Dans le Sud du Maroc, à la recherche du patrimoine juif oasien

Une femme est assise dans une ruelle du quartier juif, ou mellah, du village de Tagadirt dans la région oasis de Tata au Maroc, le 28 février 2023. (AFP)
Une femme est assise dans une ruelle du quartier juif, ou mellah, du village de Tagadirt dans la région oasis de Tata au Maroc, le 28 février 2023. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 19 mars 2023

Dans le Sud du Maroc, à la recherche du patrimoine juif oasien

  • Présente depuis l'Antiquité, grossie au XVe siècle par l'expulsion des séfarades d'Espagne, la communauté juive du Maroc comptait 250.000 membres au milieu du XXe siècle, avant les vagues de départs
  • «L'urgence est de travailler sur ce type d'espaces vulnérables qui risquent de disparaître alors qu'ils renferment des pans de l'histoire judéo-marocaine», explique un archéologue

AKKA: Au coeur d'une synagogue de la palmeraie d'Akka, deux archéologues, un Marocain et un Israélien, scrutent le sol à la recherche du moindre fragment, témoin de la présence juive millénaire dans les oasis du Sud du Maroc.

Ces fouilles inédites s'inscrivent dans le cadre d'un projet d'exploration et de réhabilitation du patrimoine juif oasien, tombé en désuétude après le départ d'une grande partie des juifs du Maroc en 1967.

La découverte, ce matin-là, d'un morceau de manuscrit religieux en hébreu est "un signe d'en haut", plaisante auprès de l'AFP l'archéologue israélien Yuval Yekutieli, de l'Université Ben Gourion du Néguev, membre d'une équipe de six chercheurs marocains, israéliens et français.

Une collaboration scientifique facilitée par la normalisation diplomatique entre Maroc et Israël en décembre 2020.

Bâtie en terre dans la tradition architecturale présaharienne, la synagogue du village de Tagadirt a été sauvée in extremis de la ruine. Nichée au milieu du "mellah" (quartier juif), elle permet de comprendre la vie de la communauté d'Akka, autrefois carrefour du commerce transsaharien.

"L'urgence est de travailler sur ce type d'espaces vulnérables qui risquent de disparaître alors qu'ils renferment des pans de l'histoire judéo-marocaine", explique Saghir Mabrouk, archéologue à l'Institut marocain INSAP.

Présente depuis l'Antiquité, grossie au XVe siècle par l'expulsion des séfarades d'Espagne, la communauté juive du Maroc comptait 250.000 membres au milieu du XXe siècle, avant les vagues de départs qui suivirent la création de l'Etat d'Israël. Ils sont environ 2.000 aujourd'hui.

Mais l'établissement des juifs dans les oasis marocaines demeure mal documenté.

"Ce projet vise à étudier cette communauté en tant que partie intégrante de la société marocaine et non sous un angle judéocentré", insiste l'anthropologue israélienne Orit Ouaknine, d'origine marocaine.

Pillages 

La journée avance et les archéologues classent des fragments de livres religieux, des amulettes et autres objets enterrés sous la "bimah", une plateforme rehaussée au centre de la synagogue d'où est lue la Torah.

"Le plus étonnant c'est que personne n'avait écrit auparavant sur cet enfouissement", souligne Yuval Yekutieli, et "il a fallu faire des fouilles pour le découvrir".

Car s'il est obligatoire de ne pas jeter ou détruire les textes invoquant le nom de Dieu, il est inhabituel de les enterrer à un tel endroit.

Parmi le matériel répertorié, des lettres, des contrats commerciaux et de mariage, ainsi que des ustensiles de la vie courante et des pièces de monnaie.

La synagogue commençait à tomber en ruine quand des pillards ont tenté de dérober le trésor enterré.

"La bonne nouvelle, c'est qu'une des poutres s'est effondrée, rendant l'accès impraticable", raconte l'archéologue israélien.

A 100 km d'Akka, une tentative de pillage similaire a été constatée dans la synagogue d'Aguerd Tamanart, où des fouilles ont commencé en 2021.

