Pourquoi Daech n’a toujours pas épuisé toutes ses forces malgré un déclin considérable en Irak

Des membres du Service antiterroriste irakien applaudissent en portant à l’envers le drapeau noir de Daech, avec la mosquée Al-Nouri détruite en arrière-plan, dans la vieille ville de Mossoul, le 2 juillet 2017. (AFP)
Des membres du Service antiterroriste irakien applaudissent en portant à l’envers le drapeau noir de Daech, avec la mosquée Al-Nouri détruite en arrière-plan, dans la vieille ville de Mossoul, le 2 juillet 2017. (AFP)
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Publié le Mercredi 22 mars 2023

Pourquoi Daech n’a toujours pas épuisé toutes ses forces malgré un déclin considérable en Irak

  • Seuls trois incidents ont été attribués à Daech au cours de la première semaine de mars, contre huit lors de la dernière semaine de février
  • Daech a envahi le nord de l’Irak en 2014 après avoir pris pied en Syrie au milieu du chaos qui découlait de la guerre civile brutale qui sévissait dans le pays

ERBIL (Kurdistan): Après avoir contrôlé environ un tiers du pays à l’apogée de sa puissance, y compris plusieurs grandes villes et champs pétrolifères, l’organisation terroriste Daech, en Irak, semble en phase terminale de déclin.

Incapable d’attirer de nouvelles recrues pour consolider ses effectifs en baisse ou de mener des offensives importantes, le groupe qui avait proclamé en 2014 son propre «califat» ressemble aujourd’hui à une force épuisée – du moins en Irak.

Le 12 mars, le général irakien Qaïs al-Mohamadawi a révélé que Daech compte encore environ cinq cents militants actifs dans le pays. Cependant, il souligne que ces derniers sont confinés dans des zones désertiques et des montagnes isolées et qu’ils ont perdu leur «aptitude à attirer de nouvelles recrues».

Le lendemain, la coalition dirigée par les États-Unis a expliqué sur Twitter que les réseaux de Daech «restent sous pression intense». Les forces de sécurité irakiennes et les peshmerga kurdes «ont éliminé du champ de bataille au moins cinquante-cinq personnes» parmi les militants pour le seul mois de février.

Joel Wing, auteur du blog Musings on Iraq («Réflexions sur l’Irak»), suit de près les incidents de sécurité attribués à Daech dans ce pays. Selon lui, ceux qui ont été enregistrés depuis le début du mois de mars rappellent que l’organisation est en pleine «agonie en Irak» et que le groupe est «à peine actif dans le pays».

Seuls trois incidents ont été attribués à Daech au cours de la première semaine de mars, contre huit lors de la dernière semaine de février. De plus, depuis le début de 2023, huit semaines sur neuf ont été témoins de moins de dix incidents de sécurité, ce qui, selon M. Wing, perpétue une tendance qui a commencé en 2022.

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Un combattant irakien fait le signe de la victoire au sommet d’un véhicule armé dans le village d’Albu Ajil, à Tikrit, le 8 mars 2015, lors d’une opération militaire qui visait à reprendre le contrôle de la région aux militants de Daech. (AFP)

«Je ne crois pas qu’on assistera à une renaissance de Daech de sitôt», déclare M. Wing à Arab News en utilisant un autre nom pour désigner le groupe. «Ils ont eu cinq ans pour se remettre de leur défaite à Mossoul et tous les signes indiquent que le groupe s’affaiblit, et non qu’il devient plus fort.»

Mossoul est la deuxième ville d’Irak et le plus grand centre urbain que le groupe a annexé à son prétendu califat, qui, à l’apogée de son pouvoir, au milieu des années 2010, couvrait environ un tiers de l’Irak et un tiers de la Syrie.

Les forces irakiennes ont repris Mossoul avec le soutien de la coalition dirigée par les États-Unis en juillet 2017, après des mois de combats intenses. L’Irak a déclaré la victoire sur le groupe en décembre de cette année.

