Les cicatrices de la guerre sont profondes dans la ville d'Izium, autrefois très dynamique

L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
L'hôpital principal d'Izium détruit. Des banderoles avec le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans toutes les rues (Photo, AN / Mykhaylo Palinchak).
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Publié le Dimanche 26 mars 2023

Les cicatrices de la guerre sont profondes dans la ville d'Izium, autrefois très dynamique

  • La ville d'Izium de la province de Kharkiv est tombée aux mains des Russes en mars, avant d'être reprise par les forces ukrainiennes en septembre
  • Avec 1 000 civils tués et 80% des infrastructures détruites, la dévastation d'Izium parle d'elle-même

IZIUM: Izium, ville autrefois dynamique et peuplée d'environ 44 000 habitants, est située sur la rivière Donets, dans la province ukrainienne de Kharkiv. Elle s'est rapidement développée après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de sa libération des forces allemandes, devenant connue pour ses nombreuses églises et cathédrales, ainsi que pour son point de rencontre, la place Lénine, qui a été rebaptisée place John Lennon en février 2016.

Ces jours-ci, cependant, les rues d'Izium sont étrangement silencieuses, à l'exception des haut-parleurs qui diffusent les nouvelles sur la place principale. Pour de nombreux habitants, c'est le seul moyen de savoir ce qui se passe autour d'eux.

Les 10 000 habitants qui ont survécu vivent parmi des chars russes détruits et des éclats d'obus. Le pont principal de la ville n'est plus que ruines. Leurs propriétaires ayant été déplacés ou tués dans le conflit, les animaux domestiques sans abri errent dans les rues à la recherche de nourriture.

Quatre-vingts ans après avoir été détruite par une guerre, Izium lutte contre les ravages d'une autre: l'invasion de l'Ukraine qui a débuté le 24 février 2022 et l'occupation qui s'en est suivie.

En l'espace de quinze jours, le 4 mars pour être précis, les forces russes se sont emparées d'Izium, devenant ainsi un point de commandement stratégique pour elles. Mais six mois plus tard, dans un étonnant retournement de situation militaire, le drapeau de l'Ukraine a été hissé sur la ville après une contre-offensive féroce des forces ukrainiennes.

La reprise d'Izium a privé la Russie de la possibilité d'utiliser la ville comme base clé et voie de réapprovisionnement pour ses forces dans l'est de l'Ukraine. Mais avec 1 000 civils tués et 80% des infrastructures détruites, les dégâts et la destruction subis par Izium en l'espace d'un an parlent d'eux-mêmes.

Aujourd’hui, Izium ressemble à un champ de mines. Les habitants marchent dans les rues avec prudence, mais la sécurité n'est jamais garantie. Ils affirment que les soldats d'occupation ont laissé derrière eux plusieurs types de mines cachées dans toute la ville — le long de la rivière, dans les rues, devant les maisons et dans les bois. 

Le gouvernement ukrainien affirme que les forces russes ont effectué 476 attaques de missiles sur Izium, un nombre sans précédent, même selon les normes d'une guerre caractérisée par des bombardements intensifs.

À un moment donné, le docteur Yuriy Kuznetsov, chirurgien local spécialisé dans les traumatismes, était le seul médecin encore présent à Izium.

«La vue des chars russes empruntant le pont de la ville reste un souvenir impérissable. J'ai évacué ma femme et mes enfants en lieu sûr, mais je devais rester sur place pour m'occuper de ma mère alitée et de mon frère handicapé», a-t-il déclaré à Arab News depuis son bureau à l'hôpital.

Pendant l'occupation, l'hôpital a fait face à une pénurie de médicaments et de personnel. «Nous avons fait de notre mieux pour fonctionner avec succès. Notre appareil de radiographie est tombé en panne, si bien que j'ai parfois été obligé de m'en remettre à mes connaissances pour traiter les patients. Nous avons également manqué d'anesthésie. Certains patients n'ont pas pu être sauvés», a expliqué Kuznetsov.

Au plus fort du contrôle russe sur Izium, se souvient Kuznetsov, l'hôpital recevait jusqu'à 100 civils blessés par jour. Le bâtiment de l'hôpital lui-même a été partiellement démoli, obligeant le peu de personnel restant à transformer les couloirs du sous-sol en salles d'opération.

Le personnel médical dépendait en grande partie de dons privés et des médicaments contre le coronavirus qu'il avait stockés pendant la pandémie.

L'électricité, en revanche, n'était pas un problème, selon Kuznetsov.

«Nous soignions les personnes souffrant de troubles antérieures, les civils blessés et les mères accouchant et nous avions un petit générateur qui nous permettait de rester à flot», a-t-il indiqué à Arab News.

Alors que l'hôpital est en cours de reconstruction, les professionnels de la santé, dont il fait partie, sont contraints de vivre dans de petites pièces le long d'un couloir, leurs maisons ayant été détruites depuis longtemps. Ils souffrent de dépression à des degrés différents.

Kuznetsov a affirmé qu'il n'avait pas vu sa famille depuis un an et qu'il passait désormais ses journées à soigner les victimes de mines terrestres.

Les hauts responsables et diplomates russes ont défendu à plusieurs reprises ce qu'ils appellent «l'opération militaire spéciale» en Ukraine et ont rejeté les accusations de violence criminelle contre les civils.

«L'opération militaire spéciale se déroule conformément aux dispositions fondamentales de la charte des Nations unies, qui donne aux États le droit de légitime défense en cas de menace de recours à la force, droit que nous avons exercé», a écrit Sergueï Kozlov, l'ambassadeur russe en Arabie saoudite, dans une tribune publiée par Arab News en février.

