Chez les écologistes, une petite musique sur le nucléaire de plus en plus audible

Une bascule de l'opinion qui intervient dans un contexte de crise énergétique et climatique, tandis que le gouvernement tente de relancer l'industrie nucléaire à marche forcée avec l'annonce l'an dernier de la construction de six EPR de nouvelle génération qui devraient sortir de terre entre 2035 et 2050. (AFP).
Une bascule de l'opinion qui intervient dans un contexte de crise énergétique et climatique, tandis que le gouvernement tente de relancer l'industrie nucléaire à marche forcée avec l'annonce l'an dernier de la construction de six EPR de nouvelle génération qui devraient sortir de terre entre 2035 et 2050. (AFP).
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Publié le Lundi 27 février 2023

Chez les écologistes, une petite musique sur le nucléaire de plus en plus audible

  • Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon, voit quant à lui dans les États généraux l'occasion de clarifier la position du parti pour unir tous les acteurs de l'écologie
  • Opposé à la construction des nouveaux EPR, l'élu comprend néanmoins que la jeune génération "priorise" l'enjeu climatique, et soit donc "moins fermée" sur la question du nucléaire, l'une des énergies les moins émettrices de gaz à effet de serre

PARIS: Toujours radicalement opposé à l’énergie nucléaire, le parti Europe écologie Les Verts (EELV) fait face au retour en force de l'atome dans l'opinion, mais aussi chez ses sympathisants et certains de ses militants et élus locaux, sur fond de clivage générationnel.

"Venez comme vous êtes", tel est le nom choisi par le parti EELV pour la grande consultation qu'il a lancée début février.

Une manière d'élargir son socle, alors que la lutte contre le nucléaire, longtemps l'apanage de l'écologie politique, ne fait plus l'unanimité auprès des sympathisants. D'après un sondage Elabe de novembre dernier, une majorité d'entre eux seraient désormais favorable à l'énergie atomique.

Une bascule de l'opinion qui intervient dans un contexte de crise énergétique et climatique, tandis que le gouvernement tente de relancer l'industrie nucléaire à marche forcée avec l'annonce l'an dernier de la construction de six EPR de nouvelle génération qui devraient sortir de terre entre 2035 et 2050.

Le phénomène interpelle les cadres du parti. Marine Tondelier, secrétaire nationale de EELV, explique avoir été "percutée" par l'émergence "de gens très écolos, et très pro-nucléaire" dans la population.

Mais l'élue des Hauts-de-France l'assure: "Dans les instances d'EELV, il n'y a pas de débat" sur le nucléaire, et il n’est pas question de changer de ligne.

Un membre de la commission énergie du parti, favorable à l'énergie nucléaire, le confirme : "Je ne vois aucun signe pour que cela change à court terme. Au sein de la commission, les référents sont très opposés au nucléaire. Les personnes favorables, ou plus mesurées, arrivent au compte-goutte et se découragent vite". Adhérent depuis 2019, ce Francilien envisage de quitter le parti l'année prochaine.

Clivage générationnel 

Pourtant, plus bas dans la hiérarchie du parti, les choses évoluent. "Il y a un vrai clivage générationnel", pointe Noé Duprat-Lassus, membre du comité exécutif des Jeunes Ecologistes jusqu'en février 2022.

D'abord simple adhérent à EELV, il a décidé de s'investir dans leur mouvement de jeunesse après avoir reçu plusieurs coups de semonce pour avoir exprimé des réserves sur la ligne du parti concernant le nucléaire. "Quand je suis arrivé chez les Jeunes écolos, il y avait plein de personnes favorables au nucléaire et, surtout, les gens étaient mesurés, on pouvait débattre sereinement".

Clovis Daguerre, co-secrétaire fédéral des Jeunes Ecologistes, confirme la tendance. "A force de débat, on finit par souvent les convaincre que le nucléaire n'est pas une solution", nuance-t-il.

La "grande consultation" d'EELV apparaît ainsi comme l'occasion pour le parti de quantifier l'ampleur du phénomène.

"C'est évident que le sujet du nucléaire va ressortir. La question, c'est: quelles conclusions la direction va en tirer?", interroge Nicolas Barla, élu à la métropole de Lyon depuis 2020, ouvertement pro-nucléaire, et dûment encarté EELV.

Derrière ce changement, toutes les personnes interrogées pointent l'influence de l'ingénieur Jean Marc Jancovici, auteur de la BD "Un monde sans fin" écoulée à plus de 500.000 exemplaires et dont la notoriété chez les jeunes a bondi ces dernières années, mais également de nouvelles ONG comme le Réveil écologique, ou encore la Fresque du climat.

