Au Caire, le chef de la diplomatie turque annonce une prochaine rencontre Sissi-Erdogan

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri rencontre son homologue turc Mevlut Cavusoglu au Caire (AFP).
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukri rencontre son homologue turc Mevlut Cavusoglu au Caire (AFP).
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Publié le Samedi 18 mars 2023

Au Caire, le chef de la diplomatie turque annonce une prochaine rencontre Sissi-Erdogan

  • M. Cavusoglu avait reçu M. Choukri fin février en Turquie après le séisme qui a affecté près d'un sixième de la population turque
  • Sur le plan commercial, les échanges entre l'Egypte et la Turquie n'ont jamais cessé

LE CAIRE: Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé samedi au Caire "préparer une rencontre" entre les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et égyptien Abdel Fattah al-Sissi, pour sceller la fin d'une décennie de brouille entre les deux pays.

Lors d'une conférence de presse avec son homologue égyptien Sameh Choukri, M. Cavusoglu a dit "vouloir restaurer les relations diplomatiques entre les deux pays au plus haut niveau".

"Il est possible que l'on soit en désaccord dans le futur mais nous ferons tout pour éviter de rompre nos relations à nouveau", a-t-il assuré.

M. Cavusoglu avait reçu M. Choukri fin février en Turquie après le séisme qui a affecté près d'un sixième de la population turque.

Les relations entre les deux pays avaient été brutalement rompues depuis l'arrivée au pouvoir du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en 2013.

La destitution par M. Sissi du premier président démocratiquement élu d'Egypte Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans et grand allié de la Turquie, faisait alors répéter au président turc Recep Tayyip Erdogan, qu'il ne parlerait "jamais" à "quelqu'un comme" M. Sissi.

Au lendemain du séisme du 6 février qui a fait près de 48 500 morts en Turquie, les deux hommes s'étaient toutefois parlé par téléphone après avoir échangé leur toute première poignée de main en novembre à la Coupe du monde au Qatar, un autre pays avec lequel l'Egypte a récemment renoué après l'avoir accusé de proximité avec les Frères musulmans.

Samedi, M. Cavusoglu a assuré qu'"après les élections" turques, dont la présidentielle prévue le 14 mai, "notre président rencontrera le président Sissi".

Sur le plan commercial, les échanges entre l'Egypte et la Turquie n'ont jamais cessé: ils sont passés de 4,4 milliards de dollars en 2007 à 11,1 milliards de dollars en 2020, note le centre de recherche Carnegie. En 2022, Ankara a même été le premier importateur de produits égyptiens pour une valeur de quatre milliards de dollars.

Mais les désaccords demeurent entre les deux capitales, Istanbul étant devenue "la capitale" des médias arabes critiques de leurs gouvernements, en particulier ceux proches de la confrérie des Frères musulmans, considérés comme "terroristes" par le Caire.


Au Maghreb, les Libyens aussi veulent mettre leur couscous à l'honneur

Des chefs préparent une grande assiette de couscous lors d'un événement célébrant la Journée du couscous libyen dans la ville de Qasr al-Haj, à environ 130 kilomètres de la capitale Tripoli, le 10 mars 2022. (Photo de Mahmud Turkia / AFP)
Des chefs préparent une grande assiette de couscous lors d'un événement célébrant la Journée du couscous libyen dans la ville de Qasr al-Haj, à environ 130 kilomètres de la capitale Tripoli, le 10 mars 2022. (Photo de Mahmud Turkia / AFP)
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  • Sur le site du théâtre antique romain de Sabratha, à environ 70 kilomètres à l'ouest de la capitale Tripoli, des dizaines de cuisiniers s'activent: dans quelques heures, ils présenteront au public un couscous géant
  • La Libye est le seul pays du Maghreb ne figurant pas dans les traditions du couscous inscrites depuis 2020 au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco

SABRATHA: Plat du Maghreb associé au Maroc, à l'Algérie et à la Tunisie, le couscous est aussi une affaire libyenne. Après un demi-siècle de dictature et de chaos, les Libyens aspirent à une reconnaissance internationale pour leur patrimoine gastronomique et culturel.

Sur le site du théâtre antique romain de Sabratha, à environ 70 kilomètres à l'ouest de la capitale Tripoli, des dizaines de cuisiniers s'activent: dans quelques heures, ils présenteront au public un couscous géant, spécialité berbère cuisinée dans toute l'Afrique du Nord.

"Je n'ai pas dormi de la nuit", confie à l'AFP l'un des marmitons, se reposant quelques minutes sur une chaise de jardin, un grand sourire fatigué sur le visage.

Dans d'immenses faitouts en inox, d'autres continuent de remuer la semoule rougie par la sauce tomate et entassent les ingrédients déjà prêts dans de grandes assiettes recouvertes de papier d'aluminium.

