L'Ukraine va obtenir des armes occidentales de plus longue portée

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (au centre), le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à droite) donnent une conférence de presse commune lors d'un sommet UE-Ukraine à Kiev, le 3 février 2023. Le 3 février, l'Union européenne s'est engagée à soutenir l'Ukraine "à chaque étape" de sa quête d'adhésion au bloc, alors que de hauts responsables se réunissaient à Kiev pour un sommet hautement symbolique. (AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (au centre), le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à droite) donnent une conférence de presse commune lors d'un sommet UE-Ukraine à Kiev, le 3 février 2023. Le 3 février, l'Union européenne s'est engagée à soutenir l'Ukraine "à chaque étape" de sa quête d'adhésion au bloc, alors que de hauts responsables se réunissaient à Kiev pour un sommet hautement symbolique. (AFP).
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Publié le Samedi 04 février 2023

L'Ukraine va obtenir des armes occidentales de plus longue portée

  • La nouvelle aide militaire américaine à l'Ukraine, d'un montant de 2,2 milliards de dollars, annoncée le même jour par les Etats-Unis, inclut à cet égard des roquettes qui pourraient quasiment doubler la portée de la force de frappe ukrainienne
  • Il s'agit en particulier d'engins tirés du sol pouvant atteindre une cible située à 150 km de distance et donc menacer des positions russes derrière les lignes de front

KIEV : Les Etats-Unis ont promis vendredi de livrer des roquettes de plus longue portée à l'Ukraine dont les velléités d'entrer dans l'Union européenne ont été confortées par le déplacement à Kiev de hauts responsables européens.

L'armée ukrainienne défendra "aussi longtemps qu'elle le pourra" Bakhmout, une ville-clé de l'Est dont les soldats russes cherchent depuis des mois à s'emparer, "personne n'abandonnera" cette "forteresse", a martelé à cette occasion le président Volodymyr Zelensky.

Près d'un an après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cette cité est devenue l'épicentre des combats et les forces de Moscou ont obtenu ces dernières semaines de petits gains territoriaux dans la région au prix de lourdes pertes.

"Si les livraisons d'armes (occidentales à Kiev) s'accélèrent, notamment d'armes de longue portée, non seulement nous n'allons pas nous replier de Bakhmout, (mais) nous allons commencer à mettre fin à l'occupation du Donbass", une région orientale en partie aux mains des Russes, a déclaré M. Zelensky.

La nouvelle aide militaire américaine à l'Ukraine, d'un montant de 2,2 milliards de dollars, annoncée le même jour par les Etats-Unis, inclut à cet égard des roquettes qui pourraient quasiment doubler la portée de la force de frappe ukrainienne, a affirmé le Pentagone.

Il s'agit en particulier d'engins tirés du sol pouvant atteindre une cible située à 150 km de distance et donc menacer des positions russes derrière les lignes de front.

"Plus la portée de nos armes est longue et plus nos troupes sont mobiles, plus tôt l'agression brutale de la Russie prendra fin", a réagi dans la soirée le chef de l'Etat ukrainien.

Dans le même temps, Paris faisait savoir que la France et l'Italie allaient fournir au printemps un système de défense sol-air de moyenne portée MAMBA pour aider l'Ukraine à "se défendre face aux attaques de drones, de missiles et d'avions russes".

En outre, le ministre américain de la Justice a annoncé vendredi le premier transfert de fonds russes confisqués à un oligarque d'un montant de 5,4 millions de dollars, dans le but d'aider l'Ukraine, selon la chaîne CNN.

Bombardements russes

Des journalistes de l'AFP ont constaté vendredi la violence des affrontements qui ont réduit en champ de ruines certains quartiers en périphérie de Bakhmout.

Selon les autorités, cette ville compte aujourd'hui environ 6 500 habitants contre environ 70 000 avant la guerre.

Un médecin humanitaire américain a été tué à Bakhmout dans une attaque contre son véhicule qui transportait des secouristes volontaires, selon l'ONG Global Outreach Doctors, avec qui il travaillait.

La victime, Pete Reed, 33 ans, était un ancien membre des Marines de l'armée américaine, où il servît comme fusilier, qui travaillait également comme secouriste, selon le fondateur de l'ONG, Andrew Lustig.

Plusieurs autres personnes auraient été blessées lors de l'attaque.

Oleksandre Tkatchenko, 65 ans, a dit s'être précipité avec d'autres voisins pour extirper une femme de la carcasse du véhicule.

Ce n'était "clairement" pas une cible militaire car la voiture "était rouge", a-t-il dénoncé.

Les bombardements se sont également poursuivis à Kherson, une grande ville du sud prise puis abandonnée par les Russes, où une personne a été tuée et une autre blessée vendredi, d'après les autorités.

Efforts considérables

A Kiev, le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et d'autres hauts représentants de l'UE se sont réunis avec M. Zelensky.

Ce dernier a affirmé que son pays ne perdrait pas "un seul jour" pour avancer vers l'entrée dans l'Union européenne et a jugé "possible" d'engager les discussions à ce sujet dès cette année.

Les dirigeants européens ont salué dans un communiqué les "efforts considérables" fournis par l'Ukraine malgré la guerre, soulignant "les progrès" dans la création d'institutions "indépendantes et efficaces" chargées de lutter contre la corruption qui ronge ce pays.

"Nous avons répété que la mise en place de réformes judiciaires profondes et cohérentes (...) restait essentielle" afin de permettre au processus d'intégration d'avancer, ont-ils néanmoins noté, sans évoquer de calendrier précis.

Ce pays est officiellement candidat à l'adhésion à l'Union européenne depuis juin 2022, un processus ardu requérant de nombreuses réformes qui pourrait durer des années.

Produits pétroliers

Mme von der Leyen a assuré travailler à de nouvelles sanctions contre la Russie pour le 24 février, date du premier anniversaire de l'invasion, jugeant qu'elle devrait "payer pour les destructions qu'elle a causées".

Elle a estimé que les mesures punitives prises depuis un an ont déjà fait reculer l'économie russe d'"une génération", notant que le plafonnement du prix du pétrole russe exporté à 60 dollars le baril coûte à Moscou 160 millions d'euros par jour.

S'y superposera un plafonnement du prix des produits pétroliers raffinés, que les ambassadeurs des Etats membres de l'UE ont approuvé vendredi, avant une adoption définitive par le Conseil européen.

Un embargo européen sur ces mêmes produits pétroliers envoyés à l'étranger par voie maritime doit d'ores et déjà entrer en vigueur dimanche, le Kremlin ayant quant à lui fustigé vendredi une mesure "négative" qui va "déséquilibrer davantage" les marchés.

Dans leur déclaration commune à l'issue du sommet, les dirigeants européens ont également dit vouloir "intensifier" leurs efforts "en vue d'utiliser des avoirs gelés de la Russie pour soutenir la reconstruction de l'Ukraine et à des fins de réparation, conformément au droit européen et au droit international".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.