Inflexible sur les retraites, Macron assure vouloir «continuer à tendre la main» aux syndicats

Le président veut leur parler des conditions de travail – de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions –, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur «pause» la réforme pendant six mois (Photo, AFP).
Le président veut leur parler des conditions de travail – de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions –, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur «pause» la réforme pendant six mois (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Inflexible sur les retraites, Macron assure vouloir «continuer à tendre la main» aux syndicats

  • Macron a réaffirmé devant les ténors du gouvernement et les dirigeants de son camp sa volonté d'aplanir la situation
  • Élisabeth Borne avait déjà tenté dimanche de prôner l'apaisement

PARIS: Englué dans la crise, Emmanuel Macron a assuré lundi vouloir "continuer à tendre la main" aux syndicats, sans toutefois remettre en cause sa réforme des retraites, à la veille d'une dixième journée de mobilisation sur fond de polémique sur les violences entre policiers et manifestants.

Inflexible sur le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans rejeté unanimement par les syndicats, le chef de l'Etat a réaffirmé devant les ténors du gouvernement et les dirigeants de son camp réunis pour un déjeuner à l'Elysée sa volonté d'aplanir la situation.

"Il faut continuer à tendre la main aux forces syndicales", a-t-il dit selon des propos rapportés par un participant.

Mais le président veut leur parler des conditions de travail – de la pénibilité à l'emploi des seniors en passant par les reconversions –, sans accéder à la demande du secrétaire général de la CFDT Laurent Berger de mettre sur "pause" la réforme pendant six mois.

Or, le leader syndical a de nouveau prévenu lundi: il n'acceptera cette "main tendue" que si le gouvernement met "de côté pour l'instant la réforme".

Il a assuré à l'AFP avoir formulé la même réponse au secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, qui l'a appelé la semaine dernière pour "échanger sur l'ambiance".

"De fait, le texte est en pause le temps de l'examen par le Conseil constitutionnel", a expliqué le participant au déjeuner élyséen, jugeant que l'idée était de "mettre à profit" ce délai de trois à quatre semaines pour "évoquer ces sujets" annexes.

Élisabeth Borne avait dit à l'AFP se fixer deux objectifs: "Apaiser le pays face à ces tensions et accélérer les réponses aux attentes des Français."

Pour ce faire, elle a ouvert lundi une séquence de consultations étalées sur trois semaines, avec les parlementaires, les partis politiques, les représentants d'élus locaux et les partenaires sociaux s'ils le souhaitent.

Ce "plan d'action" a d'abord été détaillé à Emmanuel Macron puis aux cadres de la majorité relative et quelques membres de gouvernement.

Selon le même participant au déjeuner à l'Elysée, le président "lui a demandé d'essayer d'élargir la majorité en menant des consultations aux bords de la majorité actuelle", texte par texte, partant du constat qu'il serait difficile d'embarquer des formations politiques entières ou de bâtir une coalition stable.

Dans cette réunion, la Première ministre a dit vouloir "proposer un contrat de méthode" aux contours encore flous.

Mobilisation de la jeunesse

Emmanuel Macron s'en est par ailleurs pris à La France insoumise, l'accusant de vouloir "délégitimer l'ordre raisonnable" et les "institutions", et de préparer la "délégitimation du Conseil constitutionnel" au cas où il validerait la réforme.

Il a aussi appelé à "condamner les violences de manière très très ferme", selon ce participant.

Dans l'immédiat, les syndicats, unis contre la réforme, préparent une nouvelle journée d'actions, la 10e contre le texte.

Selon une source policière, le renseignement territorial estime que "650 000 à 900 000 personnes défileront partout en France mardi, dont 70 000 à 100 000 personnes à Paris".

Une autre source policière prévoit "un doublement, voire un triplement" de la présence des jeunes dans les cortèges, notamment mobilisés sur la question des violences policières.

Les précédentes manifestations ont été émaillées d'incidents violents, avec 457 interpellations et 441 policiers et gendarmes blessés, le 23 mars.

Une enquête judiciaire a notamment été ouverte après les menaces et intimidations proférées par des policiers contre de jeunes manifestants à Paris et révélées dans un enregistrement sonore.

Alors que le Conseil de l'Europe a parlé d'un "usage excessif de la force", le terrain des affrontements s'est déplacé samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, où une manifestation contre les bassines a fait des dizaines de blessés du côté des forces de l'ordre comme des manifestants. Deux manifestants étaient entre la vie et la mort lundi.

