L'opéra de Lyon «fait des contorsions» pour résister à la crise

Des danseurs français de l'ensemble hip-hop primé Pockemon Crew se produisent lors d'une répétition de leur spectacle "La Faute Idéale" sur la scène de l'Opéra de Lyon, dans le sud de la France, le 14 octobre 2009. (Archives/AFP).
Des danseurs français de l'ensemble hip-hop primé Pockemon Crew se produisent lors d'une répétition de leur spectacle "La Faute Idéale" sur la scène de l'Opéra de Lyon, dans le sud de la France, le 14 octobre 2009. (Archives/AFP).
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Publié le Lundi 13 mars 2023

L'opéra de Lyon «fait des contorsions» pour résister à la crise

  • «La saison prochaine, ça tient. Je ne vais pas être obligé, comme certains collègues, d'annuler, de renoncer... Je fais des contorsions», confie Richard Brunet, le directeur de l'Opéra
  • Alors que la fréquentation n'a pas retrouvé le niveau global d'avant la crise sanitaire, l'Opéra a aussi subi deux coupes budgétaires de 500 000 euros

LYON : L'Opéra de Lyon qui fête cette année les trente ans de sa rénovation audacieuse par Jean Nouvel et les quarante ans de la création de son orchestre, "fait des contorsions" pour résister à la crise qui affecte le monde de l'art lyrique.

"La saison prochaine, ça tient. Je ne vais pas être obligé, comme certains collègues, d'annuler, de renoncer... Je fais des contorsions", confie Richard Brunet, le directeur de l'Opéra, dans un entretien avec l'AFP.

Quand il est arrivé à la tête de l'institution, en novembre 2019, cet homme de 51 ans ne "s'attendait pas du tout à vivre une succession de crises, le Covid, l'inflation, la guerre en Ukraine", avec "ses conséquences énormes sur les liens avec la Russie sur le plan artistique" et sur les prix de l'énergie.

Alors que la fréquentation n'a pas retrouvé le niveau global d'avant la crise sanitaire, l'Opéra a aussi subi deux coupes budgétaires de 500 000 euros, l'une décidée en 2021 par la nouvelle équipe municipale écologiste, l'autre par le conseil régional du LR Laurent Wauquiez en 2022.

Si d'autres maisons d'opéras ont annoncé ces derniers mois des annulations de spectacles ou des fermetures temporaires, Richard Brunet "souhaite ne pas baisser le nombre de levers de rideau" et "veut offrir le même service public aux spectateurs", en gardant une "dimension européenne" avec des invitations d'artistes, de chefs et de metteurs en scène du monde entier.

Le choix est alors de "faire moins de nouvelles productions", de réfléchir sur les formats, de "recycler" des oeuvres privées de public pour cause de confinement, de développer les coproductions et de reprendre des productions "déclassées", comme l'Elias de Mendelssohn, racheté à un théâtre de la capitale autrichienne Vienne pour la saison prochaine.

«Puissance émotionnelle»

Côté nouveau format, Richard Brunet cite "Zylan ne chantera plus", un "monodrame" sur le destin d’un jeune chanteur homosexuel devenu star de la pop dans un pays autoritaire. Composée par la singaporienne Diana Soh pour un ténor et trois musiciens (guitare électrique, violoncelle, percussion), cette création a été conçue pour "circuler dans les lieux où l’opéra ne va pas".

Le patron de l'opéra défend en même temps "la puissance émotionnelle" des grands opus: "le choeur des pèlerins de Tanhäuser, c'était 200 personnes sur scène chaque soir, je peux vous dire que ça vous scotche sur votre siège !", dit-il en référence à l'opéra de Richard Wagner.

A ceux qui décrivent le lyrique comme un art conservateur prisé par un public urbain, aisé et âgé, il répond par des chiffres: 40% de nouveaux publics, au moins 25% de moins de 29 ans parmi les spectateurs. Et il met l'accent sur les programmes destinés aux spectateurs "empêchés géographiquement, éloignés socialement", des tarifs "très peu chers", des tournées hors de Lyon, des actions dans les lycées ou dans les maisons de retraite.

"Les baisses de subvention sont dommageables mais je veux dialoguer avec nos financeurs. (...) On peut trouver un terrain", affirme-t-il, en rappelant que l'opéra est "le premier employeur culturel de la région", avec 361 postes et plus de 110 ETP pour les intermittents.

En quête de nouveaux mécènes, la direction resserre ses frais structurels, du parc de transport au nombre de photocopies, en passant par le recyclage des costumes et des décors, mais aussi la surveillance étroite des dépenses de chauffage.

Des travaux ont été menés depuis 2010 pour limiter les déperditions énergétiques dans l'énorme bâtiment d'un volume de 77.100 m3 pour une surface de 14.800 m2. Mais cela ne va pas empêcher la facture d'énergie de passer de 300.000 euros à 1,1 million.

L'opéra néoclassique construit en 1831 a été rénové par Jean Nouvel et inauguré en 1993, après des années de polémiques politiques, financières et esthétiques

A l'époque, "certains l'avaient surnommé le grille-pain", sourit Richard Brunet, en référence au dôme de verre et de métal conçu au crépuscule des grands travaux impulsés par le président socialiste François Mitterrand, quand l'argent pour la culture coulait encore à flot.

Le dôme se voit de loin, "les soirs d'activité, ça s’éclaire et ça fait comme une sorte de coeur qui bat dans la ville", souligne-il. Citant Jean Vilar, il se dit convaincu que l'art est "une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.