Subventions vertes américaines: Bruno Le Maire appelle Washington à la «transparence»

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Publié le Samedi 04 février 2023

Subventions vertes américaines: Bruno Le Maire appelle Washington à la «transparence»

  • L'«Inflation Reduction Act» (IRA) et ses 370 milliards d'investissements en faveur de la lutte contre le changement climatique seront au cœur de la visite mardi de M. Le Maire et de son homologue allemand
  • «Je suis lucide sur la marge de manœuvre dont nous disposons face à l'administration américaine, surtout par rapport à un texte législatif qui a été voté, je le rappelle, par le Congrès», déclare Bruno Le Maire

PARIS : Soutenir l'industrie verte, mais à condition de respecter une concurrence "équitable": le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, a appelé les États-Unis à faire preuve de "transparence" dans le déploiement des subventions massives de leur grand plan climat, dans un entretien à l'AFP.

Source d'inquiétude pour les Européens, qui craignent pour leur industrie, l'"Inflation Reduction Act" (IRA) et ses 370 milliards d'investissements en faveur de la lutte contre le changement climatique seront au cœur de la visite mardi de M. Le Maire et de son homologue allemand Robert Habeck à Washington.

QUESTION : Quelles sont vos craintes pour la France et pour l'Europe face au programme d'aides américain?

RÉPONSE : "Avant de parler des craintes, je voudrais parler des ambitions. Nous avons l'ambition que l'Europe soit l'une des trois grandes puissances de l'industrie verte au XXIe siècle, avec la Chine et les États-Unis.

Nous avons tout pour réussir. Nous avons les technologies, nous avons les moyens financiers — je rappelle que les moyens financiers que nous avons mis sur la table en Europe sont supérieurs à ceux qui ont été mis par les États-Unis, 400 milliards d'euros —, sans compter les plans nationaux comme France 2030 avec 54 milliards d'euros. Et nous avons l'ambition politique.

Q: Mais vous craignez des délocalisations industrielles vers les États-Unis ?

R. Nous devons aussi être lucides. L'IRA change la donne. L'IRA offre des atouts de compétition qui, couplées à un prix de l'énergie très faible aux États-Unis, font courir des risques sur notre industrie."

Q: Qu'attendez-vous de votre visite à Washington? Des exemptions pour les produits européens?

R: "Sur les exemptions, il faut être lucide. Nous avons déjà obtenu des avancées très significatives sur les véhicules en leasing. Ces véhicules, même s'ils ne respectent pas les critères discriminatoires de l'IRA (exigences d'assemblage et de contenu local) pourront bénéficier des aides américaines.

Pouvons-nous obtenir des exemptions supplémentaires? Je suis lucide sur la marge de manœuvre dont nous disposons face à l'administration américaine, surtout par rapport à un texte législatif qui a été voté, je le rappelle, par le Congrès.

Le plus important, c'est que nous coopérions entre alliés pour qu'il y ait de la transparence sur le montant des subventions et des crédits d'impôts qui seront accordés. (...) Si vous savez à quel tarif va sortir l'hydrogène vert aux États-Unis et à quel tarif il va sortir en Europe, cela vous permet de garantir des conditions de concurrence équitable.

La Commission européenne a proposé la mise en œuvre de "matching clauses", clauses d'alignement sur le montant des aides américaines. Mais pour que ces clauses d'alignement puissent fonctionner, encore faut-il que nous sachions quel est le montant de ces aides.

Q: Avez-vous d'autres objectifs pour cette visite ?

R: La deuxième chose que nous souhaitons, (...) c'est mettre en place des dispositifs d'échanges réguliers qui garantissent une approche coopérative sur les investissements les plus stratégiques dans des domaines aussi sensibles que les semi-conducteurs.

Le défi n'est pas de se voler des marchés très compétitifs, le défi est que nous arrivions à développer ensemble, États-Unis et Europe, une industrie verte performante, compétitive et la plus innovante de la planète. Ce n'est pas comme s'il y avait une surproduction de batteries, une surproduction de panneaux solaires ou une surproduction de semi-conducteurs. Au contraire, il n'y en a pas assez.

