Kenya: appels au calme après les manifestations et violences

Un partisan de l'opposition tient une pierre lors d'affrontements avec des policiers kenyans dans le camp informel de Mathare à Nairobi, au Kenya, le 27 mars 2023. (Photo, AFP)
Un partisan de l'opposition tient une pierre lors d'affrontements avec des policiers kenyans dans le camp informel de Mathare à Nairobi, au Kenya, le 27 mars 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Kenya: appels au calme après les manifestations et violences

  • Le chef de l'opposition kényane, Raila Odinga, a appelé à des manifestations bihebdomadaires - chaque lundi et jeudi - contre le président William Ruto, qu'il accuse d'avoir volé la présidentielle de 2022
  • La violence suscite l'inquiétude des Kényans, déjà en proie à une flambée de l'inflation et à un fort chômage.

NAIROBI: Les appels au calme et au dialogue au Kenya ont fleuri mardi, notamment de la part de l'Union africaine (UA), au lendemain de nouvelles manifestations émaillées de violences et de pillages.

Le chef de l'opposition kényane, Raila Odinga, a appelé à des manifestations bihebdomadaires - chaque lundi et jeudi - contre le président William Ruto, qu'il accuse d'avoir volé la présidentielle de 2022 et d'être incapable de contrôler l'explosion du coût de la vie.

Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a exprimé mardi sa "profonde inquiétude concernant la violence lors des manifestations au Kenya" ayant "provoqué des pertes en vies humaines, des dégâts aux biens et l'interruption de certaines activités économiques".

Il "appelle toutes les parties en présence à faire preuve de calme et à entamer un dialogue pour régler les possibles différends, dans l'intérêt de l'unité nationale et de la réconciliation", selon un communiqué.

Lundi, la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Nairobi et dans la ville de Kisumu, fief de M. Odinga dans l'ouest du pays, visant aussi des véhicules transportant des journalistes dans la capitale kényane.

Des policiers ont également usé de gaz lacrymogènes et d'un canon à eau contre le convoi de M. Odinga circulant dans la cohue d'un quartier densément peuplé de Nairobi, ce qui a provoqué des mouvements de foule.

«Arrêtez cette folie»

Un homme a été tué par balle à Kisumu, a indiqué à l'AFP le patron du principal hôpital de la ville. C'est le deuxième décès enregistré depuis le début des manifestations le 20 mars. Ce jour-là, un étudiant avait été tué par un tir policier dans une autre ville de l'ouest kényan.

Ces manifestations ont été qualifiées "d'illégales" par le patron de la police kényane Japhet Koome.

Des centaines de pillards se sont également attaqué lundi à une exploitation agricole des faubourgs de Nairobi, appartenant à l'ancien président Uhuru Kenyatta, volant des moutons, abattant des arbres et incendiant une partie de l'exploitation.

M. Kenyatta a soutenu la candidature de M. Odinga lors de la présidentielle d'août dernier, après s'être brouillé avec M. Ruto qui était son vice-président jusque-là et durant ses deux mandats.

Une entreprise, propriété de M. Odinga, a également été la cible de pillards à Nairobi.

Cette violence suscite l'inquiétude des Kényans, déjà en proie à une flambée de l'inflation et à un fort chômage.

"Arrêtez cette folie", titre en une mardi le quotidien kényan Nation.

Mise sur pied au Kenya après les meurtrières violences post-électorales de 2007-20008 (plus de 1.100 morts) la Commission de la Cohésion et de l'Intégration nationales (NCIC) a elle aussi appelée au dialogue "pour faire avancer (le) pays".

Son président, Samuel Kobia, a mardi "condamné dans les termes les plus forts" les "destructions gratuites (...) inacceptables".

Défenseur des opprimés

Selon le patron de la police kényane, 23 policiers ont été blessés et deux de leurs véhicules détruits lundi.

"Notre enquête (...) a commencé et ceux reconnus coupables devront en répondre devant la loi", a indiqué M. Koome dans un communiqué.

La police a parallèlement assuré "avoir répondu rapidement" aux informations sur les violences touchant les propriétés de MM. Kenyatta et Odinga et "avoir empêché d'autres infractions".

Actuellement en visite officielle en Allemagne et en Belgique, le président Ruto avait appelé la semaine dernière son rival à "cesser de terroriser le pays" avec ces manifestations.

De nombreux Kényans luttent pour se nourrir normalement, confrontés à la hausse des prix des denrées, au plongeon de la monnaie locale et à une sécheresse inédite dans certaines parties du pays.

Pendant la campagne électorale, M. Ruto s'était présenté comme le défenseur des opprimés et avait promis d'améliorer le sort des Kényans ordinaires. Mais il a depuis supprimé les subventions du carburant et de la farine de maïs - denrée de base au Kenya - dont les prix ont augmenté dans la foulée.

L'organisme de régulation de l'énergie du Kenya a aussi récemment annoncé une augmentation des prix de l'électricité à partir d'avril, alors que M. Ruto avait dit en janvier qu'il n'y en aurait pas.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
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  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de stabilité et de paix selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à une cérémonie d'accueil officielle devant le Grand Palais du Peuple sur la place Tiananmen à Pékin le 16 mai 2024. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à une cérémonie d'accueil officielle devant le Grand Palais du Peuple sur la place Tiananmen à Pékin le 16 mai 2024. (AFP)
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  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi à l'aube dans la capitale chinoise pour une visite de deux jours
  • Les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté le dirigeant russe, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il aussi déclaré.

