Adèle Hugo, fille de Victor au destin cruel, renaît en musique

La tombe de la femme de l'écrivain français Victor Hugo, Adèle, et celle de leur fille Adèle (Photo, AFP).
La tombe de la femme de l'écrivain français Victor Hugo, Adèle, et celle de leur fille Adèle (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 25 mars 2023

Adèle Hugo, fille de Victor au destin cruel, renaît en musique

  • Adèle Hugo était d'une nature "passionnée, voire un peu mythomane", dit d'elle Jean-François Verdier, directeur artistique de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté
  • Lorsque Victor Hugo s'exile après le coup d'Etat du futur Napoléon III en 1851, Adèle le rejoint dans l'île anglo-normande de Guernesey

STRASBOURG: "Un nom très difficile à porter", aurait-elle dit à la fin de sa vie. Adèle Hugo, fille au destin tragique de Victor Hugo, va ressusciter en musique grâce à des partitions retrouvées presque par hasard au fond d'une malle.

Personnage exalté, Adèle Hugo (1830-1915) a passé les 40 dernières années de sa vie en institution psychiatrique, comme étouffée par l'énorme célébrité de son père, décédé en 1885.

Mais la fille du poète était aussi une compositrice, dont les oeuvres seront jouées "en création mondiale" le 31 mars à Besançon, ville natale de Victor Hugo.

Adèle Hugo était d'une nature "passionnée, voire un peu mythomane", dit d'elle Jean-François Verdier, directeur artistique de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, qui interprétera ses oeuvres à Besançon puis à Dole (Jura) le 2 avril.

Lorsque Victor Hugo s'exile après le coup d'Etat du futur Napoléon III en 1851, Adèle le rejoint dans l'île anglo-normande de Guernesey.

Rien pour égayer le quotidien de la jeune femme, déjà déprimée par le décès tragique de sa soeur aînée, Léopoldine, noyée dans la Seine à l'âge de 19 ans. Alors Adèle s'adonne à la musique.

Rêve d'opéra

"Elle jouait très bien du piano", rapporte M. Verdier. C'était aussi "une compositrice autodidacte extrêmement douée. Elle rêvait d'écrire un opéra."

Quant à Victor Hugo, "il trouvait sa musique tout à fait charmante", ajoute le chef d'orchestre.

L'auteur, qui ne voulait pas de musique sur ses vers, fait même une exception pour sa fille: il lui écrit des textes pour ses compositions.

"Elle a été la première à mettre en musique des extraits des Misérables, bien avant la comédie musicale à succès qu'on a eue après", relève M. Verdier.

Mais Adèle, "personnage très romantique, très hugolien", s'amourache d'un lieutenant britannique, qui repousse ses avances. Adèle n'en a cure et le rejoint au Canada, où elle se fait passer pour sa femme avant de sombrer dans la folie. Elle ne retrouvera qu'une dizaine d'années plus tard la France et son père, qui la fera interner.

Une triste histoire portée à l'écran en 1975 par François Truffaut dans "L'Histoire d'Adèle H.", avec Isabelle Adjani dans le rôle titre.

Dans une malle

Un siècle et demi après l'exil à Guernesey, en 2004, le compositeur Richard Dubugnon y redécouvre les partitions dans une malle à Hauteville House, la maison familiale.

"J'y allais avec un a priori", raconte le compositeur. "Je me disais que si pendant 150 ans ça n'avait intéressé personne, pourquoi cela aurait-il une quelconque valeur ? Ca a été une surprise absolue de découvrir que non seulement ça avait de la valeur, mais qu'il y avait de quoi faire au moins un disque."

Une redécouverte qui "arrive à point, au moment où on commence à s'intéresser aux femmes créatrices au destin difficile", comme Clara Schumann ou Alma Mahler, relève-t-il.

Adèle Hugo est un cas d'école.

"Elle n'a pas pu développer son talent jusqu'au bout parce que son père s'y opposait. Il ne l'a jamais vraiment encouragée", assure le compositeur. Le poète ne fera jamais éditer la musique de sa fille.

La chanson de Gavroche

Au total, avec d'autres partitions retrouvées au domicile parisien des Hugo place des Vosges, ce sont 17 mélodies pour voix et piano que M. Dubugnon a remises bout à bout, après les avoir archivées, corrigées, complétées.

Parmi elles, différents textes du paternel, extraits des Contemplations ou des Misérables, comme la chanson de Gavroche, "On est laid à Nanterre".

La musique d'Adèle est "assez simple, mais tout à coup il y a une nostalgie surprenante, un accord mystérieux, un rythme... C'est peut-être ça qui nous montre le charme de cette artiste sacrifiée", commente-t-il.

C'est Richard Dubugnon qui a orchestré ces partitions. Elles seront jouées à Besançon par une cinquantaine de musiciens.

Près de 20 ans après la redécouverte des notes d'Adèle, "je suis très soulagé et heureux de voir que ça va renaître presque en apothéose", s'enthousiasme-t-il. "Je ne pense pas que la pauvre Adèle Hugo eut rêvé un jour que sa musique puisse être orchestrée".


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.