Macron, impopulaire après les retraites, veut réformer tous azimuts

Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre Elisabeth Borne rencontrent trois principales organisations patronales françaises, Le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l'Union des entreprises de proximité (U2P), à l'Elysée, le 18 avril 2023 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron et la Première ministre Elisabeth Borne rencontrent trois principales organisations patronales françaises, Le Medef, la Confédération des PME (CPME) et l'Union des entreprises de proximité (U2P), à l'Elysée, le 18 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 19 avril 2023

Macron, impopulaire après les retraites, veut réformer tous azimuts

  • Le chef de l'Etat sera en déplacement mercredi en Alsace, dans le nord-est du pays, pour parler de réindustrialisation et tenter un retour en grâce
  • Sa cote de popularité s'est effondrée à 28% d'avis favorables, son score le plus faible en quatre ans

PARIS: Le président français Emmanuel Macron, à la popularité en berne après son passage en force sur la réforme des retraites, s'est montré à l'offensive mardi avec son gouvernement, avec l'objectif de multiplier les réformes pour ré-engranger du soutien populaire, malgré déjà de nouvelles polémiques.

Le chef de l'Etat sera en déplacement mercredi en Alsace, dans le nord-est du pays, pour parler de réindustrialisation et tenter un retour en grâce. Lundi soir lors d'une allocution télévisée, il s'est donné "100 jours" pour agir "au service de la France".

M. Macron a reçu mardi le patronat français, à qui il a annoncé vouloir "accélérer" la réforme des lycées professionnels, tout en appelant à "bâtir" un "pacte de la vie au travail", aux contours encore flous, d'ici "la fin de l'année".

"Le dialogue social, ça prend du temps", avait réagi lundi le président de la principale organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux. En sortant de l'Élysée, il a dit attendre "évidemment que les syndicats reviennent" à la table des discussions.

Acteurs majeurs de la contestation contre la réforme des retraites, qui a mobilisé des centaines de milliers de personnes dans les rues à une douzaine de reprises depuis mi-janvier, les syndicats étaient également conviés à la présidence. Mais ils ont décliné l'invitation, dans un contexte de vive tensions avec le président Macron.

Les principaux cadres du gouvernement ont affiché un activisme au diapason. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a souhaité "un projet de loi fort" sur l'immigration, quand celui du Budget Gabriel Attal s'est engagé à "continuer à bâtir un plan Marshall pour les classes moyennes".

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a lui dénoncé la fraude sociale, évoquant des bénéficiaires frauduleux d'aides qui vivraient "au Maghreb ou ailleurs", s'attirant les foudres de la gauche qui l'accuse de faire le jeu de l'extrême droite.

Après trois mois de contestation de la réforme des retraites, passée le 20 mars en force par l'exécutif, sans vote à l'Assemblée, puis promulguée dans la foulée de sa validation par le Conseil constitutionnel, la méthode Macron est fortement décriée.

«Casserolades»

Sa cote de popularité s'est effondrée à 28% d'avis favorables, son score le plus faible en quatre ans, égal aux "niveaux records mesurés pour (ses prédécesseurs) Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy au moment où ces derniers avaient atteint le niveau le plus bas de leur popularité", selon l'institut de sondage Ipsos.

Lundi soir, 24 000 personnes, selon les autorités, ont participé dans plusieurs grandes villes françaises à des concerts de casseroles pendant son allocution.

"Symboliquement, avec ces +casserolades+, les manifestants veulent couvrir par leur vacarme festif une parole présidentielle qui est perçue par eux comme une forme de bruit sans consistance et sans contenu", explique Pierre Lefébure, politiste de l'université Paris Nord.

Les syndicats ont d'ores et déjà appelé à un rassemblement mercredi dans la localité alsacienne où se rendra le président et demandé aux manifestants de se munir de casseroles et couvercles pour "mieux se faire entendre" et montrer que "la page retraites est loin d'être tournée".

Mardi, plus de 300 personnes ont scandé "Macron démission" à Saint-Denis, en proche banlieue parisienne, où le président Emmanuel Macron devait assister à un concert.

"Je suis là pour que Macron ne puisse pas se balader tranquille dans n'importe quel endroit de France", a déclaré Marie, une professeure membre d'un "comité de mauvais accueil" du président, qui veut organiser des manifestations partout où il se rendra.

"Macron a voulu incarner personnellement le pouvoir en prenant toute la lumière dans les bons moments, mais du coup il est aussi l'incarnation du rejet de sa politique", explique Antoine Bristielle, analyste à la fondation Jean Jaurès, qui constate un "gouffre assez indépassable entre la population, son président et son gouvernement".

En parlant de "concertation, d'apaisement, alors que sur les retraites on lui a reproché sa brutalité", "il prône l'inverse de ce qu'il a fait pendant trois mois", poursuit-il.

Étonnamment, M. Macron a été filmé lundi soir chantant en pleine rue un chant de la région des Pyrénées (sud-ouest), en compagnie de passants à Paris, peu après son allocution.

La vidéo a été diffusée par une organisation qui, selon le quotidien Libération, aurait des liens avec l'extrême droite, mais le président français ignorait l'identité des autres chanteurs, d'après son entourage.


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.