Le projet de loi olympique et ses caméras avec algorithmes largement adopté par le Sénat

Le projet de loi olympique très axé sur la sécurité a été largement adopté mardi par le Sénat (Photo d'illustration, AFP)
Le projet de loi olympique très axé sur la sécurité a été largement adopté mardi par le Sénat (Photo d'illustration, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 31 janvier 2023

Le projet de loi olympique et ses caméras avec algorithmes largement adopté par le Sénat

  • Ces caméras d'un nouveau type pourront être déployées dès l'entrée en vigueur de la loi et pourraient donc être testées pour la Coupe du monde de rugby dans huit mois, avant d'aider à la sécurisation des JO de Paris
  • Parmi les autres mesures liées à la sécurité, figure la possibilité d'utiliser des scanners corporels, qui jusqu'à présent ne sont utilisés que dans les aéroports français

PARIS: "Cheval de Troie" d'une vidéosurveillance généralisée pour les sénateurs écologistes et communistes, mesures "incontournables" pour sécuriser les JO-2024 de Paris pour les autres, le projet de loi olympique très axé sur la sécurité a été largement adopté mardi par le Sénat.

Le texte a été voté par 245 voix pour et 28 voix contre. Examiné en procédure accélérée (une seule lecture par chambre) il va être transmis à l'Assemblée.

Débattu la semaine dernière, son article phare permet l'expérimentation de caméras dotées d'algorithmes pour détecter des mouvements de foule suspects ou éviter des "goulets d'étranglements dans le transports". Ce dispositif va "contribuer à la sécurisation des Jeux" et servira pour "évaluer en temps réel les mérites de cette technologie", s'est félicité la sénateur LR Agnès Canayer dont le groupe a voté pour.

Ces caméras d'un nouveau type pourront être déployées dès l'entrée en vigueur de la loi et pourraient donc être testées pour la Coupe du monde de rugby dans huit mois, avant d'aider à la sécurisation des JO de Paris et notamment sa cérémonie d'ouverture inédite sur la Seine le 26 juillet 2024.

 "Nombreuses garanties" 

Dans le rétroviseur, le fiasco de la finale de la Ligue des champions fin mai 2022 avec des spectateurs bloqués à la sortie du RER, d'autres sans billets escaladant les grilles du Stade de France, des familles aspergées de gaz lacrymo ou se faisant agresser.

C'est "un jalon indispensable dans notre préparation aux JO", s'est satisfait après le vote la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra.

"En fait de vitrine, nous aurons une France sous cloche", s'est au contraire plaint l'écologiste Guy Benarroche, dont le groupe a voté contre. Même vent de colère chez les communistes qui voit dans ce projet une dérive sécuritaire. "On ne balaie pas ainsi les droits fondamentaux, vous entachez la popularité des JO", a accusé Eliane Assassi.

Quant au groupe socialiste, il s'est abstenu car le gouvernement "n'a pas levé les doutes", a expliqué Jérôme Durain.

Face à ces critiques, le gouvernement a assuré que l'expérimentation des caméras, dites "augmentées", était entourée "de très nombreuses garanties". Il a répété qu'il excluait la reconnaissance faciale.

Le projet avait été retouché après l'avis du Conseil d'Etat et celui de la Commission nationale informatiques et libertés (Cnil). Celle-ci avait considéré d'ailleurs comme un "tournant" l'utilisation de l'intelligence artificielle dans les caméras de surveillance.

L'association La Quadrature du net ne décolère pas, pointant le fait qu'une fois les JO passés, ces mesures seront pérennisées.

"L'enjeu de sécurité privée" 

Parmi les autres mesures liées à la sécurité, figure la possibilité d'utiliser des scanners corporels, qui jusqu'à présent ne sont utilisés que dans les aéroports français.

Ceux-ci pourront peut-être un peu pallier l'insuffisance d'agents de sécurité privée qui se profile. En effet, tant l'Etat que les organisateurs des JO craignent de ne pas avoir les quelque 20.000 agents nécessaires au minimum, parce que cette profession morcelée et mal payée a été mise à mal par la crise du Covid.

Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, n'a pas exclu une intervention de l'armée pour prêter main forte pendant les JO, tout en minimisant cette éventualité.

"Si, à la fin des fins des fins des fins, il manque un certain nombre de personnes, nous regarderons ce que nous pourrons faire. Mais nous pensons qu'un grand pays comme la France est capable de répondre à cet enjeu de sécurité privée", a-t-il assuré aux sénateurs.

