Mayotte: avec 276 euros de pension moyenne, les retraités misent sur la solidarité familiale

Les manifestants tiennent une bannière indiquant « 60 ans max », lors d'une marche aux flambeaux appelée par les syndicats des travailleurs de la FSU et de Solidaires pour protester contre le plan de réforme des retraites du gouvernement français, à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 2 février 2023. (Photo de Valentine CHAPUIS / AFP)
Les manifestants tiennent une bannière indiquant « 60 ans max », lors d'une marche aux flambeaux appelée par les syndicats des travailleurs de la FSU et de Solidaires pour protester contre le plan de réforme des retraites du gouvernement français, à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 2 février 2023. (Photo de Valentine CHAPUIS / AFP)
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Publié le Samedi 04 février 2023

Mayotte: avec 276 euros de pension moyenne, les retraités misent sur la solidarité familiale

  • Les retraites sont en moyenne de 276 euros mensuels et l'allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA), l'ancien «minimum vieillesse», est plafonnée à la moitié de son montant en métropole
  • Pas de quoi vivre dignement quand, dans ce petit archipel de l'océan Indien, le coût de la vie est en moyenne 75% plus élevé que sur le reste du territoire

MAMOUDZOU: À Mayotte, la retraite moyenne ne s'élève qu'à 276 euros par mois faute d'alignement des droits sociaux. Tandis que les voix s'élèvent pour dénoncer cette situation à l'occasion de la réforme des retraites, les aînés, eux, doivent se tourner vers leur famille pour survivre.

Alors que 77% de la population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté, pensions de retraites et minimum vieillesse ne permettent pas aux aînés de tirer leur épingle du jeu. Une situation à laquelle la réforme des retraites ne devrait rien changer, puisque le gouvernement n'a pas prévu de l'appliquer à ce territoire ultra-marin.

Les retraites sont en moyenne de 276 euros mensuels et l'allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA), l'ancien "minimum vieillesse", est plafonnée à la moitié de son montant en métropole. Pas de quoi vivre dignement quand, dans ce petit archipel de l'océan Indien, le coût de la vie est en moyenne 75% plus élevé que sur le reste du territoire.

C'est donc entre générations d'une même famille qu'intervient la solidarité. Avec les moyens du bord car seul un tiers des personnes en âge de travailler détient un emploi et que "le niveau de vie médian des habitants de Mayotte est six fois plus faible que celui de la métropole", comme le rappelle l'Insee.

"La retraite ? Je préfère pas y penser, c'est déjà suffisamment compliqué au quotidien", lâche Anfardine, employé dans une supérette du sud de l'île. "À la maison, je m'occupe de mes deux parents, d'une tante et de mes quatre enfants. Le peu qu'il me reste à la fin du mois, je le mets de côté pour les études de ma fille", poursuit-il en rangeant les rayons de produits "inabordables".

"Mon père n'a jamais travaillé officiellement donc il n'a rien. Moi je galère ici avec des petits boulots, donc je n'aurai sûrement pas grand chose, mais il faut que je tienne jusqu'à ce que les enfants prennent la relève", explique le quadragénaire.

"Mayotte est le territoire où les solidarités sont les plus développées, on est encore sur un modèle avec des influences africaines où les anciens se reposent sur leurs nombreux enfants", relève Jamel Mekkaoui, chef du service régional La Réunion-Mayotte de l'Insee.

"Heureusement qu'il y a encore cela car ceux qui n'ont pas cette chance vivent dans des conditions absolument misérables", commente Salim Nahouda, secrétaire départemental de la CGT.

«Un système pérenne»

A Mayotte, la moitié de la population est mineure quand les plus de 60 ans ne représentent que 4% de la population. "Ici, tout est dérogatoire, pourquoi ne pas créer un système spécifique à Mayotte où les droits seraient les mêmes mais les cotisations versées et redistribuées ici ? On a tout ce qu'il faut et au vu de la démographie ce serait pérenne", plaide donc Salim Nahouda.

"Dire que le régime est excédentaire à Mayotte serait oublier que l'on gère aussi l'assurance- maladie par exemple", précise cependant la directrice de la Caisse de sécurité sociale de Mayotte, Ymane Alihamidi-Chanfi. Ainsi, si le rapport strict entre les cotisations sociales et les pensions de retraites est excédentaire de 62% localement, reste que les 70 millions d'euros de recettes annuels font face à 400 millions d'euros de versements de la part de la CSSM.

Toujours est-il que malgré les promesses d'alignement successives, "on n'a toujours aucun élément de la part du gouvernement", regrette Salim Nahouda.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a confirmé mardi devant l'Assemblée nationale que la réforme des retraites ne serait "pas appliquée" à Mayotte, en réponse à une question du député LR de l'archipel Mansour Kamardine. Mais il s'est dit prêt à "travailler", avec les parlementaires de Mayotte, à "mieux protéger les retraités" mahorais.

Dans ce département, le versement de certaines prestations sociales est conditionné à une situation régulière sur le territoire depuis au moins 15 ans. "C'est très politique", fait-on valoir à l'Insee. "Derrière ces sujets se cache l'épineuse question de l'appel d'air et de savoir si, in fine, on ne ferait pas bénéficier la population émigrée des Comores de cette convergence sociale".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.