Du salaire au logement, le gouvernement tente de réenchanter les métiers de la fonction publique

Le ministre français de la Transformation et des Services publics Stanislas Guerini quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris le 1er février 2023. (Photo, AFP)
Le ministre français de la Transformation et des Services publics Stanislas Guerini quitte le palais présidentiel de l'Elysée après avoir assisté à la réunion hebdomadaire du cabinet à Paris le 1er février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 01 février 2023

Du salaire au logement, le gouvernement tente de réenchanter les métiers de la fonction publique

  • Avec une inflation à 6%, l'augmentation générale de 3,5% consentie à l'été 2022 est dénoncée comme insuffisante par les huit syndicats de fonctionnaires représentatifs
  • Le gouvernement veut aussi assouplir les quotas annuels de promotions, en donnant «plus de marges de manœuvre» aux employeurs publics pour reconnaître l'engagement de leurs agents

PARIS: Salaires, accès au logement, promotions: en pleine crise d'attractivité de la fonction publique, le gouvernement a lancé mardi à Nantes une série de "chantiers" pour tenter de rendre leur attrait au millier de métiers de la sphère publique.

Depuis des mois, le ministre de la Fonction publique le répète: "il y a deux fois moins de candidats aux concours aujourd'hui qu’il y a dix ans". Métiers du soin, du numérique ou de la petite enfance: plus de 50.000 postes seraient vacants parmi les employeurs publics, selon une estimation publiée mardi dans le journal Ouest-France.

Pour les syndicats, avec qui le gouvernement va mener les différents chantiers de discussions tout au long du premier semestre 2023, c'est d'abord la faiblesse des salaires qui explique ces difficultés.

Avec une inflation à 6%, l'augmentation générale de 3,5% consentie à l'été 2022 est dénoncée comme insuffisante par les huit syndicats de fonctionnaires représentatifs.

"Une négociation salariale et une véritable revalorisation du point d’indice sont indispensables de toute urgence", a encore réclamé Solidaires-FP dans un communiqué publié lundi.

La dernière grande concertation sur les salaires des agents publics, une "Conférence sur les perspectives salariales" qui a eu lieu fin 2021-2022, a laissé un goût amer aux syndicats. Plusieurs avaient d'ailleurs quitté la table des négociations avant leur terme.

Si le levier des rémunérations est "majeur" pour recruter, selon les propos de Stanislas Guerini dans Ouest-France, le gouvernement entend aussi travailler sur les conditions de vie et de travail des 5,7 millions d'agents publics.

"Je veux que nous aidions les agents publics aux plus faibles revenus et qui travaillent sur les métiers les plus en tension à se loger", doit déclarer mercredi à Nantes Stanislas Guerini, selon une copie de son discours envoyée à l'AFP. En pratique, le ministre veut faire construire plus de logements réservés aux fonctionnaires sur les terrains détenus par l'Etat et les collectivités locales.

"Récompenser l'engagement" 

Le gouvernement veut aussi assouplir les quotas annuels de promotions, en donnant "plus de marges de manœuvre" aux employeurs publics pour reconnaître l'engagement de leurs agents.

Sur le volet salarial, M. Guerini ouvre une nouvelle fois la porte à des "mécanismes" individuels et collectifs "qui permettent de récompenser l'engagement et la performance" - c'est-à-dire l'introduction d'une forme d'intéressement dans la fonction publique.

Cette rémunération à la performance, décriée par les syndicats, a déjà été introduite début 2023 par le gouvernement pour quelque 6.000 hauts fonctionnaires.

Parmi les mesures égrenées mercredi, M. Guerini veut aussi que les apprentis formés dans la fonction publique puissent y être recrutés dès la fin de leur alternance.

Enfin, le gouvernement va lancer une campagne d'information et de valorisation des métiers publics en mars, en plus d'un salon national de l'emploi public le 16 mars à Paris.

Les travaux sur l'attractivité, une des trois priorités affichées par le ministre depuis sa nomination avec l'accessibilité des services publics et l'adaptation aux grandes transitions (écologique notamment), démarrent au lendemain de la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

Un timing tout sauf innocent pour Nathalie Makarski. Pour la présidente du syndicat CFE-CGC des Services publics, le gouvernement a tout intérêt à discuter de mesures favorables aux agents publics (amélioration des conditions de travail, promotions...) face à des syndicats unanimement opposés par ailleurs au report de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite.

Dans la fonction publique d'Etat, 21% des agents étaient en grève mardi selon les chiffres du ministère, contre 10,25% dans le versant territorial et 15,7% dans le versant hospitalier.

Une mobilisation en baisse par rapport à la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites le 19 janvier, mais nettement supérieure à celle observée lors des derniers mouvements sociaux dans la fonction publique, centrés sur des revendications salariales.


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.