Q: Etes-vous satisfait des propositions présentées mercredi en riposte à l'IRA?

R: Elles vont très loin et répondent largement aux demandes qui ont été formulées par la France.

Nous avons des subventions trop lentes à décaisser: Ursula von der Leyen propose l'accélération du décaissement des subventions, elle a raison. Les procédures des PIIEC (Projet important d'intérêt européen commun, NDLR) sont beaucoup trop longues, près de deux ans par exemple pour le PIIEC hydrogène. La Commission européenne propose des simplifications drastiques, elle a raison.

Et elle propose des crédits d'impôts, elle a raison. Les crédits d'impôts sont très efficaces. Ils donnent de la visibilité à l'investisseur sur ses coûts sur le long terme.

Enfin, pour nous assurer que nous ne risquons pas de perdre la partie, la Commission active la possibilité d'utiliser une "matching clause" qui est étendue à un certain nombre de secteurs. Ce qui est une véritable révolution intellectuelle.

Q: Que pensez-vous de l'idée d'un fonds souverain européen évoquée par la Commission européenne?

R: "Nous trouvons l'idée intéressante. Le président de la République a déjà eu l'occasion de le dire. Quelle forme est-ce que ça peut prendre? Continuons à en discuter avec nos partenaires.

Le véritable défi pour nous est avant tout un défi de mobilisation collective et un défi de simplification. Mobilisation collective parce que nous devons faire très attention à ce que les 27 États membres de l'Union européenne bénéficient de cette industrie verte."


Vote de confiance: le RN veut une dissolution pour «donner une majorité au pays», affirme Chenu

Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays". (AFP)
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  • "S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité"
  • Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite

PARIS: Le vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou sera son "ultime échec", a prédit mardi le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu, disant espérer une dissolution pour "donner une majorité au pays".

"François Bayrou tente une ultime manoeuvre, il rencontrera un ultime échec", a déclaré sur Cnews et Europe 1 le député du Nord, anticipant déjà l'étape d'après et une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron.

"S'il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l'Assemblée et il leur dit 'donnez une majorité'", a estimé M. Chenu, soulignant que "les Français ont vu ce que ça donnait, un pays sans majorité".

Un argument-clé pour le RN, qui "fera campagne (...) pour gouverner le pays non seulement sur un programme, mais sur l'idée de donner une majorité à ce pays", a assuré le vice-président du parti d'extrême droite.

Discours également relayé par son porte-parole Thomas Ménagé, député du Loiret, qui a expliqué sur RMC que "la seule solution dans la Ve République (...) c'est de demander aux Français de s'exprimer à nouveau pour dégager une majorité claire et que la France ne soit pas à l'arrêt".

Pour autant, M. Chenu a balayé tout risque de crise économique lié à l'instabilité politique: "On nous fait le coup à chaque fois. A chaque élection ou à chaque menace de censure, on nous dit attention, tout va s'arrêter, le pays va s'écrouler (...) La France tiendra. Ce n'est pas parce qu'on va changer de Premier ministre, ou qu'on aura une nouvelle majorité, que la France va s'écrouler".


Bayrou en mission impossible face à une chute plus probable que jamais

France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
France's Prime Minister Francois Bayrou speaks during a press conference in Paris on August 25, 2025.
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  • François Bayrou demandera la confiance de l’Assemblée le 8 septembre, dans une tentative désespérée de sauver son gouvernement, fragilisé par le rejet de son plan d’économies
  • Une coalition d’oppositions – de l'extrême gauche à l'extrême droite – annonce déjà son vote contre, tandis que les syndicats prévoient des mobilisations pour le 10 septembre

PARIS: François Bayrou entame mardi devant la CFDT une opération de la dernière chance pour tenter d'arracher la survie de son gouvernement, plus que jamais menacé d'être renversé par les oppositions lors du vote de confiance du 8 septembre qui inaugure une nouvelle période d'incertitudes.

