Pourquoi tant de personnes au Moyen-Orient souffrent-elles de troubles du sommeil?

En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent être bien plus graves que dans de nombreux autres pays (Photo, Shutterstock).
En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent être bien plus graves que dans de nombreux autres pays (Photo, Shutterstock).
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Publié le Vendredi 17 mars 2023

Pourquoi tant de personnes au Moyen-Orient souffrent-elles de troubles du sommeil?

  • À l'occasion de la Journée mondiale du sommeil, des médecins d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis expliquent pourquoi un repos suffisant et de qualité est essentiel pour la santé
  • L'anxiété, le temps passé devant un écran et les conséquences de la pandémie de la Covid-19 ont tous eu un impact sur la qualité du sommeil

DUBAÏ: Une personne passe en moyenne près d'un tiers de sa vie à dormir – une fonction biologique nécessaire qui permet à notre corps de se reposer et de récupérer, de favoriser une bonne santé mentale, de reconstituer notre système immunitaire et de réguler notre métabolisme.

Cependant, l'une des plaintes les plus courantes chez les personnes de tous horizons est un sentiment persistant de fatigue et l'impression de ne pas jouir d'un sommeil de qualité suffisant, nous empêchant donc de nous concentrer, de contrôler nos émotions, de lutter contre les maladies ou de réguler notre appétit.

Depuis des décennies, les études sur le sommeil confirment la prévalence croissante des troubles du sommeil qui menacent la santé et la qualité de vie d'au moins 45% de la population mondiale.

À l'occasion de la Journée mondiale du sommeil, célébrée le 17 mars de chaque année, les experts soulignent l'importance de dormir au moins sept à huit heures par nuit. Cette année, des campagnes de sensibilisation à la santé du sommeil sont organisées sous le thème «Le sommeil est essentiel à la santé.»

L'anxiété, le temps excessif passé devant un écran et, plus récemment, les conséquences de la pandémie du coronavirus ont tous été cités comme des causes courantes de troubles du sommeil et de nuits blanches.

La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie saoudite, a déclaré à Arab News: «Environ 40% de la population du Moyen-Orient souffre de troubles du sommeil, le syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) étant le trouble le plus courant.»

Une étude sur la prévalence mondiale et le poids du SAOS, publiée en juin par la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis, a montré que près d'un milliard de personnes dans le monde étaient touchées par ce trouble du sommeil, avec une prévalence supérieure à 50% dans certains pays.

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Le SAOS se produit lorsque les muscles de la gorge se relâchent par intermittence et bloquent les voies respiratoires pendant le sommeil, obstruant la respiration normale pendant environ 10 secondes avant que la personne ne se réveille en sursaut.

«Les symptômes de ce trouble comprennent le ronflement, la somnolence diurne excessive et les maux de tête matinaux», a expliqué Mahmoud.

En Arabie saoudite, les problèmes de sommeil semblent bien plus graves que dans de nombreux autres pays.

Selon un rapport de 2015 de l'application mobile Sleep Cycle, l’Arabie saoudite se classe deuxième, derrière le Japon, dans la liste des cinq pires pays du monde pour le nombre moyen d'heures de sommeil.

La revue médicale saoudienne a confirmé que la courte durée de sommeil par nuit était répandue en Arabie saoudite et qu'elle affectait un adulte saoudien sur trois.

«De multiples facteurs influent sur la qualité et la durée du sommeil, à commencer par l'anxiété et les maladies liées au mode de vie sédentaire», a ajouté Mahmoud.

Les emplois spécifiques qui exigent des horaires de travail longs ou non fixes et les quarts de nuit sont un autre facteur ayant un impact sur la qualité du sommeil des Saoudiens.

Mahmoud a affirmé: «Un temps d'écran élevé, que ce soit sur les réseaux sociaux ou même les jeux, peut également affecter la qualité du sommeil, entraînant divers troubles du sommeil.»

Le Royaume se classe au troisième rang mondial pour l'utilisation des smartphones, avec 24,2 millions d'utilisateurs, près de 75% de la population utilisant des smartphones et plus de 95% l'internet.

Le Dr Vishwanath Gowraiah, chef du département de médecine pédiatrique du sommeil à l'hôpital Danat al-Emarat d'Abu Dhabi, a déclaré à Arab News: «À l'échelle mondiale, nous constatons une augmentation des troubles du sommeil en raison de plusieurs changements de mode de vie.

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La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie Saoudite (Photo fournie).

«Cela a eu un impact sur la qualité et la quantité de sommeil que les individus reçoivent.»

