La Russie quitte le traité New Start: et maintenant?

La Russie vient de prendre une décision que les pays occidentaux jugent dangereuse. Elle a décidé de ne plus participer au traité New Start, le dernier accord avec les États-Unis qui limite le nombre d’armes dont ces deux pays peuvent disposer. (AFP).
La Russie vient de prendre une décision que les pays occidentaux jugent dangereuse. Elle a décidé de ne plus participer au traité New Start, le dernier accord avec les États-Unis qui limite le nombre d’armes dont ces deux pays peuvent disposer. (AFP).
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Publié le Vendredi 10 mars 2023

La Russie quitte le traité New Start: et maintenant?

La Russie quitte le traité New Start: et maintenant?
  • Moscou et Washington se sont retirés de tous les autres accords qui étaient importants pour limiter les armes nucléaires et les missiles
  • Cette prétendue suspension ne change pas grand-chose à ce que font les autres pays, car il existe d’autres mécanismes pour freiner la prolifération des armes nucléaires

La Russie vient de prendre une décision que les pays occidentaux jugent dangereuse. Elle a décidé de ne plus participer au traité New Start, le dernier accord avec les États-Unis qui limite le nombre d’armes dont ces deux pays peuvent disposer.

Moscou et Washington se sont retirés de tous les autres accords qui étaient importants pour limiter les armes nucléaires et les missiles. Ils ont également quitté le traité Ciel ouvert, qui leur permettait de faire voler des avions au-dessus de leurs pays respectifs pour contrôler ce qu’ils faisaient. Mais quelque chose de très important s’est produit.

La Russie veut bénéficier de davantage de pouvoir et de pression contre les pays occidentaux. Ces derniers ont été plus stricts et plus honnêtes avec la Russie. Ce n’est pas un point de vue biaisé, mais un point de vue réaliste qui se fonde sur ce qui se passe.

L’arsenal d’armes conventionnelles de la Russie s’épuise à cause de la guerre en Ukraine. Moscou a également besoin de plus de puissance militaire, car elle pourrait affronter militairement l’Otan.

Certaines personnes pensent que la suspension du traité ne changera pas grand-chose aux armes nucléaires. La Russie en possède déjà beaucoup. La course aux armes supplémentaires est déjà en cours et ne dépend pas du traité.

L’arsenal d’armes conventionnelles de la Russie s’épuise à cause de la guerre en Ukraine. Moscou a également besoin de plus de puissance militaire, car elle pourrait affronter militairement l’Otan. Quitter le traité pourrait inciter d’autres pays à vouloir plus d’armes nucléaires et à se préparer à des combats.

Mais nous devons comprendre que ces pays n’ont pas besoin d’un signal de l’extérieur pour renforcer leur armée, avec ou sans armes nucléaires. Ils ont leur propre stratégie pour cela. La Chine, par exemple, dispose d’un front ouvert avec les États-Unis à Taïwan.

Ainsi, cette prétendue suspension ne change pas grand-chose à ce que font les autres pays, car il existe d’autres mécanismes pour freiner la prolifération des armes nucléaires, non dans le cadre d’un accord bilatéral, mais dans celui d’un accord mondial qui fonctionne toujours. Il s’agit du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, que près de quatre-vingt-treize pays ont signé, parmi lesquels la Chine, la Russie et les États-Unis. Il y a 2galement le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Les officiels occidentaux estiment que la décision de la Russie est une catastrophe. De fait, les grandes puissances sont en compétition pour développer des armes très puissantes. Ces armes, pas seulement nucléaires, représentent aussi un danger et une source de menaces pour la sécurité et la stabilité internationales.

En outre, de nombreuses personnes pensent que les armes nucléaires ne seront utilisées par personne. En effet, leur utilisation causerait une grande destruction pour toutes les parties impliquées dans les conflits et confrontations militaires actuels ou potentiels.

Il s’agit d’un moment décisif, car il signifie qu’il y aura moins de contrôle sur la course mondiale aux armements, qu’elle implique la Russie, les États-Unis ou d’autres pays.

La Russie a quitté le traité New Start, qui limite les armes nucléaires. Il s’agit d’un moment décisif, car il signifie qu’il y aura moins de contrôle sur la course mondiale aux armements, qu’elle implique la Russie, les États-Unis ou d’autres pays. Cela se produit à un moment où le monde change. La puissance américaine est en déclin et un nouveau système mondial est en train d’émerger. Ces changements augmentent la probabilité de conflits entre les différentes puissances et leurs alliés dans le monde.

Par conséquent, supprimer ou ignorer tout contrôle sur la course aux armements aura des effets négatifs; cela incitera tout le monde à accumuler davantage d’armes pour se préparer à d’éventuels conflits.

Tous ces développements ont un grand perdant: la sécurité et la stabilité mondiales. La situation se détériore alors que l’ONU et ses institutions sont moins efficaces. Le monde est également confronté à d’autres crises qui nécessitent une coopération et une solidarité. Certaines d’entre elles sont liées aux pénuries alimentaires, aux épidémies; d’autres à la récession économique et au changement climatique.

La décision de la Russie peut avoir un autre effet d’entraînement. Elle peut donner envie aux dirigeants occidentaux de riposter face à la Russie. Ils pourraient imposer davantage de sanctions à Moscou. Ils pourraient aussi soutenir davantage l’Ukraine en lui fournissant des armes et de l’argent, et continuer à affirmer que la Russie est une menace sérieuse pour la sécurité de l’Europe.

Mais ce n’est peut-être pas vrai. Ce que l’on peut dire, c’est que la décision du Kremlin n’a pas façonné la politique de l’Occident vis-à-vis de la Russie. Toutefois, elle peut lui donner une bonne couverture pour ses politiques en termes d’agenda médiatique et de relations publiques.

Salem AlKetbi est un politologue émirati et un ancien candidat au Conseil national fédéral.

TWITTER: @salemalketbieng

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.