Dans le monde littéraire, les «relecteurs en sensibilité» déchaînent les passions

Qui sont ces "sensitivity readers"? Des travailleurs pour la plupart indépendants, souvent (peu) payés au mot ou au nombre de pages  - avec contrat de confidentialité à la clé - par des écrivains ou des maisons d'édition soucieux de l'exactitude des descriptions dans leurs textes. (AFP)
Qui sont ces "sensitivity readers"? Des travailleurs pour la plupart indépendants, souvent (peu) payés au mot ou au nombre de pages  - avec contrat de confidentialité à la clé - par des écrivains ou des maisons d'édition soucieux de l'exactitude des descriptions dans leurs textes. (AFP)
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Dans le monde littéraire, les «relecteurs en sensibilité» déchaînent les passions

  • Les «sensitivity readers»: des relecteurs d'un genre nouveau qui pointent incohérences culturelles et stéréotypes dans les manuscrits
  • Ils sont voués aux gémonies par certains auteurs quand d'autres, se voulant au diapason de l'époque, jugent leur travail bienvenu

WASHINGTON: C'est un métier de l'ombre dont l'existence fait l'objet de vifs débats. Les "sensitivity readers", relecteurs d'un genre nouveau qui pointent incohérences culturelles et stéréotypes dans les manuscrits, sont voués aux gémonies par certains auteurs quand d'autres, se voulant au diapason de l'époque, jugent leur travail bienvenu.

Présents depuis plusieurs années déjà dans le monde littéraire anglo-saxon, ils sont longtemps restés confinés à la littérature jeunesse. Ce n'est plus le cas désormais.

Ils viennent encore d'être cloués au pilori avec l'annonce que des livres de Roald Dahl et Ian Fleming - l'auteur des James Bond - avaient été ou allaient être réédités avec des modifications pour être plus adaptés aux sensibilités actuelles. Chez Dahl, des personnages ne sont par exemple plus "gros" ou "fous"; chez Fleming, les changements concernent la description jugée raciste de personnages noirs.

Aussitôt ont fusé les accusations de censure chez ceux qui disent craindre une littérature aseptisée, édulcorant le passé comme le présent.

"Je ne crois pas qu'ils comprennent le processus", dit à l'AFP Patrice Williams Marks, "relectrice en sensibilité" basée à Los Angeles.

"Si vous écrivez sur une population ou une communauté que vous ne connaissez pas bien et que voulez que ce soit authentique, alors vous cherchez un +sensitivity reader+ qui fait partie de cette communauté et vous demandez son avis", poursuit-elle.

Et "je dis toujours (aux auteurs) qu'ils ne sont pas obligés d'accepter les changements que je suggère", précise Lola Isabel Gonzalez, une autre relectrice également basée à Los Angeles.

«Gâcher nos livres»

Qui sont ces "sensitivity readers"? Des travailleurs pour la plupart indépendants, souvent (peu) payés au mot ou au nombre de pages  - avec contrat de confidentialité à la clé - par des écrivains ou des maisons d'édition soucieux de l'exactitude des descriptions dans leurs textes.

Ou, accusent les détracteurs de la pratique, d'éviter à tout prix les conséquences désastreuses d'une possible tempête sur les réseaux sociaux en cas de faux pas.

Les relecteurs ont diverses spécialités selon leurs origines, religion ou expérience.

Si elle juge qu'"il y a de bonnes raisons de réguler les lectures des enfants", l'enseignante et auteure britannique Kate Clanchy est beaucoup plus circonspecte lorsqu'il s'agit des adultes.

Ces derniers "sont capables de poser un livre s'il les contrarie", a fait valoir l'an dernier celle dont les mémoires ont été soumis à des "readers" après leur publication car accusés d'être racistes et validistes -- soit discriminatoires envers les personnes handicapées.

Pour l'écrivaine américaine Lionel Shriver ("Il faut qu'on parle de Kevin"), l'une des critiques les plus féroces à leur encontre, les relecteurs s'apparentent ni plus ni moins à une "police de la sensibilité".

Or "l'angoisse constante à l'idée de heurter les sentiments d'autres personnes inhibe la spontanéité et enserre la créativité" littéraire, fustigeait-elle dans le Guardian en 2017.