Ayant perdu son califat territorial, Daech a organisé une insurrection à partir de redoutes rurales et montagneuses. Pendant des années, on a craint que le groupe ne revienne à son statut d’avant 2014 en tant que menace insurrectionnelle et reprenne un jour des pans entiers de territoire.

Il semblerait désormais que cette perspective désastreuse soit lointaine.

«Ils n’ont pas été en mesure de recruter beaucoup de nouveaux Irakiens pour leur cause», ajoute M. Wing. «Leurs principales activités sont d’essayer de faire passer clandestinement des membres de leur groupe et leurs familles de Syrie en Irak ainsi que de protéger les zones rurales qu’ils contrôlent. Il n’y a pratiquement pas d’opérations offensives et elles sont complètement absentes des centres urbains irakiens.»

En outre, même s’il est possible que Daech continue ainsi pendant des années, puisqu’il y a peu de monde et une présence gouvernementale minimale dans les zones où ils opèrent, M. Wing dit que ses membres auront «peu ou pas d’effet sur l’Irak».

Michael Knights, chercheur au département Jill and Jay Bernstein du Washington Institute for Near East Policy, pense que deux scénarios différents peuvent se dérouler.

«Si les tendances actuelles se poursuivent, Daech se dirige dans la même direction que les groupes terroristes algériens – désintégration en gangs criminels, incapacité à déstabiliser le pays et attentats terroristes occasionnels très vite oubliés», explique-t-il à Arab News, utilisant un autre acronyme pour désigner Daech.

«La question est de savoir si le gouvernement irakien va politiser les forces de sécurité et adopter un programme sectaire comme entre 2011 et 2014, redonnant ainsi vie à Daech», soutient-il.

Le gouvernement de l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki avait adopté un tel programme après que les États-Unis ont retiré leurs dernières troupes d’Irak en 2011. Par conséquent, lorsque Daech est entré à Mossoul en juin 2014, les Forces de sécurité irakiennes (FSI) n’ont pas combattu, même si elles étaient largement plus puissantes en termes d’effectifs.

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La mosquée Al-Nouri détruite, dans la vieille ville de Mossoul. (AFP)

Daech a envahi le nord de l’Irak en 2014 après avoir pris pied en Syrie au milieu du chaos qui découlait de la guerre civile brutale qui sévissait dans le pays. Si la situation sécuritaire dans l’est de la Syrie se détériore à nouveau, on redoute que cela redynamise les restes de Daech en Irak.

Après avoir visité des prisons qui détiennent des milliers de militants de Daech dans le nord-est de la Syrie au début du mois, le général Michael Kurilla, chef du commandement central de l’armée américaine, Centcom, met en garde contre la «menace imminente» que posent ces détenus.

«Entre les personnes emprisonnées en Syrie et en Irak, une véritable armée de l’État islamique est en détention», prévient-il dans un communiqué du Centcom. «Si ce groupe était libéré, il constituerait une grande menace au niveau régional et au-delà.»

Le camp d’Al-Hol, dans l’est de la Syrie, abrite également des dizaines de milliers de proches de militants présumés de Daech. Environ la moitié de ces personnes sont des citoyens irakiens.

En janvier 2022, des détenus de Daech de la prison de Ghwayran, dans la ville de Hassaké, au nord-est de la Syrie, se sont révoltés, agissant de manière coordonnée avec une tentative extérieure pour les libérer. Cet événement a donné lieu à dix jours de combats acharnés avec les forces de sécurité dirigées par les Kurdes. Daech aurait préparé des manœuvres similaires pour le camp d’Al-Hol.

«Faire sortir les gens d’Al-Hol et les faire entrer en Irak est une priorité majeure puisqu’ils n’ont pas été en mesure de rallier beaucoup de nouvelles personnes à leur cause en Irak», poursuit M. Wing. «Ils comptent donc sur le fait de faire sortir leurs membres actuels du camp syrien pour essayer de renforcer leur nombre, mais cela n’a pas du tout renforcé leurs capacités.»

