En Cisjordanie, des «racines» fragiles pour la paix

Un graffiti de l'artiste de rue britannique Banksy montrant une colombe avec un gilet pare-balles est vu dans la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Un graffiti de l'artiste de rue britannique Banksy montrant une colombe avec un gilet pare-balles est vu dans la ville de Bethléem en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 21 avril 2023

En Cisjordanie, des «racines» fragiles pour la paix

  • Les Israéliens sont largement plus nombreux que les Palestiniens, et manifestement plus à l'aise
  • L'endroit, dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, offre un espace de dialogue rare entre Palestiniens et Israéliens

JERUSALEM: C'est un dîner de rupture de jeûne du ramadan, mais la nourriture est casher et on y célèbre un Palestinien ayant secouru un couple de juifs attaqué à coup de pierres devant chez lui.

Sous un auvent de bois près du Goush Etzion, un bloc de colonies juives au sud de Bethléem, en Cisjordanie occupée, des commensaux improbables partagent un repas organisé par l'association Shorashim-Joudour ("Racines" en hébreu et en arabe).

L'endroit, dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, offre un espace de dialogue rare entre Palestiniens et Israéliens alors que le conflit qui déchire les deux peuples semble aspiré dans une nouvelle spirale de violences depuis janvier.

Pour ce quatrième "iftar" organisé par l'association cette année, les plats palestiniens traditionnels ont été préparés sous contrôle rabbinique pour que les juifs pratiquants puissent y goûter sans crainte.

Sur le mur vert au-dessus du buffet, un hadith (parole attribuée à Mahomet et consignée dans la tradition islamique) peint en arabe et en hébreu rappelle que le vrai croyant aime son prochain.

On trouve là des habitants de colonies juives voisines (que l'ONU juge illégales au regard du droit international), quelques Palestiniens des environs et de plus loin, des militants de gauche venus du Goush Etzion ou d'Israël... une cinquantaine de personnes en tout.

«Seulement la paix»
Les Israéliens sont largement plus nombreux que les Palestiniens, et manifestement plus à l'aise.

Habitant Jérusalem, Alaa, un Palestinien de 25 ans, n'était encore jamais venu. Il confie à l'AFP ne pas se sentir "très à l'aise avec les personnes qui [sont] ici". Mais refuser de parler aux Israéliens est "une grave erreur", dit-il.

Il y a des "résistances" des deux bords à ce qui se passe ici, reconnaît Shaul Judelman, codirecteur israélien de Shorashim-Joudour, en notant le grand nombre de ceux pour qui, côté israélien, "le simple fait de parler au camp d'en face est une [...] trahison".

À la différence des autres Palestiniens, qui s'arrangent pour n'apparaître sur aucune photo, l'invité d'honneur de la soirée, Mohammed, se prête au jeu de bonne grâce.

Âgé de 33 ans, cet habitant d'une petite ville palestinienne plus au sud travaille dans la construction en Israël.

Il raconte comment il est venu très naturellement en aide à un jeune couple d'Israéliens attaqués par des lanceurs de pierres devant sa maison, les abritant chez lui "jusqu'à ce que l'armée [israélienne] vienne les chercher". Les Palestiniens ne veulent "pas la guerre, mais seulement la paix", assure-t-il.

Yaakov, le père de l'homme qu'il a aidé, est venu lui aussi, "pour remercier [celui] qui a sauvé [son] fils".

Secouriste au Magen David Adom, l'équivalent israélien de la Croix-Rouge, il dit avoir "souvent l'occasion de côtoyer des Palestiniens" dans son travail, "mais c'est la première fois qu'[il vient] à une rencontre de Shorashim", et il "pense que les rencontres de ce genre peuvent contribuer à changer la situation".

«Nouveau discours»
Avant le repas, juifs et musulmans ont prié séparément mais le dîner fini, un rabbin lit en hébreu une prière, traduite en arabe par l'hôte des lieux, Khaled Abou Awad, codirecteur palestinien de l'association.

"Nous sommes un groupe qui veut mettre un terme à la violence et à la haine entre ces deux peuples afin de trouver un moyen de coexister sur cette terre sainte", et ces repas permettent de créer une atmosphère "d'amour et de respect", explique-t-il.

La famille de M. Abou Awad a payé un lourd tribut au conflit : deux de ses frères ont été tués, sa mère, un autre de ses frères et son fils ont été détenus dans les prisons israéliennes.

Le combat de Shorashim-Joudour est non-violent et vise à la reconnaissance de l'autre dans ses droits et sa différence par le dialogue. Créée il y a neuf ans, l'association organise des cours de religion pour que juifs et musulmans apprennent à comprendre la foi de l'autre, ainsi que des actions de solidarité entre ses membres.

M. Judelman plaide la nécessité d'un "nouveau discours sur le conflit", et note que "la plupart des Palestiniens ne nous attaquent pas".