Il a mentionné que les troubles du sommeil pouvaient affecter les jeunes enfants dès la naissance et persister jusqu'au milieu de l'enfance et au-delà.

Ces troubles comprennent le SAOS, les parasomnies telles que le grincement des dents et le somnambulisme, les terreurs du sommeil, les éveils confusionnels connus sous le nom d’«ivresse du sommeil» et les cauchemars, ainsi que le syndrome de retard de phase de sommeil (SRPS), souvent observé chez les adolescents.

Quant aux adultes, ils souffrent généralement de troubles du sommeil tels que le SAOS lié à l'obésité, l'insomnie, la narcolepsie, qui rend les gens très somnolents pendant la journée, le trouble du sommeil lié au travail posté et les troubles du mouvement liés au sommeil.

Gowraiah a indiqué: «Le sommeil permet à l'organisme de prendre des mesures réparatrices pour nous aider à nous sentir mieux, plus alertes, plus énergiques et plus éveillés.

«Le sommeil nous aide à accomplir nos tâches quotidiennes et nous protège contre d'éventuels déclencheurs de troubles mentaux. Il permet à l'organisme d'effectuer un entretien vital pour réparer et régénérer les tissus, construire les os et les muscles, tout en rétablissant le système immunitaire», a-t-il ajouté.

«Le sommeil nous aide à accomplir nos tâches quotidiennes et nous protège contre d'éventuels déclencheurs de santé mentale. Il permet à l'organisme d'effectuer un entretien vital pour réparer et régénérer les tissus, construire les os et les muscles, tout en rétablissant le système immunitaire», a-t-il ajouté.

En fait, il a été prouvé que le sommeil profond favorisait la libération d'hormones de croissance, réparait les dommages subis par l'organisme et permettait à divers systèmes de se rétablir.

Le manque de sommeil, quant à lui, affecte tout, depuis la mémoire, l'apprentissage et le rendement jusqu'à l'appétit et la capacité à penser clairement.

«Si une personne est privée de sommeil de façon chronique, elle peut même éprouver des problèmes neurologiques tels que des sautes d'humeur et des hallucinations», a avisé Gowraiah.

CONSEILS POUR MIEUX DORMIR

Régulez vos horaires de sommeil: Essayez de vous coucher et de vous réveiller à la même heure, même le week-end. Cette régularité aidera votre corps à développer un cycle veille-sommeil.

Les habitudes alimentaires: Évitez les repas lourds quelques heures avant l'heure prévue du coucher. Les stimulants tels que la nicotine, la caféine et l'alcool peuvent également perturber votre sommeil.

Créez un environnement paisible: Le fait de vous calmer avant de vous coucher vous aidera à approfondir votre sommeil. Évitez d'utiliser des écrans lumineux juste avant le coucher. Intégrez des activités apaisantes telles que le bain ou la lecture.

Activités physiques pendant la journée: Des activités physiques régulières peuvent favoriser un meilleur sommeil. 

Gestion du stress: Essayez de régler vos soucis ou votre stress avant de vous coucher en vous organisant ou en fixant vos priorités quotidiennes.

Source: La Dr Racha Mahmoud, cheffe de l'unité de pneumologie et de sommeil du groupe d'hôpitaux Almana en Arabie saoudite.

En outre, le risque de développer divers problèmes de santé ou des problèmes de santé chroniques tels que l'obésité, le diabète, les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle ou l'apnée du sommeil est plus élevé.

«Certaines études ont montré que la privation de mouvements oculaires rapides (MOR) raccourcissait la durée de vie et diminuait la fonction immunitaire», a-t-il indiqué.

Le MOR est l'une des nombreuses étapes de l'architecture du sommeil. Il se produit environ une heure après l'endormissement et c'est à ce moment-là que nous avons tendance à faire nos rêves les plus vifs. Si l'architecture du sommeil à MOR et à mouvements oculaires non rapides est perturbée, nous pouvons nous réveiller mal reposés.

Les problèmes de sommeil étant de plus en plus fréquents chez les adultes, les experts souhaitent que le public comprenne mieux les causes d'un sommeil perturbé, et qu'une meilleure connaissance des remèdes disponibles puisse contribuer à réduire le fardeau des troubles du sommeil sur la société.

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Le Dr Vishwanath Gowraiah, chef du service de médecine pédiatrique du sommeil à l'hôpital Danat al-Emarat d'Abu Dhabi (Photo fournie).

Une étude publiée par l'American Journal of Managed Care en 2007 a estimé le coût annuel de l'insomnie entre 92,5 et 107,5 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro). Ce chiffre est probablement beaucoup plus élevé aujourd'hui.

