Les appels à stopper l'«escalade» de la violence entre Israël et Palestiniens se multiplient à travers le monde

Un homme tient un éclat de roquette après des frappes aériennes israéliennes à Al Qulaylah, à la périphérie de la ville de Tyr, au sud de la capitale libanaise Beyrouth, le 7 avril 2023. (Photo par Mahmoud Zayyat / AFP)
Un homme tient un éclat de roquette après des frappes aériennes israéliennes à Al Qulaylah, à la périphérie de la ville de Tyr, au sud de la capitale libanaise Beyrouth, le 7 avril 2023. (Photo par Mahmoud Zayyat / AFP)
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Les appels à stopper l'«escalade» de la violence entre Israël et Palestiniens se multiplient à travers le monde

  • La Russie a appelé vendredi Israël et les Palestiniens à stopper l'«escalade» de la violence et à trouver un compromis
  • Paris rappellait «son attachement indéfectible à la sécurité d'Israël et à la stabilité et souveraineté du Liban» après les tirs de roquettes à partir du Liban et une riposte israélienne ayant visé des positions du mouvement palestinien Hamas

PARIS : Plusieurs chancelleries à travers le monde, inquiètes de l’escalade de violence entre Israël et les Palestiniens, aggravée par le tir d’une salve de roquettes à partir du sud du Liban attribuée par Israël au Hamas, ont appelé vendredi à la retenue.

Moscou demande le rétablissement d’un cessez-le-feu durable

La Russie a appelé vendredi Israël et les Palestiniens à stopper l'«escalade» de la violence et à trouver un compromis, après des frappes israéliennes contre le Liban et la bande de Gaza en riposte à des tirs de roquettes contre son territoire.

«Nous appelons les parties concernées à s'abstenir de toute confrontation et à agir pour empêcher une nouvelle escalade, mettre fin à la violence et rétablir un cessez-le-feu durable», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Paris appelle toutes les parties à la « retenue maximale »

De son côté, Paris rappelait «son attachement indéfectible à la sécurité d'Israël et à la stabilité et souveraineté du Liban» après les tirs de roquettes à partir du Liban et une riposte israélienne ayant visé des positions du mouvement palestinien Hamas.

Face aux tensions des derniers jours, Paris appellait vendredi «toutes les parties à la retenue maximale et à éviter toute action susceptible de conduire à une escalade», selon une déclaration de François Delmas, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères. La France a aussi réitéré «sa ferme condamnation des tirs de roquettes indiscriminés qui ont ciblé le territoire israélien depuis Gaza et le Sud Liban».

Londres reconnaît le droit d'Israël à se défendre mais condamne les violences policières

Londres a également appellé à la «désescalade» de «toutes les parties» à la suite des frappes d'Israël contre le Liban et la bande de Gaza en riposte aux tirs de roquettes contre son territoire. Londres «condamne les tirs de roquettes du sud du Liban et de Gaza et reconnaît le droit d'Israël à se défendre», a souligné dans un communiqué le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly. «Le moment est venu pour toutes les parties de la région de faire preuve de désescalade», a-t-il ajouté en appelant à «respecter le statu quo historique concernant les lieux saints de Jérusalem».

M. Cleverly a ajouté que le Royaume-Uni condamnait «les violences de la police israélienne à la mosquée Al-Aqsa».

En plein ramadan, la police israélienne a fait irruption mercredi dans cette mosquée de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam, pour en déloger des Palestiniens «extrémistes» selon le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

«Quand les forces de sécurité israéliennes conduisent leurs opérations, elles doivent s'assurer qu'elles le font de manière proportionnée et en accord avec le droit international», a souligné M. Cleverly.

Les frappes israéliennes vendredi matin visant le Liban et l'enclave palestinienne de Gaza sont le dernier épisode en date d'une brusque montée de tension au Proche-Orient depuis mercredi. Au lendemain des violences à Al-Aqsa, une trentaine de roquettes avaient été tirées jeudi - jour de la Pâque juive - du Liban vers Israël.

L'UE appelle à la retenue

Samedi, L'Union européenne condamnait dans un communiqué les attentats meurtriers en Israël ainsi que les tirs de roquettes depuis le Liban, lançant un appel à la «retenue». «L'UE exprime sa condamnation totale de ces actes de violences», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Nous exhortons toutes les parties à faire preuve d'une retenue maximale», a-t-il ajouté.

Engagement de l’Iran et de l’Arabie saoudite

La veille, jeudi, les chefs de la diplomatie d'Iran et d'Arabie saoudite convenaient, à Pékin de travailler ensemble à «la sécurité, la stabilité et la prospérité» au Moyen-Orient, moins d'un mois après un accord sous l'égide de Pékin pour normaliser leurs relations.

