L'ONU exhorte Bagdad à lutter contre le phénomène des disparitions forcées

Des sources gouvernementales irakiennes estiment qu'entre 250 000 et plus d'un million de personnes sont portées disparues (Photo, AFP).
Des sources gouvernementales irakiennes estiment qu'entre 250 000 et plus d'un million de personnes sont portées disparues (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 avril 2023

L'ONU exhorte Bagdad à lutter contre le phénomène des disparitions forcées

  • Les membres d'un comité chargé d'enquêter sur la question ont publié un rapport sur leur récente visite dans le pays
  • On estime que jusqu'à un million d'Irakiens ont disparu au cours des vagues de violence qui se sont succédées dans le pays au cours des cinquante dernières années

NEW YORK: Les experts de l'ONU ont exprimé mardi leur profonde inquiétude face à la hausse inquiétante de disparitions forcées dans plusieurs régions d'Irak.

On estime que jusqu'à un million de personnes ont disparu dans le pays au cours des cinquante dernières années, et les experts ont indiqué que le phénomène perdure dans le cadre de la culture d'impunité et de «revictimisation» qui prévaut toujours.

Le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées a révélé que «la dimension, l'étendue et la diversité des disparitions forcées en Irak exigent une intervention urgente et concertée du gouvernement, de ses voisins régionaux et de la communauté internationale».

Il a exhorté les autorités irakiennes à enquêter rapidement sur les disparitions et à adopter une législation visant à «prévenir, éradiquer et réparer ces crimes odieux».

Les membres du Comité sont des experts indépendants qui surveillent la mise en œuvre de la convention des Nations unies pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Ce mardi, ils ont publié un rapport sur leur visite en Irak en novembre 2022.

Ils ont salué la coopération des autorités à Bagdad et ont signalé que cette visite constituait «une nouvelle étape dans l'interaction du Comité avec l'Irak, l'un des premiers pays à avoir ratifié la Convention». Ils ont toutefois ajouté qu'il restait encore beaucoup à faire.

Au cours de la visite, les membres du Comité ont entendu le témoignage de victimes de disparitions, qui, selon eux, continuent de se produire.

L’un de ces témoignages est celui d’une mère, «un schéma typique» selon les experts : «mon fils est allé rendre visite à son cousin. Je l'ai appelé peu après son départ car il avait oublié le pain que je voulais envoyer à mon neveu. Il m'a répondu qu'il se trouvait à un poste de contrôle et que des hommes en uniforme le contrôlaient, et qu'il m'appellerait immédiatement après. Il ne l'a jamais fait.

«Depuis, je l'ai cherché partout, dans toutes les prisons, auprès de toutes les autorités. Mais rien, rien, rien.»

Un autre exemple identifiable, selon les experts, est celui des disparitions forcées d'enfants yézidis issus de l’abus sexuel de leurs mères dans les camps de Daech. Dans certains cas, le rapport indique que les mères ont été forcées de placer leurs enfants dans des orphelinats après leur retour en Irak. Mais lorsqu'elles sont revenues les chercher pour les ramener chez eux, les enfants avaient été «donnés» à d'autres familles, apparemment avec l'implication directe de l'État.

Des centaines de familles sont à la recherche d'êtres chers qu'elles soupçonnent d'être détenus dans des camps en Turquie, en Syrie ou en Iran «où tout contact avec le monde extérieur est impossible», a mentionné le Comité.

Les estimations officielles du nombre d'Irakiens disparus depuis 1968 à la suite de conflits et de violences politiques varient entre 250 000 et 1 000 000.

Bien qu'il soit impossible de donner un chiffre plus précis, les membres du Comité estiment que les victimes ont disparu en «cinq vagues» de disparitions au cours des cinquante dernières années.

Jusqu'à 290 000 personnes, dont 100 000 Kurdes, ont été victimes de disparitions forcées dans le cadre de la «campagne génocidaire au Kurdistan irakien» menée par Saddam Hussein entre 1968 et 2003.

Au cours de l'invasion de l'Irak en 2003 et des années d'occupation qui ont suivi, les forces militaires dirigées par les États-Unis ont capturé au moins 200 000 Irakiens, dont 96 000 ont été détenus dans des prisons gérées par les États-Unis. Les experts de l'ONU ont déclaré que certains détenus avaient été arrêtés, sans mandat, pour leur implication présumée dans des opérations d'insurrection, tandis que d'autres étaient simplement «des civils qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment».

