Turquie: L'alliance de l'opposition désigne son candidat face à Erdogan

Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) depuis 2010, a promis un retour au jeu démocratique s'il est élu en mai (Photo, AFP).
Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) depuis 2010, a promis un retour au jeu démocratique s'il est élu en mai (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 07 mars 2023

Turquie: L'alliance de l'opposition désigne son candidat face à Erdogan

  • «Nous établirons tous ensemble le pouvoir de la morale et de la justice», a déclaré Kemal Kiliçdaroglu face à la foule, juste après sa désignation
  • «Nous, en tant qu'Alliance de la nation, dirigerons la Turquie sur la base de la consultation et du compromis», a-t-il promis

ANKARA: L'alliance de six partis de l'opposition turque a désigné lundi Kemal Kiliçdaroglu, le leader de sa principale formation, pour affronter à la présidentielle du 14 mai le chef de l'Etat Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans.

"Kemal Kiliçdaroglu est notre candidat à la présidentielle", a déclaré Temel Karamollaoglu, leader du Parti de la Félicité, face à une foule rassemblée devant le siège de sa formation à Ankara, où se sont réunis lundi les dirigeants des six partis.

Les chefs des cinq autres formations de l'alliance, dont M. Kiliçdaroglu, se trouvaient à ses côtés au moment de l'annonce.

Les élections présidentielles et législatives turques ont été maintenues à la date prévue, malgré le séisme du 6 février qui a fait plus de 46 000 morts et dévasté des zones entières du sud et sud-est du pays.

Kemal Kiliçdaroglu, à la tête du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) depuis 2010, a promis un retour au jeu démocratique s'il est élu en mai.

"Nous établirons tous ensemble le pouvoir de la morale et de la justice", a déclaré M. Kiliçdaroglu face à la foule, juste après sa désignation.

"Nous, en tant qu'Alliance de la nation, dirigerons la Turquie sur la base de la consultation et du compromis", a-t-il promis.

"Nous redonnerons au peuple ce qui a été volé au peuple (...) Je ne suis pas le candidat, le candidat, c'est nous tous", a-t-il ensuite lancé devant le siège de son parti, sous les acclamations, entouré des populaires maires CHP d'Istanbul et d'Ankara, Ekrem Imamoglu et Mansur Yavas.

Résolue à mettre en oeuvre un "changement total", l'alliance de l'opposition veut ramener la Turquie à un système parlementaire, après le passage au système présidentiel obtenu par M. Erdogan, dans lequel le chef de l'Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif.

Si M. Kiliçdaroglu est élu, les dirigeants des cinq autres formations de l'alliance seront par ailleurs désignés vice-présidents.

L'accord signé par les six parties de l'alliance comporte aussi un rôle spécifique pour les populaires maires CHP d'Istanbul et d'Ankara: ils seront à leur tour nommés vice-présidents "à un moment jugé opportun" par M. Kilicdaroglu en cas de son victoire.

«Se débarrasser de ce gouvernement»

Une partie des soutiens de l'opposition reproche toutefois à M. Kiliçdaroglu, ancien haut fonctionnaire âgé de 74 ans issu de la minorité alévie, de manquer de charisme face au chef de l'Etat sortant, candidat à sa succession.

L'alliance avait même manqué d'imploser vendredi sur le choix de M. Kiliçdaroglu: Meral Aksener, la présidente du Bon Parti (nationaliste), deuxième plus importante formation de la coalition, s'était opposée avec véhémence à sa désignation, avant de reprendre sa place à la table de l'alliance lundi.

La promesse de désigner les maires d'Istanbul et d'Ankara comme des éventuels futurs vice-présidents a joué un rôle clé pour son retour.

M. Erdogan, dont la popularité a souffert de la crise économique que traverse la Turquie, devra répondre de la lenteur des secours dans les heures qui ont suivi le tremblement de terre du 6 février.

Des manquements que M. Kiliçdaroglu n'a pas manqué de relever, dénonçant "l'incompétence" et la corruption à la tête du pays.

Tout en demandant pardon pour les retards dans l'arrivée des secours, le président turc, âgé de 69 ans, a fait de la reconstruction des zones dévastées sa ligne directrice.

Selon les sondages, la présidentielle du 14 mai s'annonce comme son scrutin le plus périlleux depuis 2003, année de son arrivée au pouvoir en tant que Premier ministre.

M. Erdogan et son parti, l'AKP (islamo-conservateur), ont déjà vu leur échapper en 2019 les municipalités d'Istanbul et d'Ankara au profit du CHP, un revers cinglant.

Et le parti de gauche prokurde HDP pourrait désormais appeler à soutenir M. Kiliçdaroglu afin de "se débarrasser de ce gouvernement", a déclaré lundi soir sur la chaîne de télévision Habertürk son co-président Mithat Sancar.

Le HDP, troisième formation au Parlement, avait réuni 12% des suffrages aux dernières législatives.

Le parti a jusque-là été maintenu à l'écart de l'alliance de par la présence du Bon Parti, dont la ligne est incompatible avec celle du HDP.

Il reste désormais moins de dix semaines à l'opposition pour imposer son programme et faire campagne à travers le pays.

Le séisme d'une magnitude de 7,8 du 6 février, qui a dévasté onze des 81 provinces turques, pose cependant d'importants problèmes logistiques, 3,3 millions de personnes ayant dû quitter les zones sinistrées.


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com