«Comme vous pouvez le constater, la Russie suit le véritable esprit du droit international, et non une sorte d'ordre fondé sur des règles, introduit arbitrairement par l'Occident et ses sbires.»

À cinq kilomètres du centre-ville, dans une pinède silencieuse, se trouve un sinistre souvenir des jours les plus sombres d'Izium. Plus de 440 personnes, dont une infime partie serait des soldats, sont enterrées dans des tombes de fortune sur lesquelles sont plantées des croix de bois. Certaines croix portent des noms et des dates de décès, tandis que d'autres ne portent que des numéros.

Les fosses communes ont été découvertes lors du retour des forces ukrainiennes à Izium en septembre 2022. Les corps exhumés présentaient des traces de torture. Plusieurs d'entre eux avaient les mains liées, et l'un d'entre eux avait une corde autour du cou. Les crânes d'autres victimes contiennent plusieurs balles.

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Plus de 440 personnes, dont une infime partie serait des soldats, sont enterrées dans des tombes de fortune à l'extérieur d'Izium. Les fosses communes ont été découvertes lors du retour des forces ukrainiennes à Izium en septembre 2022 (Photo, AN /Mykhaylo Palinchak).

Le porte-parole du Kremlin, Dmitry Pesko, a qualifié ces allégations de «mensonges» et a déclaré que la Russie «défendra bien entendu la vérité dans cette affaire».

Une équipe d'enquêteurs internationaux et ukrainiens s'est lancée dans un travail minutieux d'identification des victimes. De nombreuses familles attendent avec impatience de connaître le sort de leurs proches et de leur offrir un enterrement digne de ce nom.

Au café Auto-Stop d'Izium, Olga Alekseychuk prépare la nourriture et sert le café. Le café appartient à ses proches, qui lui ont proposée de s'en occuper.

«C'est triste d'avoir perdu nos maisons», a-t-elle déclaré à Arab News. «L'hiver de l'occupation était très difficile à affronter. Nous nous réchauffions en portant plusieurs couches de vêtements, en faisant bouillir de l'eau et en nous blottissant près de la casserole.»

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Des banderoles portant le mot «MINES» peint en grandes lettres rouges se trouvent dans une rue sur deux. L'une d'entre elles se trouve devant l'hôpital principal de la ville (Photo, AN /Mykhaylo Palinchak).

Selon Alekseychuk, elle se cachait avec sa famille de 17 heures à 23 heures dans leur sous-sol pour se mettre à l'abri; parfois, ils y passaient des nuits entières. 

«Cette guerre a détruit d'innombrables vies et elle n'est pas encore terminée. Les Russes sont partis, mais nous sommes maintenant confrontés à un problème de mines. Il y a quelques jours, la femme d'un ami a marché sur une mine. Heureusement, elle a survécu, mais elle a été gravement blessée», a-t-elle prévenu.

Alekseychuk a signalé que la vie que connaissaient les habitants d'Izium était révolue. «Nous menons aujourd'hui une vie primitive. Avoir une connexion Wi-Fi est presque un luxe. Les gens se promènent comme des zombies — sans argent, sans emplois, sans maisons.»

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Le Dr Yuriy Kuznetsov, un chirurgien traumatologue local, dans l'hôpital principal détruit d'Izium (UNE photo de Mykhaylo Palinchak).

Son sentiment a été partagé par une femme qui tient un petit kiosque alimentaire à proximité. Cette femme, qui a préféré garder l’anonymat, a révélé à Arab News qu'elle vivait pratiquement dans son sous-sol et qu'elle avait pris l'habitude de faire bouillir de l'eau pour se réchauffer avec son fils. Ils ont survécu grâce à des boîtes de conserve.

Outre les dégâts matériels d'une ampleur colossale, la vie à Izium reste marquée par l'angoisse et le traumatisme, plusieurs mois après le départ des troupes d'occupation.

«Les souvenirs qu'ils ont créés resteront gravés à jamais. Mes problèmes de santé mentale se sont aggravés après le départ des occupants. J'étais en mode de survie pendant qu'ils étaient ici», a confié Alekseychuk.

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Olga Alekseychuk au café Auto Stop d'Izium(Photo, Mykhaylo Palinchak).

«Maintenant, je ne sais pas comment me réadapter à la vie normale, qui n'est plus normale du tout», a-t-elle ajouté.

Récemment, un groupe d'adolescentes se trouvait près du kiosque à nourriture. Elles ont précisé qu'au cours des six mois d'occupation, elles avaient passé leur temps à jouer aux cartes et à des jeux de société alors qu'elles étaient confinées chez elles.

Il n'y avait rien d'autre à faire, ont-elles expliqué à Arab News. Néanmoins, elles étaient simplement heureuses de pouvoir récupérer leur connexion internet.

Le coût de la reconstruction d'Izium n'a pas encore été déterminé; certains experts estimant qu'il pourrait s'élever à des centaines de millions de dollars.

Si certaines petites entreprises ont rouvert leurs portes, la relance économique de la ville est encore loin d'être acquise.

La plupart des citoyens attendent une aide financière du gouvernement ukrainien, mais la manière dont les autorités prévoient l'allocation des fonds n'est pas claire, d'autant plus que la majeure partie de son budget est toujours affectée à la lutte contre les forces russes.

Quant aux citoyens d'Izium, ils attendent non seulement la reconstruction de leur ville, mais aussi celle de leur vie.

«Nous avons tous besoin de services de santé mentale aujourd'hui», a soutenu la propriétaire du kiosque alimentaire.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.