En Turquie, les exilés russes reconstruisent leur monde sans Poutine

Igor Irbitsky, infographiste de 29 ans, pose lors d'une interview à Istanbul le 1er février 2023. Jusqu'à un million de Russes auraient fui le pays en réaction à la décision du Kremlin d'envahir l'Ukraine et d'affronter le monde occidental. Beaucoup d'entre eux se sont installés dans des républiques ex-soviétiques et des pays accueillants pour les touristes comme la Turquie. (AFP).
Igor Irbitsky, infographiste de 29 ans, pose lors d'une interview à Istanbul le 1er février 2023. Jusqu'à un million de Russes auraient fui le pays en réaction à la décision du Kremlin d'envahir l'Ukraine et d'affronter le monde occidental. Beaucoup d'entre eux se sont installés dans des républiques ex-soviétiques et des pays accueillants pour les touristes comme la Turquie. (AFP).
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Publié le Mercredi 15 février 2023

En Turquie, les exilés russes reconstruisent leur monde sans Poutine

  • En 2022, plus de 150 000 Russes ont obtenu des permis de séjour en Turquie, selon les données officielles
  • Certains de ces exilés tentent de recréer le monde qu'ils ont laissé derrière eux, en ouvrant des cafés ou des lieux de rencontre telle que la librairie de Saniya Galimova

ISTANBUL : Saniya Galimova a mis son mari dans le premier vol qui quittait la Russie et commencé d'emballer sa vie.

Dans la petite librairie qu'elle a ouverte depuis à Istanbul, où elle a aligné des romans russes et ukrainiens sur les étagères, la jeune femme de 29 ans se souvient de cette panique qui les a saisis il y a un an.

"Chaque jour je me demande si je pourrai rentrer (en Russie)", confie-t-elle.

"Mais pas tant que ce régime ne tombe pas et que la guerre se poursuit".

Saniya vivait dans la république du Tatarstan, dans le centre de la Russie; elle et son mari ont trouvé refuge sur les rives du Bosphore avec leur fillette et leur petit chien.

Comme eux, près d'un million de Russes ont fui leur pays après le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine par Moscou, le 24 février 2022, beaucoup vers d'anciennes républiques soviétiques ou en Turquie, où ils reconstituent çà et là des semblants de "petites Russies".

Un siècle avant eux, les Russes blancs qui fuyaient la révolution bolchévique de 1917 avaient déjà trouvé asile à Constantinople.

En 2022, plus de 150 000 Russes ont obtenu des permis de séjour en Turquie, selon les données officielles.

La plupart étaient jeunes, souvent diplômés, artistes ou dans le numérique, qui n'avaient aucune intention d'aller mourir dans les tranchées d'Ukraine pour une guerre qu'ils ne comprennent pas.

Saniya ne voulait pas non plus que sa fille de 10 ans grandisse dans cette Russie-là: "Même les enfants ne peuvent plus exprimer d'opinions. Ils se mettraient en danger et leurs parents avec".

«Ils paient en cash»

Un an après le début de la guerre, la présence russe, à Istanbul et dans plusieurs villes de la côte sud du pays comme Antalya, se lit partout.

Des affiches rédigées en caractères cyrilliques annoncent des concerts de rap russe ou fournissent des explications pour l'utilisation des transports en commun.

D'autres font la publicité pour des biens immobiliers.

A Istanbul, Inzhu Mami, une Kazakhe russophone âgée de 25 ans, est devenue indispensable à son employeur, un agent immobilier d'Esenyurt, un quartier périphérique où les tours poussent comme des champignons.

"Quand (les potentiels acquéreurs) s'adressent à quelqu'un qui parle leur langue, ça crée un lien", glisse la jeune femme, tout sourire.

Les Russes qu'Inzhu Mami voit défiler cherchent pour la plupart à investir leur argent dans le bouillonnant marché immobilier d'Istanbul.

Ils représentent désormais 60% de la clientèle, contre 5% avant la guerre, selon sa responsable Gül Gül.

"En général, ils paient en cash", explique Gül Gül, co-fondatrice de "Golden Sign".

«Présomption d'innocence»

Certains de ces exilés tentent de recréer le monde qu'ils ont laissé derrière eux, en ouvrant des cafés ou des lieux de rencontre telle que la librairie de Saniya Galimova.

Alexandra Nikashina met ainsi ses talents d'artiste à profit dans un salon de tatouage ultra branché de Karaköy.

"Bien sûr que j'aime la Russie", lance la jeune femme de 29 ans aux avant-bras décorés. "Mais l'idée d'être là-bas m'effraie".

Native de Samara (centre de la Russie), elle vivait depuis des années à Moscou où elle côtoyait des artistes très investis dans leur domaine et insouciants de la marche du monde.

