Céréales ukrainiennes: Lavrov menace de suspendre l'accord d'exportation

Sergueï Lavrov s'exprimait devant la presse à l'issue d'un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu (Photo, AFP).
Sergueï Lavrov s'exprimait devant la presse à l'issue d'un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 avril 2023

Céréales ukrainiennes: Lavrov menace de suspendre l'accord d'exportation

  • «S'il n'y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d'engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire», a prévenu Lavrov
  • Par ailleurs, il a dénoncé l'inégalité des exportations ukrainiennes entre pays riches et pauvres

ANKARA: Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a menacé vendredi à Ankara de suspendre l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes si les ventes de produits agricoles russes restent entravées.

M. Lavrov s'exprimait devant la presse à l'issue d'un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, dont le pays s'est beaucoup investi dans la conclusion de cet accord l'été dernier.

"S'il n'y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d'engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire", a prévenu M. Lavrov.

L'accord, qui permet d'exporter les céréales ukrainiennes via la mer Noire malgré la guerre, a été prolongé le 19 mars.

Le ministre russe a ensuite été reçu par le président Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel, accueuilli par une longue poignée de mains par le chef de l'Etat en campagne pour sa réélection le 14 mai. Aucun détail n'a filtré des discussions.

M. Erdogan et Vladimir Poutine se sont rencontrés à quatre reprises l'an dernier et échangent régulièrement par téléphone, la dernière fois le 25 mars.

Mais Moscou a proposé soixante jours plutôt que la reconduction tacite initialement convenue de 120 jours en insistant sur le respect de l'autre volet de l'accord, qui concerne ses propres exportations d'engrais.

Théoriquement, ces produits indispensables à l'agriculture mondiale ne tombent pas sous le coup des sanctions occidentales imposées à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022. Mais elles sont de fait entravées par les banques.

Selon le ministre turc, "les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont pris des mesures en termes de paiement et d'assurance, mais des problèmes persistent. Certaines banques n'ont pas fait le nécessaire".

De même, a poursuivi M. Cavusoglu, "des mesures ont été prises pour réexpédier de l'ammoniac et des engrais russes des pays occidentaux vers les pays africains, mais le problème n'est pas résolu".

Par ailleurs, M. Lavrov a dénoncé l'inégalité des exportations ukrainiennes entre pays riches et pauvres.

Selon le Centre de coordination conjointe chargé de superviser l'accord international, 56% des exportations étaient destinées aux pays en développement, et 5,7% ont concerné les pays les moins avancés, qui totalisent plus de 12% de la population mondiale.

L'Ukraine suspendra les exportations de céréales vers la Pologne, selon un accord bilatéral

Kiev et Varsovie ont décidé de suspendre les exportations de certaines céréales et oléagineux vers la Pologne où leur afflux massif et incontrôlé a déstabilisé le marché local, ont annoncé vendredi les ministres de l'Agriculture des deux pays.

Cet accord ne concerne pas le transit par la Pologne de ces produits vers d'autres pays, ont-ils souligné aux journalistes.

"La partie ukrainienne se retiendra, et c'est jusqu'à la nouvelle saison, d'exporter le blé, le maïs, le colza et les graines de tournesol", a indiqué le nouveau ministre polonais Robert Telus qui a pris ses fonctions jeudi.

"Nous ne parlons pas du transit" qui sera maintenu mais "sera contrôlé de très près", a-t-il précisé.

Son homologue ukrainien, Mycola Solsky, a ajouté que, courant la semaine prochaine, les deux pays allaient élaborer des modalités permettant de "limiter les exportations qui ne seront plus possibles que moyennant un accord de la partie polonaise", ce qui devrait conduire à la signature d'un accord bilatéral.

«Nouvel ordre mondial»

La Russie et la Turquie agissent de concert dans plusieurs dossiers internationaux et Moscou avait fait valoir avant l'arrivée de M. Lavrov la nécessité de "synchroniser les montres" avec Ankara.

La Turquie est parvenue depuis le début du conflit à maintenir des relations avec l'Ukraine et la Russie et M. Cavusoglu a exprimé vendredi "son inquiétude (concernant) une escalade du conflit au printemps".