Confronté au rejet de son plan d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros d'économies, par les opposants comme dans l'opinion, ainsi qu'à des appels à bloquer le pays le 10 septembre, le Premier ministre a brandi un va-tout lundi pour sa rentrée.

A sa demande, Emmanuel Macron va ainsi convoquer une session parlementaire extraordinaire le 8 septembre, et M. Bayrou sollicitera le jour-même la confiance de l'Assemblée sur une déclaration de politique générale. Son espoir: faire valider la nécessité d'un tel plan de réduction du déficit public, avant d'en négocier les mesures, dans un second temps.

Mais les réactions des oppositions ont été immédiates et ne semblent laisser quasiment aucune chance de réussite au gouvernement, privé de majorité depuis sa naissance en décembre.

Du Rassemblement national à La France insoumise en passant par les Ecologistes et les communistes, tous ont promis de voter contre la confiance.

Matignon espérait peut-être trouver un compromis avec le Parti socialiste. Mais "les socialistes voteront contre la confiance" à François Bayrou, a tranché leur patron Olivier Faure.

Sauf revirement, coup de théâtre ou tractations positives d'ici là, ces oppositions conjuguées disent que la France sera virtuellement sans gouvernement dans deux semaines. Un nouveau rebondissement dans l'instabilité politique provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024, qui risque en outre d'ouvrir une phase de turbulences financières.

Fébrilité

Signe de fébrilité: la Bourse de Paris a nettement reculé lundi et le taux d'intérêt de la dette française a grimpé, dans la foulée de l'annonce surprise de François Bayrou.

A l'extrême droite, Marine Le Pen a réitéré son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée. Un scénario qu'Emmanuel Macron a plusieurs fois assuré vouloir éviter.

A gauche, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier a estimé que l'initiative du Premier ministre était "de fait une démission". Il a "fait le choix de partir", c'est une "autodissolution", a abondé Olivier Faure.

PS, Ecologistes et le reste de la gauche unioniste, qui promettent une candidature commune pour 2027 (sans Mélenchon ni Glucksmann à ce stade) se disent" prêts" à prendre la suite du gouvernement Bayrou.

Après deux premières conférences de presse et une série estivale de vidéos Youtube, François Bayrou se retrouve confronté aux vives réactions aux mesures envisagées pour réduire le déficit public, en particulier son projet de suppression de deux jours fériés.

Un débat "dévoyé" selon le chef du gouvernement, qui, avant de débattre de ces dispositions dans le détail, entend solliciter la confiance sur le diagnostic: "Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c'est encore possible, à la malédiction du surendettement?", a-t-il posé lundi.

La date retenue, le 8 septembre, précède de deux jours l'appel, lancé sur les réseaux sociaux et les messageries, à bloquer la France. Un appel soutenu par la gauche, de LFI au PS.

Les syndicats rejettent aussi les mesures du plan gouvernemental, qui comprennent aussi une année blanche fiscale et le gel des prestations sociales. Ils s'opposent également au projet d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage, et ont reçu très frileusement la proposition de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de permettre la monétisation de la cinquième semaine de congés payés.

Si elles demeurent circonspectes face aux appels du 10 septembre, les organisations syndicales réfléchissent aux modes d'actions, avant une intersyndicale prévue dès ce vendredi. Certaines fédérations de la CGT et de Solidaires ont déjà prévu de se mobiliser le 10 septembre.

C'est dans ce contexte que François Bayrou interviendra mardi lors de l'évènement de rentrée de la CFDT, initialement prévu à la Bourse du Travail à Paris et finalement déplacé à Boissy-la-Rivière (Essonne).

Le Premier ministre a fait du dialogue social un mantra de son bail à Matignon. Mais le "conclave" convoqué pour revisiter la réforme des retraites de 2023 s'est achevé sur un échec.

M. Bayrou doit ensuite s'exprimer jeudi lors de l'évènement de rentrée du Medef. Il est attendu vendredi à la Foire de Châlons.


