Cisjordanie: 11 morts et plus de 80 blessés dans un raid israélien à Naplouse

Des Palestiniens affrontent les forces israéliennes lors d'un raid dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 22 février 2023. (Photo de Zain Jaafar / AFP)
Des Palestiniens affrontent les forces israéliennes lors d'un raid dans la ville de Naplouse, en Cisjordanie occupée, le 22 février 2023. (Photo de Zain Jaafar / AFP)
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Publié le Jeudi 23 février 2023

Cisjordanie: 11 morts et plus de 80 blessés dans un raid israélien à Naplouse

  • A New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a déclaré que la situation « dans le territoire palestinien occupé était la plus inflammable depuis des années» avec «  des tensions au plus haut»
  • L'incursion de mercredi à Naplouse est l'opération la plus meurtrière menée par l'armée israélienne en Cisjordanie depuis 2005 au moins, à égalité avec celle du 26 janvier à Jénine (nord) durant laquelle 10 Palestiniens

NAPLOUSE: Onze Palestiniens, dont un adolescent de 16 ans, ont été tués mercredi, et plus de 80 blessés par balles lors d'un raid militaire israélien à Naplouse, théâtre d'affrontements récurrents et meurtriers dans le nord de la Cisjordanie.

A New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres s'est alarmé que la situation "dans le territoire palestinien occupé [soit] la plus inflammable depuis des années".

L'Union européenne s'est dite "profondément inquiète". "Il est de la plus haute importance que toutes les parties oeuvrent en vue d'un retour au calme et d'une désescalade des tensions", a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

Les Etats-Unis se sont dits "extrêmement préoccupés" par la violence en Cisjordanie.

Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 60 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, dont des mineurs) et à neuf civils (dont trois mineurs) et un policier israéliens ainsi qu'une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

"Notre priorité immédiate doit être d'empêcher une escalade supplémentaire, de réduire les tensions et de rétablir le calme", a plaidé M. Guterres.

Alors que la police israélienne a indiqué élever son niveau d'alerte notamment à Jérusalem, Ziyad al-Nakhala, le secrétaire général du groupe armé palestinien Jihad islamique, a dénoncé un "crime majeur", auquel "les forces de résistance" ont un "devoir" de répondre "sans hésitation".

L'incursion de mercredi à Naplouse est l'opération la plus meurtrière menée par l'armée israélienne en Cisjordanie occupée depuis 2005 au moins.

«Suspects armés»

Une foule compacte, parmi laquelle des hommes armés, a participé aux funérailles de neuf des morts dans le centre de la ville. Un dixième mort a été inhumé dans le camp de réfugiés palestiniens voisin de Balata.

En plus de l'adolescent, les neuf hommes tués par balles étaient âgés de 23 à 72 ans. Le onzième mort, âgé de 66 ans, est décédé dans la soirée des suites de l'inhalation de gaz lacrymogène, selon le ministère de la Santé palestinien.

L'armée israélienne a indiqué avoir mené une "opération antiterroriste" en zone autonome palestinienne au cours de laquelle "trois suspects recherchés et impliqués dans des attaques armées (en Cisjordanie) et planifiant des attaques pour un futur immédiat (ont) été neutralisés".

Les forces israéliennes ont encerclé un bâtiment, avant des échanges de tirs avec les "suspects armés" qui s'y barricadaient, a indiqué l'armée, ce qu'ont confirmé des témoins à l'AFP.

"Nous avons ensuite intensifié nos efforts et des roquettes ont été tirées sur la maison", a précisé un porte-parole militaire israélien, Richard Hecht.

Durant l'opération, qui a duré presque quatre heures, des pierres et des engins explosifs ont été tirés vers les soldats, a ajouté l'armée, précisant qu'aucun d'entre eux n'avait été blessé.

Au moins 82 personnes ont été hospitalisées pour des blessures par balles, dont certaines dans un état grave, a indiqué le ministère palestinien.

Le Jihad islamique a indiqué qu'un des commandants locaux de sa branche militaire faisait partie des morts. D'après le groupe armé Areen al-Oussoud ("Le Repaire des lions"), basé à Naplouse, six combattants de différentes factions palestiniennes figurent parmi les 10 morts.

«Acte barbare»

Un journaliste de Palestine TV, Mohammed Al Khatib, a été blessé lors de l'incursion, a indiqué à l'AFP un reporter de cette chaîne de télévision publique.

Moustapha Shahine, un habitant, a entendu des explosions et des coups de feu dans la matinée. "Un grand nombre de soldats ont pris d'assaut" le centre de Naplouse, a-t-il raconté à l'AFP.

Les forces israéliennes multiplient depuis près d'un an ce qu'elles présentent comme des opérations "antiterroristes" à la recherche de "suspects" dans le nord de la Cisjordanie, particulièrement à Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés palestiniens.

"Que tout terroriste sache que nous l'atteindrons", a déclaré sur Twitter le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, saluant le "courage" des forces israéliennes à Naplouse.

Sur Twitter, le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh a dénoncé un "acte criminel prémédité et barbare" et appelé la communauté internationale à "intervenir immédiatement".

La Ligue arabe a condamné "un crime horrible" tandis que la diplomatie jordanienne a appelé au calme, disant "travailler intensément avec toutes les parties pour y parvenir".


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com