Cette fois, l'héritage archéologique n'était pas enterré mais caché dans un entrepôt secret derrière un mur cassé. La majorité des objets a pu être sauvée, dont 100.000 fragments de manuscrits, des amulettes, etc.

«Précieux témoignages»

A Aguerd Tamanart comme à Tagadirt, c'est l'architecte marocaine Salima Naji qui a conduit la restauration, en terre crue, dans le respect de la tradition de cette région aride déshéritée.

"Il y a plus de dix ans, j'avais commencé par faire la typologie de toutes les synagogues de la région. Mon expérience de réhabilitation des mosquées et des ksour (villages fortifiés) m'a aidée à mieux appréhender celle des synagogues", explique-t-elle.

A Tagadirt, les travaux sont toujours en cours. L'équipe de l'architecte s'active pour remettre sur pied le lanterneau qui apporte la lumière à l'édifice.

Un chantier vu d'un bon oeil par les habitants musulmans de l'ex-mellah: "c'est une bonne chose de ne pas laisser la synagogue à l'abandon", estime Mahjouba Oubaha, une artisane de 55 ans.

L'exploration du patrimoine judéo-marocain permet d'étudier les objets, l'habitat mais aussi le mode de vie des derniers résidents du mellah.

Orit Ouaknine a mené des entretiens avec d'anciens habitants juifs des deux villages, installés en Israël, aux Etats-Unis ou en France. "C'est une course contre la montre de recueillir ces précieux témoignages", explique l'anthropologue israélienne.

Au-delà du travail de mémoire, le géographe français David Goeury, spécialiste de la résilience des espaces oasiens et coordinateur du projet, trouve "ces lieux marginalisés extrêmement précieux pour comprendre comment réorienter aujourd'hui nos vies dans les métropoles".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
Short Url
  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Short Url
  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Défense civile de Gaza annonce cinq morts dans une frappe israélienne sur un abri

Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Vue générale des maisons détruites dans le camp de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Une frappe israélienne a touché une école servant d’abri à Gaza, faisant cinq morts selon la Défense civile; l’armée israélienne dit avoir visé des « suspects » et enquête sur les victimes
  • Le cessez-le-feu du 10 octobre reste fragile, avec des accusations mutuelles de violations, tandis que des médiateurs internationaux poussent vers une nouvelle phase du plan de paix

Gaza, Territoires palestiniens: La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi qu'une frappe israélienne sur une école transformée en abri pour personnes déplacées avait fait cinq morts, tandis que l'armée a affirmé avoir ouvert le feu sur des suspects.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que cinq corps avaient été retrouvés après un bombardement israélien sur l'Ecole des martyrs de Gaza, utilisée comme abri dans le quartier de Tuffah, dans l'est de la ville de Gaza.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que "pendant des opérations dans le secteur de la Ligne jaune dans le nord de la bande de Gaza, plusieurs individus suspects ont été repérés dans des structures de commandement à l'ouest de la Ligne jaune".

En vertu du cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas après deux ans de guerre, les forces israéliennes se sont retirées à l'est de cette ligne de démarcation.

L'armée a ajouté que des soldats avaient "tiré sur les individus suspects pour éliminer la menace" et dit être "au courant des allégations concernant des victimes", allégations qui sont "en cours d'examen".

L'armée "regrette tout dommage causé à des personnes non impliquées", a-t-elle ajouté.

Le cessez-le-feu dans le territoire palestinien, basé sur le plan du président américain Donald Trump, reste fragile et les deux camps s'accusent mutuellement de violations.

L'émissaire américain Steve Witkoff devait participer à une réunion vendredi à Miami, en Floride, avec des représentants de la Turquie, du Qatar et de l'Egypte, médiateurs et garants de la trêve.

Les médiateurs appellent à présent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase du plan de paix, qui prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"Notre population attend de ces pourparlers que les participants s'accordent pour mettre fin aux excès israéliens et stopper toutes les violations", a déclaré à l'AFP Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi qu'au moins 395 Palestiniens avaient été tués par des tirs israéliens depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu.

Trois soldats israéliens ont également été tués dans le territoire depuis la trêve.

Israël attend encore le retour d'un dernier corps d'otage retenu à Gaza avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase de l'accord.