25 ans de l'assassinat du préfet Erignac: une cérémonie en présence du ministre de l'Intérieur

Sur cette photo d'archive prise le 9 février 1998, le président français de l'époque, Jacques Chirac, prononce un discours (à droite) avec d'autres personnalités politiques devant le monument aux morts d'Ajaccio lors d'un rassemblement en hommage au préfet de Corse Claude Erignac, tué le 6 février 1998. (AFP).
Sur cette photo d'archive prise le 9 février 1998, le président français de l'époque, Jacques Chirac, prononce un discours (à droite) avec d'autres personnalités politiques devant le monument aux morts d'Ajaccio lors d'un rassemblement en hommage au préfet de Corse Claude Erignac, tué le 6 février 1998. (AFP).
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Publié le Samedi 04 février 2023

25 ans de l'assassinat du préfet Erignac: une cérémonie en présence du ministre de l'Intérieur

  • Cet assassinat --le premier préfet tué en France depuis la Seconde Guerre mondiale-- avait provoqué une onde de choc dans l'île
  • Vingt-cinq ans après, les commémorations seront marquées lundi par la présence du ministre de l'Intérieur

AJACCIO : Le 6 février 1998, le préfet Erignac était abattu à Ajaccio. Lundi, pour le 25e anniversaire de cet assassinat, l'Etat sera représenté par Gérald Darmanin, contraint d'annuler ses dernières visites corses sur fond de tensions autour des membres encore détenus du commando responsable de ce meurtre.

Cet assassinat --le premier préfet tué en France depuis la Seconde Guerre mondiale-- avait provoqué une onde de choc dans l'île. Les jours suivants, des dizaines de milliers d'insulaires avaient exprimé leur effroi lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.

Un groupe anonyme avait revendiqué l'assassinat trois jours plus tard, le 9 février. Après plusieurs mois de confusion et de fausses pistes, l'enquête allait enfin déboucher, le 21 mai 1999, sur de premières arrestations.

Trois hommes seront finalement condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité: Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, décédé le 21 mars des suites d'une agression dans sa cellule quelques semaines plus tôt.

Vingt-cinq ans après, les commémorations seront marquées lundi par la présence du ministre de l'Intérieur. "A la demande d'Emmanuel Macron", a précisé Gérald Darmanin sur Twitter.

Pour le 20e anniversaire, c'est le chef de l'Etat lui-même qui s'était déplacé, avec, pour son premier retour dans l'île depuis les faits, Mme Erignac et ses deux enfants. Depuis cette année 2018, la famille Erignac n'est plus revenue en Corse, et, de source proche du dossier, elle ne sera pas présente lundi.

C'est en 2018 qu'avait été inaugurée la place Erignac, avec une inscription au sol: "1 homme, 1 place". "J'espère que la République ne faiblira jamais en Corse", avait alors plaidé Mme Erignac, rendant hommage à son mari sur ce "lieu maudit".

L'annonce de la venue de M. Darmanin est intervenue quelques heures après celle, très attendue dans l'île, de l'octroi par la justice d'une mesure de semi-liberté à Pierre Alessandri, condamné en 2003 et libérable depuis 2017.

Il y a 25 ans, le préfet de Corse Claude Erignac était assassiné

Ce soir d'hiver 1998, le préfet de Corse, Claude Erignac, se rend à un concert de musique classique, à Ajaccio, avec son épouse Dominique. Après l'avoir déposée, il va se garer et revient à pieds. A 21h05, il meurt sous les balles d'un tueur.

Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm: un premier, tiré dans la nuque à bout portant, puis deux dans la tête, pour l'achever à terre. L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.

Très proche de la population, ce préfet, fils de sous-préfet, âgé de 60 ans, avait l'habitude de circuler seul, sans garde du corps et sans son chauffeur pour ses déplacements privés. Passionné de tennis, cycliste chevronné, lecteur insatiable, il se rendait ce soir-là au théâtre Kalliste, pour "la symphonie inachevée" de Schubert.