Autre sujet délicat: des tests génétiques afin de se conformer aux standards mondiaux de l'antidopage. Il s'agit par exemple de vérifier qu'il n'y ait pas de dopage génétique (thérapie génique, ARN messager, édition génique) mais aussi de transfusion ou de substitution d'échantillon.

Malgré la diversité des positions, le débat a été relativement apaisé et pourrait s'avérer bien plus éruptif à l'Assemblée.

Il a malgré tout fini de manière houleuse lors de la présentation d'un amendement de dernière minute de François Patriat (RDPI, à majorité Renaissance) qui aurait permis la reconduction de Catherine Pégard à la tête du Château de Versailles.

Ni le sénateur ni Mme Oudéa-Castéra n'ont réussi à convaincre que cette reconduction était indispensable en raison de la tenue des épreuves olympiques d'équitation à Versailles. Dénoncé comme un amendement "fait du Prince" et critiqué de toute part, il a été finalement été retiré.


Il sauve six personnes d'un incendie: Fousseynou Cissé, nouveau "héros" du 18e arrondissement

Cette photo montre la Tour Eiffel illuminée (à droite) et la basilique du Sacré-Cœur au sommet de la colline de Montmartre, à Paris, le 11 juin 2025. (AFP)
Cette photo montre la Tour Eiffel illuminée (à droite) et la basilique du Sacré-Cœur au sommet de la colline de Montmartre, à Paris, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Fousseynou Cissé n'a "pas hésité" à sauver vendredi six personnes piégées dans leur appartement par un incendie dans le 18e arrondissement de Paris
  • Même Emmanuel Macron y est allé de ses félicitations lors d'un appel à M. Cissé

PARIS: Fousseynou Cissé n'a "pas hésité" à sauver vendredi six personnes piégées dans leur appartement par un incendie dans le 18e arrondissement de Paris. Celui qui s'apprête à être décoré est désormais vu comme un "héros" dans son quartier.

Résidents, riverains, cousins... Dans la cour de l'immeuble du 18e arrondissement, dans le nord de la capitale, tous se succèdent pour saluer Fousseynou Cissé lundi, trois jours après son acte héroïque. Un homme qui le connaît se filme en selfie avec lui.

Cet agent d'accueil contractuel dans les collèges accepte timidement les sollicitations: "On me parle de héros, mais moi... avec l'humilité que j'ai...même aujourd'hui, ce mot-là ne me fait pas grand chose", confie-t-il à l'AFP.

Même Emmanuel Macron y est allé de ses félicitations lors d'un appel à M. Cissé, filmé par le média Brut: "Bravo à vous, parce que la vidéo est impressionnante", a salué le chef de l'Etat, saluant le "courage" du père de famille.

Le président de la République a également invité Fousseynou Cissé, d'origine sénégalaise, et sa famille aux festivités du 14 juillet.

- En équilibre -

Fousseynou Cissé, 39 ans, sera aussi décoré par le préfet de police de Paris Laurent Nuñez "pour acte de courage et de dévouement" le 13 juillet.

Tout commence vendredi, lorsqu'un incendie se déclare au deuxième étage de l'immeuble de ce foyer Adoma, bailleur du logement accompagné en France. L'explosion d'une batterie de vélo en train de recharger dans un appartement pourrait en être la cause.

Au sixième étage, deux mères de famille se retrouvent bloquées par les fumées. Elles craignent pour leurs bébés, qu'elles tiennent à bout de bras aux fenêtres pour les protéger de la fumée.

"Quand j'ai vu la femme tendre son bébé, j'ai compris qu'il fallait faire quelque chose tout de suite", raconte Fousseynou Cissé.

Filmé par un habitant de l'immeuble, la vidéo de son sauvetage risqué est devenue virale sur les réseaux sociaux.

On le voit, s'avançant sur une corniche, puis en équilibre dans l'angle entre les deux bâtiments de la résidence, faisant passer deux bébés, deux enfants et deux mères de famille de la fenêtre de l'appartement à un autre.

"Je ne regardais même pas en bas. Je me concentrais pour ne pas avoir le vertige et pour ne pas glisser", décrit celui qui habite depuis deux ans dans l'immeuble.

"J'ai pensé qu'on allait mourir. Mais quand j'ai vu le monsieur prendre le bébé, là, j'ai dit, voilà, on va y arriver", témoigne auprès de l'AFP Zaoidi Ali, 37 ans, secourue par Fousseynou Cissé avec ses deux enfants.

- "Grande, grande personne" -

La mère de famille, les yeux humides, se dit "reconnaissante". "Je vais le remercier. Je vais le remercier encore parce que c'est quelqu'un de volontaire".