"La plupart des Israéliens et des Palestiniens sont des gens bons et modérés, dit M. Abou Awad, et nous devons leur donner l'occasion de montrer que leurs idées peuvent faire advenir la paix, contrairement à "l'extrémisme, la vengeance et la violence".


Irak: une compagnie émiratie suspend ses activités dans un complexe gazier

Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel (Photo, X).
Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel (Photo, X).
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  • Des tirs de roquettes Katyusha non revendiqués ont visé le complexe à plusieurs reprises ces dernières années
  • Les responsables kurdes ont précédemment accusé des groupes pro-iraniens d'être à l'origine de ces attaques

DUBAÏ: La firme émiratie Dana Gas a annoncé lundi la suspension de ses activités dans un complexe gazier de la région autonome du Kurdistan irakien à la suite d'une attaque de drone qui a tué quatre personnes.

Le complexe de Khor Mor, géré par Dana Gas, a été touché à plusieurs reprises ces dernières années, mais l'attaque de vendredi était le premier incident mortel.

Quatre travailleurs sont morts et huit autres ont été blessés quand un drone a frappé un réservoir de stockage de condensat, a indiqué Dana Gas dans un communiqué transmis à la Bourse d'Abou Dhabi.

"Pour la sécurité de notre personnel et des installations, qui ont été très légèrement endommagées, nous avons décidé de suspendre temporairement la production et de mettre en place des changements spécifiques de procédure", a indiqué Dana Gas.

Tirs de roquettes

Des tirs de roquettes Katyusha non revendiqués ont visé le complexe à plusieurs reprises ces dernières années, sans causer de dommages significatifs.

Les responsables kurdes ont précédemment accusé des groupes pro-iraniens d'être à l'origine de ces attaques.

L'attaque de vendredi a perturbé l'approvisionnement en gaz des centrales électriques de la région, entraînant la perte de 2.500 mégawatts (MW) d'électricité, selon les autorités locales chargées de l'électricité.

Les forces de sécurité irakiennes ont mis en place une commission d'enquête, promettant de punir les "agresseurs".

Dana Gas a assuré qu'elle était "engagée avec les autorités gouvernementales à renforcer les mesures de sécurité et de défense afin de permettre la reprise de la production à l'installation gazière de Khor Mor".

Le champ gazier de Khor Mor se trouve entre les villes de Kirkouk et de Souleimaniyeh, dans une région administrée par les autorités du Kurdistan autonome dans le nord de l'Irak.

Les quatre personnes tuées dans l'attaque sont toutes de nationalité yéménite, selon Peshawa Hawramani, porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan.

En janvier, deux Katyucha ont pris pour cible le champ gazier, provoquant un incendie mais sans faire de victimes. À l'époque, des groupes irakiens pro-iraniens attaquaient les bases militaires accueillant les forces américaines en Irak et dans la Syrie voisine.


Selon le ministre saoudien des Affaires étrangères, une solution à deux États est le seul moyen pour éviter la guerre

 Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, assiste à la réunion spéciale du Forum économique mondial à Riyad, le 28 avril 2024. (AFP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, assiste à la réunion spéciale du Forum économique mondial à Riyad, le 28 avril 2024. (AFP)
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  • Le prince Faisal a affirmé que le Royaume ferait tout ce qui était en son pouvoir pour avancer vers une solution à deux États
  • Il a ajouté qu’il espérait que la communauté internationale ferait le bon choix et transformerait ces objectifs en réalité

RIYAD: Seul un véritable engagement en faveur d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien peut empêcher la répétition de la guerre à Gaza: c’est ce qu’a déclaré dimanche le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane.

«Nous autres, dans la région, n’allons pas nous uniquement concentrer sur le règlement de la crise du moment. Nous allons déployer les efforts nécessaires pour tenter de résoudre le problème plus vaste dans le contexte de Gaza. Il s’agit d’un véritable engagement en faveur d’une solution à deux États, c’est-à-dire une voie crédible et irréversible vers un État palestinien», a-t-il affirmé lors de la réunion spéciale du Forum économique mondial à Riyad.

«C’est la seule solution raisonnable et crédible pour éviter de replonger dans la même situation d’ici à deux, trois ou quatre ans.»

Il a ajouté qu’il appartenait à la communauté internationale, en particulier aux pays qui ont le plus d’influence, et au Conseil de sécurité de l’ONU, d’aider à mettre en œuvre la solution.

«Il est bon de savoir que la plupart de nos partenaires et la communauté internationale soutiennent cette notion. Il faut désormais que ces objectifs deviennent réalité.»

«Nous devons traduire ces paroles en mesures concrètes. Et cela ne peut être laissé aux belligérants. Nous – la communauté internationale, et en particulier les pays qui ont le plus d’influence, le plus d’impact, ainsi que le Conseil de sécurité – devons intervenir», a-t-il soutenu.

