Crise Alger-Madrid: Des entreprises réclament des dommages-intérêts à Pedro Sanchez

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (Photo, AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (Photo, AFP).
Short Url

Crise Alger-Madrid: Des entreprises réclament des dommages-intérêts à Pedro Sanchez

  • En 2022, le changement de position de l'Espagne concernant le Sahara a provoqué une crise diplomatique avec l'Algérie
  • L'Espagne est l’un des principaux clients énergétiques de l'Algérie

ALGER: De nombreuses entreprises espagnoles dépendant du marché algérien ont exprimé leur mécontentement à l’égard de leur gouvernement après avoir enregistré d’énormes pertes causées par la rupture des relations diplomatiques et économiques entre Alger et Madrid.

La série de restrictions mises en place par l’Algérie l'an dernier ont causé des millions de pertes aux entreprises espagnoles dont le pays nord africain est le principal -voire unique- marché et exigent une solution urgente au blocus commercial entre les deux pays.

Les entreprises, regroupées sous la bannière de «The Association of Algeria Crisis Companies», réclament au gouvernement de Pedro Sanchez des dommages-intérêts à hauteur de 300 millions d'euros, a rapporté le média espagnol El Periodico.  

Toujours selon le même média, plus d’une vingtaine d’entreprises espagnoles ont par ailleurs entamé des démarches pour présenter un recours à leur gouvernement pour les conséquences du revirement diplomatique concernant le Sahara occidental.  

En 2022, le volte-face sahraoui de l'Espagne avait conduit à rupture de ses relations avec l'Algérie.  

Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, avait transmis dans une lettre au roi du Maroc, Mohamed VI, son soutien à l'autonomie du Sahara occidental. 

Le 19 mars de l’année dernière, Alger avait rappelé son ambassadeur à Madrid, puis a décidé de suspendre le traité de bon voisinage.

À l’exception de l’approvisionnement en gaz, l’Algérie a également gelé, depuis le 9 juin 2022, les domiciliations bancaires des opérations de commerce extérieur de produits et services, de et vers l’Espagne.

Depuis, les exportations vers l’Algérie sont paralysées après avoir chuté de 45,9 % l'an dernier. 

«Les pertes pour eux s'élèvent à plus de 800 millions d'euros. Il y a beaucoup d'espoir de la part des entreprises pour que cela se règle, nous faisons des efforts», souligne le président du Cercle algéro-espagnol du commerce et de l'industrie (CCIAE), Djamel Eddine Bouabdellah pour le média El Espanol. 

D’après le même journal, en mai, l'Espagne a exporté des marchandises vers l'Algérie pour 197,3 millions d'euros. 

En juin, les exportations sont tombées à 66,6 millions d'euros et elles ont même chuté sous les 11 millions d'euros au cours du dernier mois de l'année, les exportations sont restées inférieures à 11 millions d'euros. 

Avantage pour Alger

Selon les données des Nations Unies, en 2021, l'Espagne était le deuxième client de l'Algérie derrière l'Italie, avec qui le pays d'Afrique du Nord a dernièrement multiplié les accords énergétiques.

L'Italie et le Portugal sont les concurrents principaux de l'Espagne en la matière. Bouabdellah reconnait cependant que les relations commerciales entre l'Espagne et l'Algérie présentent des «avantages» en termes de prix et de transport, qu'il espère pouvoir récupérer à un moment donné.»

«Les secteurs à potentiel d'investissement seraient abondants en Algérie si les conditions d'investissement étaient adéquates», reconnaît le bureau du commerce dans le rapport économique du pays méditerranéen.

Bouabdellah qualifie également le conflit de «problème politique». Pour cette raison, le président de la CCIAE estime que «pour l’Algérie, la balle est du côté de l'Espagne.»

La volonté de débloquer les divergences entre l'Espagne et l'Algérie n'existe pas seulement aux frontières espagnoles, mais appelle aussi une solution au sein de l'Union européenne. 

