Grèce : l'île de Paros saisie de fièvre immobilière face au boom touristique

Une photo montre une vue du village de pêcheurs de Naoussa au coucher du soleil sur l'île cycladique de Paros, le 5 avril 2023 (Photo, AFP).
Une photo montre une vue du village de pêcheurs de Naoussa au coucher du soleil sur l'île cycladique de Paros, le 5 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 13 avril 2023

Grèce : l'île de Paros saisie de fièvre immobilière face au boom touristique

  • «La saison touristique cette année sera la meilleure», prédit aussi le maire de Paros, Markos Kovaios
  • Durement éprouvée par la crise financière, la Grèce a beaucoup misé sur le bâtiment et le tourisme pour relancer son économie à la peine

PAROS: Le bruit de la perceuse résonne de bon matin sur le port de Naoussa à Paros, une île grecque très prisée des touristes où les travaux de construction sont menés tambour battant avant le coup d'envoi d'une saison touristique prometteuse.

Camionneurs, ouvriers et ingénieurs s’affairent sur différents chantiers sur la route principale bordée de maisons blanchies à la chaux, volets et portes peints en bleu, en vert ou plus rarement en rouge, dans le style architectural typique de l'archipel des Cyclades.

Marteau en main, le plombier Nikos Kritikos arrache de vieux tuyaux d’égout d'une bâtisse entièrement rénovée. A côté, trois hommes déchargent d’un camion des cartons de carreaux et des dalles de céramique. Les travaux d'extension de cette vieille maison ont permis d'ajouter trois chambres à louer.

"C'est fou, l'ouverture de la saison approche et tous sont en train de réparer, peindre (...) pour être à l'heure", affirme cet artisan originaire de l'île.

En face, un complexe avec piscine et suites appartenant à un fonds immobilier sort de terre, "la preuve d'une percée fulgurante de l'argent étranger", assure, circonspect, ce quinquagénaire.

«Tout pour le profit»

Après deux années gâchées par la pandémie, la remontée en flèche du tourisme l'année dernière - 27,8 millions de visiteurs (+89,3% sur un an), selon les chiffres de la Banque de Grèce - nourrit les espoirs.

Les recettes du tourisme devraient au moins atteindre cette année le niveau de 2022 (17,6 milliards d'euros), et "selon le scénario le plus optimiste, dépasser celles de 2019" (18,1 milliards euros), selon Yannis Retsos, président de l'Union des opérateurs du tourisme.

"La saison touristique cette année sera la meilleure", prédit aussi le maire de Paros, Markos Kovaios.

L'été dernier, la population de l'île (15 000 habitants en temps normal) a été multipliée par cinq, selon lui.

Durement éprouvée par la crise financière, la Grèce a beaucoup misé sur le bâtiment et le tourisme pour relancer son économie à la peine. Ce dernier secteur représente désormais près d'un quart du PIB.

Le long de la route sinueuse reliant Naoussa aux villages traditionnels de Lefkes ou Marpissa, chantiers, complexes touristiques, villas luxueuses avec piscines et logements souterrains se succèdent, certains cachés dans des ravins.

"Tout pour le profit, aucune limite", s'indigne Kostantis Haniotis dans son café à Lefkes, en se plaignant de l'augmentation des prix due à "la surexploitation touristique".

Laxisme

La mairie de Sifnos, une autre île des Cyclades, a tiré la sonnette d'alarme face à "la croissance effrénée" du tourisme, réclamant des mesures comme l'interdiction des piscines, selon le quotidien Kathimerini.

Sur les collines recouvertes de buissons fleuris qui contrastent avec le bleu du ciel et de la mer Egée, des murets en pierre témoignent encore des cultures en terrasse qui prévalaient jadis sur cette île. Aujourd'hui, il ne reste que quelques oliveraies et vignobles, et la pêche se pratique surtout à des fins gastronomiques.

"Dans les années 1990, chaque famille construisait une maison pour les enfants (…) Maintenant on n'arrête pas de construire pour les touristes", déplore Nikos Kritikos.

L'artisan redoute que Paros devienne comme la très en vogue et voisine Mykonos, qui propose des vacances luxueuses et attire la jet-set internationale.

Début mars, l'agression violente par des inconnus d'un archéologue chargé de l'examen des permis de construire à Mykonos a suscité un vif émoi.

Cette attaque, qualifiée de "mafieuse" par les autorités, a révélé les irrégularités chroniques dans le BTP, un problème endémique en Grèce.

Les contrôles interviennent souvent après la délivrance des permis de construire, et la seule solution en cas d'irrégularités "reste l'amende, que personne ne craint car il y a trop d'argent" en jeu dans le tourisme, dénonce Despina Koutsoumpa, présidente de l'Union des archéologues grecs.

Panagiotis Galanis, avocat spécialisé dans le droit de l'urbanisme, souligne que "les autorités sont souvent laxistes pour des raisons économiques car le tourisme est devenu une industrie lourde du pays".

Le maire de Paros assure toutefois que les contrôles ont été intensifiés cette année.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".