Son assassinat, le 6 février 1998, provoque une vive émotion. Les jours suivants, des dizaines de milliers d'insulaires expriment leur tristesse lors des plus grandes manifestations jamais organisées à Ajaccio et Bastia.

Trois jours plus tard, le 9 février, un groupe anonyme revendique ce meurtre. Mais l'enquête fait d'abord fausse route. Deux militants nationalistes sont interpellés et passent de longs mois en prison, avant d'être relâchés. Le 30 juin 2016, une juge antiterroriste prononcera un non-lieu général bénéficiant à 31 personnes. Puis, le 27 mars 2017, l'Etat sera condamné pour "faute lourde" à verser 100.000 euros de dommages et intérêts à neuf personnes mises en examen en 1998.

Le 21 mai 1999, quatre hommes sont arrêtés et passent aux aveux. Un mandat d'arrêt est lancé contre un cinquième, Yvan Colonna, qui devient l'homme le plus recherché de France. Durant la garde à vue, il a été accusé d'être le tireur.

Sept nationalistes sont finalement mis en examen, fin mai 1999: Pierre Alessandri, Vincent Andriuzzi, Alain Ferrandi, Marcel Istria, Didier Maranelli, Martin Ottaviani et Joseph Versini. Un huitième, Jean Castela, est mis en examen le 2 décembre 1999.

Ils comparaissent en juin et juillet 2003 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Quatre d'entre eux mettent alors Yvan Colonna hors de cause.

Yvan Colonna, «le tireur»

MM. Ferrandi et Alessandri sont condamnés à la perpétuité pour assassinat, les autres à des peines de 15 à 30 ans pour complicité. MM. Andriuzzi et Castela, présentés par l'accusation comme les "théoriciens", feront appel et seront acquittés en 2006.

Yvan Colonna est enfin arrêté le 4 juillet 2003, dans une bergerie près du village d'Olmeto (Corse-du-Sud). Huit ans plus tard et après trois procès, celui qui affirme n'avoir "jamais tué" personne est condamné, le 20 juin 2011, à la réclusion criminelle à perpétuité. La cour motive notamment sa décision par les mises en cause des autres membres du commando et de leurs épouses.

II se pourvoit en cassation, un pourvoi rejeté le 11 juillet 2012. Puis il saisit ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme, pour violation de sa présomption d'innocence, requête jugée irrecevable le 8 décembre 2016.

Détenu à la prison d'Arles, Yvan Colonna est victime d'une agression, le 2 mars 2022, dont il va décéder le 21 mars. Ce qui provoque des manifestations violentes dans l'île. Pour les manifestants, Yvan Colonna n'aurait pas été agressé s'il avait été transféré dans une prison de l'île, comme il l'avait demandé à plusieurs reprises.

«Nouvelle page»

Les élus corses ont salué cette décision judiciaire, espérant la même issue pour Alain Ferrandi, qui sera fixé le 23 février. En septembre, les élus de l'Assemblée de Corse avaient exprimé leur "indignation" après le rejet d'une énième demande de Pierre Alessandri, appelant le gouvernement à "recréer les conditions" d'une "confiance réciproque" pour poursuivre le dialogue avec l'Etat sur l'avenir de la Corse.

Ce cycle de concertations avait été lancé en juillet, quatre mois après l'agression mortelle d'Yvan Colonna par un codétenu, le 2 mars, à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône). Sa mort avait donné lieu à de nombreuses manifestations en Corse, émaillées de heurts violents, puis à l'annonce, par M. Darmanin, de ce cycle de négociations qui devait s'étaler sur un an à raison d'une réunion toutes les six semaines à Paris.

Pour l'heure, une seule de ces réunions a eu lieu, mi-septembre. Gérald Darmanin avait ensuite annulé deux visites dans l'île, en octobre et décembre, du fait des tensions autour de la question des prisonniers.

Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et homme fort de l'île, cette mesure visant Pierre Alessandri est un premier pas: "A la veille du 25e anniversaire de l'assassinat du préfet Claude Erignac, cette décision de justice vient dire de façon symbolique forte que le moment (...) d'écrire une nouvelle page des relations entre la Corse et l'Etat est venu, sans rien oublier du passé, des douleurs", a-t-il déclaré à l'AFP.

Cette visite de M. Darmanin peut "symboliquement" relancer les discussions, a estimé auprès de l'AFP Thierry Dominici, politologue, qui souligne néanmoins le danger de politiser ces commémorations: "Pour certains, commémorer encore et encore, c'est creuser la plaie, la remettre à vif".

"Certains nationalistes estiment même que l'Etat instrumentalise l'affaire Erignac à des fins d'immobilisme", avance ce spécialiste des mouvements nationalistes, qui craint une possible commémoration violente du premier anniversaire de la mort d'Yvan Colonna, en mars, par une partie de la jeunesse indépendantiste insulaire.

"Si l'Etat ne change pas de discours en faisant que le Mea Culpa soit des deux côtés, il y a un vrai risque de violence", estime M. Dominici.


Mercosur: les syndicats rencontrent Macron à l'Elysée, la dermatose en toile de fond

Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
Des agents de la police nationale française bloquent une route alors que des agriculteurs manifestent contre l'accord UE-Mercosur, alors que le président français Emmanuel Macron rencontre les lecteurs du quotidien « La Voix du Nord », à Arras, dans le nord de la France, le 19 novembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron reçoit les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dont la signature a été reportée, mais les tensions restent fortes malgré les concessions évoquées par le gouvernement
  • La rencontre se déroule sur fond de crise sanitaire liée à la dermatose bovine et de blocages agricoles persistants, avec une remobilisation annoncée début janvier

PARIS: Emmanuel Macron reçoit mardi après-midi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur auquel ils sont opposés mais le sujet de la dermatose bovine sera difficile à éviter au regard des blocages routiers qui persistent sur le terrain.

La FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Coordination rurale et la Confédération paysanne sont reçus à 16H30, ont-ils annoncé à l'AFP.

C'est la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'est aussi la première depuis l'annonce jeudi dernier du report de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur, après une mobilisation de plusieurs milliers d'agriculteurs avec leurs tracteurs à Bruxelles.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui alarme les filières concernées qui affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes, notamment environnementales et sanitaires, que les produits européens.

Il permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Emmanuel Macron s'était félicité du report de la signature, demandant que les "avancées" réclamées par la France, mais aussi l'Italie, se concrétisent afin que "le texte change de nature".

Les syndicats agricoles sont remontés depuis des mois et demandaient au président de prendre clairement position, après que celui-ci eut déclaré en novembre être "plutôt positif" quant à la possibilité d'accepter l'accord.

Emmanuel Macron avait rencontré des représentants de différents syndicats à Toulouse mi-novembre, des manifestations ayant changé le programme d'un déplacement qui devait être consacré aux réseaux sociaux et au spatial.

- "Mercosur = NON" -

"Le message de la FNSEA au Président de la République restera inchangé, ferme et clair: Mercosur = NON", a indiqué mardi le syndicat dominant dans une déclaration à l'AFP. Son président Arnaud Rousseau fera une déclaration à la presse à l'issue. Il avait déjà rencontré le président mi-novembre.

La Coordination rurale et la Confédération paysanne, fer de lance de la contestation de la gestion de la dermatose par l'Etat et opposants historiques au traité UE-Mercosur, ont ensuite confirmé à l'AFP leur venue.

Pour ces deux syndicats, c'est la première rencontre entre le président et des représentants nationaux depuis le dernier Salon de l'agriculture.

Plusieurs sources diplomatiques ont indiqué que la nouvelle échéance visée pour la signature était désormais le 12 janvier au Paraguay.

