France: les grandes mobilisations sociales depuis 1995

Des manifestants agitent des drapeaux lors d'une manifestation, au troisième jour des rassemblements nationaux organisés depuis le début de l'année, contre une refonte profondément impopulaire des retraites à Paris le 7 février 2023. (AFP)
Des manifestants agitent des drapeaux lors d'une manifestation, au troisième jour des rassemblements nationaux organisés depuis le début de l'année, contre une refonte profondément impopulaire des retraites à Paris le 7 février 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 février 2023

France: les grandes mobilisations sociales depuis 1995

  • La première mobilisation contre l'actuel projet de réforme des retraites voulu par Emmanuel Macron réunit 1,12 million de personnes dans les rues
  • En pleine récession économique, la mobilisation pour la défense de l'emploi et contre la politique économique du président Nicolas Sarkozy, fait descendre dans la rue 1,2 million de personnes (3 millions selon les syndicats)

PARIS: Les projets de réforme des retraites, du marché du travail ou encore la défense de l'emploi ont régulièrement mobilisé plus du million de manifestants dans les rues en France.

Alors que les syndicats espèrent de nouveaux rassemblements massifs samedi, rappel des dix journées de mobilisation sociale les plus suivies depuis 1995, dépassant le million de participants, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, par ordre décroissant:

31 janvier 2023: 64 ans 

Quelque 1,27 million de personnes, selon le ministère de l'Intérieur (2,5 millions de personnes selon les syndicats) défilent dans toute la France contre le projet de réforme des retraites, défendu par Elisabeth Borne, qui prévoit de porter à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite.

12 octobre 2010: 62 ans 

L'opposition au projet de réforme des retraites du gouvernement de François Fillon, prévoyant le report progressif de l'âge de la retraite de 60 à 62 ans, fait descendre dans les rues 1,23 million de personnes (3,5 millions selon la CGT).

19 mars 2009: récession 

En pleine récession économique, la mobilisation pour la défense de l'emploi et contre la politique économique du président Nicolas Sarkozy, fait descendre dans la rue 1,2 million de personnes (3 millions selon les syndicats).

13 mai 2003: cotisation allongée 

La réforme des retraites du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin qui prévoit d'allonger progressivement à 40 ans la durée de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein, entraîne la mobilisation de 1,13 million de manifestants (2 millions selon les syndicats).

19 janvier 2023: première mobilisation 

La première mobilisation contre l'actuel projet de réforme des retraites voulu par Emmanuel Macron réunit 1,12 million de personnes dans les rues (plus de 2 millions selon la CGT).

7 septembre 2010: unitaire 

Une première journée de mobilisation unitaire contre la réforme des retraites du gouvernement Fillon mobilise 1,12 million de personnes (2,7 millions selon les syndicats) alors que l'Assemblée nationale entame, ce jour-là, l'examen du projet de loi.

19 octobre 2010: blocages 

Blocages des raffineries, agitation lycéenne: la situation sociale s'envenime pour cette nouvelle journée de protestation contre la réforme des retraites du gouvernement Fillon qui rassemble 1,1 million de personnes (3,5 millions selon la CGT), ce qui n'empêchera pas l'adoption du projet fin octobre au Parlement.

29 janvier 2009: emploi et salaires 

1,08 million de manifestants se retrouvent dans la rue (2,5 millions pour les syndicat) pour défendre emplois, salaires et services publics dans un contexte de crise économique et de défiance face à la politique économique du président Sarkozy.

28 mars 2006: CPE 

Grande mobilisation contre le contrat première embauche (CPE), un nouveau type de contrat de travail à destination des moins de 26 ans, décrié pour accroître les risques de licenciements abusifs et précarité: 1,055 million de personnes descendent dans les rues (3 millions selon les syndicats). Ce dispositif annoncé en janvier par le Premier ministre Dominique de Villepin, sera promulgué mais finalement abandonné en avril 2006 face à la contestation.

12 décembre 1995: plan Juppé 

La grogne sociale contre le plan Juppé de réforme de la sécurité sociale et des retraites des fonctionnaires et régimes spéciaux mobilise 1 million de manifestants (2,2 millions selon les syndicats).

Le Premier ministre Alain Juppé retire à la mi-décembre les mesures touchant les retraites. Le reste du plan sera maintenu.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.