Selon le rapport, une autre série d'enlèvements et de massacres de soldats irakiens et de membres des forces de sécurité a eu lieu entre 2014 et 2017, lorsque Daech contrôlait une partie de l'Irak. Lorsque les forces de mobilisation populaire ont lancé des opérations pour reprendre le contrôle des grandes villes des mains de l’organisation terroriste, les forces pro-gouvernementales ont fait disparaître de force des milliers d'Arabes sunnites, principalement des hommes et des jeunes garçons, a ajouté le rapport.

Une autre vague de disparitions forcées s'est produite entre 2018 et 2020, lors de manifestations organisées par des personnes de toutes origines religieuses et ethniques, selon le rapport.

Les experts de l'ONU ont exhorté les autorités irakiennes à classer immédiatement ces phénomènes en tant que délits spécifique, arguant qu’absentes de «la législation nationale, elles ne peuvent pas faire l’objet de poursuites en Irak».

Ils ont également appelé le gouvernement irakien à établir «une stratégie globale de recherche et d'enquête pour tous les cas de disparitions, et à renforcer et élargir la capacité médico-légale nationale afin de garantir que toutes les victimes aient accès aux processus d'exhumation et aux services médico-légaux».

Les autorités irakiennes sont par ailleurs enjointes à instituer une équipe indépendante «pour vérifier systématiquement les registres de tous les lieux de privation de liberté avec les noms de tous les détenus. Leur rôle serait de veiller à ce que tous les détenus soient enregistrés et à ce que leurs proches soient dûment informés du lieu où ils se trouvent, ont ajouté les experts.

Les membres de la commission ont aussi demandé aux responsables irakiens de répondre aux allégations persistantes de détentions secrètes, que les autorités nient, en mettant en place «une commission indépendante chargée d'effectuer une mission d'enquête afin de  vérifier l'existence de lieux de détention secrets, avec tous les moyens techniques, tels que des images satellites et des drones».

Pour répondre aux besoins et aux droits des victimes, le Comité a enfin appelé les autorités irakiennes à mettre en œuvre «des mesures législatives et judiciaires pour faire en sorte que toute personne ayant subi un préjudice résultant directement d'une disparition, soit officiellement considérée comme une victime et bénéficie des droits énoncés dans la Convention».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le roi et le prince héritier saoudiens présentent leurs condoléances au président des EAU à la suite du décès d’un haut responsable

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  • Le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane
  • Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères»

RIYAD: Le roi Salmane et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ont présenté jeudi leurs condoléances au président des Émirats arabes unis (EAU) après le décès d’un haut responsable et membre de la famille royale, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans un télégramme adressé au cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le roi Salmane a fait part de ses «plus profondes et sincères condoléances» après le décès du cheikh Tahnoun ben Mohammed al-Nahyane, représentant de l’émir d’Abu Dhabi à Al-Aïn, le 1er mai 2024.

Le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a lui aussi exprimé ses «condoléances les plus chaleureuses et les plus sincères» dans un télégramme séparé adressé au président émirati, selon la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le coût de la reconstruction estimé entre 30 et 40 milliards de dollars, selon l'ONU

Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
Près de sept mois de bombardements israéliens ont causé des milliards de dollars de dégâts, réduisant en tas de nombreux immeubles en béton de grande hauteur de la bande surpeuplée. (AFP)
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  • Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars
  • Si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patientersi longtemps

AMMAN: L'ONU a estimé jeudi entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Gaza, ravagée depuis bientôt sept mois par une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas palestinien, à cause de l'ampleur sans précédent des destructions.

"Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars", a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.

"L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", a encore dit M. Dardari, également sous-secrétaire général de l'ONU.

Il a indiqué que "des discussions ont eu lieu concernant le financement (de la reconstruction) avec des pays arabes", faisant état de "signaux extrêmement positifs", sans donner plus de détails.

Il a ajouté que si la reconstruction de Gaza devait être menée selon le processus traditionnel, "cela pourrait prendre des décennies, et le peuple palestinien n'a pas le luxe de patienter" si longtemps.

"Il est donc important que nous agissions rapidement pour reloger les gens dans des logements décents et rétablir leur vie normale sur les plans économique, social, sanitaire et éducatif. C'est notre priorité absolue, et cela doit être réalisé dans les trois premières années suivant la cessation des hostilités."