Ryan Bohl, analyste principal pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au sein de la société de renseignement sur les risques Rane, souligne l’importance de rappeler le contexte dans lequel Daech a initialement émergé afin de «mieux comprendre les conditions qui lui permettraient de revenir à l’avenir».

«Daech a émergé dans un contexte de vide politique d’abord causé par l'invasion américaine de l’Irak, puis par la guerre civile syrienne qui a commencé en 2011», explique M. Bohl dans un entretien accordé à Arab News. «Il a pu mieux développer et exploiter les griefs locaux au profit de son programme radical lorsque ses rivaux étaient divisés et lorsqu’il n’était pas le centre d’attention d’une puissance majeure comme les États-Unis, la Turquie ou la Russie.»

«Aujourd'hui, l’Irak, malgré de profonds dysfonctionnements politiques et de la violence, n’est pas aussi divisé qu’il l’était lors de la préparation de l’intervention militaire contre Daech en Irak, en 2014. La guerre civile en Syrie s’est stabilisée, leur laissant peu de place pour se développer là-bas également.»

Néanmoins, éradiquer complètement un groupe comme Daech restera une tâche difficile, voire impossible, pour les autorités irakiennes.

«Il y aura toujours le recrutement en ligne et des griefs localisés qui peuvent se transformer en petites cellules ou en attaquants individuels radicalisés», précise M. Bohl. «Le contrat social de l’Irak reste également fracturé, et avant qu’il n’y ait un consensus fort et durable au pouvoir, le radicalisme de tous bords trouvera toujours sa place.»

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«Entre les personnes emprisonnées en Syrie et en Irak, une véritable armée de l’État islamique est en détention», prévient le général Michael Kurilla, chef du commandement central américain. (Photo fournie)

L’analyste considère que la Syrie est l’endroit le plus probable à partir duquel Daech pourrait réapparaître dans la région. Cependant, il faudrait d’abord qu’il y ait un changement stratégique comme un retrait américain ou un vide politique causé par le fait que Damas rétablisse de force sa domination sur la région.

«Dans ces conditions, il deviendrait possible pour Daech de reprendre des initiatives dans ce domaine et de se servir du nord-est de la Syrie pour attaquer l’Irak», explique-t-il.

«Cependant, il ne faut pas totalement exclure la possibilité que Daech puisse ressurgir en Irak, en particulier si les problèmes politiques y deviennent graves au point de raviver une guerre confessionnelle.»

«Dans ces circonstances [peu probables], Daech aurait une fois de plus la possibilité de rétablir le contrôle territorial en Irak, même si la Syrie restait stable.»

M. Knights souligne également que toute chance de résurgence réussie de Daech en Irak dépend de la gestion par Bagdad de ses forces de sécurité.

«La Syrie est comparable à un congélateur dans lequel Daech peut hiberner en attendant le printemps en Irak», renchérit-il. «Si le gouvernement irakien gère mal le dossier de la sécurité, alors une pollinisation transfrontalière pourrait recommencer.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.co


L’adoption de l’IA peut contribuer à hauteur de 150 milliards de dollars aux économies du CCG, selon un rapport

Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe. (Photo, AFP)
Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe. (Photo, AFP)
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  • Si les résultats montrent que l’adoption de l’IA reste relativement faible dans la région MENA, elle est néanmoins plus élevée que dans d’autres régions, selon l’étude
  • Les entreprises doivent se concentrer sur le renforcement de leurs capacités en matière d’IA dans quatre domaines cruciaux afin d’exploiter pleinement leur potentiel

LONDRES: L’adoption de l’intelligence artificielle (IA) pourrait contribuer aux économies des pays du Golfe à hauteur de 150 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro), soit l’équivalent d’environ 9% de leur PIB combiné, selon un récent rapport du cabinet international de conseil McKinsey.

L’étude indique que cette estimation pourrait être rapidement dépassée, compte tenu des progrès rapides de technologies telles que l’IA générative.

