En visite en Ethiopie, Blinken annonce une aide humanitaire de 331 millions de dollars

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken rencontre le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères éthiopien Demeke Mekonnen à Addis-Abeba le 15 mars 2023. (AP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken rencontre le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères éthiopien Demeke Mekonnen à Addis-Abeba le 15 mars 2023. (AP)
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

En visite en Ethiopie, Blinken annonce une aide humanitaire de 331 millions de dollars

  • Antony Blinken est le plus haut responsable américain à visiter le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique depuis novembre 2020
  • Cette somme double presque l'assistance humanitaire américaine à l'Ethiopie pour 2023, la portant à 780 million de dollars, selon le département d'Etat

ADDIS ABEBA: Le secrétaire d'Etat américain a annoncé mercredi une aide humanitaire de 331 millions de dollars à l'Ethiopie, durant une visite chez cet allié historique, visant notamment à renouer des liens distendus par deux ans de brutal conflit au Tigré.

Antony Blinken est le plus haut responsable américain à visiter le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique depuis novembre 2020, date du début de la guerre entre le gouvernement fédéral et les autorités rebelles de cette région du nord de l'Ethiopie, à laquelle a mis fin un accord de paix signé le 2 novembre 2022 à Pretoria, la capitale sud-africaine.

"Ces fonds vont fournir un soutien vital à ceux touchés et déplacés par le conflit, la sécheresse et l'insécurité alimentaire en Ethiopie", a souligné M. Blinken en visitant un centre logistique de l'ONU à Addis Abeba.

Cette somme double presque l'assistance humanitaire américaine à l'Ethiopie pour 2023, la portant à 780 million de dollars, selon le département d'Etat.

Elle est destinée "à tous - pas seulement un groupe ou une région", a souligné M. Blinken, indiquant implicitement qu'elle n'était pas réservée au Tigré; "nous voulons faire en sorte que quiconque en ait besoin reçoive cette aide".

Selon l'ONU, plus de 22 millions de personnes, soit près d'un cinquième des 120 millions d'Ethiopiens, ont besoin d'aide alimentaire, en raison des violences à travers le pays ou de la sécheresse qui ravage la Corne de l'Afrique.

«Etablir les responsabilités des atrocités»

Dans la matinée, M. Blinken a rencontré son homologue et vice-Premier ministre Demeke Mekonnen, puis le Premier ministre Abiy Ahmed qui dirige l'Ethiopie depuis 2018.

"Il y a beaucoup à faire. Le plus important étant probablement d'enraciner la paix qui s'implante dans le nord", a déclaré M. Blinken avant ces entretiens, soulignant "l'objectif de renforcer la relation entre les Etats-Unis et l'Ethiopie".

Durant sa rencontre avec M. Abiy, M. Blinken "a discuté de l'importance d'établir les responsabilités des atrocités perpétrées par toutes les parties durant le conflit (au Tigré) et de la nécessité d'un processus de justice de transition", a indiqué le porte-parole du département d'Etat Ned Price.

Human Rights Watch et Amnesty International ont exhorté M. Blinken à pousser pour que justice soit rendue pour les atrocités qui ont marqué ce conflit.

Washington a qualifié certaines de crimes contre l'humanité et exclu en janvier 2022, au grand dam d'Addis Abeba, l'Ethiopie de l'Agoa, initiative américaine exemptant de taxes les exportations de certains pays africains.

"Nous avons des relations anciennes et il est temps de les raviver et d'avancer", a lancé M. Demeke en accueillant le chef de la diplomatie américaine.

"Nous avons convenu de renforcer les relations bilatérales anciennes entre nos pays, avec une promesse de partenariat", a affirmé M. Abiy sur Twitter, à l'issue de la rencontre, qui a duré deux heures et demie selon le département d'Etat

Prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir mis fin à 20 ans de guerre ouverte ou larvée avec l'Erythrée voisine, M. Abiy est, depuis le conflit au Tigré, passé aux yeux de Washington de symbole d'une nouvelle génération de dirigeants africains modernes à quasi paria.

Conflits sanglants

Abiy Ahmed a envoyé en novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré, accusant les autorités régionales qui contestaient son pouvoir depuis plusieurs mois d'y avoir attaqué des bases militaires.

La région était alors dirigée par le Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti ayant gouverné de fait l'Ethiopie de 1991 à 2018, progressivement marginalisé par M. Abiy, arrivé au pouvoir après plus de deux ans de contestation populaire.

Le conflit a débordé dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, dont les forces ont soutenu l'armée fédérale, également appuyée par l'armée de l'Erythrée, ennemie historique du TPLF.

L'accord de Pretoria a été négocié et signé sous les auspices de l'Union africaine (UA), mais les Etats-Unis ont joué un rôle crucial auprès des belligérants, selon des sources diplomatiques.

Le bilan exact est difficile à évaluer mais les Etats-Unis estiment que quelque 500.000 personnes ont péri durant ce conflit, plus que depuis l'invasion russe de l'Ukraine.

Si les combats ont cessé au Tigré - dont l'accès est toujours interdit à la presse - d'autres régions éthiopiennes restent le théâtre de conflits sanglants, souvent liés au réveil, sous le gouvernement de M. Abiy, de revendications identitaires et foncières.

La visite de M. Blinken, qui se rendra ensuite au Niger, intervient également sur fond d'efforts du président Joe Biden pour contrer les influences croissantes sur le continent de la Chine et - plus récemment - de la Russie.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com