Au final, le sinistre a fait douze blessés, la plupart provoqués par de légères intoxications, dont cinq enfants, a appris l'AFP de source policière.

Dans la résidence et le quartier, le trentenaire apparaît comme un "héros". "Je me suis dit, +il y a encore des gens qui sont humains+", relate Abdul (le prénom a été modifié), 30 ans, gérant d'un commerce voisin.

"J'ai vu la vidéo. Je ne sais pas si tout le monde aurait fait ça. Ça aurait pu être nous, juste en face", réagit Moussa (il n'a pas souhaité donné son nom de famille), 20 ans, employé d'un restaurant situé face la résidence.

Nougaoui Hichame, directeur territorial d'Adoma, le bailleur de la résidence, salue de son côté une action "hors norme". "Ma première réaction ça a été de dire, +on souhaite le rencontrer+", raconte M. Hichame, qui salue une "grande, grande personne".


Nouveau conseil de défense sur «l'entrisme» des Frères musulmans

Emmanuel Macron a convoqué lundi un nouveau conseil de défense sur "l'entrisme" des Frères musulmans, après une première réunion fin mai jugée insatisfaisante par le chef de l'Etat, qui avait demandé au gouvernement "de nouvelles propositions". (AFP)
Emmanuel Macron a convoqué lundi un nouveau conseil de défense sur "l'entrisme" des Frères musulmans, après une première réunion fin mai jugée insatisfaisante par le chef de l'Etat, qui avait demandé au gouvernement "de nouvelles propositions". (AFP)
Short Url
  • Le précédent conseil de défense consacré à "l'entrisme" des Frères musulmans avait tourné au recadrage, M. Macron s'étant agacé que le rapport qu'il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion
  • "Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions", s'était alors contenté d'indiquer l'Elysée

PARIS: Emmanuel Macron a convoqué lundi un nouveau conseil de défense sur "l'entrisme" des Frères musulmans, après une première réunion fin mai jugée insatisfaisante par le chef de l'Etat, qui avait demandé au gouvernement "de nouvelles propositions".

Ce conseil de défense et de sécurité nationale se tiendra lundi en fin de matinée à l'Elysée, a indiqué l'entourage du président à l'AFP, confirmant une information du Figaro, sans autre précision.

D'après le quotidien, y sont attendus le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, sa collègue de l'Education Elisabeth Borne, mais aussi celle des Sports Marie Barsacq.

Le précédent conseil de défense consacré à "l'entrisme" des Frères musulmans avait tourné au recadrage, M. Macron s'étant agacé que le rapport qu'il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion.

"Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions", s'était alors contenté d'indiquer l'Elysée.

Le rapport faisait état d'une "menace pour la cohésion nationale" avec le développement d'un islamisme "par le bas" de la part des Frères musulmans.

Née en 1928 en Egypte, la confrérie des Frères musulmans porte le projet d'un islam politique conservateur. Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays, comme l'Arabie saoudite, l'Egypte et plus récemment la Jordanie.

En France, il existe "dans certains quartiers" des phénomènes d'entrisme "identifiés", avait affirmé M. Macron dans la foulée du premier conseil de défense, tout en appelant à ne pas "penser qu'il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque".

C'est précisément ce que lui reproche à gauche La France insoumise, dont le coordinateur national Manuel Bompard a encore dénoncé lundi sur TF1 une volonté de "pointer du doigt les Français de confession musulmane".

En pratique, les pistes avancées par M. Retailleau pour "s'attaquer aux écosystèmes islamistes" ont principalement pris la forme d'une réorganisation administrative, avec la création d'un rôle de "chef de file" en matière de renseignement, ou encore d'un "parquet administratif" capable par exemple de prononcer des dissolutions.

Des "mesurettes administratives" rejetées en bloc par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui avait réclamé d'aller "chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications" de cette "idéologie totalitaire".

Les décisions actées par ce nouveau conseil de défense pourraient faire l'objet d'un communiqué, a fait savoir l'Elysée.