Les éditeurs "font un sacré bon travail, à essayer de gâcher nos livres et notre plaisir en tant que lecteurs", a-t-elle grincé le mois dernier sur la chaîne britannique ultra-conservatrice GB News.

En France, pays très rétif à ce type de relecture, l'essayiste Raphaël Enthoven avait dénoncé en 2020 ces "censeurs modernes" comme étant "l'avant-garde de la Peste identitaire".

Jeunes générations 

Mais au nom de l'authenticité et de l'antiracisme, des écrivains sont favorables aux "readers". Comme l'Américaine Adele Holmes, qui a pris l'initiative de faire appel à Patrice Williams Marks pour son premier livre ("Winter's Reckoning", 2022).

Cette dernière a identifié, explique-t-elle à l'AFP, "des points liés au privilège blanc et au rôle du sauveur blanc". Et plus prosaïquement, pour le personnage d'une femme noire décrite comme ayant des cheveux "soyeux", elle lui a suggéré d'utiliser plutôt le mot "frisés" pour coller à la réalité.

Adele Holmes juge que la relectrice l'a "immensément aidée". Quant aux critiques, elle dit penser qu'elles émanent de personnes se sentant "menacées" par les revendications de minorités, dans un monde de l'édition connu pour être majoritairement blanc.

Pour Lola Isabel Gonzalez, cette montée des relecteurs sensibles reflète l'évolution d'une partie de la société.

"Je ne pense pas que j'aurais pu faire ce métier à une autre époque", affirme-t-elle, en se réjouissant que la "génération Z" questionne les faits établis. "Les plus jeunes générations comprennent l'importance de la relecture sensible", quand "les générations plus âgées ont peut-être du mal à la voir comme un progrès culturel", estime-t-elle.


JO-2024: le relais de la flamme olympique a commencé après son allumage en Grèce

C'est dans le sanctuaire antique d'Olympie, devant les ruines vieilles de 2.600 ans du temple d'Héra, que la flamme pour les Jeux qui se tiendront du 26 juillet au 11 août a été allumée vers 12h15 heure locale (09h15 GMT)
C'est dans le sanctuaire antique d'Olympie, devant les ruines vieilles de 2.600 ans du temple d'Héra, que la flamme pour les Jeux qui se tiendront du 26 juillet au 11 août a été allumée vers 12h15 heure locale (09h15 GMT)
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  • C'est dans le sanctuaire antique d'Olympie, devant les ruines vieilles de 2.600 ans du temple d'Héra, que la flamme pour les Jeux qui se tiendront du 26 juillet au 11 août a été allumée vers 12h15 heure locale (09h15 GMT)
  • Le président du CIO, l'Allemand Thomas Bach, a insisté sur le message d'«espoir» que porte la flamme olympique, symbole de paix dans l'Antiquité, dans un climat international marqué notamment par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient

OLYMPIE, Grèce : A presque 100 jours de l'ouverture des JO de Paris, le relais de la flamme olympique a débuté mardi après son allumage à Olympie, en Grèce, lors d'une cérémonie marquée par des messages d'espoir dans un contexte international très tendu.

C'est dans le sanctuaire antique d'Olympie, devant les ruines vieilles de 2.600 ans du temple d'Héra, que la flamme pour les Jeux qui se tiendront du 26 juillet au 11 août a été allumée vers 12h15 heure locale (09h15 GMT).

Mais en raison d'un ciel nuageux sur le site des premiers Jeux olympiques de l'Antiquité, l'allumage n'a pas pu se faire avec les rayons du soleil comme le veut la tradition antique.

Il a été réalisé avec une flamme de réserve conservée lors de la répétition générale de lundi grâce à l'intervention de «prêtresses» vêtues de longues robes claires inspirées des vêtements des Grecs anciens.

Le président du Comité international olympique (CIO), l'Allemand Thomas Bach, a insisté sur le message d'«espoir» que porte la flamme olympique, symbole de paix dans l'Antiquité, dans un climat international marqué notamment par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.

- «Espoir» -

«Dans notre cœur à tous, nous aspirons à quelque chose qui nous rassemble à nouveau, à quelque chose qui nous unifie, à quelque chose qui nous donne de l'espoir», a-t-il souligné.