Une autre étude publiée par le Journal of Occupational and Environmental Medicine en 2010, basée sur des questionnaires destinés au personnel de quatre entreprises américaines, a indiqué que les pertes de productivité liées à la fatigue résultant d'un mauvais sommeil sont estimées à 1 967 dollars par employé par an.

Alors pourquoi tant de gens sous-estiment-ils encore le pouvoir du sommeil et son impact sur leur bien-être et leur qualité de vie?

La Dr Saliha Afridi, directrice générale de The LightHouse Arabia, une clinique de santé mentale et de bien-être basée à Dubaï, a déclaré à Arab News: «Les gens pensent que le sommeil est synonyme de repos, mais ils ne réalisent pas qu'un mauvais sommeil a un impact sur tous les aspects de leur santé physique et mentale, même au niveau cellulaire.»

La plupart des gens fonctionnaient «à partir d'un manque de sommeil», a-t-elle expliqué, tout en ne comprenant pas qu'apprendre à passer une bonne nuit de sommeil était un moyen important de gérer le stress et d'acquérir des compétences pratiques.

«Le sommeil se fait la nuit mais se crée le jour. Tout ce que vous faites entre le moment où vous vous réveillez et celui où vous vous couchez aura un impact sur la profondeur de votre sommeil cette nuit-là.»

Afridi a souligné que le risque de maladie cardiaque augmentait de 45% en cas de manque de sommeil, tandis que les personnes qui dormaient six heures par nuit ou moins étaient cinq fois plus susceptibles de subir une crise cardiaque que celles qui dormaient huit heures.

Le même risque accru s'applique à des affections telles que le diabète, l'hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer et l'hyperglycémie.

«Tous les types de sommeil ne se valent pas. Vous avez besoin de suffisamment de sommeil profond la nuit pour que votre corps récupère et pour que l'apprentissage se consolide», a ajouté Afridi.

Les adultes en bonne santé devraient dormir entre sept et huit heures par nuit, entre 22h00 et 5h00. «S'ils se réveillent au milieu de la nuit, ils doivent pouvoir se rendormir en une vingtaine de minutes», a-t-elle précisé.

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La Dr Saliha Afridi (Photo fournie).

Les siestes diurnes ne sont pas recommandées pour les personnes qui essaient de réguler leur sommeil, a-t-elle ajouté.

Atteindre le nombre d'heures de sommeil requis a été un défi particulier pour de nombreuses personnes pendant la pandémie. En fait, les experts ont inventé le terme «Covid-somnie» en 2020 pour décrire les difficultés à s'endormir ou à rester endormi en raison de facteurs de stress ou d'inquiétudes liés à la pandémie.

Afridi a signalé: «L'incertitude et la volatilité que les gens ont connues pendant la pandémie se sont poursuivies depuis et ont eu des répercussions sur leur santé mentale.»

Elle a constaté que presque tous les diagnostics de santé mentale avaient une composante sommeil, ce qui signifie que la psychologie d'une personne a un impact important sur son sommeil.

Elle a également souligné l'altération de la santé physique causée par un long Covid ou les séquelles du virus, le stress sur le lieu de travail dû au travail hybride et l'épuisement des soignants et des travailleurs essentiels qui se sont surmenés pendant la pandémie. Tous ces facteurs ont eu un impact sur la qualité et la quantité de sommeil de beaucoup de personnes.

«Nous constatons également que de nombreuses personnes souffrent d'un sommeil insuffisant en raison de problèmes de santé mentale tels que l'anxiété et la dépression.

«Le sommeil n'est pas seulement un repos. C'est la chose la plus efficace que vous puissiez faire pour votre cerveau et votre corps», a assuré Afridi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les voix féminines algériennes refont surface à travers les archives

Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre. (Photo Fournie)
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  • L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays.
  • Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

RIYAD :  Des tracts jaunis, des bulletins ronéotés, des lettres manuscrites, des cassettes VHS. Autant de fragments oubliés qui reprennent vie grâce à un projet inédit : Les Archives des luttes des femmes en Algérie, une initiative indépendante portée par un collectif de militantes, d’archivistes et de chercheuses.

L'objectif, sauver de l’oubli les combats féminins menés entre 1988 et 1991, une période charnière de l’histoire contemporaine du pays. Ce travail dépasse le simple devoir de mémoire : il redonne leur voix à des femmes qui, à travers leurs écrits, leurs actions et leur courage, ont façonné l’histoire dans l’ombre.