Convaincre ou adopter 

C'est toute cette sphère que Marine Tondelier espère capter lors de ses États généraux, convaincue de leur bonne foi mais déterminée à les faire changer d'avis sur l'énergie atomique.

Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon, voit quant à lui dans les États généraux l'occasion de clarifier la position du parti pour unir tous les acteurs de l'écologie.

Opposé à la construction des nouveaux EPR, l'élu comprend néanmoins que la jeune génération "priorise" l'enjeu climatique, et soit donc "moins fermée" sur la question du nucléaire, l'une des énergies les moins émettrices de gaz à effet de serre.

"Si vous regardez les statuts de EELV, on ne peut pas être membre du parti si on n'est pas contre le nucléaire. Ce n'est pas le cas pour les énergies fossiles. A un moment donné, il faut juste reposer les choses", explique celui qui est membre du parti depuis 2002.

Un positionnement qui se distingue de celui de la direction, pour qui revoir sa position sur l'atome reviendrait à renoncer à ses valeurs, selon Marine Tondelier. Et qui précise, de toute façon, que cette grande consultation "n'a pas de vocation programmatique".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.

 


La France fixe une nouvelle doctrine d'intervention en mer contre les traversées clandestines vers l'Angleterre

Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
Un bateau de la Gendarmerie maritime française navigue à proximité de bateaux de passeurs transportant des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. (AFP)
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  • La France prévoit de lancer prochainement des opérations en mer pour intercepter les “taxi-boats” transportant clandestinement des migrants vers l’Angleterre
  • Cette initiative intervient après une hausse des traversées de la Manche, avec plus de 39 000 arrivées en 2025

LILLE: Après des mois de discussions, la France a annoncé vendredi qu'elle allait débuter "prochainement" des opérations visant à intercepter en mer des petits bateaux clandestins en chemin vers l'Angleterre, avant qu'ils n'embarquent des groupes de migrants.

Ce changement de doctrine engagé par Paris sous pression de Londres était en gestation depuis plusieurs mois.

Les forces de l'ordre françaises peinent à trouver la parade face aux "taxi-boats", un mode d'action des passeurs consistant à faire partir une embarcation d'un point éloigné des principales plages de départ où sont rassemblés les migrants.

Le taxi-boat s'approche ensuite du rivage et vient récupérer des passagers directement dans l'eau, avant de poursuivre sa route vers l'Angleterre.

"La Gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d'effectuer des opérations de contrôle et d'intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d'être des taxi-boats", a déclaré à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), confirmant des informations du journal Le Monde.

Le quotidien évoque un document signé par le préfet maritime mais aussi ceux du Nord, de la Somme et du Pas-de-Calais.

Le ministère de l'Intérieur français n'a pas souhaité réagir.

Côté britannique, un porte-parole du gouvernement a simplement rappelé vendredi à l'AFP que Londres a "déjà travaillé à s'assurer que les autorités en France réforment leurs tactiques en mer afin qu'elles puissent intervenir dans les eaux peu profondes".

- Pas de filets à ce stade -

Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seul le dispositif de secours intervient en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d'opérations, comme prévu par les conventions internationales.

Désormais, il pourra aussi y avoir des "opérations de contrôle et d'intervention (...) issues d'études menées par l'ensemble des services de l’État concernés", a précisé la Prémar. Elles "comportent des dispositions prenant en compte la primauté de la sauvegarde de la vie humaine".

Ces futures opérations de la gendarmerie maritime sont prévues en amont de l'embarquement de passagers, pour ne pas mettre leurs vies en péril, selon une source proche du dossier.

"L'ensemble des travaux sur le sujet se fait en lien avec les parquets concernés", a souligné à l'AFP la procureure de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Cécile Gressier.

En outre, la Prémar précise que "l'emploi de filets visant à stopper le taxi-boat n'est pas envisagé à ce stade".

Cette méthode, mentionnée la semaine dernière dans la presse, avait soulevé l'indignation d'associations d'aide aux migrants et d'ONG comme Amnesty International.

Pour le professeur de droit international Thibaut Fleury-Graff, "les interceptions sont susceptibles d'être contraires au droit de quitter tout pays" inscrit dans le Pacte de l'ONU sur les droits civils et politiques, et doivent respecter "l'ensemble des droits de la personne humaine".

Les taxi-boats embarquent leurs passagers sur une ou plusieurs haltes et repartent en direction de l'Angleterre surchargés, transportant régulièrement plus de 70 candidats à l'exil dans des conditions périlleuses.

Au moins 27 migrants sont morts cette année lors de ces dangereuses tentatives de traversées de la Manche, selon un décompte de l'AFP.