«La flamme olympique que nous allumons aujourd'hui symbolise cet espoir», a également affirmé l'Allemand en présence notamment de la présidente de la République hellénique, Katerina Sakellaropoulou, de la ministre française des Sports et des JO Amélie Oudéa-Castéra ou encore de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Le président du comité d'organisation des Jeux de Paris, Tony Estanguet, a également vu dans ces JO «plus que jamais une force d'inspiration (...) pour nous tous et pour les générations futures».

La torche a ensuite été emmenée dans le stade antique pour être remise au premier relayeur, le Grec Stefanos Ntouskos, champion olympique d'aviron à Tokyo en 2021, qui a également brandi un rameau d'olivier.

Tout sourire, la nageuse Laure Manaudou, qui avait décroché son titre olympique sur 400 m nage libre aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004, lui a succédé en tant que première relayeuse française.

«C'est un bon moment et une chance d'être ici», a-t-elle indiqué, évoquant sa «fierté» et sa «joie» d'être la première relayeuse française. «J'espère que tous les porteurs de la flamme ressentiront cela.»

«On compte sur toi pour allumer le feu!», lui avait lancé peu auparavant Tony Estanguet.

La flamme olympique va maintenant entamer un vaste périple qui la mènera jusqu'à Paris le 26 juillet.

Son parcours d'Olympie jusqu’à la ville hôte des est l’un des événements les plus symboliques associés aux Jeux, les relayeurs apportant un message de paix.

- 600 relayeurs -

Six cents relayeurs se passeront la flamme durant les onze jours où elle va sillonner la Grèce, parcourant 5.000 km à travers sept îles, dix sites archéologiques et le Rocher de l'Acropole, vendredi, où elle passera une nuit à côté du Parthénon.

Elle rejoindra finalement le port du Pirée, au sud d'Athènes, et embarquera le 26 avril à bord du trois-mâts Belem à destination de Marseille, dans le sud-est de la France, où quelque 150.000 personnes sont attendues pour l»accueillir le 8 mai.

A partir de cette date, le symbole des JO traversera toute la France, passant par les Antilles et la Polynésie française, pour arriver à Paris le jour de la cérémonie d'ouverture.

A Paris, à la veille de l'allumage de la flamme, Emmanuel Macron a lancé lundi le compte à rebours des JO. Le président français s'est voulu rassurant sur la sécurité autour de la cérémonie d'ouverture prévue sur la Seine,tout en évoquant des solutions de repli, «limitée au Trocadéro» ou dans le Stade de France, en cas de menace terroriste.

La cérémonie d'allumage de la flamme s'est déroulée près du stade où les jeunes athlètes de l'Antiquité disputèrent leurs premiers Jeux au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. A l'époque, les femmes étaient interdites de participation, et le resteront jusqu'à l'abolition des Jeux antiques en 393 ap. J.-C.

Mais à Paris, «ce seront les tout premiers Jeux Olympiques avec une parfaite parité femmes-hommes», a souligné Thomas Bach.


Un artiste israélien ferme son exposition à la Biennale de Venise jusqu'à ce qu'un "accord de cessez-le-feu soit conclu".

Surnommée les "Jeux olympiques du monde de l'art", la Biennale est l'un des principaux événements du calendrier artistique international. (Shutterstock)
Surnommée les "Jeux olympiques du monde de l'art", la Biennale est l'un des principaux événements du calendrier artistique international. (Shutterstock)
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  • "J'ai donc décidé que le pavillon n'ouvrirait que lorsque la libération des otages et l'accord de cessez-le-feu auront eu lieu", a-t-elle ajouté. "C'est notre décision et nous nous y tenons.
  • "Toute représentation officielle d'Israël sur la scène culturelle internationale est une approbation de ses politiques et du génocide à Gaza", indique la déclaration en ligne du collectif Art Not Genocide Alliance (ANGA).

DUBAI : L'artiste israélienne Ruth Patir a fermé son pavillon national à la Biennale d'art de Venise, déclarant qu'elle ne le rouvrira que lorsqu'un "accord de cessez-le-feu sera conclu" entre Israël et le Hamas. 

Patir a déclaré dans un communiqué sur Instagram : "J'ai le sentiment que le temps de l'art est perdu et j'ai besoin de croire qu'il reviendra. Nous (Tamar, Mira et moi) sommes devenus l'actualité, pas l'art. Et donc, si on me donne une scène aussi remarquable, je veux que cela compte.