"Nous ne nous contentons pas de nous opposer à cet accord. En l'état, nous obtenons des concessions inédites au bénéfice de nos agriculteurs, que cet accord soit signé ou qu'il ne le soit pas", a déclaré lors des questions au gouvernement mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, citant des "mesures miroir pour garantir la réciprocité", des "contrôles douaniers" et des clauses de sauvegarde annoncées en septembre par la Commission européenne.

Les agriculteurs français ont déjà prévenu qu'ils se remobiliseraient début janvier, jugeant ces réponses insuffisantes.

Mais certains sont mobilisés depuis plus de 10 jours sur le terrain, notamment contre la stratégie gouvernementale pour lutter contre la dermatose bovine dans le Sud-Ouest, mais aussi ponctuellement plus au nord, contre le Mercosur et les autres crises qui pèsent sur le monde agricole.

En Gironde, la Coordination rurale (CR33) a annoncé organiser un "réveillon de Noël façon auberge espagnole" sur l'A63 au sud de Bordeaux.

"Le côté festif, ça permet de durer plus longtemps", résume à l'AFP Jean-Paul Ayres, porte-parole de la CR33, alors qu'un terrain de moto-cross a été improvisé sur le terre-plein central de l'autoroute.

Les bureaux centraux des syndicats se sont bien gardés d'appeler à lever les blocages, laissant les sections locales décider et appelant simplement au "repos" de leurs troupes et à une "trêve" pour certains pour mieux reprendre en janvier si nécessaire.

La mobilisation des agriculteurs a connu un léger regain lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes) par rapport à dimanche (23 actions), mais elle est nettement en baisse comparée à la semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).


Vol au Louvre: une grille de protection installée sur la fenêtre empruntée par les cambrioleurs

Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
Des ouvriers installent des grilles de protection en fer sur les fenêtres de la galerie d'Apollon du musée du Louvre, côté quai François Mitterrand, à Paris, le 23 décembre 2025, quelques semaines après que des voleurs aient utilisé un monte-meubles pour s'introduire dans le musée. (AFP)
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  • Une grille de protection a été installée sur la porte-fenêtre du Louvre utilisée lors du vol spectaculaire de bijoux du 19 octobre, dont le butin de 88 millions d’euros reste introuvable
  • Le musée renforce sa sécurité après de vives critiques : grilles supplémentaires, dispositifs anti-intrusion et vidéosurveillance accrue prévue d’ici 2026

PARIS: Une grille de protection a été installée mardi matin sur la porte-fenêtre du musée du Louvre à Paris, empruntée par les cambrioleurs lors du spectaculaire vol de bijoux du 19 octobre, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le 19 octobre, quatre malfaiteurs ont réussi à approcher le bâtiment en camion-élévateur et à hisser deux d'entre eux jusqu'à cette fenêtre menant à la galerie d'Apollon, qui donne sur les quais de Seine, grâce à une nacelle.

Ils ont dérobé huit joyaux de la Couronne de France. Le butin, estimé à 88  millions d'euros, reste introuvable.

Depuis le cambriolage, la sécurité du musée le plus visité au monde se retrouve au cœur des critiques, le braquage ayant révélé une série de défaillances.

La grille de protection "est l'une des mesures d'urgence décidées après le vol ", a précisé mardi à l'AFP Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée.

Des "réflexions" sont en cours concernant la "sécurisation sur les autres fenêtres", a ajouté le responsable.

La présidente du Louvre, Laurence des Cars, avait assuré la semaine dernière devant les sénateurs français qu'une grille serait reposée "avant Noël". Elle avait précisé que la précédente avait été retirée en 2003-2004, lors d'importants travaux de restauration.

Autre chantier majeur: le renforcement de la vidéosurveillance sur les façades du palais. "Nous avons annoncé un dispositif d'une centaine de caméras positionnées autour du palais. Le marché a été signé et l'installation pourra débuter tout au long de l'année 2026 ", a précisé Francis Steinbock.