Après le pire naufrage dans la Manche, qui a fait 31 morts en novembre 2021, le parquet de Paris a demandé vendredi un procès en correctionnelle pour 14 hommes, nés pour la plupart en Afghanistan et en Irak, soupçonnés d'être impliqués dans des réseaux de passeurs à l'origine du drame.

Depuis le 1er janvier, plus de 39.000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises à bord de petites embarcations, selon les données britanniques, soit plus que sur la totalité de 2024.

Plus de la moitié des personnes arrivées clandestinement au Royaume-Uni entre septembre 2024 et septembre 2025 sont de cinq nationalités: Érythréens (la nationalité la plus représentée), Afghans, Iraniens, Soudanais et Somaliens.

Le gouvernement travailliste britannique, sous pression de l'extrême-droite, a annoncé ce mois-ci une réforme qui durcit fortement sa politique d'asile et d'immigration, espérant ainsi décourager les arrivées irrégulières de migrants sur ces "small boats", qu'il peine à endiguer.


France: des ONG inquiètes d'une baisse de l'aide au développement

Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
Le docteur Bertrand Chatelain (à gauche), de l'ONG Médecins du Monde (MdM), examine un réfugié lors d'une opération de maraudage dans le camp de migrants du quartier Stalingrad à Paris, le 12 juillet 2023. (AFP)
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  • Plusieurs ONG françaises alertent sur un désengagement de la France en matière d’aide au développement, dans un contexte mondial déjà marqué par une baisse générale de la solidarité internationale
  • Les organisations humanitaires redoutent des conséquences majeures pour des millions de personnes

PARIS: Plusieurs ONG françaises, dont Médecins du Monde, ont critiqué vendredi un "désengagement croissant" de Paris envers la solidarité internationale, le gouvernement entendant amputer, dans le prochain budget, l'aide au développement de 700 millions d'euros, dans un contexte international tendu.

Sandrine Simon, directrice santé et plaidoyer de Médecins du Monde, critique une décision qui va "à l'encontre des engagements" de la France dans ce secteur. Elle évoque sa "grande inquiétude" et son "incompréhension".

En France, où l'aide publique au développement a été réduite ces dernières années, les coupes envisagées dans le projet de loi de finances 2026 s'élèvent à 700 millions d'euros, pour un montant alloué de 3,7 milliards d'euros.

"A chaque fois qu'il y a ne serait-ce qu'un million d'euros qui est coupé, on sait qu'il y a des milliers, voire des millions de personnes derrière qui sont affectées", alerte Anne Bideau, directrice générale de Plan International France, rappelant une "tendance à la baisse de l'aide publique au développement un peu partout dans le monde".

"on sait que les conséquences vont être dramatiques, donc on est extrêmement inquiets", ajoute Mme Bideau auprès de l'AFP.

Début 2025, le démantèlement de l'Agence américaine pour le développement international (USAID), sous l'impulsion du président républicain Donald Trump, avait provoqué une onde de choc internationale.

Mais la fin de l'USAID avait mis en exergue une tendance de fond: le montant accordé par 32 pays riches de l'OCDE et l'Union européenne à l'aide au développement a diminué en 2024 de 7,1% (en terme réel) à 212,1 milliards de dollars, selon une estimation de l'OCDE, une première en six ans.

"On a des crises à répétition, le Soudan, Gaza etc. Il y a une augmentation des besoins et il y a une réduction de l'aide", déplore pour sa part Stéphane Doyon, de Médecins Sans Frontières, ONG qui n'est pas financée par le gouvernement français.

En France, cette coupe est justifiée "par l'effort nécessaire sur les finances publiques - et pas pour des raisons idéologiques comme aux Etats-Unis", affirme une source diplomatique à l'AFP, rappelant qu'elle n'a pas encore été votée.

"Entre la loi de finances 2024 et le projet de loi de finances 2026, on aurait une baisse de moitié de l'aide publique au développement", a calculé la Coordination Sud, qui regroupe des associations françaises de solidarité internationale.

Avec des conséquences concrètes pour les ONG qui comptent sur le soutien de l'Etat.

"Nous espérions recevoir de l'argent de l'Agence française de développement qui vient de nous annoncer qu'ils ne nous soutiendraient pas l'année prochaine", explique Sandrine Simon, de Médecins du Monde, au moment où l'ONG elle-même programme avec "un niveau d'incertitudes très important ce budget 2026, bien au-delà des années passées."

Dans le pire des scénarios, avec des coupes budgétaires massives, plus de 22 millions de personnes pourraient mourir de causes évitables d'ici à 2030, selon une étude menée par des chercheurs espagnols, brésiliens et mozambicains.