Entre 1988 et 1991, l’Algérie traverse une phase d’ouverture politique inédite. La fin du parti unique, les émeutes d’octobre 1988, puis l’adoption d’une nouvelle Constitution permettent l’émergence d’une société civile dynamique. C’est dans ce contexte que de nombreuses femmes s’organisent pour revendiquer leurs droits, dans la sphère publique comme dans la sphère privée.

« Nous étions peu nombreuses, mais déterminées. Les intimidations étaient constantes, mais nous avions la conviction que notre combat était juste », confie Nassira Belloula, journaliste et militante de la première heure.

Le 8 mars 1990, des milliers de femmes manifestent à Alger à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elles exigent l’abrogation du Code de la famille de 1984, un texte largement dénoncé comme discriminatoire.

« Le Code de la famille nous avait reléguées au rang de mineures à vie. Il fallait dénoncer cette injustice », rappelle la juriste Nadia Aït-Zaï.

Mais au-delà des lois, c’est la question de la place des femmes dans l’espace public qui est au cœur de ces mobilisations.

« Ce n'était pas une question de religion, mais de droits. On voulait pouvoir exister dans l'espace public », explique Anissa Boumediene, ancienne Première dame et militante engagée.

Sur le terrain, l’organisation militante repose sur des méthodes artisanales, souvent menées dans la clandestinité. Les collectifs rédigent, impriment, distribuent des tracts, organisent des réunions, planifient des actions dans des conditions précaires.

« On écrivait, on collait des affiches la nuit, on se réunissait en secret. C’était un féminisme de terrain, dans l’urgence », raconte Latifa Ben Mansour, écrivaine et activiste.

Pour beaucoup de femmes, manifester ou militer était un acte de bravoure. Le contexte sécuritaire était tendu, et les violences,qu’elles soient policières ou familiales étaient omniprésentes.

« J’ai manifesté pour la première fois en 1989. J’avais peur, mais j’étais fière de marcher aux côtés de mes sœurs », se souvient Souhila Bensalah.

« Ma famille ne savait pas que je militais. Si mon frère l’avait su, il m’aurait battue. Mais je ne pouvais pas me taire », confie une militante anonyme d’Alger.

Les archives révèlent aussi la surveillance constante à laquelle étaient soumises les militantes.

« Le harcèlement policier était constant. Ils nous suivaient, nous photographiaient. Mais ça ne nous a pas arrêtées », témoigne Fatiha Maamoura, également active durant ces années.

À travers ce projet, ce sont des dizaines de documents, en arabe, tamazight ou français, qui ont été rassemblés et numérisés : croquis, bulletins, lettres collectives, extraits vidéo, dessins de presse. Autant de supports qui témoignent de la diversité des voix et des expressions féminines.

« Ce projet n’est pas seulement un regard tourné vers le passé, mais un outil pour le présent et l’avenir », souligne l’une des coordinatrices. « Nos archives parlent d’un temps où la rue appartenait aussi aux femmes. Il est temps de le rappeler. »

Comme la lutte ne s’est jamais arrêtée !  Aujourd’hui encore, dans un climat socio-économique marqué par le chômage, la précarité, les inégalités d’accès aux opportunités et une pression sociale constante, les femmes algériennes doivent sans cesse rappeler qu’elles ont le droit d’exister, de choisir, de s’exprimer.

Leur combat ne se limite plus aux rues ou aux tribunaux. Il se poursuit dans les universités, les entreprises, les médias, les réseaux sociaux, les espaces culturels et politiques. Elles innovent, créent, résistent, et affirment chaque jour leur rôle indispensable dans la construction du pays.

Ces archives ne sont pas seulement des fragments du passé. Elles sont des repères vivants, des héritages transmis, des sources d’inspiration pour toutes celles et ceux qui continuent à se battre pour une société plus juste, plus équitable, plus libre. 


Le chef du Hezbollah exclut de « capituler » sous la menace d'Israël

Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
Des fidèles musulmans chiites scandent des slogans en passant devant les décombres des bâtiments détruits par les frappes israéliennes précédentes lors d'une procession funèbre dans le village de Kfarkila, situé dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 5 juillet 2025. (Photo de Rabih DAHER / AFP)
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  • « La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé.
  • Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah, mouvement chiite pro-iranien au Liban, a affirmé dimanche que sa formation, sortie très affaiblie d'une guerre avec Israël, n'allait pas « capituler » ou rendre ses armes, alors qu'elle est sous forte pression pour désarmer.

« La menace ne nous fera pas capituler (…). Qu'on ne nous dise pas aujourd'hui d'assouplir nos positions (…), de rendre nos armes », a déclaré Naïm Qassem dans un discours télévisé retransmis devant des milliers de ses partisans rassemblés dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, à l'occasion de la commémoration religieuse chiite de l'Achoura.

