La banque américaine en faillite SVB rachetée par un autre établissement régional, First Citizens

Proche des milieux de la tech, SVB s'est soudainement retrouvée en difficultés après l'annonce de la vente de 21 milliards de dollars de titres financiers (Photo, AFP).
Proche des milieux de la tech, SVB s'est soudainement retrouvée en difficultés après l'annonce de la vente de 21 milliards de dollars de titres financiers (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 mars 2023

La banque américaine en faillite SVB rachetée par un autre établissement régional, First Citizens

  • First Citizens, dont le siège se situe à Raleigh (Caroline du Nord), va reprendre «l'intégralité des dépôts et prêts» de SVB
  • «Les 17 agences de SVB ouvriront en tant que First Citizens» dès lundi, a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi le régulateur bancaire américain

WASHINGTON: La banque américaine First Citizens va racheter l'essentiel des restes de sa compatriote Silicon Valley Bank (SVB), une opération vue comme une nouvelle étape vers une sortie de la crise qui secoue le secteur bancaire depuis plusieurs semaines.

First Citizens, dont le siège se situe à Raleigh (Caroline du Nord), va reprendre "l'intégralité des dépôts et prêts" de SVB, et "les 17 agences de SVB ouvriront en tant que First Citizens" dès lundi, a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi le régulateur bancaire américain (FDIC) dans un communiqué.

Les autorités américaines auront mis plus de deux semaines à trouver un repreneur pour la dépouille de SVB, dont le régulateur avait pris le contrôle le 10 mars pour éviter son implosion.

SVB est la plus grosse faillite bancaire aux Etats-Unis depuis 2008, la deuxième de tous les temps. Elle a déstabilisé l'ensemble du secteur bancaire, rappelant à certains les débuts de la crise financière de 2008 et ses conséquences mondiales.

C'est une opération majeure pour First Citizens (FCB), 30ième banque américaine, dont les actifs ne pesaient fin 2022 que la moitié de ceux de Silicon Valley Bank. L'enseigne est connue pour ses reprises en série de banques en difficulté ces dernières années.

L'acquisition faisait sens dans la mesure où FCB a des relations privilégiées avec les entreprises du secteur technologique, à l'instar de SVB, notamment via le Research Triangle Park, un énorme campus dédié aux technologies de pointe situé entre Raleigh et Durham, en Caroline du Nord.

Dans le détail, First Citizens va récupérer quelque 72 milliards de dollars d'actifs, des prêts et des crédits-bail, avec une décote majeure de 16,5 milliards consentie par la FDIC pour faciliter la transaction.

La banque, qui compte 550 agences dans 22 Etats, reçoit également 56 milliards de dollars de dépôts. Ce n'est qu'une fraction des 174 milliards de SVB fin 2022, l'établissement californien ayant été depuis victime d'une vague de retraits massifs.

La faillite de SVB est «un cas d'école de mauvaise gestion» selon le vice-président de la Fed

La faillite de la banque américaine SVB est "un cas d'école de mauvaise gestion", selon le vice-président de la Fed chargé de la régulation bancaire Michael Barr.

Par ailleurs, "l'échec de SVB montre la nécessité d'aller de l'avant dans nos travaux pour améliorer la résilience du système bancaire", doit dire ce responsable de la banque centrale américaine mardi devant le Congrès, selon son discours publié lundi.

"Par exemple, il est essentiel que nous proposions et mettions en œuvre les réformes finales de Bâle III, qui refléteront mieux les risques commerciaux et opérationnels dans nos évaluations des besoins en fonds propres des banques", doit préciser le vice-président de la Fed.

"Bâle III", vaste éventail de réformes internationales du secteur bancaire, a été engagé après la crise financière de 2008-2009 afin de renforcer la solidité des banques. De nombreuses mesures ont été prises mais certaines réformes doivent encore être finalisées, tout particulièrement aux Etats-Unis.

Parmi les mesures à mettre en place, Michael Barr doit également mentionner le fait que la Fed prévoit de proposer "une exigence de dette à long terme" pour les grandes banques ne faisant pas partie du club des trente établissements systémiques, aussi appelées "too big to fail" ("trop grosses pour faire faillite").

Cela leur permettrait de disposer "de ressources absorbant les pertes pour soutenir leur stabilisation et permettre une résolution d'une manière qui ne pose pas de risque systémique", doit-il ajouter.

Par ailleurs, "les événements récents ont montré que nous devons faire évoluer notre compréhension du secteur bancaire à la lumière de l'évolution des technologies et des risques émergents", devrait encore indiquer le vice-président de la Fed.

La Fed mène une analyse de la faillite de SVB et compte publier ses conclusions le 1er mai.

Regards vers First Republic

Outre la décote, First Citizens a obtenu de la FDIC la mise en place de plusieurs mécanismes de protection pour consentir à absorber SVB.

L'Agence de garantie des dépôts va notamment mettre en place un fonds dédié de 70 milliards de dollars, dans lequel First Citizens pourra puiser en cas d'accélération des retraits de clients. La FDIC a également accepté de prendre en charge une partie des pertes éventuelles que la banque pourrait enregistrer sur le portefeuille de crédits de SVB.

"Cette acquisition est intéressante financièrement, stratégiquement et sur le plan opérationnel", a commenté Frank Holding, directeur général de First Citizens, lors d'une conférence téléphonique. "C'est aussi une belle illustration de la collaboration des régulateurs et des banques pour protéger les déposants."

La FDIC prévoit que le mécanisme américain de garantie des dépôts encaissera quelque 20 milliards de dollars de pertes liées à la faillite de SVB. Il est alimenté par des cotisations obligatoires de banques qui bénéficient du mécanisme de garantie des dépôts.

L'agence conserve un portefeuille de titres financiers hérités de SVB d'une valeur estimée à 90 milliards de dollars, qu'elle va gérer directement jusqu'à extinction.

L'annonce a été saluée à Wall Street, où l'action de First Citizens gagnait près de 50% lundi en début de séance. Les titres de nombreuses autres banques régionales s'affichaient également en nette hausse.

"C'est un signe positif du fait que les banques ne sont pas vues comme abîmées au point que personne n'en voudrait plus", a commenté Alexander Yokum, de CFRA Research.

Après la défaillance de SVB, un autre établissement américain, Signature Bank, a fait faillite.

En Europe, Credit Suisse, fragilisée depuis plusieurs années, a été la plus secouée par le séisme. La deuxième banque suisse a été rachetée en urgence par sa compatriote UBS pour éviter une faillite.

Pour tenter de contenir la contagion, les autorités américaines ont mis en place un dispositif pour prêter massivement, si besoin, aux banques qui ne pourraient pas faire face à d'éventuels retraits importants.

La semaine passée, la FDIC a annoncé un accord similaire à celui dévoilé dans la nuit, pour la reprise d'une partie de Signature Bank par Flagstar Bank, une filiale de New York Community Bancorp.

Après le rachat de SVB et de Signature Bank, "tout le monde a le regard tourné vers First Republic", souvent considérée comme le nouveau maillon faible du système bancaire américain et qui a été martyrisé en Bourse depuis deux semaines, a indiqué Alexander Yokum.

"L'industrie bancaire et le gouvernement ne veulent pas les voir tomber", a-t-il poursuivi. "Cela pourrait provoquer encore plus de retraits dans les banques régionales."


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.