Pékin a également affirmé vouloir œuvrer à ces objectifs au Moyen-Orient.

(Avec agences)

Flambée de violences israélo-palestiniennes depuis un an

Les frappes israéliennes contre la bande de Gaza et le sud du Liban, en riposte à des tirs de roquettes, s'inscrivent dans une flambée de violences israélo-palestiniennes qui a commencé il y a un an.

Cette escalade sur le front israélo-libanais, sans équivalent depuis 2006, fait suite à une violente irruption le 5 avril de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam.

- Attaques sur le sol israélien -

La flambée de violence démarre le 22 mars 2022, lorsque quatre personnes sont tuées à Beersheva, ville du désert du Néguev (sud d'Israël), par un enseignant bédouin lié au groupe djihadiste État islamique (EI).

Le 27 mars, deux policiers sont tués dans une attaque revendiquée par l'EI à Hadera (nord). Deux jours plus tard, un Palestinien de Cisjordanie tue cinq passants dans la banlieue de Tel-Aviv. Le 7 avril, une autre attaque fait trois morts dans le centre de Tel-Aviv.

- Raids en Cisjordanie -

Dans la foulée d'autres attaques sur le sol israélien, l'armée israélienne mène en 2022 plus de 2 000 raids en Cisjordanie, notamment à Jénine et Naplouse, bastions de groupes armés palestiniens, dans le nord de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Le 11 mai, la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, vedette de la chaîne qatarie panarabe Al-Jazeera, est tuée lors d'un raid israélien

Le 25 octobre, cinq Palestiniens sont tués dans une attaque israélienne visant le groupe armé Areen al-Oussoud à Naplouse. Le 29 novembre, les troupes israéliennes abattent cinq Palestiniens en Cisjordanie.

- Opération «préventive» à Gaza -

Le 5 août, l'armée israélienne lance à Gaza une opération présentée comme «préventive» contre le Djihad islamique, dont les principaux chefs militaires sont tués.

Au total, 49 Palestiniens sont tués en trois jours d'échanges de roquettes et de missiles.

- Flambée de violences en 2023 -

Une nouvelle spirale de violences démarre le 26 janvier 2023, lorsque 10 Palestiniens sont tués à Jénine lors d'un raid israélien.

Le lendemain, un Palestinien tue par balles six Israéliens et une Ukrainienne près d'une synagogue à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël, avant d'être abattu.

Le 6 février, cinq Palestiniens, dont des membres du Hamas, sont tués dans une opération militaire israélienne à Jéricho.

Le 10 février, un attentat à la voiture-bélier à Jérusalem-Est fait trois morts israéliens, dont deux frères de 6 et 8 ans.

Le 22 février, onze Palestiniens sont tués lors d'une incursion militaire à Naplouse.

Cette opération, la plus meurtrière menée par l'armée israélienne en Cisjordanie depuis 2005 au moins, est suivie dans la nuit par des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël, suivis par des frappes aériennes israéliennes.

- Des colons saccagent une ville palestinienne -

Le 26 février, deux jeunes colons israéliens de Cisjordanie sont tués près de Naplouse.

Le soir même, des centaines de colons israéliens entrent à Houwara, où ils jettent des pierres vers des habitations palestiniennes, incendient des bâtiments et des voitures.

Six Palestiniens sont tués le 7 mars à Jénine, dont l'auteur de l'attaque des deux colons.

Le 1er avril, le nombre de décès lors de heurts quasi-quotidiens atteignait 104 depuis le début de 2023 (88 Palestiniens, un Arabe israélien, 14 autres Israéliens et une Ukrainienne), selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.

- Heurts dans la mosquée Al-Aqsa et frappes -

Le 5 avril, en plein ramadan, de violents affrontements opposent la police israélienne à ce qu'elle présente comme des "émeutiers" retranchés à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa.

Deux roquettes sont tirées dans la soirée depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien, après des tirs similaires la nuit précédente auxquels Israël avait répliqué avec des frappes.

Le 6 avril, une trentaine de roquettes sont tirées à partir du Liban vers Israël.

Israël commence à riposter dans la soirée par des frappes aériennes sur la bande de Gaza.

Le 7 avant l'aube, l'armée israélienne mène aussi des frappes contre le sud du Liban, disant avoir frappé trois «infrastructures» du Hamas.

C'est la première fois qu'Israël confirme avoir attaqué le territoire libanais depuis avril 2022.

Le même jour, deux soeurs israéliennes décèdent dans une attaque contre leur voiture en Cisjordanie.


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.