Israël: face aux attentats palestiniens, la tentation du port d'arme

Un instructeur d'armes à feu regarde un Israélien s'entraîner sur un champ de tir dans la colonie de Givat Zeev en Cisjordanie, le 12 février 2023. (AFP).
Un instructeur d'armes à feu regarde un Israélien s'entraîner sur un champ de tir dans la colonie de Givat Zeev en Cisjordanie, le 12 février 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 27 mars 2023

Israël: face aux attentats palestiniens, la tentation du port d'arme

  • Les demandes de permis de port d'armes augmentent après les attentats ou les «incidents sécuritaires»
  • La police israélienne a encouragé les Israéliens remplissant les conditions requises à entamer la procédure

GIVAT ZEEV : Dans un stand de tir d'une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, Tomer Gal, enchaîne les coups avec son pistolet pointé vers la cible. Cet entraînement est la dernière étape pour obtenir son permis de port d'arme.

Comme beaucoup de ses compatriotes inquiets de la tournure que prend le conflit israélo-palestinien avec la spirale inexorable de violence observée depuis l'entrée en fonction fin décembre d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël, M. Gal est décidé à obtenir cette autorisation.

Après un attentat palestinien ayant coûté la vie à six Israéliens et une Ukrainienne à Neve Yaacov, colonie juive de Jérusalem-Est, partie de la Ville sainte annexée par Israël, l'exécutif a annoncé fin janvier, à la demande du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite israélienne, sa volonté d'accélérer et de faciliter l'obtention des permis de port d'arme.

M. Gal avait lancé la procédure pour obtenir son permis il y a plus d'un an, et a commencé à venir s'entraîner au stand de tir de Givat Zeev, au nord-ouest de Jérusalem, quinze jours après la tuerie de Neve Yaacov.

"C'est pour ma sécurité mais aussi celle de mon foyer", affirme cet électricien de 35 ans habitant Rehovot dans le centre d'Israël, après avoir tiré avec une arme de poing de 9 mm sous le regard attentif d'un instructeur.

L'homme qui emploie notamment des Palestiniens de Cisjordanie sur des chantiers en Israël estime que ceux-ci "ne sont pas les endroits les plus sûrs".

Lenteurs administratives

Les demandes de permis de port d'armes augmentent après les attentats ou les "incidents sécuritaires", a indiqué à l'AFP une source officielle israélienne, sans plus de détail. Après celui de Neve Yaacov, la police israélienne a encouragé les Israéliens remplissant les conditions requises à entamer la procédure.

Cet attentat "montre qu'il est nécessaire et important que des civils soient armés", avait affirmé M. Ben Gvir dans la foulée de l'attaque, tout en déplorant des lenteurs administratives dans le traitement des plus de 17 000 demandes alors en cours d'examen.

"C'est notre devoir d'accélérer la procédure et de réduire au minimum la bureaucratie", avait ajouté M. Ben Gvir, donnant comme consigne de passer au plus vite de 2 000 permis octroyés par mois à 10 000.

Les anciens officiers de l'armée ont par ailleurs été exemptés de l'entretien prévu par la procédure, et ce provisoirement jusqu'en mai.

Pour avoir le droit de porter une arme, la loi israélienne requiert de vivre en Cisjordanie - territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 - ou d'y travailler. Mais il est aussi possible de faire une demande en cas d'exposition à un danger potentiel ou à des tensions avec des Palestiniens, sur un lieu de travail par exemple.

Les anciens officiers des forces de sécurité israéliennes y sont également autorisés d'office.

La police procède à un tri des requérants qui sont soumis à un examen médical ainsi qu'à un entretien avec l'autorité qui délivre ce permis au ministère de la Sécurité nationale.

En cas de feu vert après l'entretien, les candidats obtiennent le droit d'acheter une arme à feu. Une formation et l'obtention d'une licence de tir sont ensuite nécessaires pour décrocher l'autorisation de porter l'arme.

«Pas en Suisse»

M. Gal dit avoir a pris sa décision d'acquérir une arme à la suite de la guerre de 11 jours en mai 2021 entre Israël et le groupe islamiste Hamas qui contrôle la bande de Gaza.

Le conflit avait donné lieu à une vague d'attaques au couteau contre des israéliens. De violentes émeutes avaient par ailleurs éclaté dans des villes mixtes judéo-arabes en Israël. "Cela a influencé les choses", souligne-t-il.

Pour autant, dit-il une fois le calme revenu, il était prêt à abandonner la procédure, jusqu'à ce qu'une affaire de viol près de chez lui le décide à acheter finalement une arme.

"C'est surtout ma femme qui a fait pression", précise l'électricien. "Elle ne se sentait vraiment pas en sécurité".

A Givat Zeev, Yaïr Yifrach, le propriétaire du stand de tir dit constater un regain d'intérêt pour les armes depuis les dernières attaques palestiniennes et une hausse des achats.

"Nous ne pouvons pas mettre un officier de police derrière chaque citoyen en Israël", dit ce quinquagénaire. "Donc, si vous avez la possibilité de prendre une arme à feu pour votre sécurité et celle de vos concitoyens, c'est bien", poursuit-il.

Après le conflit de 2021 entre Israël et le Hamas, la population s'est "réveillée", dit-il. "Même ceux qui ne voulaient pas d'une arme ont réalisé qu'ils en avaient besoin", poursuit-il. "Nous ne sommes pas en Suisse".


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.