Le ministre des Affaires étrangères du Sri Lanka, Ali Sabry, a fait écho à l’appel du prince Faisal et il a fait savoir que le conflit israélo-palestinien ne serait pas résolu tant qu’une solution à deux États n’entrerait pas en vigueur.

«J’ai toujours défendu la solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien, car là est le problème sous-jacent. Si vous n’œuvrez pas à résoudre ce problème… vous aurez probablement une pause à court terme. Mais la vengeance sera d’autant plus importante. Nous n’en voulons pas. Il faudrait parvenir à une solution une fois pour toutes», a-t-il poursuivi.

Le prince Faisal a déclaré que le Royaume ferait tout ce qui était en son pouvoir pour avancer vers une solution à deux États. Il a ajouté qu’il espérait que la communauté internationale ferait le bon choix et transformerait ces objectifs en réalité.

«Si nous sommes tous d’accord que l’établissement d’un État palestinien et le fait de donner aux Palestiniens leurs droits sont les solutions pour garantir la sécurité, la stabilité et les droits, alors nous devrions tous décider d’investir toutes nos ressources pour faire en sorte que cela se produise.»

«Si nous prenons cette décision, le chemin sera tout tracé, même si certains tenteront de le parsemer d’embûches. Il y a des leviers évidents et d’autres, cachés, qui peuvent nous pousser dans cette direction. Je veux donc garder espoir […] et je sais que nous, en tant que royaume d’Arabie saoudite, ferons tout notre possible pour suivre cette voie.»

«J’espère que, compte tenu de tout ce qui s’est passé, la communauté internationale se joindra à nous. Nous travaillons avec nos partenaires – les Européens, et bien d’autres – pour essayer de traduire cette intention en réalité», a conclu le prince Faisal.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Blinken au Moyen-Orient pour promouvoir une trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken est accueilli par le directeur du protocole du ministère saoudien des affaires étrangères, Mohammed Al-Ghamdi, lors de sa visite en Arabie saoudite dans le cadre de la dernière initiative diplomatique en faveur de Gaza, à Riyad, le 29 avril 2024. (AFP).
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  • Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas
  • M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza

RIYAD: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé lundi en Arabie saoudite, première étape d'une tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir une trêve entre Israël et le Hamas et l'entrée de plus d'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

M. Blinken, qui se rendra ensuite en Jordanie et en Israël, rencontrera à Ryad plusieurs de ses homologues des pays du Golfe et d'Europe afin de discuter des plans de reconstruction de la bande de Gaza après la guerre, a indiqué un responsable du département d'Etat.

Ces plans pourraient inclure le financement de la reconstruction du territoire palestinien, transformé en champ de ruines par près de sept mois de bombardements et de combats et dont la majorité des habitants ont été déplacés, ou encore le soutien à la mise en place de nouvelles structures de gouvernement pour le "jour d'après" la guerre.

La visite de M. Blinken a lieu à l'occasion d'une réunion spéciale de deux jours, dans la capitale saoudienne, du Forum économique mondial (WEF).

Israël n'est pas représenté à cette réunion, et les négociations sur une trêve à travers une médiation américaine, qatarie et égyptienne, se déroulent ailleurs, au Caire. Mais l'événement entend être "une occasion d'avoir des discussions structurées" avec "des acteurs clés", avait souligné samedi le président du WEF, Borge Brende.

« Nouvelle dynamique »

Il avait aussi fait état d'"une sorte de nouvelle dynamique dans les discussions autour des otages, et (...) d'une sortie possible de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons à Gaza".

Depuis le début de la guerre, l'Arabie saoudite travaille avec d'autres pays pour tenter de mettre fin au conflit qui menace d'embraser la région, et de faire dérailler son ambitieux programme de réformes économiques, appelé Vision 2030.

La monarchie du Golfe, premier exportateur de pétrole au monde et poids lourd du monde arabe, mène également des discussions sur un éventuel accord de normalisation avec Israël, accompagné d'un renforcement de son partenariat de sécurité avec Washington.

Une telle normalisation aurait un énorme impact, le royaume saoudien étant le gardien des deux sites les plus sacrés de l'islam. Mais le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre a éloigné cette perspective.

Les Etats-Unis ont cherché à la maintenir en vie pour encourager à la modération le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, opposant de longue date à la création d'un Etat palestinien.

Le département d'Etat américain a indiqué qu'Antony Blinken va "discuter des efforts en cours visant à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza qui permette la libération des otages". Il "mettra aussi l'accent sur l'importance de prévenir une extension" régionale de la guerre, selon la même source.

Avec l'Egypte et le Qatar, les Etats-Unis tentent depuis des mois de servir de médiateurs à une nouvelle trêve entre Israël et le Hamas, la pression en faveur d'un tel accord allant croissante.

Le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, doit annoncer lundi s'il accepte ou non une proposition israélo-égyptienne pour un cessez-le-feu.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre en Israël qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait 34.454 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.