Les ravages du séisme aggravent la situation des Syriens laissés sans ressources par la guerre

Une équipe émiratie de recherche et de sauvetage fouille les décombres dans le nord-ouest de la Syrie (Photo, AFP).
Une équipe émiratie de recherche et de sauvetage fouille les décombres dans le nord-ouest de la Syrie (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 février 2023

Les ravages du séisme aggravent la situation des Syriens laissés sans ressources par la guerre

  • Parmi les personnes les plus touchées, on compte 3 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays dans la région frontalière avec la Turquie
  • Les complications politiques liées à l'envoi de l'aide dans le nord-ouest ont eu un impact négatif sur la réponse humanitaire

QAMISHLI, SYRIE: Plus d'une semaine après que des séismes aient dévasté des parties du sud-est de la Turquie et du nord-ouest de la Syrie, le bilan des victimes continue de s'alourdir d'heure en heure. Ce mardi, le nombre total de morts dans les deux pays s'élevait à plus de 41 000, avec des dizaines de milliers de blessés.
Bien que le nombre de décès confirmés soit inférieur en Syrie – environ 5 814 contre 35 418 en Turquie – plus d'une décennie de guerre civile a laissé le pays totalement démuni face à une catastrophe de cette ampleur.
La situation déjà désastreuse dans le nord-ouest du pays, où des régimes rivaux, des groupes d'opposition et des factions terroristes se disputent depuis longtemps le contrôle du pays, s'est transformée en une véritable catastrophe humanitaire.
L’Institut du Moyen-Orient, basé à Washington, estime que jusqu'à 60% des infrastructures de la région avaient déjà été endommagées ou détruites avant le tremblement de terre du 6 février, les installations médicales étant particulièrement touchées
«Avant le tremblement de terre, la plupart des gens souffraient de la situation humanitaire à cause de la destruction de la plupart des bâtiments et des infrastructures à la suite des bombardements du régime Assad et de son allié la Russie, notamment dans le secteur médical, et du manque de logistique et de médicaments», a expliqué à Arab News Bachar al-Fares, un journaliste du nord-ouest de la Syrie.
«Aujourd'hui, après les tremblements de terre qui ont frappé les régions du nord-ouest de la Syrie, la situation s'est aggravée. En raison de la destruction qui a ravagé la région, qui était un abri pour les réfugiés et les familles déplacées de force de divers gouvernorats syriens, des milliers de personnes ont perdu la vie dans les tremblements de terre et beaucoup d'autres ont été blessées.

L'Arabie saoudite a envoyé des équipes de recherche et de sauvetage en Syrie et en Turquie (Photo, SPA).

«Cette situation a été amplifiée par la grave pénurie de personnel médical, de médicaments et d'équipements de secours.»
Ayant été chassés de leurs foyers dans d'autres régions du pays pour échapper aux bombardements, à la conscription, aux combats et aux persécutions, près de 3 millions de Syriens dans la région limitrophe de la Turquie sont classés comme déplacés internes.
Les températures hivernales glaciales, en particulier les fortes chutes de neige avant les tremblements de terre, combinées à une épidémie de choléra sans précédent et au conflit en cours dans le pays, ont laissé les Syriens face à une litanie de malheurs qui se chevauchent, avec peu d'aide extérieure.
Cette épidémie, qui a débuté en août dernier, a jusqu'à présent touché plus de 77 000 personnes à travers le pays, dont près de 38 000 dans les gouvernorats d'Idlib et d'Alep – les régions les plus durement touchées par les tremblements de terre.
Pour ajouter à la misère de la population, la monnaie syrienne s'est effondrée à la fin de l'année dernière. Le taux de change au marché noir par rapport au dollar américain était déjà passé de 500 livres syriennes (contre 1 dollar) en 2018 à 3 300 en 2021. À la fin de l'année dernière, il s'était envolé à plus de 6 600 livres contre 1 dollar.
La valeur de la livre n'a cessé de s'effondrer depuis les tremblements de terre, le taux de change ayant atteint plus de 7 400 livres cette semaine, ce qui a encore réduit le pouvoir d'achat des familles moyennes.
Bien que le nombre annuel de morts dans le pays l'année dernière ait été le plus bas depuis le début du conflit il y a plus de dix ans, les combats se sont poursuivis entre plusieurs factions dans les régions destinées à être dévastées par les tremblements de terre.
Pas plus tard que le 3 février, les forces du régime ont bombardé à l'artillerie lourde les faubourgs d'Al-Bara, dans la région rurale d'Idlib. Deux jours seulement avant les tremblements de terre, des affrontements entre Hayat Tahrir al-Cham, un réseau de groupes islamistes radicaux, et les forces du régime à Lattaquié ont fait des dizaines de morts.
Afrin, l'une des zones les plus durement touchées par la catastrophe, est en proie au chaos depuis que les forces turques et l'Armée nationale syrienne soutenue par la Turquie ont envahi la région en 2018, la prenant de l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES) dirigée par les Kurdes.
Jusqu'alors, Afrin avait été considérée comme une région relativement pacifique pendant la majeure partie du conflit, et des centaines de milliers de personnes déplacées d'autres régions s'y étaient donc installées.
Le violent bouleversement de 2018 a déplacé la population majoritairement kurde, 300 000 personnes ayant fui vers d'autres régions de Syrie et à l'étranger, selon un rapport de l'Observatoire syrien des droits de l'homme en 2018.
Leurs maisons étant désormais détruites par les tremblements de terre, la population kurde restante pourrait être contrainte de suivre ceux qui sont partis et de s'exposer au danger dans un voyage périlleux afin de trouver refuge ailleurs.