Le 23 mars, les manifestations ont rassemblé en France entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT). L'exécutif s'attendait à une décrue de la contestation.

Le Louvre fermé

Lundi matin, le musée du Louvre n'a pas ouvert ses portes, bloqué par des salariés du musée, et d'autres sites culturels. Plusieurs barrages filtrants, notamment devant la centrale nucléaire de Golfech (Tarn-et-Garonne) ont aussi été installés et plus de 15% des stations-services de France étaient à court d'essence ou de gazole, l'Ouest étant encore plus touché.

Du côté des universités, le syndicat L'Alternative a annoncé que 62 universités et écoles étaient mobilisées, dont Paris-Dauphine bloquée pour la première fois depuis le début du mouvement.

Mardi, quelque 30% des professeurs du primaire seront en grève selon le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire.

La grève s'annonce très suivie dans les transports, notamment en Ile-de-France: si toutes les lignes de métro seront ouvertes bon an mal an, 40% des trains seront supprimés sur les lignes A et B du RER. Le trafic SNCF sera "fortement perturbé", avec 3 TGV sur 5 en moyenne.

A Paris, les éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours et 7 300 tonnes de déchets sont toujours amoncelées dans les rues, alors que deux des trois sites d'incinération étaient toujours bloqués lundi.


Mort en direct d'un streamer en France: autopsie jeudi, auditions et saisies

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  • "De nombreuses saisies de matériels et vidéos" ont été réalisées "afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", indique le procureur de Nice
  • Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et "les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues", poursuit-il

NICE: Le corps du streamer français Jean Pormanove, décédé lundi lors d'un live sur la plateforme Kick, sera autopsié jeudi matin, a indiqué mercredi le procureur de Nice (sud-est), faisant état par ailleurs d'auditions et saisies de matériels dans l'enquête sur la mort en direct de cet homme de 46 ans.

"Plusieurs auditions de personnes présentes au moment du décès ont été faites sans qu'à ce stade elles permettent de donner une orientation quant aux causes de celui-ci", déclare le procureur Damien Martinelli dans un communiqué.

Raphaël Graven, connu en ligne sous les pseudos Jean Pormanove ou JP, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à Contes, près de Nice, après plus de 12 jours de diffusion vidéo en direct, le montrant, au côté d'un autre homme surnommé Coudoux, violenté et humilié par deux partenaires connus sous les pseudos de NarutoVie et Safine.

"De nombreuses saisies de matériels et vidéos" ont été réalisées "afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci", indique le procureur de Nice.

L'enquête de la Police judiciaire de Nice, ouverte pour "recherche des causes de la mort", s’inscrit "en parallèle" de celle ouverte le 16 décembre 2024 après la diffusion d'un article de Mediapart sur de précédentes vidéos dans lesquelles "des personnes susceptibles d’être vulnérables faisaient l’objet de violences et d’humiliations parfois encouragées par des versements d'argent des spectateurs", ajoute le magistrat.

Dans le cadre de cette enquête, NarutoVie et Safine avaient été placés en garde à vue le 8 janvier 2025, et "les personnes apparaissant comme victimes des violences et humiliations entendues", poursuit-il.

Lors de leurs auditions, Jean Pormanove et Coudoux "contestaient fermement être victimes de violences, indiquant que les faits s'inscrivaient dans des mises en scène visant à 'faire le buzz' pour gagner de l'argent".

Selon le magistrat, Coudoux avait déclaré gagner jusqu'à 2.000 euros par mois, Jean Pormanove évoquant "des sommes à hauteur de 6.000 euros" via "une société qu'il avait créée (et) sur la base des contrats établis avec les plateformes".

"L'un et l'autre indiquaient n'avoir jamais été blessés, être totalement libres de leurs mouvements et de leurs décisions et refusaient d'être examinés par un médecin et un psychiatre", ajoute le procureur.

Mercredi matin, la plateforme australienne Kick indique sur X que "tous les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct ont été bannis dans l'attente de l'enquête en cours".

La plateforme, qui s'engage à "collaborer pleinement avec les autorités", affirme également entreprendre une "révision complète" de son contenu en français.