La politique l'a rattrapée, et elle évite désormais soigneusement d'évoquer la guerre avec ses parents restés au pays.

"Nos points de vue sont trop divergents. Mais j'ai réalisé que ce qui compte avant tout désormais c'est de préserver ce que j'ai - ma famille. Cela ne servirait à rien de me lancer dans ce combat", explique-t-elle.

Son colocataire, Igor Irbitsky, abonde dans son sens.

"Je ne parle pas de politique avec mes amis au pays", confie l'infographiste de 30 ans. "Les Russes que je rencontre ici sont généralement des gens intéressants. J'ai une présomption d'innocence envers eux".

«Le pays a changé»

Alexei Vyatkine voit les choses d'un regard plus sombre.

Au premier jour de la guerre, le producteur vidéo de 36 ans s'est rendu sur une place centrale de Saint-Pétersbourg, sa ville, s'attendant à retrouver une foule protestataire.

Mais presque personne ne s'est joint à lui.

"J'ai été déçu par les gens", dit-il. Nombre de ses amis se sont montrés indifférents à l'invasion, certains la soutenant même.

"Il m'est devenu difficile de leur parler", s'épanche-t-il.

L'idée de revoir un jour son pays lui semble éloignée.

"J'ai quitté une ville, celle dans laquelle je retournerais ne serait plus la même", assure-t-il. "Le pays a changé".


Nigeria: au moins 40 morts après des affrontements avec un gang armé

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences. (AFP)
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  • Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP
  • Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences

JOS: Des membres d'un groupe armé ont tué au moins 40 membres d'un groupe d'auto-défense lors de l'attaque d'un village dans le centre du Nigeria et des affrontements qui ont suivi, dimanche, ont déclaré mardi des sources locales et la Croix rouge à l'AFP.

Le secrétaire de la Croix-Rouge de l'Etat de Plateau, Nuruddeen Hussain Magaji, a déclaré à l'AFP que "des centaines de miliciens d'auto-défense ont été pris en embuscade" dimanche dans le village de Kukawa. Cette attaque est survenue alors que les miliciens se regroupaient après des affrontements qui ont fait dix morts parmi les miliciens dans le village voisin de Bunyun, selon un habitant.

Régulièrement en proie à des tensions intercommunautaires, notamment entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades qui se disputent l'accès aux terres et aux ressources, l'Etat du Plateau connaît depuis plusieurs mois une flambée des violences.

"Selon les premiers rapports de notre personnel sur le terrain, au moins 30 corps ont été amenés dans un hôpital local, et certains blessés ont été transférés vers un hôpital de l'Etat voisin de Bauchi", a précisé Nuruddeen Hussain Magaji. "On s'attend à ce que d'autres corps de miliciens soient retrouvés dans la brousse", a-t-il ajouté.

Musa Ibrahim, un habitant de Bunyun, dans la circonscription voisine de Wase, a déclaré que "dix membres des milices ont été confirmés morts après que des bandits ont attaqué notre communauté, dimanche".


Trump reçoit Netanyahu à la recherche d'un accord à Gaza

Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la Salle bleue de la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza
  • Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus

WASHINGTON: Donald Trump, qui se dit déterminé à mettre fin à la guerre à Gaza, a reçu Benjamin Netanyahu à dîner à la Maison Blanche lundi soir, lequel a dit avoir présenté le président américain pour le Nobel de la Paix.

La troisième visite à Washington du Premier ministre israélien M. Netanyahu depuis le retour au pouvoir de Donald Trump intervient à un moment crucial, le président américain espérant profiter de l'élan donné par la récente trêve entre Israël et l'Iran après une guerre de 12 jours.

"Je ne pense pas qu'il y ait de blocage. Je pense que les choses se passent très bien", a déclaré M. Trump aux journalistes au début du dîner, lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord de paix.

Assis l'un en face de l'autre autour d'une grande table, le président américain s'est dit convaincu que le Hamas était prêt à accepter un cessez-le-feu à Gaza.

"Ils veulent une rencontre et ils veulent ce cessez-le-feu", a-t-il dit.

Le Premier ministre israélien a lui annoncé avoir présenté la nomination du président américain pour le prix Nobel de la paix, en lui remettant la lettre qu'il a envoyée au comité Nobel.

"A l'heure où nous parlons, il rétablit la paix dans un pays (après l'autre), dans une région après l'autre", a loué M. Netanyahu.

La rencontre lundi intervient en pleins pourparlers indirects entre Israël et le Hamas.

Depuis dimanche, deux sessions de pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se sont tenues à Doha, selon des sources palestiniennes proches des négociations. "Aucune percée" n'a été encore réalisée, a indiqué à l'AFP l'une d'elles.

Mardi matin, l'armée israélienne a annoncé que cinq soldats avaient été tués et deux autres grièvement blessés au combat dans le nord de la bande de Gaza.