«Sans limites»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi à l'aube dans la capitale chinoise pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie à de lourdes sanctions occidentales prises pour la punir de son offensive militaire en Ukraine.

Tout juste de retour d'une tournée en France, Serbie et Hongrie, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

Les deux pays avaient célébré début 2022, juste avant le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine, un partenariat bilatéral décrit comme "sans limites".

"C'est le premier voyage de Poutine après son investiture et il est donc destiné à montrer que les relations sino-russes montent encore d'un niveau", déclare à l'AFP l'analyste russe indépendant Konstantin Kalachev. "Sans oublier l'amitié personnelle visiblement sincère entre les deux dirigeants".

Jeudi, Vladimir Poutine s'est dit "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

S'exprimant face à la presse au côté de Xi Jinping, il a aussi jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" dans la région Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec son rival américain, qui coopère avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Ligne rouge 

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse, rappelant que "la position de la Chine sur cette question a toujours été claire".

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Ces liens étroits sont vus avec une suspicion croissante chez nombre de pays occidentaux.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à la Russie - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. En clair: le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et pourrait donc être réticente à vouloir renforcer sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Pendant cette visite de Vladimir Poutine, Moscou et Pékin ont toutefois signé plusieurs accords commerciaux.

Le président russe doit également rencontrer le Premier ministre Li Qiang puis se rendre vendredi à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


L'Afrique du Sud réclame en appel à la CIJ un retrait israélien de Rafah

Près de 450.000 personnes ont selon l'ONU été depuis le 6 mai "déplacées de force" de Rafah, pilonnée par Israël et menacée d'une offensive terrestre d'envergure. (AFP).
Près de 450.000 personnes ont selon l'ONU été depuis le 6 mai "déplacées de force" de Rafah, pilonnée par Israël et menacée d'une offensive terrestre d'envergure. (AFP).
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  • Les avocats de Pretoria, qui appellent les juges à ordonner un cessez-le-feu à Gaza, donnent vers 15H00 (13H00 GMT) le coup d'envoi de deux jours d'audiences au Palais de la Paix
  • L'Afrique du Sud demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire - l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948

LA HAYE: L'Afrique du Sud demande jeudi à la plus haute juridiction de l'ONU d'enjoindre Israël de cesser son incursion à Rafah, une opération qu'elle a qualifiée de "génocidaire" menaçant la "survie même des Palestiniens" en tant que groupe.

Les avocats de Pretoria, qui appellent les juges à ordonner un cessez-le-feu à Gaza, donnent vers 15H00 (13H00 GMT) le coup d'envoi de deux jours d'audiences au Palais de la Paix, siège de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Israël, qui récuse les accusations sud-africaines, y répondra vendredi.

Dans un arrêt en janvier, la CIJ a ordonné à Israël de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l'accès de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Mais la cour n'est pas allée jusqu'à ordonner un cessez-le-feu. Or pour l'Afrique du Sud, l'évolution de la situation sur le terrain – notamment l'opération à Rafah – nécessite une nouvelle ordonnance de la CIJ.

"Comme le démontrent des preuves accablantes, la manière même dont Israël poursuit ses opérations militaires à Rafah et ailleurs à Gaza est en soi génocidaire", a déclaré Pretoria dans sa requête. "Il faut lui ordonner d'arrêter."

Les ordonnances de la CIJ, qui tranche les différends entre Etats, sont juridiquement contraignantes mais elle n'a aucun moyen de les faire respecter.

L'Afrique du Sud demande à la CIJ trois nouvelles mesures d'urgence en attendant qu'elle se prononce sur le fond de l'affaire - l'accusation selon laquelle Israël viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

Premièrement, elle souhaite que la juridiction ordonne à Israël de "retirer et de cesser immédiatement son offensive militaire" à Rafah.

Israël devrait aussi prendre "toutes les mesures efficaces" pour permettre "un accès sans entrave" à Gaza aux travailleurs humanitaires, ainsi qu'aux journalistes et aux enquêteurs.

Enfin, Pretoria demande à la CIJ de veiller à ce qu'Israël fasse un rapport sur les mesures prises pour respecter les ordonnances.

« Dernier refuge »

Près de 450.000 personnes ont selon l'ONU été depuis le 6 mai "déplacées de force" de Rafah, pilonnée par Israël et menacée d'une offensive terrestre d'envergure.

"En tant que principale plaque tournante de l'aide humanitaire à Gaza, si Rafah tombe, Gaza aussi", a déclaré l'Afrique du Sud dans sa requête.

"En attaquant Rafah, Israël attaque le 'dernier refuge' à Gaza et la seule zone restante de la bande de Gaza qui n'a pas encore été substantiellement détruite par Israël", ajoute le document.

Pretoria a souligné que la seule manière de mettre en œuvre les décisions de justice existantes était un "cessez-le-feu permanent à Gaza".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a juré d'anéantir le Hamas, est déterminé à lancer une offensive terrestre d'envergure à Rafah, où sont retranchés selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

Inquiets pour la population civile, les Etats-Unis, comme une grande partie de la communauté internationale, sont opposés à une telle offensive dans cette ville située à la frontière égyptienne, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza ont été lancées en représailles à l'attaque du Hamas du 7 octobre qui a tué plus de 1.170 personnes, pour la plupart des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israélienne. Plus de 250 personnes ont été enlevées.

Au huitième mois de la guerre, 35.233 personnes sont mortes dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.