Les femmes premières victimes des guerres et sous-représentées dans les efforts de paix

Des femmes afghanes manifestent pour leurs droits à l'occasion de la Journée internationale de la femme, à Kaboul, le 8 mars 2023. (AFP).
Des femmes afghanes manifestent pour leurs droits à l'occasion de la Journée internationale de la femme, à Kaboul, le 8 mars 2023. (AFP).
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Publié le Mercredi 08 mars 2023

Les femmes premières victimes des guerres et sous-représentées dans les efforts de paix

  • A la veille de la Journée internationale des femmes du 8 mars, la directrice de l'ONU Femmes, Sima Bahous, a tiré la «sonnette d'alarme» lors d'un débat «femmes, paix et sécurité» devant le Conseil de sécurité
  • Devant la presse, elle a fustigé «la violence et l'oppression auxquelles sont confrontées les femmes et les filles à travers le monde -- en Iran, en Afghanistan, dans des zones d'Ukraine occupées par la Russie et dans tant d'autres endroits

NATIONS UNIES : Malgré une résolution de l'ONU en 2000 censée protéger les femmes des conflits armés et les inclure dans les processus de paix, elles restent les premières victimes des guerres et sous-représentées dans les négociations diplomatiques, ont dénoncé mardi des responsables officielles devant le Conseil de sécurité.

L'ONU organise depuis lundi à New York et pour dix jours la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW), un organe international du Conseil économique et social des Nations unies.

A la veille de la Journée internationale des femmes du 8 mars, la directrice de l'ONU Femmes, Sima Bahous, a tiré la "sonnette d'alarme" lors d'un débat "femmes, paix et sécurité" devant le Conseil de sécurité.

Le 31 octobre 2000, le Conseil a adopté la résolution 1325 sur "les femmes, la paix et la sécurité". Ce texte "réaffirme le rôle important des femmes dans la prévention et la résolution des conflits, dans les négociations de paix".

"Durant les 20 premières années (...) nous avons été témoins de premières historiques pour l'égalité entre les sexes", a reconnu Sima Bahous.

Mais, a-t-elle déploré, "nous n'avons ni modifié de manière significative la composition des tables de négociations de paix, ni altéré l'impunité dont jouissent ceux qui commettent des atrocités contre les femmes et les filles".

Mme Bahous a ciblé l'Afghanistan, où les talibans ont repris le pouvoir en août 2021, "l'un des exemples les plus extrêmes pour la régression des droits des femmes".

Elle a cité aussi la guerre en Ukraine où les "femmes et leurs enfants représentent 90% des près de huit millions d'Ukrainiens contraints de partir dans d'autres pays".

A ses côtés, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Linda Thomas-Greenfield a exhorté la communauté internationale à "pleinement mettre en oeuvre le programme 'femmes, paix, sécurité', à l'approche du 25e anniversaire de l'adoption de la résolution 1325" en octobre 2025.

Devant la presse, elle a fustigé "la violence et l'oppression auxquelles sont confrontées les femmes et les filles à travers le monde -- en Iran, en Afghanistan, dans des zones d'Ukraine occupées par la Russie et dans tant d'autres endroits".

Les femmes encore trop peu représentées à la tête des banques en Europe, selon l'Autorité bancaire européenne

"La représentation des femmes (à la tête de banques européennes) s'améliore progressivement" mais "trop lentement" alors même que leur présence au sein des organes de direction contribue à une meilleure rentabilité, a indiqué l'Autorité bancaire européenne (ABE) dans un rapport publié mardi.

Ayant étudié la situation de 662 établissements de crédit et 129 entreprises d'investissement, l'institution a relevé que seuls 11,3% des 689 directeurs généraux étaient des femmes (contre 8,5% en 2018).

En outre, plus de la moitié de ces établissements (56%) n'a pas de femme directrice exécutive.

L'ABE a également noté que plus de la moitié (58%) des établissements de crédit où les directions exécutives sont féminisées affiche une rentabilité plus élevée que la moyenne.

Les dirigeantes reçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 9,4% à celles de leurs homologues masculins, relève encore l'étude.

Malgré la législation contraignante en vigueur, une "proportion significative" de ces établissements, soit 27%, n'a pas adopté de politique en matière de diversité (contre 41,6% en 2018).

De leur côté, les banques françaises cherchent à féminiser leurs états-majors et ont réalisé de "vrais efforts" et de "vrais progrès" en ce sens ces dernières années, a récemment assuré la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Maya Atig dans un entretien à l'AFP.

Cette dernière explique que des freins subsistent : d'abord, l'âge auquel les candidats accèdent à ces fonctions, "autour de 55, 60 ans", qui reflète "les viviers de recrutement des grandes écoles il y a 30 ans, qui étaient très loin de la parité". Et d'autre part, "les hommes ayant souvent occupé des postes de responsabilité plus variés dans leur carrière, c'est un atout pour monter la dernière marche", selon elle.

Représentant la France au Conseil de sécurité, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire, anciennement chargée de l'Egalité hommes-femmes, a aussi dénoncé le fait que "dans toutes les situations de conflits et de crises (...) en Ukraine, au Yémen, en Somalie, les femmes sont particulièrement affectées, voire délibérément ciblées, par les violences sexuelles et fondées sur le genre".

Et, a-t-elle détaillé, "seulement 28% des accords de paix contiennent des stipulations relatives à la place des femmes et durant les 25 dernières années, seuls 2% des médiateurs et 8% des négociateurs étaient des femmes".

Lors d'un échange en anglais avec quelques journalistes à New York, Mme Schiappa a déploré que les avancées des droits grâce au mouvement "#metoo et à l'émancipation des femmes" subissent un "contrecoup" et un retour du "patriarcat", y compris aux Etats-Unis et en Europe.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com