Colère des Iraniens après la mort de Pirouz, l’unique guépard asiatique du pays né en captivité

Pirouz, le dernier des trois petits guépards asiatiques en voie de disparition nés en captivité en Iran (Photo, AFP).
Pirouz, le dernier des trois petits guépards asiatiques en voie de disparition nés en captivité en Iran (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 03 mars 2023

Colère des Iraniens après la mort de Pirouz, l’unique guépard asiatique du pays né en captivité

  • Le ministère iranien de l'Environnement espérait ramener l'espèce en danger critique d'extinction
  • Les Iraniens opposés au régime considèrent la mort du troisième petit comme un nouvel exemple d'incompétence officielle

LONDRES: Il y a quelques décennies à peine, les guépards occupaient des habitats allant de l'est de l'Inde à la côte atlantique du Sénégal. Aujourd'hui, l'animal terrestre le plus rapide du monde, capable de courir à une vitesse de 120 kilomètres par heure, est considéré comme étant en danger critique d'extinction.

C'est pourquoi la nouvelle de la mort du seul guépard asiatique né en captivité en Iran a été accueillie avec une telle tristesse par les défenseurs de la faune sauvage et le public iranien, qui attache depuis longtemps une importance culturelle et sociale à ces animaux magnifiques.

Pirouz, qui signifie victorieux en farsi, était le seul survivant d’une portée de trois guépards asiatiques en voie d’extinction. Le petit est mort mardi, à l'âge de dix mois, à l'hôpital vétérinaire central de Téhéran, malgré plusieurs jours de traitement pour une insuffisance rénale, selon les médias locaux.

Omid Moradi, directeur de l'hôpital, a déclaré à l'agence de presse officielle iranienne IRNA: «La perte de Pirouz et l'inefficacité de tous les efforts déployés par l'équipe soignante ces derniers jours pour sauver l'animal m'attristent, ainsi que tous mes collègues.

Un garde forestier iranien à l'affût de guépards sauvages (Photo, AFP).

«Nous nous excusons auprès de tous de n’avoir pas pu garder cet animal en vie», s’est désolé Moradi.

Le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) est menacé d'un «dangereux déclin continu» et est en danger critique d'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Encore présent dans certaines régions d'Afrique australe, le grand félin a pratiquement disparu d'Afrique du Nord et d'Asie. Selon une étude de 2017, référencée par l’UICN, la sous-espèce asiatique était confinée en Iran, où «moins de 50 guépards matures» étaient encore en vie.

En janvier de l'année dernière, Hassan Akbari, vice-ministre iranien de l'Environnement, a révélé que le pays ne comptait plus qu'une douzaine de guépards asiatiques, contre une centaine estimée en 2010.

«Les mesures que nous avons prises pour renforcer la protection, la reproduction et l'installation de panneaux routiers n'ont pas suffi à sauver cette espèce», avait alors déclaré Akbari à l'agence de presse Tasnim.

Le nombre de guépards a chuté en raison d’un ensemble de raisons comme le braconnage, la chasse de sa principale proie sauvage – les gazelles – et l'empiètement de l'homme sur son habitat. Les guépards sont fréquemment renversés par des voitures et tués dans des combats avec des chiens de berger sur les pâturages.

Dans une interview accordée à ISNA à l'occasion de la Journée nationale du guépard, le 31 août 2021, Morteza Pourmirzai, directeur général de la Société iranienne du guépard, a déclaré que l'habitat du guépard dans le sud de l'Iran couvrait plus de 3 millions d'hectares, mais n'accueillait que quelques guépards.

«Une espèce dont la population est inférieure à 100 ne peut pas se maintenir en bonne santé à long terme, tandis qu'avec une population inférieure à 50, elle ne pourra pas maintenir sa diversité génétique à long terme, l'espèce est donc dans une situation critique.

«À l'heure actuelle, chaque guépard individuel est important, mais une petite augmentation du nombre de ces espèces, bien qu'importante, ne fait pas à elle seule une grande différence dans l'extinction du guépard», a-t-il ajouté.

L'Iran a lancé son programme de protection du guépard en 2001, soutenu par le programme de développement des Nations unies en collaboration avec le Fonds pour l'environnement mondial et cofinancé par le projet de conservation du guépard asiatique.

Malheureusement, le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a été interrompu depuis. Les dons extérieurs ne sont plus non plus une option à cause des sanctions américaines sur le secteur financier iranien, imposées en réponse au programme nucléaire du régime et à d'autres activités malveillantes.

L'Arabie saoudite développe son programme d'élevage de léopards arabes (Photo, AFP).

Le ministère iranien de l'Environnement avait espéré que la naissance de Pirouz et de ses frères et sœurs aiderait à sauver la population de guépards. Malheureusement, avec la mort du troisième petit, il semble que le programme soit revenu à la case départ.

