La France cherche une solution pour continuer à exporter son blé vers l'Afrique

"Il n'y a pas de souci à se faire pour nos exportations", a déclaré mardi le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht (Photo, AFP).
"Il n'y a pas de souci à se faire pour nos exportations", a déclaré mardi le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 avril 2023

La France cherche une solution pour continuer à exporter son blé vers l'Afrique

  • Le gouvernement a été interpellé par plusieurs députés sur les conséquences d'une décision de l'Agence française de sécurité sanitaire
  • «La France va continuer à exporter des céréales»

PARIS: La France pourra-t-elle encore exporter des céréales vers l'Afrique le 25 avril ? Le gouvernement se veut rassurant, alors que producteurs et négociants redoutent de ne plus pouvoir utiliser un insecticide (phosphine) en contact direct avec les grains, ce qui fermerait la porte à leurs clients historiques.

"Il n'y a pas de souci à se faire pour nos exportations", a déclaré mardi le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht, tandis que son homologue de l'Agriculture Marc Fesneau soulignait le rôle majeur que la France continuerait de tenir pour la "sécurité alimentaire" mondiale.

Le gouvernement a été interpellé par plusieurs députés sur les conséquences d'une décision de l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses), datant d'octobre 2022, qui n'autorise, à compter du 25 avril, l'utilisation de l'insecticide PH3 (ou phosphine) en fumigation des cales des navires qu'à la condition qu'il ne soit pas "au contact direct des céréales".

"Si aucune décision n'est prise, le 25 avril, on ne pourra plus exporter vers des pays comme le Togo, le Cameroun, l'Algérie ou l'Égypte, qui exigent dans leur cahier des charges une fumigation en contact direct avec les grains", a déclaré à l'AFP Eric Thirouin, président de l'association des producteurs français de céréales (AGPB).

"On est au pied du mur. La Belgique, l'Allemagne, tous les autres pays européens ont réautorisé l'utilisation en fumigation directe, sauf la France. Ce qui fait que le 4e exportateur mondial de blé pourrait ne plus pouvoir livrer ses clients, ce qui aurait un impact grave pour la sécurité alimentaire, et pour la balance commerciale de la France" où les céréales pesaient "11,5 milliards d'euros" en 2022, a-t-il souligné.

Bien conscient des enjeux, le gouvernement a expliqué chercher une solution "juridique" pour contourner cette contrainte.

"La France va continuer à exporter des céréales. Elle le fait dans le cadre du droit européen qui permet de déroger à l'interdiction (...) à la demande des pays d'import", a indiqué Marc Fesneau.

"Il y a encore des clarifications juridiques à apporter, mais je puis vous garantir que d'ici au 25 avril, des décisions seront prises pour que les exportations puissent se poursuivre", a dit de son côté Olivier Becht.

Solution spécifique pour l'export ?

Jusqu'ici, les comprimés d'insecticide étaient placés directement sur les chargements de grains. S'il est techniquement possible de réaliser la fumigation indirectement en plaçant les comprimés dans une boîte ou poche percée, ce procédé est refusé par certains pays tiers, qui estiment ne pas avoir la capacité de retraiter un emballage considéré comme un déchet toxique.

Pour le Synacomex, syndicat des exportateurs, c'est la décision de l'Anses qui est à l'origine de cette situation de blocage, car l'agence "a restreint" l'autorisation de mise sur le marché (AMM) demandée par la société néerlandaise UPL Holdings Coöperatief U.A. qui commercialise le PH3.

Contactée par l'AFP, l'Anses a précisé n'avoir fait que répondre au dossier transmis par la société UPL.

"Nous n'avons pas interdit la phosphine (un gaz qui peut être dangereux pour l'homme en cas d'inhalation de doses massives, NDLR). Nous avons jugé conformes les dossiers déposés par UPL. Mais tous les essais sur les résidus (d'insecticide) envoyés par le demandeur portaient sur un protocole où le produit n'est jamais mis directement dans le grain. Nous n'avons donc validé que ces protocoles", a indiqué à l'AFP Charlotte Grastilleur, directrice générale déléguée du pôle produits réglementés de l'Anses.

"Le 21 février dernier, la société UPL nous a même expliqué qu'elle ne revendiquait pas l'utilisation au cœur du grain (fumigation directe, NDLR) parce que ses résultats d'analyses concernant les résidus (de pesticide) seraient non-conformes à la réglementation européenne", a-t-elle ajouté.

L'Anses explique ne pouvoir revoir sa décision qu'en cas "de fait scientifique nouveau", ce qui n'est pas le cas ici.

Dans cette situation, estime l'Anses, une des pistes serait de s'appuyer sur le droit européen qui autorise des dépassements de limites maximales de résidus dans certains cas pour l'export, indépendamment des AMM délivrées au niveau national.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
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  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.