Ce discours intervient alors qu'un émissaire américain, Tom Barrack, est attendu lundi à Beyrouth. Les autorités libanaises doivent lui transmettre leur réponse à sa demande de désarmement de la formation chiite d'ici la fin de l'année, selon une source officielle ayant requis l'anonymat.

Naïm Qassem a affirmé qu'Israël devait d'abord appliquer l'accord de cessez-le-feu avec le Liban, « se retirer des territoires occupés, arrêter son agression (…), libérer les prisonniers » libanais, et que la reconstruction des zones dévastées par la guerre, qui a pris fin en novembre, devait être entamée.

« À ce moment, nous serons prêts pour la deuxième étape, qui consistera à discuter de la sécurité nationale et de la stratégie de défense du Liban », a-t-il ajouté, un terme qui inclut la question du désarmement du Hezbollah.

Naïm Qassem a succédé au charismatique chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth en septembre dernier, au cours de la guerre qui a opposé le mouvement chiite à Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, après plus d'un an d'hostilités incluant deux mois de guerre ouverte, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser la formation pro-iranienne.

L'armée israélienne, qui devait retirer complètement ses troupes du Liban, maintient également cinq positions dans le sud du pays.


Trêve à Gaza : Israël envoie une équipe de négociateurs au Qatar

Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
Des personnes participent à une manifestation pour réclamer la fin de la guerre et la libération immédiate des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, et contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Tel Aviv, en Israël, le 5 juillet 2025. (Photo AP via AN)
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  • Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis.
  • Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

JERUSALEM : Israël a annoncé samedi soir l'envoi d'une équipe de négociateurs au Qatar, dimanche, dans le but d'aboutir à un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages dans la bande de Gaza, où les opérations de l'armée israélienne ont fait 42 morts samedi, selon la Défense civile locale.

Vendredi soir, le mouvement islamiste palestinien Hamas avait annoncé être prêt à « engager immédiatement » des négociations sur une proposition de trêve parrainée par les États-Unis et transmise par le Qatar et l'Égypte, à laquelle il avait dit avoir présenté « sa réponse », sans donner plus de détails sur son contenu.

Dans un communiqué publié peu avant minuit (21 h 00 GMT) samedi, le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a indiqué avoir été notifié des « changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition » de trêve et les a jugés « inacceptables ». 

M. Netanyahu a néanmoins « donné l'instruction de répondre à l'invitation pour des pourparlers indirects et de poursuivre les efforts en vue de récupérer nos otages sur la base de la proposition qatarie qu'Israël a acceptée », ajoute le texte, précisant que « l'équipe de négociation se rendra demain (dimanche) pour des discussions au Qatar ».

Deux sources palestiniennes proches des négociations ont indiqué à l'AFP que la proposition soumise au Hamas comprenait une trêve de 60 jours, durant laquelle le mouvement islamiste relâcherait 10 otages encore en vie ainsi qu'un certain nombre de corps, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël. 

Selon deux sources palestiniennes, les modifications demandées par le Hamas concernent les modalités du retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza, les garanties qu'il souhaite obtenir pour assurer la poursuite de l'arrêt des combats au-delà de la période de 60 jours, ainsi que la reprise en main de la distribution de l'aide humanitaire par l'ONU et des organisations internationales reconnues.

Le président américain, Donald Trump, qui doit accueillir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lundi à Washington, a estimé qu'un accord pourrait être conclu « la semaine prochaine ».

Selon son ministère, le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, a discuté au téléphone avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, des « préparatifs en vue de la tenue de réunions indirectes entre les deux parties concernées ».

À l'occasion d'un rassemblement hebdomadaire à Tel-Aviv, le Forum des familles d'otages a de nouveau appelé les dirigeants israéliens à conclure un « accord global » qui permettrait de libérer tous les captifs d'un seul coup. 

« Il est temps de conclure un accord qui sauve tout le monde, sans sélection », a déclaré à la tribune Macabit Mayer, la tante de deux otages, Gali et Ziv Berman. « Quel Dieu peut composer une telle liste ? Et qu'est-ce que cela signifie pour nous : qu'un seul est sauvé et que l'autre reste captif ? »

Sur le terrain, l'armée israélienne étend son offensive militaire dans la bande de Gaza, plongée dans une situation humanitaire critique depuis près de 21 mois.

Selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile gazaouie, une organisation de premiers secours, 42 personnes y ont été tuées samedi.