L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre dans la semaine à Doha, selon la Maison Blanche.

Auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait indiqué que "la priorité absolue du président au Moyen-Orient est de mettre fin à la guerre à Gaza et le retour de tous les otages".

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, à laquelle l'armée a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Dimanche, Donald Trump a estimé qu'il existait "de bonnes chances" de parvenir à un accord "cette semaine".

Les négociations indirectes, menées via les médiateurs qatari, égyptien et américain, portent "sur les mécanismes de mise en oeuvre" d'un accord de cessez-le-feu et d'un "échange" d'otages retenus à Gaza contre des Palestiniens détenus en Israël, selon un responsable palestinien.

- "Inacceptables" -

La délégation du Hamas se trouvait dans une salle et la délégation israélienne dans une autre, dans le même bâtiment, a-t-il précisé.

"Le Hamas est sérieux et soucieux d'aboutir à un accord pour mettre fin à la guerre et à la souffrance de notre peuple, à condition que la partie israélienne fasse preuve de bonne foi et ne cherche pas à entraver ou à faire traîner le processus", a affirmé le responsable palestinien.

Lundi soir, M. Netanyahu a de nouveau exclu la création d'un Etat palestinien à part entière, affirmant qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza.

"Maintenant, les gens diront que ce n'est pas un Etat complet, que ce n'est pas un Etat. Nous nous en moquons", a-t-il dit.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, l'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

- "On ne savait plus où aller" -

Des dizaines de personnes, dont des parents d'otages détenus à Gaza, se sont rassemblées lundi soir devant l'antenne de Tel-Aviv de l'ambassade des Etats-Unis en Israël pour demander à M. Trump de parvenir à un cessez-le-feu.

Les manifestants ont brandi des drapeaux américains, des affiches portant des photos d'otages et une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire "Président Trump, faites l'histoire, ramenez-les tous à la maison, mettez fin à la guerre".

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Une première trêve d'une semaine en novembre 2023, puis une deuxième de deux mois début 2025, ont permis le retour de nombreux otages en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

Sur le terrain à Gaza, la Défense civile a fait état de 12 Palestiniens tués par des frappes israéliennes, dont six morts dans la clinique Al-Rimal de Gaza-ville (nord), qui "abrite des centaines de déplacés".

"On a été surpris par des missiles et des explosions à l'intérieur du bâtiment. On ne savait plus où aller à cause de la poussière et des dégâts", témoigne auprès de l'AFP Salman Qoudoum, en exhortant à un accord de cessez-le-feu. "On ne peut plus attendre".


Le Japon se tourne vers les pays du CCG pour assurer la stabilité au Moyen-Orient

Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
Les deux parties sont convenues de maintenir une coopération étroite pour contribuer à la paix et à la stabilité au Moyen-Orient. (MOFA)
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  • Le ministre des Affaires étrangères Takeshi Iwaya rencontre le Dr Jasem Al-Budaiwi du CCG
  • L'industrie pétrolière mondiale et l'instabilité au Moyen-Orient ont été abordées.

TOKYO : Le ministre japonais des Affaires étrangères, M. Takeshi Iwaya, a rencontré lundi le secrétaire général du CCG, M. Jasem Al-Budaiwi, pour discuter de l'industrie pétrolière mondiale et de l'instabilité croissante au Moyen-Orient.

Iwaya a déclaré que les pays du CCG jouaient un rôle de plus en plus important dans le contexte de l'agitation régionale et internationale, a indiqué le ministère japonais des Affaires étrangères.

Le Japon souhaite approfondir la coopération politique et économique avec le CCG afin d'apporter la paix et la stabilité à la région, y compris la conclusion des négociations de l'accord de partenariat économique entre le Japon et le CCG.

M. Al-Budaiwi a déclaré que le bloc régional espérait également l'achèvement des négociations de l'APE et la poursuite de la coopération dans le cadre du plan d'action Japon-CCG.

M. Al-Budaiwi a ajouté que Tokyo était un partenaire important et a lancé une invitation pour une réunion des ministres des affaires étrangères des deux parties.

Les fonctionnaires ont parlé franchement des questions relatives au Moyen-Orient, notamment du conflit entre Israël et l'Iran, des attaques contre la bande de Gaza et de la situation en Syrie.

M. Iwaya a déclaré que le Japon poursuivrait ses efforts diplomatiques pour faire en sorte que l'accord de cessez-le-feu entre Israël et l'Iran soit mis en œuvre et que les voies du dialogue soient rouvertes.

M. Al-Budaiwi s'est fait l'écho de ce point de vue et a déclaré que les pays du CCG restaient attachés au dialogue.

Les fonctionnaires ont fait part de leurs préoccupations concernant les actes qui menacent les routes maritimes et les attaques contre les installations pétrolières.

- Cet article est également publié sur Arab News Japan