Le PS comprend «l'exaspération» à l'origine du mouvement de blocage du 10 septembre

Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou". (AFP)
Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou". (AFP)
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  • Venus d'horizons divers, des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre se multiplient sur les réseaux sociaux en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou
  • Et LFI est déjà allé un pas plus loin que le PS en appelant les Français à se joindre au mouvement

PARIS: Le Parti socialiste "comprend l'exaspération" à l'origine du mouvement "Bloquons tout le 10 septembre", né sur les réseaux sociaux, tout en reconnaissant que celui-ci reste encore "assez flou".

"On regarde cette initiative avec beaucoup d'intérêt. Les motivations et les modes opératoires sont assez flous pour l'instant mais nous comprenons l'exaspération à l'origine de ce mouvement", a déclaré mercredi la porte-parole du PS Chloé Ridel sur Franceinfo.

Venus d'horizons divers, des appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre se multiplient sur les réseaux sociaux en se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou.

Et LFI est déjà allé un pas plus loin que le PS en appelant les Français à se joindre au mouvement.

"C'est l'expression d'une exaspération populaire légitime quand le Parlement n'arrive plus à fonctionner, quand tous les budgets sont adoptés à coups de 49-3", a jugé Mme Ridel. "Les gilets jaunes aussi bien que le mouvement du 10 septembre, c'est le produit d'une politique d'Emmanuel Macron, un style de pouvoir autoritaire descendant", a-t-elle insisté.

"Quand on annonce par-dessus le marché qu'on va supprimer deux jours fériés, qu'on va faire une année blanche sur toutes les prestations sociales, qu'on va retrancher dans les dépenses de santé, évidemment qu'il y a une colère qui monte", a-t-elle estimé.

Elle a confirmé que le PS censurerait le budget à l'automne s'il reste "en l'état".

"Nous ferons des contre-propositions et nous verrons ce que le gouvernement à en dire. Mais en l'état de ce qui a été présenté au mois de juillet, évidemment, c'est la censure qui doit s'appliquer", a-t-elle dit.

 


Paris : 40.000 enfants attendus pour la «Journée des oubliés des vacances»

Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire. (Photo d'illustrationAFP)
Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire. (Photo d'illustrationAFP)
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  • Croisière sur la Seine, visite de musées et concert au pied de la Tour Eiffel, toute une panoplie d'activités sont prévues mercredi dans la capitale pour ces milliers d'enfants qui n'ont pas eu la chance de partir en vacances cet été
  • "C'est important pour nous qu'un enfant ait quelque chose à raconter à la rentrée à ses petits camarades, pour ne pas se sentir différent"

PARIS: Quarante mille enfants venus de toute la France et de l'étranger sont attendus mercredi sur le Champ-de-Mars à Paris dans le cadre d'une journée d'activités pour les enfants qui ne partent pas en vacances, organisée par le secours populaire.

Croisière sur la Seine, visite de musées et concert au pied de la Tour Eiffel, toute une panoplie d'activités sont prévues mercredi dans la capitale pour ces milliers d'enfants qui n'ont pas eu la chance de partir en vacances cet été.

"C'est important pour nous qu'un enfant ait quelque chose à raconter à la rentrée à ses petits camarades, pour ne pas se sentir différent", souligne auprès de l'AFP Thierry Robert, le secrétaire national du Secours populaire.

Selon une étude de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) de 2021, 10% des moins de 16 ans ne partent pas en vacances au moins une semaine par an pour des raisons financières.

Six cents bus ont été affrétés par le Secours populaire pour faire venir des enfants de toute la France pour cette 46e édition.

L'association fête ses 80 ans cette année. Pour l'occasion, les activités de la journée sont organisées autour de la "célébration du premier anniversaire des Jeux de Paris 2024".

"Certains enfants vont aller voir la vasque olympique aux Tuileries, d'autres vont aller au centre aquatique olympique à Saint-Denis, et puis d'autres vont faire une balade fluviale (sur la Seine), symbole de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques", détaille Thierry Robert.

Les enfants seront ensuite accueillis sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel, pour un pique-nique géant le midi et un concert, dont les artistes n'ont pas encore été révélés.

Mascottes des JO, ateliers sur le sport, et athlètes seront sur place. La journée est aussi co-parrainée par Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des JO 2024.

Autre particularité, cette année, près de "1.000 enfants" de l'étranger seront présents, un bond "par rapport aux années précédentes", précise le directeur général du Secours populaire.

L'association compte aussi profiter de cette édition "internationale", pour alerter sur la hausse de la précarité. "Le nombre de personnes ne va pas en diminuant. On le constate notamment aussi chez les jeunes qui sont de plus en plus nombreux", alerte Thierry Robert.