Mais, a prévenu M. Lavrov, des négociations de paix sur l'Ukraine ne seront possibles que si elles visent à l'établissement d'un "nouvel ordre mondial" sans domination américaine.

"Les négociations ne peuvent avoir lieu que sur la base de la prise en compte des intérêts russes", a-t-il insisté. "Il s'agit des principes sur lesquels seront fondés le nouvel ordre mondial".

La Russie entend promouvoir une réconciliation entre Ankara et son allié syrien et a convoqué plusieurs réunions, restées jusqu'ici sans résultat.

Le président syrien Bachar al-Assad a conditionné toute rencontre avec M. Erdogan à un retrait des forces turques présentes dans le nord de la Syrie pour prévenir les attaques kurdes.

Mais le porte-parole et conseiller diplomatique du président Erdogan, Ibrahim Kalin, a annoncé mercredi une prochaine réunion à Moscou des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays, plus ceux de Russie et d'Iran.

Celle-ci aura lieu "dans les jours qui viennent" avec les chefs des renseignements des quatre pays, a précisé M. Kalin: ce dernier a d'ailleurs rencontré le président Poutine jeudi à Moscou, a annoncé le Kremlin.

"Le dialogue doit se poursuivre. Il serait bénéfique que les consultations se poursuivent de la même manière", a confirmé vendredi le ministre turc.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.


Les bénéfices du CAC 40 en baisse sur fond de guerre commerciale

Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
Cette photographie montre les informations financières de l'indice CAC40 (en bas à gauche), l'indice français qui suit les 40 plus grandes valeurs françaises, affichées sur un immeuble de bureaux dans le quartier financier de La Défense à Paris, le 7 avril 2025. (AFP)
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  • Les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale
  • Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros

PARIS: Automobile et luxe à la peine, aérien, défense et industrie en progression: les disparités sont fortes au premier semestre pour les entreprises du CAC 40, qui ont globalement vu leurs bénéfices nets reculer sur fond de guerre commerciale, d'après un décompte réalisé jeudi par l'AFP.

Pour les 37 entreprises sur 40 qui ont publié leurs résultats semestriels jusqu'à jeudi soir inclus, le bénéfice net cumulé tombe à 45 milliards d'euros, en baisse de 32% par rapport au premier semestre 2024 pour ces mêmes entreprises.

Cette somme des bénéfices nets part du groupe ne prend pas en compte d'éventuels résultats ajustés publiés par les entreprises et exclut Pernod Ricard, dont l'exercice comptable est décalé et donc pas comparable.

Le chiffre d'affaires cumulé est de 725 milliards d'euros, en légère baisse de près de 2%.

La première moitié de 2025 a été marquée par l'incertitude sur les droits de douane imposés par Donald Trump sur les produits européens, et a vu l'euro s'apprécier fortement par rapport à plusieurs devises, notamment face au dollar.

"C'est plutôt l'incertitude qui a pesé" avec le risque "qu'il y ait une guerre commerciale", souligne auprès de l'AFP Lionel Melka, gérant à Swann Capital.

Mais "globalement, (...) les résultats sont plutôt solides", avec, d'un côté, "les secteurs où les attentes étaient basses" comme le luxe ou la consommation, et, de l'autre, "les secteurs qui vont bien — défense, banque — là c'est bon comme prévu".

- Les banques résilientes -

Ce semestre "reste décevant", notamment en comparaison avec la situation américaine, juge pour sa part Christopher Dembik, conseiller en investissement pour Pictet AM: "il y a ce décrochage français et européen qui est perceptible".

D'autre part, "en début d'année, vous aviez un enthousiasme qui était indéniablement exagéré sur les actions européennes. (...) La réalité c'est qu'on n'est pas sur une période de résultats qui est mirobolante", ajoute-t-il.

Les entreprises de l'aérien et de la défense tirent leur épingle du jeu, portées par les tensions géopolitiques: Airbus a vu ses bénéfices bondir de 85%, Safran de 11%.

Les banques s'en sortent bien également et "sont sur des bonnes dynamiques depuis déjà deux, trois ans", relève Christopher Dembik.

Ensemble, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale réalisent au total 13,5 milliards d'euros de bénéfices, une hausse de 12%.