En outre, il a estimé à "37 millions de tonnes" le total des décombres accumulés à la suite des bombardements et des explosions. "Nous parlons d'un chiffre colossal, et ce chiffre augmente tous les jours. Les dernières données indiquent qu'il approche déjà les 40 millions de tonnes".

Chute du PIB

Le responsable de l'ONU a d'autre part précisé que "72% de tous les bâtiments résidentiels avaient été entièrement ou partiellement détruits".

Aussi, "le développement humain à Gaza, dans tous ses aspects, notamment la santé, l'éducation, l'économie et les infrastructures, a reculé de 40 ans. Quarante années d'efforts et d'investissements sont parties en fumée".

"La reconstruction doit être minutieusement planifiée, efficace et d'une manière extrêmement flexible, car nous ignorons comment la guerre prendra fin" et quel type de gouvernance sera établi dans la bande de Gaza, a-t-il encore dit.

M. Dardari a souligné l'importance d'une préparation en amont pour pouvoir agir dès la fin des hostilités. "Nous devons être prêts pour fournir des logements temporaires décents, déblayer les décombres et nous occuper des milliers de cadavres qui se trouvent sous ces décombres".

Le PNUD estime dans un rapport publié jeudi que la guerre devrait entraîner en 2024 une perte de 26,9% du PIB pour l'ensemble des Territoires palestiniens, par rapport aux projections initiales du bureau palestinien des statistiques.

Avant le début de la guerre le 7 octobre, la croissance palestinienne était prévue à 3,5% en 2023, mais l'année s'était achevée sur une récession de 5,5% - une différence presque totalement due à l'effondrement de l'économie gazaouie, qui a reculé de plus 90% sur les trois derniers mois de l'année.

La Cisjordanie occupée est également concernée, son économie chutant de 18,8% sur le dernier trimestre 2023 par rapport à la même période un an plus tôt.

"La guerre dévastatrice à Gaza entraînera un coût économique et social pour les futures générations qui entraveront la reprise post-guerre et le développement dans l'ensemble des territoires palestiniens occupés", a ajouté le rapport.

L'espérance de vie dans l'ensemble des territoires palestiniens a chuté de quatre ans et pourrait même perdre sept années si la guerre dure trois mois de plus.

 

 


Les écoles à nouveau fermées aux Emirats en raison de fortes pluies

D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
D'épais nuages ​​remplissent le ciel au-dessus de Dubaï le 2 mai 2024, alors que de fortes pluies reviennent aux Émirats arabes unis, deux semaines seulement après des averses record que les experts ont liées au changement climatique. (AFP)
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  • Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé
  • La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards

DUBAI: Les écoles et de nombreux bureaux étaient fermés jeudi aux Emirats arabes unis en raison des fortes pluies qui se sont abattues sur ce pays désertique, deux semaines après des précipitations records imputées par les experts au changement climatique.

Des orages accompagnés de vents violents ont balayé le pays du Golfe durant la nuit, et plus de 50 millimètres (mm) de pluie sont tombés avant 8 heures du matin dans certaines régions, a indiqué le Centre national de météorologie.

Les autorités émiraties ont fermé les écoles et préconisé le travail à distance dans les secteurs public et privé.

A Dubaï, le centre touristique et financier du pays, l'eau s'est accumulée dans certains quartiers tandis que l’aéroport de la ville, l'un des plus fréquenté au monde, a annulé 13 vols et détourné cinq autres, a déclaré un porte-parole.

La compagnie Emirates et sa filiale à bas coût Flydubai ont toutes deux informé leurs passagers de possibles retards.

Les intempéries ont été bien moins sévères que celles du 16 avril, lorsque qu'un record de 259,5 mm de pluie avait provoqué la mort de quatre personnes, des inondations sans précédent et l'annulation de plus de 2.000 vols.

La circulation était toutefois au ralenti sur les autoroutes habituellement bondées de Dubaï, tandis que des voitures ont été submergées près du centre commercial Ibn Battuta, dans le sud de la ville.

Des camions ont été dépêchés pour pomper l'eau dans certaines zones, le système d'évacuation des eaux de la ville étant souvent saturé lors de fortes précipitations.

Les pluies diluviennes du mois dernier aux Émirats arabes unis, qui ont également fait 21 morts dans le pays voisin d'Oman, étaient les plus importantes depuis le début des relevés météo en 1949.

Selon les scientifiques du réseau World Weather Attribution (WWA), le réchauffement climatique est l'explication "la plus probable" à ces pluies torrentielles.