AFP).
Le président de Reconquête Eric Zemmour (Photo, AFP).
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  • Pour M. Zemmour, le principal responsable de ce «climat» politique est l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, «imam caché» de l'union de gauche Nupes
  • Malik Oussekine, étudiant français âgé de 22 ans et d'origine algérienne, avait été tué à Paris par des policiers en marge d'une manifestation contre un projet de réforme universitaire en 1986

PARIS: Le président de Reconquête Eric Zemmour a appelé dimanche l'exécutif à "se défaire" du "syndrome Malik Oussekine", du nom d'un étudiant tué en marge d'une manifestation en 1986, et à "rétablir l'ordre" après les débordements et violences observés ces derniers jours.

Fustigeant des "nervis antidémocratiques" qui, dans les manifestations, "commencent à pourrir tout, à casser, à attaquer les flics et à risquer de tuer", M. Zemmour s'est dit "étonné" de "l'impunité non seulement judiciaire, mais aussi médiatique et politique" dont ces auteurs de violences bénéficieraient, lors du Grand rendez-vous Europe 1/Cnews/Les Echos.

À ce titre, M. Zemmour estime "qu'il faut donner des consignes de fermeté" et que "justice suive".

"Je sais bien que depuis 1986, tout pouvoir est tétanisé par le syndrome Malik Oussekine", du nom de cet étudiant français âgé de 22 ans et d'origine algérienne, tué à Paris par des policiers en marge d'une manifestation contre un projet de réforme universitaire.

"C'est ce qui hante tous nos gouvernants. Je pense qu'il faut se défaire de ce syndrome (...) et il faut absolument rétablir l'ordre", a-t-il insisté.

Selon le ministère de l'Intérieur, 441 policiers et gendarmes ont été blessés jeudi lors des mobilisations contre la réforme des retraites. Samedi, une manifestation interdite contre des bassines à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres a aussi tourné à l'affrontement entre gendarmes et militants.

Pour M. Zemmour, le principal responsable de ce "climat" politique est l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, "imam caché" de l'union de gauche Nupes, et "maestro de tout cela".

"Jean-Luc Mélenchon dirige tout le monde" et "oriente le pays", a-t-il martelé, dénonçant "que ce soit à l'Assemblée nationale, que ce soit dans la rue, que ce soit dans les esprits, dans les médias, à la télévision" une "NUPES-isation des esprits".

Cette critique s'étend pour M. Zemmour au Rassemblement national, qui "est fasciné par la NUPES" et "se soumet idéologiquement". Et "au sein de LR, même, vous avez de nombreux élus, (le député Aurélien) Pradié en tête, qui se prennent pour des Che Guevara de bars-cafés", a-t-il encore ironisé.

Interrogé sur l'attitude qu'Emmanuel Macron devrait adopter face à la contestation de la réforme des retraites, M. Zemmour a jugé que le président n'avait "pas d'autre solution que de tenir". Lui-même, en pareille situation, "ne céderai(t) pas".

S'il "renonce à sa réforme, il est ridicule" et "il peut aller finir son mandat tranquillement à Rambouillet", a-t-il-renchéri.

"S'il fait de nouvelles élections, s'il dissout, il reviendra avec une majorité moins forte", a-t-il fait valoir.


La France condamne l'intention russe de déployer des armes nucléaires au Bélarus

Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko (Photo, AFP).
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  • Vladimir Poutine a affirmé samedi que Moscou allait déployer des armes nucléaires «tactiques» au Bélarus
  • Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie

PARIS: La France a condamné dimanche l'intention du président russe Vladimir Poutine de déployer des armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié bélarusse, appelant Moscou à faire preuve de "responsabilité" et à revenir sur sa décision, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"Après la violation du traité FNI (traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ndlr) par la Russie, qui a mené à sa disparition, et l'annonce de la suspension par la Russie de sa participation au traité New Start en février dernier, cet accord représente un élément supplémentaire d’érosion de l’architecture internationale de la maîtrise des armements et de la stabilité stratégique en Europe", souligne la porte-parole du Quai d'Orsay.