Vinay Chandran, associé chez McKinsey, a mis l’accent sur le pouvoir de transformation de l’IA en déclarant: «Avec le rythme rapide de l’innovation technologique, l’IA est devenue une force transformatrice qui remodèle les industries et les sociétés.»

«Nous pensons qu’elle a le potentiel d’apporter une valeur ajoutée considérable dans les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) du Moyen-Orient.»

Le cabinet de conseil a mené une enquête en ligne, en collaboration avec le GCC Board Directors Institute, auprès de 119 cadres supérieurs et membres de conseils d’administration de six pays du Golfe dans divers secteurs d’activité.

Parmi ces secteurs figurent le commerce de détail, les services professionnels, l’énergie, les projets d’investissement et les services financiers.

Si les résultats montrent que l’adoption de l’IA reste relativement faible dans le Golfe, elle est néanmoins plus élevée que dans d’autres régions.

En fait, 62% des personnes interrogées ont rapporté que leur organisation utilisait l’IA pour au moins une fonction de l’entreprise, devançant l’Amérique du Nord (59%), l’Europe (48%) et la région Asie-Pacifique (55%).

Alors que la quatrième révolution industrielle est en marche, les gouvernements et les entreprises du Moyen-Orient sont de plus en plus conscients de l’évolution mondiale vers l’IA et les technologies de pointe.

Toutefois, l’enquête suggère que les entreprises qui utilisent actuellement l’IA commencent tout juste à explorer le plein potentiel de cette technologie.

Le cabinet de conseil international PwC estime que d’ici 2030, l’IA pourrait apporter 320 milliards de dollars aux économies du Moyen-Orient, soit 2% du total des bénéfices mondiaux de l’IA.

La croissance annuelle de la contribution de l’IA dans la région devrait se situer entre 20 et 34%, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite étant en tête de file.

M. Chandran a fait remarquer qu’au cours des cinq dernières années, les recherches de McKinsey ont révélé une différence frappante entre les entreprises les plus performantes et leurs concurrents, les premières tirant 20% ou plus de leurs bénéfices de l’IA.

Selon lui, pour que les entreprises du CCG suivent cet exemple, elles doivent se concentrer sur le renforcement de leurs capacités en matière d’IA dans quatre domaines cruciaux: la stratégie, l’organisation et les talents, les données et la technologie ainsi que l’adoption et la mise à l’échelle.

Toutefois, plusieurs répondants ont attiré l’attention sur les difficultés considérables qu’ils rencontrent pour développer leurs capacités en matière d’IA en raison de diverses préoccupations.

Pour surmonter ces obstacles, le rapport conseille aux entreprises d’aligner leur stratégie d’IA sur les objectifs de l’entreprise, de cultiver les talents dans le domaine de l’IA, de traiter les données comme un produit et de mettre en œuvre des programmes efficaces de gestion du changement.

Les Émirats arabes unis, par exemple, ont réalisé d’importants investissements dans le domaine de l’IA et ont même créé l’université Mohammed ben Zayed pour l’intelligence artificielle afin de soutenir le développement de leur écosystème de l’IA et promouvoir la recherche.

Mais si l’adoption de l’IA dans le CCG est «relativement encourageante», l’étude de McKinsey laisse entendre qu’il existe encore une valeur inexploitée «considérable» à laquelle les entreprises peuvent accéder.

Les différents secteurs du CCG adoptent l’IA à des vitesses variables, le commerce de détail étant en tête, sachant que 75% des personnes interrogées dans ce secteur indiquent avoir utilisé l’IA pour au moins une fonction de l’entreprise.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: pour se passer du FMI, Saied veut taxer les riches

Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI) (Photo, AFP)
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  • M. Saied avait déjà rejeté en avril les «diktats» du FMI qui conditionne l'octroi d'un prêt à la Tunisie à des réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques
  • La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars pour l'aider à surmonter la grave crise financière qu'elle traverse

TUNIS: Le président tunisien Kais Saied a proposé jeudi l'introduction de taxes supplémentaires ciblant les plus riches pour permettre à l'Etat de se passer d'un prêt du Fonds monétaire international (FMI), dont il rejette les "diktats".