EN CHIFFRES

  • Plus de 9 millions de personnes touchées par les tremblements de terre à Hama, Lattaquié, Idlib, Alep et Tartous.
  • 5 814 décès confirmés en Syrie jusqu’à ce mardi.
  • 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations, près de 250 migrants ont été tués en essayant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l'Europe l'année dernière. De 2021 à 2022, le nombre de Syriens qui tentent la traversée maritime risquée de l'Afrique vers l'Europe a été multiplié par six, selon l'agence européenne des frontières Frontex.
Pour ceux qui n'ont d'autre choix que de rester en Syrie, les effets des tremblements de terre et leurs conséquences ne font qu'ajouter à leur misère.
«La situation en Syrie est horrible à tous égards», a déclaré à Arab News Sardar Mullah Darwich, journaliste et analyste kurde syrien. «Ces tremblements de terre ne sont que la dernière catastrophe parmi tant d'autres. De nombreux civils vont mourir et personne ne peut les aider.
«Il est très difficile de les aider. Tout le monde aurait dû se réunir et mettre ses conflits de côté mais, malheureusement, cela ne s'est pas produit.»
Darwich a indiqué que plus d'une décennie de guerre civile a essentiellement divisé la Syrie en trois pays différents: les zones contrôlées par le régime, l'opposition et l’AANES.
Les destructions causées par les tremblements de terre englobent des zones situées à l'intérieur et au-delà du contrôle du régime, notamment Jinderis à Afrin, qui est contrôlée par l'opposition, ainsi qu'Alep et les villes côtières sous le contrôle de Damas.
«Maintenant, un problème majeur est que la Syrie est divisée politiquement, le régime veut seulement se procurer l'aide pour lui-même et l'opposition veut seulement apporter de l'aide pour elle-même», a affirmé Darwich.

«Nous avons jusqu'à présent laissé tomber les habitants du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés», a déclaré Martin Griffiths (Photo fournie).

Les agendas politiques entourant la fourniture d'aide au peuple syrien ont encore compliqué la réponse humanitaire dans une région déjà vulnérable.
Le poste frontalier de Bab al-Hawa, situé près d'Idlib, à la frontière entre la Syrie et la Turquie, est le seul poste approuvé pour l'acheminement de l'aide des Nations unies vers les populations syriennes via la Turquie. Ce point de passage a été fermé pendant trois jours à cause des dégâts qu'il a subis lors des séismes.
En conséquence, ce n'est que le jeudi 9 février que six camions du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, transportant des abris et des articles non alimentaires, sont arrivés dans le nord-ouest de la Syrie.
Ce lundi, une semaine après les tremblements de terre, le président syrien, Bachar al-Assad, a déclaré aux Nations unies qu'il allait rouvrir deux autres points de passage, Bab al-Salam et Al-Raee, pour une période initiale de trois mois afin de permettre l'acheminement rapide de l'aide vers les zones touchées.
Complètement isolé du reste du pays, le nord-ouest de la Syrie a dû se débrouiller presque entièrement seul dans les jours qui ont suivi la catastrophe.
«Toutes les villes du gouvernorat d'Idlib et la campagne nord d'Alep ont des centres de défense civile (dont le personnel est plus connu internationalement sous le nom de Casques blancs) et ils sont toujours prêts à intervenir au besoin», a signalé Darwich.
«Cependant, le manque d'équipement lourd de sauvetage pour toutes les équipes de secours était l'un des plus gros problèmes, car ce qui s'est passé dans le nord-ouest de la Syrie était une catastrophe qu'aucun pays ne pouvait gérer.

La guerre civile, l'épidémie de choléra et l'effondrement de l'économie ont poussé des milliers de réfugiés syriens à chercher refuge en Turquie voisine (Photo, AFP).

«Jusqu'à présent, la défense civile et les équipes de secours poursuivent leur travail pour rechercher les victimes et les extraire de sous les décombres.»
En général, la réponse de l'aide a été chaotique. Bien que le gouvernement Assad se soit engagé à fournir de l'aide à toutes les zones touchées par le tremblement de terre, notamment celles qu'il ne contrôle pas, Al-Fares a avisé qu'à sa connaissance, aucune livraison fournie par le régime n'était arrivée à Idlib jusqu'à présent.
Des centaines de camions transportant de la nourriture, du carburant, de l'eau et d'autres fournitures essentielles de l'AANES sont restés bloqués à Manbij pendant plusieurs jours. Pour des raisons politiques, ni l'opposition ni le régime ne donnaient l'autorisation aux camions d'entrer dans les zones sinistrées de la ville.
À la question de savoir si la dévastation pourrait inciter de nombreux autres Syriens à chercher refuge dans les pays voisins, ou au-delà, Al-Fares a répondu qu'«il n'y a pas de points de passage clairs et sûrs pour eux s'ils ont l'intention de migrer vers d'autres pays plus stables.»
En d'autres termes, il n'y a tout simplement plus aucun endroit où aller pour les Syriens laissés démunis par une série interminable de crises.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.