La semaine dernière, le Louvre avait également annoncé l'achèvement de la mise en place de dispositifs anti-intrusion autour du musée.

Du 15 au 18 décembre, les agents du Louvre étaient en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et des moyens supplémentaires pour la sécurité. Le mobilisation a été levée vendredi, mais les négociations se poursuivent entre les syndicats et le ministère de la Culture pour répondre aux inquiétudes des agents.


La "loi spéciale" au Parlement, rendez-vous en janvier pour reparler budget

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu et le ministre français de l'Économie et des Finances Roland Lescure quittent l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • Faute d’accord sur le budget de l’État, le Parlement vote une loi spéciale pour reconduire provisoirement le budget 2025 et assurer le fonctionnement de l’État
  • Les débats budgétaires reprendront en janvier, sur fond de déficit élevé, de tensions politiques et de discussions autour d’un possible recours au 49.3

PARIS: Le Parlement pose une rustine sur ses désaccords budgétaires. L'Assemblée nationale et le Sénat devraient voter tour à tour mardi la "loi spéciale" présentée par le gouvernement pour continuer de financer provisoirement l'État et les administrations.

Les votes des deux assemblées ponctuent deux mois et demi de débats budgétaires qui se soldent par un échec partiel pour le Premier ministre Sébastien Lecornu.

Le dialogue privilégié engagé par le Premier ministre avec le Parti socialiste a permis l'adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur les retraites et le financement de la Sécurité sociale.

Mais les profondes divergences entre l'Assemblée nationale et le Sénat, tenu par des partis de droite et du centre hostiles à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l'approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l'État.

Les parlementaires se retrouveront donc en début d'année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions budgétaires n'ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.

"Nous devrons au plus vite, en janvier, donner un budget à la nation" qui "devra tenir l'objectif de 5% de déficit et financer nos priorités", a déclaré Emmanuel Macron lundi soir lors du Conseil des ministres, selon la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"L'Élysée commence à s'impatienter", glissait lundi un cadre du camp gouvernemental.

Rentré d'Abou Dhabi où il était allé célébrer Noël avec les troupes françaises, Emmanuel Macron a présidé lundi soir un Conseil des ministres de crise pour la présentation de la loi spéciale.

- Pas de dépense nouvelle -

Le texte reconduit temporairement le budget de 2025, il permet de lever l'impôt et de payer les fonctionnaires. Mais il ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.

Ce projet de loi spéciale devrait être voté mardi en toute fin d'après-midi par l'Assemblée nationale, puis dans la soirée par le Sénat. A l'unanimité ou presque. Avant d'être promulgué dans les jours suivants par le chef de l'État.

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait dû y avoir recours après la chute du gouvernement de Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur le budget de la Sécurité sociale. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés au mois de février, quelques semaines après l'arrivée de François Bayrou à Matignon.

Anticipant la reprise des débats en janvier, Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l'exception de la France insoumise et du Rassemblement national. Un ballet devenu habituel de responsables politiques exprimant leurs exigences et lignes rouges rue de Varenne, à l'issue de ces entretiens.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a appelé à un budget qui ne fasse pas "peser les efforts sur les plus modestes" et préserve les investissements en matière d'écologie.

Quant à la cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, elle s'est inquiétée d'une copie budgétaire trop calquée sur les positions du Sénat. En cas de 49.3, les Ecologistes choisiront "la censure", a-t-elle prévenu.

Car on reparle de plus en plus de cet outil constitutionnel permettant de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, qui le jugent brutal, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.

Il faudrait alors pour le gouvernement trouver avec les socialistes des conditions de non-censure. Pour espérer enfin tourner la page du débat budgétaire.

Mais pour l'heure, Sébastien Lecornu s'y refuse, jugeant le projet de budget "encore votable sans intervention du gouvernement", selon Mme Bregeon.