Prier pour la «victoire»: les musulmans d'Ukraine observent le ramadan

Cette photographie prise le 31 mars 2023 montre des fidèles écoutant le sermon de la prière du vendredi dans une mosquée située près de la ligne de front orientale, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
Cette photographie prise le 31 mars 2023 montre des fidèles écoutant le sermon de la prière du vendredi dans une mosquée située près de la ligne de front orientale, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP).
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Publié le Mardi 04 avril 2023

Prier pour la «victoire»: les musulmans d'Ukraine observent le ramadan

  • «Je demande à Allah de protéger notre mosquée. Je demande à Allah de protéger l'Ukraine (...) et de punir les tyrans», lance le mollah Mourat Souleïmanov dans ses prières
  • Le bâtiment de la mosquée présente les stigmates de la guerre: de nombreuses fenêtres sont brisées et des murs troués par des éclats d'obus

DONETSK : Pour la deuxième année consécutive, les musulmans d'Ukraine observent le ramadan en pleine invasion russe. Dans une mosquée située près du front dans l'est du pays, la plupart des fidèles cette semaine étaient des soldats en treillis.

"Je demande à Allah de protéger notre mosquée. Je demande à Allah de protéger l'Ukraine (...) et de punir les tyrans", lance le mollah Mourat Souleïmanov dans ses prières.

"Le Ramadan est un mois de victoire", dit-il à la petite assemblée de 16 personnes, dont onze en uniforme et une femme.

Le bâtiment de la mosquée présente les stigmates de la guerre: de nombreuses fenêtres sont brisées et des murs troués par des éclats d'obus. Une roquette a explosé a proximité deux jours plus tôt.

Parmi les fidèles, Saïd Ismaguilov, ancien chef spirituel des musulmans d'Ukraine. Après avoir démissionné avant la guerre, il travaille aujourd'hui comme ambulancier dans une équipe de secouristes volontaires, qui évacuent les soldats blessés.

M. Ismaguilov, âgé de 44 ans, est un Tatar, un groupe ethnique majoritairement de confession musulmane. Il porte un écusson de son bataillon ASAP Rescue et montre son ambulance garée à l'extérieur de la mosquée.

«La protection d'Allah»

Saïd Ismaguilov assure sentir "la volonté et la protection d'Allah" en cas de danger. "Il est arrivé que mon ambulance soit criblée d'éclats d'obus. Dieu merci, je n'ai pas été blessé", raconte-t-il.

Lorsque la guerre a éclaté, il occupait depuis 13 ans le poste de mufti de l'administration religieuse ukrainienne Umma. Mais la mosquée où il officiait s'est vidée au fur et à mesure des évacuations.

"J'ai réalisé que je ne servais à rien", explique-t-il. Il dit avoir choisi de se "lever et de défendre (sa) patrie".

L'année dernière, il a passé le ramadan à Lyssytchansk, une ville qui a subi des bombardements extrêmement violents avant que les troupes russes ne s'en emparent.

M. Ismaguilov assure qu'il peut toujours respecter les règles du jeûne.

"Je me suis habitué à passer le ramadan à la guerre, donc cette année n'est pas une nouveauté pour moi", dit-il. "J'ai tout ce qu'il faut pour jeûner, conformément à toutes les traditions musulmanes".

"Je ne suis plus dans les tranchées. Je passe la plupart de mes journées à conduire ou à me rendre au point de stabilisation", un bâtiment où sont emmenés les blessés pour leur prodiguer les premiers soins.

Il essaie également de consacrer quelques heures à la prière la nuit.

«C'est difficile»

"C'est difficile pour les musulmans qui doivent rester dans les tranchées. Ils ont froid et il y a beaucoup d'eau car il pleut souvent... Il est difficile d'être musulman là-bas", poursuit Saïd Ismaguilov.

Il dit ne pas savoir comment il célébrera la fin du ramadan, l'Aïd el-Fitr, plus tard ce mois-ci.

"On a de la chance si on arrive à se rendre dans une mosquée et on ne sait jamais combien de personnes viendront, ou si elles viendront", affirme-t-il.

En cas de bombardements intenses, ils prient dans un sous-sol.

Né dans la ville de Donetsk, aujourd'hui sous occupation russe, Saïd Ismaguilov a étudié la théologie dans une université islamique de Moscou, avant de devenir imam dans sa cité natale.

Bien qu'il ait grandi dans une région largement russophone, il préfère aujourd'hui parler ukrainien.

"Je trouve révoltant que les musulmans russes soutiennent la guerre", dit-il, accusant Moscou de traiter ses minorités comme de la "chair à canon".

Le ramadan exige des croyants qu'ils s'abstiennent de manger et de boire de l'aube à la tombée de la nuit pendant un mois.

"Je suis absolument certain que de nombreux combattants musulmans participant aux combats aimeraient jeûner... car dans ce cas, ils se sentent encore mieux avec l'aide d'Allah", assure le mufti Souleïmanov à l'AFP, qui a remplacé M. Ismaguilov en novembre.

Un soldat à l'extérieur de la mosquée explique jeûner, comme le font la plupart des soldats musulmans, à moins qu'ils ne soient en mission de combat.

"Lorsque vous allez sur la ligne de front, il est permis de ne pas jeûner. S'il ne fait pas chaud et que vous n'êtes pas tourmenté par la soif, alors vous pouvez jeûner", explique-t-il.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.