Sur un plat de quatre mètres de diamètre, on verse ensuite les près de 2.400 kilogrammes de semoule, de viande de mouton, de potiron, et, surtout, de l'incontournable "bossla", ces oignons confits au beurre clarifié.

Les familles se rassemblent joyeusement autour du plat géant, gardé par des policiers, pendant que des jeunes filment la scène avec leurs téléphones.

Portant un manteau noir et un voile rouge, Ahlam Fakhri, venue de Tripoli, se réjouit de voir les Libyens se réunir, dans un contexte de tensions politiques et après les violences armées ayant suivi la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.

"Je viens d'un village connu pour son couscous, qu'on peut sentir à des kilomètres à la ronde", vante cette femme médecin qui a beaucoup voyagé.

«Patrimoine pas protégé»

"Tout le Maghreb est réputé pour son couscous, qui nous distingue de l'Orient arabe", s'enorgueillit-elle: "C'est une partie de notre identité, de notre culture, de notre patrimoine et nous en sommes fiers".

Pourtant, la Libye est le seul pays du Maghreb ne figurant pas dans les traditions du couscous inscrites depuis 2020 au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. La raison: l'Etat n'a pas adhéré à cette convention onusienne.

Alors sur le terrain, la société civile se mobilise à travers diverses initiatives pour faire "avancer le dossier en mettant la pression" sur les autorités, embourbées dans une grave crise politique dans ce pays divisé entre camps rivaux.

Avec son association destinée à soutenir le tourisme et préserver le patrimoine, Ali Messaoud Al-Ftimi organise chaque année un couscous géant sur un site historique, pour faire passer "un message au Parlement".

"Adhérer à cette convention ne permettra pas uniquement de préserver le couscous, la Libye est riche en culture et patrimoine et ce patrimoine n'est pas protégé", regrette le militant associatif de 54 ans.

Le couscous géant, comme la journée nationale des vêtements traditionnels et d'autres initiatives, est le fruit "d'un élan populaire", dit-il, espérant que les parlementaires ratifieront la convention internationale "dans un avenir proche".

«Plus qu'un plat»

La Libye pourrait ainsi rejoindre la Mauritanie, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sur le dossier du couscous "car une inscription ne signifie pas la propriété ou l'exclusivité" définitive par un ou plusieurs pays, assure l'Unesco.

A Tripoli, Monira Zwait dit l'espérer de tout son coeur. Cette cheffe de 43 ans a ouvert son propre restaurant dans la capitale, partageant sur Facebook et YouTube ses créations pâtissières inspirées des tendances actuelles. Mais le couscous reste une "ligne rouge": elle respecte scrupuleusement la recette traditionnelle.

Des broderies dorées libyennes sur son uniforme blanc de cheffe, elle prépare son mets préféré en versant une pincée de sel, un peu de piment en poudre et une petite touche de cannelle qui laissera un arrière-goût de friandise.

"Le couscous n'est pas qu'un plat qu'on mange, c'est le miroir d'une civilisation et d'un savoir- faire transmis de génération en génération", insiste Monira Zwait, initiée très jeune par sa mère.

Très attachée au patrimoine, elle le défend de la manière "la plus simple", en continuant de cuisiner les plats traditionnels. La nourriture "parle à tout le monde", dit-elle, car elle nous renvoie à une expérience "à la fois collective et intime".


L'Irak fixe au 6 novembre ses premières élections provinciales en dix ans

Cette photo prise le 9 mars 2023 montre un panneau d'affichage représentant le drapeau national irakien installé par les forces de sécurité irakiennes et affiché sur la place Tahrir de Bagdad. (Photo AHMAD AL-RUBAYE / AFP)
Cette photo prise le 9 mars 2023 montre un panneau d'affichage représentant le drapeau national irakien installé par les forces de sécurité irakiennes et affiché sur la place Tahrir de Bagdad. (Photo AHMAD AL-RUBAYE / AFP)
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  • «Les élections provinciales auront lieu le 6 novembre 2023», ont décidé les députés dans la nuit de dimanche à lundi, selon un communiqué du service des médias du Parlement
  • Elles concernent 15 des 18 provinces irakiennes, les trois provinces de la région autonome du Kurdistan d'Irak (nord) n'étant pas concernées

BAGDAD: Le Parlement irakien a fixé lundi au 6 novembre les prochaines élections aux conseils provinciaux, une première en dix ans pour ces instances qui avaient été dissoutes dans la foulée du mouvement de protestation anti-pouvoir de 2019.

"Les élections provinciales auront lieu le 6 novembre 2023", ont décidé les députés dans la nuit de dimanche à lundi, selon un communiqué du service des médias du Parlement.

Elles concernent 15 des 18 provinces irakiennes, les trois provinces de la région autonome du Kurdistan d'Irak (nord) n'étant pas concernées.

Dans un Irak fédéral, les conseils provinciaux ont un pouvoir relativement important. Ils allouent des budgets dans les secteurs de la santé, des transports ou de l'éducation.

