L'économie turque soumise à de nouvelles pressions par le séisme

Une pelleteuse roule sur les décombres d'un bâtiment effondré lors d'une opération de recherche de corps de victimes sous les décombres à Antakya le 18 février 2023. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)
Une pelleteuse roule sur les décombres d'un bâtiment effondré lors d'une opération de recherche de corps de victimes sous les décombres à Antakya le 18 février 2023. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)
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Publié le Dimanche 19 février 2023

L'économie turque soumise à de nouvelles pressions par le séisme

  • La Turquie va devoir maintenant consacrer des milliards de dollars à la reconstruction des onze provinces du sud et du sud-est ravagées par la pire catastrophe de son histoire contemporaine
  • Les réserves de la banque centrale ont pu être reconstituées grâce à l'aide de la Russie et des États pétroliers du Golfe, mais cet argent sera tout juste suffisant pour maintenir les finances de la Turquie à flot et empêcher la livre turque de s'effondre

ISTANBUL : La Turquie qui comptait sur la générosité de quelques riches partenaires pour se remettre à flots doit désormais encaisser les conséquences du séisme du 6 février qui a rasé des dizaines de villes et laissé des millions de personnes sans abri ni emploi.

Elle va devoir maintenant consacrer des milliards de dollars à la reconstruction des onze provinces du sud et du sud-est ravagées par la pire catastrophe de son histoire contemporaine.

Le président Recep Tayyip Erdogan a également promis des millions de livres turques aux populations affectées à l'approche des élections présidentielle et législatives - toujours prévues à ce stade pour le 14 mai.

Tout cet argent pourrait stimuler la consommation et la production industrielle, deux indicateurs clés de la croissance économique. Mais la Turquie est à court de fonds.

Les réserves de la banque centrale, pratiquement réduites à néant, ont pu être reconstituées grâce à l'aide de la Russie et des États pétroliers du Golfe.

Mais pour les économistes, cet argent sera tout juste suffisant pour maintenir les finances de la Turquie à flots et empêcher la livre turque en difficulté de s'effondrer - jusqu'aux élections de mai si elles sont confirmées.

Or, M.Erdogan doit désormais réparer quelque 78,9 milliards d'euros de dégâts, selon l'estimation d'un groupe de chefs d'entreprises de premier plan. Les estimations d'autres experts sont plus conservatrices, proches de 9,4 milliards de dollars.

- Coup de pouce à la reconstruction -

En prévision des élections, Erdogan a déjà promis de fournir de nouveaux logements d'ici un an aux millions de personnes touchées.

S'il trouve l'argent grâce à de nouveaux versements de donateurs étrangers, le chef de l'Etat devra en allouer une grande partie au secteur du bâtiment pour reconstruire des pans entiers du pays réduits à néant.

Le président a toujours compté sur ce secteur aujourd'hui montré du doigt et désigné responsable des effondrements massifs d'immeubles résidentiels pour avoir triché avec les normes anti-sismiques. Il a ainsi pu moderniser une grande partie du pays, ouvrir des aéroports, des routes, des hôpitaux.

"Les travaux de reconstruction pourraient largement compenser l'impact négatif (du séisme) sur l'activité économique", a estimé la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

Avant le séisme, la région affectée contribuait à l'économie turque à hauteur du 9% du produit intérieur brut (PIB), notamment par le biais d'importantes zones industrielles Gaziantep et le port d'Iskenderun par lequel les produits de la région sont acheminés vers le monde.

La production agricole va aussi encaisser le choc: selon Unay Tamgac, professeure agrégée d'économie à l'Université TOBB-ETU d'Ankara, la région assure 14,3% de la production agricole turque, pêche et foresterie comprises.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a mis en garde contre les perturbations de la production alimentaire de base en Turquie et en Syrie.

- Mieux qu'en 1999 -

Le séisme a aussi affecté les infrastructures de l'énergie, du transport, les canaux d'irrigation, poursuit Mme Tamgac.

Certains regardent en arrière pour essayer de trouver un modèle à suivre.

Mahmoud Mohieldin, directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI), a pourtant estimé que ce tremblement de terre, d'une magnitude de 7,8, serait moins dommegable à l'économie que celui de 1999 (7,6) qui avait fait 17.000 morts - le FMI s'est empressé de préciser que ce responsable ne s'exprimait qu'en son nom propre.

L'économie turque avait perdu de 0,5 à 1,0% du PIB en 1999, mais le séisme avait alors touché le coeur industriel du pays, y compris sa capitale économique, Istanbul. Elle avait toutefois rapidement rebondi et engrangé une croissance de 1,5% du PIB l'année suivante grâce aux efforts de reconstruction, selon la BERD.

Le tourisme, "devenu l'une des principales sources de devises de la Turquie", devrait être relativement épargné, la région frappée par le séisme n'étant pas la première destination des touristes étrangers, selon une note partagée par Wolfango Piccoli, analyste au cabinet de conseil Teneo.

- Vents contraires -

"Il est clair qu'il y aura un besoin de devises étrangères", insiste à ce propos Baki Demirel, professeur agrégé d'économie à l'Université de Yalova qui relève que la Turquie devra importer davantage.

Heureusement la dette souveraine du pays est relativement faible, ce qui laisse une certaine latitude au gouvernement.

D'un autre côté, les investisseurs étrangers boudent le pays en raison de la politique très peu orthodoxe de M. Erdogan qui a fait flamber l'inflation en abaissant régulièrement les taux d'intérêt.

Quand la catastrophe s'est produite, la Turquie venait d'annoncer un taux officiel d'inflation de 58%, contre plus de 85% fin 2022.

Mais la Turquie est soumise à des vents contraires qui risquent de bloquer sa croissance dans l'année à venir, s'accordent les experts.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.