 


France: entre protection et surtourisme, les menhirs de Carnac aux portes de l'Unesco

Ce site n'est qu'une petite partie d'un ensemble beaucoup plus vaste représentant un territoire de 1.000 km2 avec plus de 550 monuments répartis dans 28 communes bretonnes qui pourrait rejoindre le Machu Picchu, le Taj Mahal ou le Colisée sur la prestigieuse liste. (AFP)
Ce site n'est qu'une petite partie d'un ensemble beaucoup plus vaste représentant un territoire de 1.000 km2 avec plus de 550 monuments répartis dans 28 communes bretonnes qui pourrait rejoindre le Machu Picchu, le Taj Mahal ou le Colisée sur la prestigieuse liste. (AFP)
Short Url
  • "Un classement à l'Unesco a un côté schizophrène": la possible inscription ce weekend au patrimoine mondial des mégalithes de Bretagne, dans l'ouest de la France, a comme objectif de mieux protéger ces sites néolithiques
  • Ce site n'est qu'une petite partie d'un ensemble beaucoup plus vaste représentant un territoire de 1.000 km2 avec plus de 550 monuments répartis dans 28 communes bretonnes qui pourrait rejoindre le Machu Picchu, le Taj Mahal ou le Colisée

CARNAC: "Un classement à l'Unesco a un côté schizophrène": la possible inscription ce weekend au patrimoine mondial des mégalithes de Bretagne, dans l'ouest de la France, a comme objectif de mieux protéger ces sites néolithiques mais pose la question d'un éventuel afflux touristique.

Écoutant une guide conférencière, une vingtaine de touristes suivent une visite au Ménec, un des célèbres alignements de Carnac et des rives du Morbihan, avec ses longues allées rectilignes de menhirs ("pierre longue" en breton) de toute taille dont l'origine et la fonction restent un mystère.

Ce site n'est qu'une petite partie d'un ensemble beaucoup plus vaste représentant un territoire de 1.000 km2 avec plus de 550 monuments répartis dans 28 communes bretonnes qui pourrait rejoindre le Machu Picchu, le Taj Mahal ou le Colisée sur la prestigieuse liste.

L'estimation du nombre de visiteurs annuels pour Carnac avoisine les 300.000 personnes.

Au-delà de la fierté de devenir le premier site intégralement breton inscrit (la tour Vauban dans le Finistère fait partie des 12 fortifications Vauban classés à travers la France), une crainte grandit: l'apparition du célèbre logo de l'Unesco ne peut-il pas engendrer un tourisme de masse ?

"Il y a une autre tarte à la crème qu'on entend un petit peu avec des gens qui ne connaissent pas forcément les dossiers et qui disent +l'inscription Unesco c'est 30% de visiteurs+" de plus, explique Olivier Lepick, maire de Carnac et président de l'association Paysage de mégalithes qui a porté le projet depuis 2013.

"Pour les sites peu connus, oui parce que ça les met en lumière. Mais pour les sites qui ont déjà beaucoup de visiteurs l'augmentation est plutôt de 2% à 5%", observe le maire.

Venu de Belgique admirer quelques uns des 3.000 menhirs, "l'une des meilleures attractions historiques en Bretagne", Luka Pachta, 43 ans, ne croit guère au risque du surtourisme car le site, "très grand", est "déjà très connu".

"Circulation douce" 

En outre, des aménagements ont été entrepris pour répondre au mieux à l'afflux de visiteurs, notamment des travaux sur la route qui conduit au site.

Celle-ci était comme "une autoroute au bord de la Joconde", lance Olivier Lepick, évoquant également une photo des années 1950 où l'on voit des voitures circuler au milieu des alignements.

Pour Véronique André, retraitée venue de Marseille, cette inscription serait "à double tranchant" pour ces mégalithes vieux de 6.000 ans qui "dégagent un sentiment de puissance, de force, de surnaturel", étonnée qu'ils n'aient pas été déjà intégrés au patrimoine Unesco.

"Il est important qu'un tel site soit protégé et classé" mais "quand un lieu devient patrimoine de l'Unesco, ça amène encore plus de touristes. Moi-même quand je vais à l'étranger, si je vois qu'un monument est au patrimoine de l'Unesco, j'y vais!".

Pour Olivier Agogué, il est possible qu'il y ait "un surcroît de fréquentation d'un public lointain. On n'a pas beaucoup d'Asiatiques aujourd'hui or il semblerait qu'ils soient assez férus de sites Unesco".

Interrogée sur les conséquences de l'inscription, Victoire Dorise, directrice des Paysages de mégalithes, distingue les quatre sites disposant d'une billetterie, les monuments appartenant à des propriétaires privés (qui représentent les trois quarts des monuments) et enfin la cinquantaine de tailles intermédiaires.

Pour ces derniers, "on essaye de donner des éléments de compréhension archéologique et de paysage, mais aussi d'accessibilité très pratico-pratiques avec effectivement des études d'aménagement pour les cheminements ou les parkings".

Car, "on s'est collectivement donné pour objectif de ne pas accueillir plus mais d'accueillir mieux, et de faire connaître l'ensemble des sites et du paysage", plaide Mme Dorise, qui rappelle que l'objectif "principal, ultime, final" d'un classement Unesco est la "préservation des monuments".