Pirouz et ses frères et sœurs sont les premiers guépards asiatiques nés en captivité en Iran. Ils sont nés dans le refuge sauvage de Touran, dans la province de Semnan, en mai dernier, sous la surveillance étroite de l'agence environnementale iranienne.

La mère guépard, nommée Iran, avait été sauvée de trafiquants d'animaux sauvages présumés en décembre 2017 alors qu'elle n'avait elle-même que huit mois.

Les défenseurs de l'environnement ont lentement commencé à lui présenter un guépard asiatique mâle, Firouz, en 2021, qui avait été capturé dans le parc national de Turan pour s'accoupler avec elle en captivité. Ils ont fini par s'accoupler le 24 janvier 2022, selon la Société iranienne des guépards.

Auparavant, l'insémination artificielle a été réalisée à plusieurs reprises sur une femelle guépard appelée Delbar, mais sans succès.

La femelle guépard «Iran» a mis au monde ses petits par césarienne le 1er mai 2022, avant qu'ils ne soient placés en soins intensifs. Malheureusement, l'un des petits est mort à peine quatre jours plus tard, apparemment à cause de malformations du poumon gauche et d'une compliance pulmonaire.

Deux semaines plus tard, un deuxième petit est mort, apparemment à la suite d'une alimentation au lait de mauvaise qualité, ce qui a suscité de nombreuses critiques. Ali Salajegheh, un représentant de l'agence pour l'environnement, a accusé l'Iran de manquer d'experts ou de vétérinaires expérimentés dans l'élevage de carnivores en captivité.

EN BREF

- Les guépards étaient autrefois très présents en Afrique et parcouraient la péninsule arabique et l'Inde.

- Aujourd'hui, ils ont disparu de la majeure partie de l'Afrique et n'habitent plus que 10% de leur aire de répartition historique.

- En Asie, le nombre de guépards sauvages a diminué pour atteindre environ 80 guépards, limités aux déserts d'Iran.

- Selon certaines estimations, ils ne sont plus que 12, ce qui les place au bord de l'extinction.

(Source: WWF)

Après la mort du deuxième petit guépard, le département de l'environnement a mis en place un groupe de travail chargé d'évaluer les éventuels manquements et négligences dans la gestion du processus de reproduction. Cependant, aucune conclusion n'a été publiée.

Les autorités iraniennes sont de nouveau confrontées à des réactions négatives sur les médias sociaux à la suite de la mort de Pirouz. Les Iraniens opposés au régime considèrent la mort du troisième petit guépard comme un exemple d'incompétence et de mauvaise gestion officielles.

Saman Rasoulpour, de la chaîne de télévision indépendante Iran International, basée à Washington, a décrit Pirouz comme une «victime de l'enfer que la République islamique a créé pour les humains, les animaux et l'environnement».

Dans un tweet, Amir Toumaj, un chercheur indépendant sur l'Iran, a déclaré: «Un programme mieux financé l'aurait probablement maintenu en vie.»

La réaction du public à la mort de Pirouz a également mis en évidence la sensibilisation croissante à l'environnement en Iran et l'indignation suscitée par le ciblage des défenseurs de l'environnement par le régime.

Un dresseur iranien avec un guépard asiatique femelle, l'une des rares survivantes de la région (Photo, AFP).

En 2020, une cour d'appel iranienne a confirmé les peines d'emprisonnement allant jusqu'à dix ans à l'encontre de huit défenseurs de l'environnement reconnus coupables d'espionnage, de conspiration avec les États-Unis et d'atteinte à la sécurité nationale.

«Honte à la République islamique qui emprisonne les défenseurs de l'environnement au lieu de les récompenser pour leur travail crucial», a signalé l'actrice et activiste Nazanin Boniadi dans un tweet après la mort de Pirouz.

Il n'est peut-être pas surprenant que les Iraniens se sentent particulièrement blessés par la perte de Pirouz. Le guépard asiatique est un symbole culturel puissant adopté par l’ensemble de la société.

Pirouz était devenu l'une des icônes de la vague actuelle de protestations contre le régime après que Chervin Hajipour, auteur-compositeur-interprète et lauréat d'un prix «Grammy», a mentionné l'extinction possible du guépard dans sa chanson révolutionnaire «Baraye».

L'attachement du public au grand félin remonte à plus loin. En 2014, l'équipe nationale de football iranienne a annoncé que ses kits pour la Coupe du monde de la FIFA 2014 et la Coupe d'Asie de l'AFC 2015 seraient imprimés d'images du guépard afin d'attirer l'attention sur les efforts de conservation. En 2015, l'Iran a également lancé un moteur de recherche, Yooz, qui arborait un guépard comme logo.

Le déclin du grand félin n'est pas un phénomène récent. Jusque dans les années 1950, on trouvait le guépard d'Asie dans les déserts ouverts, les wâdîs et les franges montagneuses de la péninsule arabique. Cependant, la chasse incontrôlée du guépard et de ses proies l'a rapidement conduit à l'extinction.