Trois semaines plus tôt, le représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a appelé à «trouver une solution aux limitations actuelles. Je pense par exemple aux entraves introduites depuis juin 2022 au commerce avec l'Espagne, qui doivent être levées». 

Et d’ajouter, «je pense aussi aux restrictions aux investissements européens en Algérie, qui ont un impact direct sur l'application de notre accord d'association. Trouver une solution à tout cela est dans notre intérêt commun. »

L'Espagne est l’un des principaux clients énergétiques de l'Algérie, notamment en matière de gaz et d’hydrocarbures.  De son côté, le pays européen exporte du papier, des matériaux céramiques et des produits agroalimentaires. 

Pour cette raison, la balance commerciale a toujours été plus avantageuse du côté algérien, et encore plus après la hausse des prix de l'énergie due au conflit entre la Russie et l’Ukraine. 


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Short Url
  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Short Url
  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.


EDF prolonge la durée de vie de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni

Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Un logo d'EDF est affiché lors de la 8e édition du salon Vivatech des startups et de l'innovation technologique, au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 23 mai 2024. (AFP)
Short Url
  • EDF a annoncé la prolongation jusqu’en 2028 de deux centrales nucléaires au Royaume-Uni après des inspections de sécurité satisfaisantes
  • Ces prolongations visent à garantir l’approvisionnement en électricité bas carbone et à soutenir les objectifs climatiques du Royaume-Uni

LONDRES: L'énergéticien français EDF, qui exploite les cinq centrales nucléaires actuellement en activité au Royaume-Uni, a annoncé mardi prolonger la durée de vie de deux d'entre elles, assurant que cela "contribuera à la sécurité énergétique" du pays.

"Prolonger la durée de vie de ces centrales (...) permettra de garantir l'emploi plus longtemps à plus de 1.000 personnes qui y travaillent et de soutenir les ambitions du Royaume-Uni de disposer d'un approvisionnement en électricité propre et sûr", a fait valoir dans un communiqué le directeur des opérations nucléaires d'EDF au Royaume-Uni, Mark Hartley.

Heysham 1 (nord-ouest de l'Angleterre) et Hartlepool (nord-est) verront leurs durées de vie étendues d'un an, jusqu'en mars 2028, après une prolongation similaire annoncée en décembre dernier, suite à des inspections et évaluations de sécurité satisfaisantes.

EDF avait aussi prolongé en décembre la vie de deux autres centrales nucléaires, Heysham 2 et Torness, qui produiront de l'électricité jusqu'en mars 2030.

La cinquième centrale d'EDF en activité dans le pays, Sizewell B, utilise une technologie différente et "sa durée de vie n'a pas été évaluée dans le cadre de ce processus" mais EDF estime dans son communiqué qu'il existe "de bonnes chances" de prolonger aussi sa durée de vie de 20 ans, jusqu'en 2055.

L'énergéticien français est depuis 2009 l'opérateur du vieillissant parc nucléaire outre-Manche.

Il est parallèlement en charge de la construction de deux autres centrales nucléaires de nouvelle génération de type EPR au Royaume-Uni, Hinkley Point C et Sizewell C. L'entreprise est régulièrement pointée du doigt pour les délais et dérapages de budget de ces projets pharamineux.

Hinkley Point C est en construction et le gouvernement britannique a donné son feu vert en juillet à Sizewell C -- dont le coût avait alors enflé à 38 milliards de livres (44 milliards d'euros).

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités. Une façon aussi d'atteindre ses ambitions climatiques, en complément des immenses champs d'éoliennes construits en mer.

Le gouvernement a promis en juin d'injecter plus de 30 milliards de livres (35 milliards d'euros) pour relancer l'énergie nucléaire dans le pays, pour Sizewell C, mais aussi des petits réacteurs et la recherche sur la technologie prometteuse de la fusion.