Le scrutin du 6 novembre sera le premier du genre depuis 2013. A l'époque, les listes du Premier ministre d'alors, Nouri al-Maliki, étaient arrivées en tête.

Les élections provinciales suivantes auraient dû avoir lieu en 2018, mais elles avaient été reportées. Et, un an plus tard, alors qu'un vaste et inédit mouvement anti-pouvoir secouait l'Irak, les protestataires avaient exigé et obtenu la dissolution des conseils provinciaux.

Car une partie de l'opposition et de la société civile voit dans ces conseils des nids à corruption.

Ces entités, créées par la Constitution de 2005 après la chute du régime de Saddam Hussein, "ouvrent grand la porte à la corruption. Nous refusons qu'ils soient rétablis", a déclaré à l'AFP le député indépendant Alaa al-Rikabi, issu du mouvement de protestation de 2019.


Jerusalem-Est: Des colons israéliens agressent des prêtres et des fidèles dans une église

Selon le gouvernorat de Jérusalem, les colons ont pris d'assaut l'église du Sépulcre de la Sainte Vierge et ont tenté de vandaliser le sanctuaire. (Archive/AFP).
Selon le gouvernorat de Jérusalem, les colons ont pris d'assaut l'église du Sépulcre de la Sainte Vierge et ont tenté de vandaliser le sanctuaire. (Archive/AFP).
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  • Le gouvernorat de Jérusalem a indiqué dans une déclaration que les colons avaient pris d'assaut l'église du Sépulcre de la Sainte Vierge
  • Cette attaque a été dénoncée par le Comité présidentiel pour les affaires ecclésiastiques, une organisation indépendante qui gère les affaires des églises et des lieux de culte chrétiens

RAMALLAH: Dimanche dernier, deux colons israéliens ont attaqué des religieux et des croyants qui priaient dans une église de Jérusalem-Est.

Le gouvernorat de Jérusalem a indiqué dans une déclaration que les colons avaient pris d'assaut l'église du Sépulcre de la Sainte Vierge. Ils ont proféré des insultes en tentant de vandaliser le sanctuaire.

Le citoyen Hamza Ajaj s'est opposé aux colons. L'un a été arrêté et l'autre a pris la fuite.

Bilal Abou Nab, témoin oculaire, raconte qu'il s'est précipité vers l’église dès qu'il a appris que deux colons l'avaient prise d'assaut. Au moment où il est arrivé, l'un d’eux se tenait sur les marches du sanctuaire et criait. Armé d'un bâton clouté, le second colon a agressé les membres du clergé et les fidèles. Bilal affirme que l'un des prêtres a été blessé au front.

La police a mis plus de trente minutes pour arriver sur les lieux, selon des habitants de la ville.

L'archevêque Mounib Younan, ancien chef de l'Union des églises luthériennes, explique à Arab News que c'est la sixième fois cette année que des Lieux saints chrétiens de Jérusalem subissent des attaques.

Il confie: «Cette attaque est inadmissible et nous la dénonçons, mais les attaques que nous subissons, en tant que Palestiniens chrétiens et musulmans, ne nous dissuaderont pas de rester à Jérusalem.»

Pour l'archevêque Younan, les agresseurs ne souffrent pas de troubles mentaux comme les autorités israéliennes essaient souvent de l’établir.

Il estime que, à Jérusalem, la crise politique prend désormais une dimension religieuse en raison de ces attaques. Les chrétiens ne sont pas favorables à ce scénario, selon lui.

Il précise que «les responsables des églises craignent que ces attaques ne dissuadent les chrétiens de rester implantés en Terre sainte».

Le conseiller des responsables des églises de la Terre sainte, Wadih Abou Nassar, affirme de son côté que la police israélienne considère souvent les agresseurs comme des personnes atteintes de troubles mentaux. C’est pour cette raison qu’elle relâche souvent les auteurs d'attentats, invoquant l'absence de preuves.

Cette attaque a été dénoncée par le Comité présidentiel pour les affaires ecclésiastiques, une organisation indépendante qui gère les affaires des églises et des lieux de culte chrétiens.

En effet, le président du comité, Ramzi Khoury, a condamné cet incident. Il a précisé qu'il s'était produit juste avant le ramadan et à l'approche des fêtes chrétiennes.

Selon lui, la prise d'assaut de la mosquée Al-Aqsa et les attaques continues contre les églises enfreignent toutes les conventions internationales. Il a par ailleurs exhorté les Nations unies, la Cour pénale internationale et les églises du monde entier à engager des actions immédiates contre les pratiques israéliennes qui se poursuivent.

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères a condamné l'attaque. Il a lancé un appel aux États-Unis et à la communauté internationale pour intervenir de manière ferme afin de dissuader les colons de s’introduire sur le territoire palestinien et sur les Lieux saints du pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com