M. Saied a expliqué en recevant la cheffe du gouvernement Najla Bouden que le système de subventions aux produits de base actuellement en place bénéficiait à tous les Tunisiens, y compris les plus aisés, selon un communiqué de la présidence.

Face à cette situation, il a jugé pertinente l'idée de "prendre l'excédent d'argent des riches pour le donner aux pauvres" en reprenant une citation attribuée à l'un des premiers califes de l'islam, Omar Ibn Al-Khattab.

"Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d'introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu'ils en aient besoin", a-t-il ajouté, estimant qu'un tel mécanisme permettrait à l'Etat de ne pas se soumettre aux "diktats étrangers".

M. Saied avait déjà rejeté en avril les "diktats" du FMI qui conditionne l'octroi d'un prêt à la Tunisie à des réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques.

Il n'a pas précisé dans ses déclarations de jeudi comment d'éventuelles nouvelles taxes pourraient être introduites dans un  pays où les impôts des salariés sont prélevés à la source mais où une grande partie de Tunisiens exerçant des professions libérales dans le privé ne déclarent pas leurs revenus à l'administration fiscale.

La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars pour l'aider à surmonter la grave crise financière qu'elle traverse.

Mais les discussions sont dans l'impasse, faute d'engagement ferme du pays à mettre en œuvre un programme de réformes pour restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées et lever les subventions sur certains produits de base.

La crise économique et financière se traduit notamment par des pénuries chroniques de produits alimentaires de base sur fond de vives tensions politiques depuis que le président Saied s'est emparé des pleins pouvoir en juillet 2021, faisant vaciller la démocratie née de la première révolte du Printemps arabe en 2011.


Emmanuel Macron aurait «manqué de respect au roi du Maroc» assure Tahar ben Jelloun

Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
Le roi du Maroc Mohammed VI s'entretient avec le président français Emmanuel Macron après l'inauguration d'une ligne à grande vitesse à la gare de Rabat le 15 novembre 2018. (Photo, AFP)
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  • «Macron a répondu de façon très maladroite et le roi n’a pas aimé, parce qu’il lui avait donné sa parole d’honneur mais il ne l’a pas cru»
  • Le prix Goncourt 1987 accuse Macron d’«avoir abandonné la grammaire de la diplomatie»

CASABLANCA: «Macron a été très maladroit, il a manqué de respect au roi du Maroc, ce que je sais de source très sûre.» C’est en ces termes qu’a répondu l'écrivain marocain Tahar ben Jelloun à une question que lui a adressée la journaliste Anna Cabana, lors d’une émission sur la chaîne i24NEWS le 31 mai.

Cette séquence largement reprise par les médias marocains revisite les coulisses des tensions diplomatiques entre la France et le Maroc. «Macron s’est plaint après l’affaire Pegasus, mais le roi lui a donné sa parole d’honneur lui disant que ce n’était pas son genre», poursuit-il.

«Macron a répondu de façon très maladroite et le roi n’a pas aimé, parce qu’il lui avait donné sa parole d’honneur mais il ne l’a pas cru», explique Ben Jelloun, qui se dit convaincu qu'à partir de ce moment-là, les relations diplomatiques ont été rompues.

Le prix Goncourt 1987 accuse Macron d’«avoir abandonné la grammaire de la diplomatie», reprenant le lexique qu’il avait employé dans une tribune publiée dans le magazine français Le Point, dans laquelle il invitait le président français à mieux comprendre le Royaume, tout en lui rappelant l'historique des relations franco-marocaines.

S’exprimant sur le voisin et adversaire régional du Maroc, l'Algérie, Ben Jelloun a expliqué que Macron «a déjà voulu donner de l’importance à l’Algérie (…). À mon avis, il a fait une erreur stratégique pour la France», souligne-t-il. 

«Les Algériens ne donneront jamais rien. Ils ont ce qu’il a lui-même appelé la rente mémorielle et ils ne vont pas la lâcher.»