"J'ai donc décidé que le pavillon n'ouvrirait que lorsque la libération des otages et l'accord de cessez-le-feu auront eu lieu", a-t-elle ajouté. "C'est notre décision et nous nous y tenons. Je suis une artiste et une éducatrice, je m'oppose fermement au boycott culturel, mais comme j'ai le sentiment qu'il existe des réponses et que je ne peux faire que ce que je peux avec l'espace dont je dispose, je préfère élever ma voix avec ceux que je soutiens dans leur cri, cessez le feu maintenant, ramenez les gens de leur captivité. Nous n'en pouvons plus.

En février, des milliers de personnes, dont des artistes, des conservateurs et des directeurs de musée, ont signé un appel en ligne demandant qu'Israël soit exclu de la foire d'art de cette année et accusant le pays de "génocide" à Gaza.

"Toute représentation officielle d'Israël sur la scène culturelle internationale est une approbation de ses politiques et du génocide à Gaza", indique la déclaration en ligne du collectif Art Not Genocide Alliance (ANGA).

L'ANGA a rappelé que la Biennale de Venise avait déjà banni l'Afrique du Sud en raison de sa politique d'apartheid fondée sur la domination d'une minorité blanche et exclu la Russie après l'invasion de l'Ukraine en 2022.

Le ministre italien de la culture, Gennaro Sangiuliano, a déclaré que l'appel était un "diktat inacceptable et honteux de ceux qui se croient les gardiens de la vérité et qui, avec arrogance et haine, pensent pouvoir menacer la liberté de pensée et d'expression créative".

Surnommée les "Jeux olympiques du monde de l'art", la Biennale est l'un des principaux événements du calendrier artistique international. L'édition de cette année, intitulée "Foreigners Everywhere", accueillera des pavillons de 90 pays entre le 20 avril et le 24 novembre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Francillonne et Aebersold victorieux aux championnats juniors d'escrime à Riyadh

Les concurrents sur le podium. (Fournie)
Les concurrents sur le podium. (Fournie)
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  • Francillonne a battu la Canadienne Julia Yin 15-12 en finale de l'épée individuelle féminine. Francillonne a battu l'Américaine Leehi Machulsky 15-14 en demi-finale.
  • L'équipe saoudienne est représentée par Ahmed Hazazi, Youssef Al-Banali, Ali Al-Fuzai, Dania Al-Saeed, Yasmeen Al-Saleh et Dana Al-Saeed.

RIYADH : La Française Océane Francillonne et le Suisse Alban Aebersold ont remporté des médailles d'or à l'épée individuelle lundi, alors que les jeunes escrimeurs se rencontrent dans la capitale saoudienne Riyadh pour les Championnats du monde d'escrime juniors et cadets.

Francillonne a battu la Canadienne Julia Yin 15-12 en finale de l'épée individuelle féminine. Francillonne a battu l'Américaine Leehi Machulsky 15-14 en demi-finale.

Machulsky a remporté le bronze, et l'Italienne Anita Corradino a reçu l'autre bronze.

En finale de l'épée individuelle masculine, Aebersold a battu le Britannique Alec Brooke 15-13. Le jeune Suisse a battu l'Américain Samuel Imrek 15-9 sur le chemin de la médaille d'or. Imrek et l'Italien Nicolo del Contrasto ont tous deux remporté le bronze.

Le président de la Fédération saoudienne d'escrime, Ahmed Al-Sabban, et le vice-président Mohammed Bou Ali, ont remis les médailles aux vainqueurs lors de la quatrième journée de la compétition internationale qui se déroule jusqu'au 20 avril.

La compétition, qui se déroule au King Saud University Sports Arena, réunit 169 femmes et 214 hommes.ar

L'équipe saoudienne est représentée par Ahmed Hazazi, Youssef Al-Banali, Ali Al-Fuzai, Dania Al-Saeed, Yasmeen Al-Saleh et Dana Al-Saeed.

Mardi se dérouleront les compétitions d'épée pour les hommes et les femmes de moins de 20 ans.  

Abd Almonem Al-Husseini, vice-président de la Fédération internationale d'escrime, a fait l'éloge de l'organisation de l'événement. Il a également salué les efforts remarquables de tous les comités et les énormes capacités fournies par le comité d'organisation.

M. Al-Husseini a prédit un développement rapide et important de l'escrime saoudienne dans les années à venir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com