L'ambassadeur américain en France convoqué après des critiques sur la lutte contre l'antisémitisme

L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme. (AFP)
L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Dans une lettre adressée au chef de l'Etat obtenue dimanche par l'AFP, l'ambassadeur exprime "sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre"
  • Les critiques du diplomate américain, qui a récemment pris ses fonctions à Paris, interviennent quelques jours après une violente charge de Benjamin Netanyahu contre le président français

PARIS: L'ambassadeur américain en France Charles Kushner va être convoqué lundi au ministère des Affaires étrangères après des critiques qui ont provoqué la colère de Paris sur "l'absence d'action suffisante" du président Emmanuel Macron contre l'antisémitisme.

Dans une lettre adressée au chef de l'Etat obtenue dimanche par l'AFP, l'ambassadeur exprime "sa profonde inquiétude face à la flambée de l'antisémitisme en France et à l'absence d'action suffisante de (son) gouvernement pour le combattre", rejoignant les critiques du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Des accusations "inacceptables", selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, qui les "réfute fermement": "Elles vont à l'encontre du droit international, en particulier du devoir de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures des Etats (...). Elles ne sont par ailleurs pas à la hauteur de la qualité du lien transatlantique entre la France et les Etats-Unis et de la confiance qui doit en résulter entre alliés".

Il a précisé que "l'ambassadeur Kushner sera convoqué au quai d'Orsay ce lundi 25 août", une mesure rarissime entre alliés.

Les critiques du diplomate américain, qui a récemment pris ses fonctions à Paris, interviennent quelques jours après une violente charge de Benjamin Netanyahu contre le président français qu'il accuse "d'alimenter le feu antisémite" en appelant à la reconnaissance internationale de l’État de Palestine".

Une analyse "erronée, abjecte et (qui) ne demeurera pas sans réponse", avait déjà répliqué la présidence française.

"Plus possible de tergiverser" 

Dans sa lettre, datée du lundi 25 août, l'ambassadeur américain reprend l'argumentaire de M. Netanyahu.

"Des déclarations qui vilipendent Israël et des gestes en reconnaissance d'un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France", estime M. Kushner, père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner.

"Aujourd'hui, ce n’est plus possible de tergiverser: l'antisionisme, c'est l'antisémitisme, point", estime-t-il.

Selon l'ambassadeur, "il ne se passe pas un jour en France sans que des Juifs soient agressés dans les rues, des synagogues et des écoles dégradées, et des entreprises appartenant à des Juifs vandalisées. Le ministère de l'Intérieur de votre propre gouvernement constate que des écoles maternelles ont été ciblées par des dégradations antisémites".

Les actes antisémites sont en nette progression en France depuis le 7 octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza.

Le contexte est  particulièrement délicat puisque vit en France la plus grande communauté juive d'Europe occidentale, avec environ 500.000 personnes, en même temps qu'une très importante communauté arabo-musulmane, très sensible au sort des Palestiniens de Gaza.

Le week-end a été marqué par l'inculpation pour "discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité" du gérant d'un parc de loisirs du sud de la France qui avait refusé à un groupe de 150 jeunes Israéliens. Il a invoqué des raisons de "sécurité", selon le parquet.

Le représentant des États-Unis en France s'indigne également que "presque la moitié de jeunes Français disent ne jamais avoir entendu parler de la Shoah".

Vantant les actions du président Trump en la matière et la capacité à "combattre l'antisémitisme, tant que nos dirigeants ont la volonté d'agir", l'ambassadeur américain en France exhorte le président français "à agir avec résolution".

"La montée des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023 est une réalité que nous déplorons et sur laquelle les autorités françaises font preuve d'une mobilisation totale, tant ces actes sont intolérables", a réagi la diplomatie française.

Fin juillet, M. Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre. Dans la foulée plus d'une dizaine de pays occidentaux parmi lesquels le Canada, ainsi que l'Australie, ont appelé d'autre pays du monde à faire de même.

L'Assemblée générale de l'ONU prévue en septembre prend fin précisément le 23, jour de la nouvelle année juive et date avant laquelle Benjamin Netanyahu appelle Emmanuel Macron "à remplacer la faiblesse par l'action, l'apaisement par la volonté" dans la lutte contre l'antisémitisme.