En face, le secteur automobile se casse la figure. Renault, notamment, enregistre une lourde perte de plus de 11,2 milliards d'euros, due à l'évolution comptable du traitement de son partenaire japonais Nissan et ses mauvais résultats.

Son concurrent Stellantis a lui publié une lourde perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre et son nouveau directeur général, l'Italien Antonio Filosa, a prévenu qu'il faudrait prendre des "décisions difficiles" pour "accélérer" fin 2025.

Le luxe a également souffert, avec un bénéfice net en chute de 46% pour Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, ...) et de 22% pour LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine...).

Le plus gros bénéfice revient d'ailleurs à BNP Paribas, qui vole la vedette à TotalEnergies et LVMH, duo en tête au premier semestre 2024.

- Risque de taux de change -

L'incertitude reste forte pour les troisième et quatrième trimestres, en raison notamment de la force de l'euro qui devrait peser sur les entreprises françaises.

Christopher Dembik table plutôt sur "un risque de taux de change, qu'un risque de droits de douane", et cela "va beaucoup plus se matérialiser dans les résultats à venir", dans les investissements, les importations, etc.

Concernant les droits de douane, malgré les questions en suspens, les entreprises avaient anticipé, "on savait que ce serait un tarif douanier important, donc elles avaient quand même prévu les choses", ajoute l'analyste.

Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont mis fin à l'attente dimanche, en annonçant un accord prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15%.


Le FMI relève ses prévisions de croissance pour l'Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %

La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
La croissance du Royaume devrait dépasser la moyenne mondiale de 3 % l'année prochaine et dépasser celle de la plupart des États voisins du Golfe. (Shutterstock)
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  • Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril
  • Le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier

RIYAD : Le Fonds monétaire international (FMI) a relevé sa prévision de croissance économique pour l’Arabie saoudite en 2025 à 3,6 %, contre 3 % en avril, soulignant la vigueur du secteur hors pétrole et la levée attendue des coupes de production de l’OPEP+.

Dans sa dernière mise à jour du World Economic Outlook, le FMI indique que cette révision reflète une expansion plus soutenue que prévu du secteur non pétrolier. La croissance du Royaume devrait ainsi dépasser la moyenne mondiale (3 %) l’an prochain, se hissant au-dessus de celle de la plupart des pays du Golfe voisins.

À moyen terme, le FMI anticipe une hausse de la croissance à 3,9 % en 2026, avant une stabilisation autour de 3,5 %.

Le PIB hors pétrole est estimé en croissance de 3,4 % en 2025, légèrement en retrait par rapport aux 4,2 % enregistrés en 2024. Toutefois, les perspectives à moyen terme restent solides, avec une progression approchant 4 % en 2027, pour atteindre environ 3,5 % à la fin de la décennie.

Les conditions sur le marché du travail se sont également améliorées : le taux de chômage des Saoudiens a atteint un niveau record de 7 % en 2024, selon le FMI.

L’inflation demeure maîtrisée—le taux global devrait rester proche de 2 %, grâce à l’ancrage au dollar et au cadre des subventions en vigueur.

Sur le plan budgétaire, le FMI estime que l’augmentation des dépenses publiques en 2025—entraînant un déficit plus élevé que prévu—reste justifiée. Il met en garde contre de nouvelles coupes liées à la baisse des prix du pétrole, qui risqueraient de peser sur la croissance en rendant la politique budgétaire procyclique.

Le Fonds recommande une consolidation budgétaire progressive à moyen terme, notamment via l’augmentation des recettes non pétrolières, la suppression progressive des subventions énergétiques et la rationalisation des dépenses publiques.

Malgré certaines pressions liées à la forte croissance du crédit et aux coûts de financement, le secteur bancaire saoudien demeure résilient, selon le FMI. La Banque centrale saoudienne a introduit un coussin de capital contracyclique et continue de renforcer le cadre réglementaire.

Le rapport souligne l’importance de poursuivre les réformes structurelles pour soutenir la diversification de l’économie hors pétrole. Il appelle à avancer sur la gouvernance, le développement du capital humain, l’accès aux services financiers, la numérisation et le développement des marchés de capitaux — indépendamment des fluctuations des prix du pétrole.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com