Logo de l'équipe de football iranienne représentant le guépard asiatique (Photo, AFP).

Les guépards d'Afrique sont encore généralement importés dans la région en tant qu'animaux de compagnie – souvent illégalement – alors que plusieurs populations captives bien gérées continuent d'exister, toutes constituées d'animaux africains, dont un nombre important provient d'Afrique du Nord-Est.

Ces dernières années, le gouvernement saoudien a donné la priorité à la réintroduction de nombreux animaux menacés faisant partie du patrimoine du pays – en particulier le léopard d'Arabie – un parent d’une espèce distincte, du guépard.

La Commission royale pour AlUla (UCR) a créé un fonds doté de 25 millions de dollars (1 dollar = 0,94 euro) pour promouvoir les efforts de conservation, et a signé un accord de 20 millions de dollars sur dix ans avec une organisation américaine appelée Panthera dans le but de soutenir ses efforts.

L'UCR a pour objectif de réintroduire le léopard d'Arabie dans les zones sauvages d'AlUla, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite. Grâce à un programme de reproduction du léopard déjà bien avancé, ce jour pourrait arriver dès 2030.

À ce jour, six léopards ont été élevés dans une installation spéciale de l'UCR à Taif, et la construction d'un deuxième centre de reproduction dédié à AlUla est en bonne voie.

Les léopards actuels resteront dans le programme de reproduction mais il est peu probable qu'ils soient relâchés. Ce sont leurs petits, voire leurs petits-enfants, qui franchiront le pas vers la nature.

Pour que les léopards puissent à nouveau prospérer à l'état sauvage, l’Arabie saoudite a également lancé des programmes de reproduction des différentes espèces d'oryx, de gazelles et de bouquetins qui constituent les proies naturelles des grands félins, et a mis de côté de vastes zones de terres protégées afin d’éviter l'empiètement sur l'habitat.

Si l'on se fie à ces efforts louables, il y a peut-être encore de l'espoir pour le guépard asiatique d'Iran.

Pourmirzai a souligné: «L'expérience internationale a montré que lorsqu'ils sont clôturés sur plusieurs milliers d'hectares, les guépards se comportent normalement, se trouvent et s'accouplent, et qu'après une grossesse, les femelles peuvent être complètement séparées des mâles.»

«Cette méthode est utilisée en Afrique du Sud et a permis d'augmenter efficacement la population de guépards. En fait, c'est le seul moyen de se reproduire dans un environnement semi-naturel et de relâcher ensuite le guépard dans la nature.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.

 


L'armée israélienne dit avoir tué trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah. (AFP)
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  • "Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024
  • Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré avoir tué dimanche trois membres du Hezbollah dans le sud du Liban, Beyrouth faisant état également de trois morts dans des frappes israéliennes dans la région.

"Depuis ce matin (dimanche), l'armée a frappé trois terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", a précisé l'armée israélienne dans un communiqué.

"Les terroristes ont participé à des tentatives visant à rétablir les infrastructures" du mouvement libanais, en violation de l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024, a-t-elle ajouté.

L'armée a ensuite affirmé avoir "éliminé" deux d'entre eux "en moins d'une heure", dans les régions de Yater et Bint Jbeil (sud du Liban).

Puis dans un autre communiqué, l'armée a précisé avoir tué "un terroriste" dans la région de Jwaya, qui avait "activé des agents (du Hezbollah) au sein des services de sécurité libanais".

Le ministère libanais de la Santé avait auparavant fait état de trois morts dans des frappes israéliennes à Yater, Safad Al-Battikh et Jwaya.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis novembre 2024 après plus d'un an d'hostilités entre Israël et le mouvement islamiste libanais, en marge de la guerre à Gaza.

Malgré cette trêve, Israël mène régulièrement des frappes au Liban, notamment dans le sud, bastion du Hezbollah, affirmant viser des membres et des infrastructures du mouvement libanais pour l'empêcher de se réarmer.

Samedi, l'armée israélienne avait indiqué avoir suspendu "temporairement" une frappe prévue sur un bâtiment de la région méridionale de Yanouh, qu'elle avait décrit comme une infrastructure du Hezbollah.

L'armée libanaise est censée achever d'ici la fin de l'année le démantèlement, prévu par l'accord de cessez-le-feu, des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe pro-iranien, et tarir les sources de financement de la formation islamiste.

Israël maintient cinq positions dans la zone, malgré son retrait du territoire libanais prévu par l'accord de cessez-le-feu.

Dans un discours samedi, le chef du Hezbollah, Naim Qassem, qui a rejeté à plusieurs reprises la perspective d'un désarmement du mouvement, a déclaré que celui-ci "ne permettra pas à Israël d'atteindre son objectif" de mettre fin à la résistance, "même si le monde entier s'unit contre le Liban".

 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com