L'armée soudanaise accepte une trêve de trois jours pour marquer l'Aïd Al-Fitr

Des personnes fuyant une bataille de rue entre les forces de deux généraux soudanais rivaux sont transportées à l'arrière d'un camion dans le sud de Khartoum, le 21 avril 2023. (AFP)
Des personnes fuyant une bataille de rue entre les forces de deux généraux soudanais rivaux sont transportées à l'arrière d'un camion dans le sud de Khartoum, le 21 avril 2023. (AFP)
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L'armée soudanaise accepte une trêve de trois jours pour marquer l'Aïd Al-Fitr

  • Il n'était pas immédiatement clair quand la trêve commencerait. Des coups de feu ont été entendus sans interruption toute la journée, ponctués par le bruit sourd de l'artillerie et des frappes aériennes
  • L'aéroport étant pris dans les combats et le ciel dangereux, des pays comme les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Allemagne et l'Espagne n'ont pas pu évacuer leur personnel diplomatique

KHARTOUM: L'armée soudanaise a déclaré avoir accepté une trêve de trois jours à compter de vendredi pour permettre aux gens de célébrer la fête musulmane de l'Aïd Al-Fitr après près d'une semaine de combats entre ses troupes et la force paramilitaire rivale. Ainsi, des témoins dans différents quartiers de la capitale Khartoum ont indiqué ne plus entendre le bruit d'explosions en soirée, après l'annonce par l'armée d'un cessez-le-feu de trois jours.

« Les forces armées espèrent que les rebelles respecteront toutes les exigences de la trêve et arrêteront toute action militaire qui y ferait obstacle », a indiqué un communiqué de l'armée. Les échanges de tirs ont ravagé les quartiers résidentiels de la capitale Khartoum après que l'armée s'est déployée à pied pour la première fois dans son combat de près d'une semaine avec les Forces de soutien rapide (FSR). Les combats entre la troupe et des hommes armés de la FSR se sont poursuivis dans des quartiers de la ville, y compris lors de l'appel à des prières spéciales pour l'Aïd tôt le matin.

Il n'était pas immédiatement clair quand la trêve commencerait. Des coups de feu ont été entendus sans interruption toute la journée, ponctués par le bruit sourd de l'artillerie et des frappes aériennes. Des images de drones ont montré plusieurs panaches de fumée à travers Khartoum et ses villes sœurs du Nil, qui forment ensemble l'une des plus grandes zones urbaines d'Afrique.

«Pour l'Aïd, notre pays saigne»

Jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avaient appelé à un cessez-le-feu durant "au moins" les trois jours de l'Aïd. Mais regrette Sami al-Nour, un habitant de Khartoum, "on passe l'Aïd avec en fond sonore le bruit des tirs et l'odeur de la mort à la place des gâteaux, des enfants heureux et du bon temps en famille".  Pour Ibrahim Awad, un autre habitant de la capitale, "la situation était inévitable: un pays avec deux dirigeants et deux armées ne peut pas aller de l'avant".

Le général Daglo était depuis le putsch d'octobre 2021 le numéro deux du général Burhane. Ce dernier est apparu jeudi pour la première fois depuis le début des hostilités à la télévision d'Etat. "Pour l'Aïd, notre pays saigne: la destruction, la désolation et le bruit des balles ont pris le pas sur la joie", a-t-il déclaré. Jusqu'ici, comme son rival, le général Daglo, il n'avait parlé qu'à des médias et ne s'était pas adressé directement aux 45 millions de Soudanais.

Les FSR paramilitaires soudanaises avaient accepté une trêve de 72 heures plus tôt dans la journée. Déclenchés le 15 avril, les combats ont fait 413 morts et 3 551 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces derniers ont eu lieu principalement dans la capitale et dans l'ouest du Soudan, faisant basculer le troisième plus grand pays du continent - où environ un quart de la population dépendait déjà de l'aide alimentaire - dans une catastrophe humanitaire.

«Patients à même le sol»

Des hôpitaux supplémentaires ont été fortement endommagés à Khartoum, et quatre établissements ont été touchés à al-Obeid, à 350 km au sud de la capitale, soulignait dans la journée le syndicat des médecins: au total "70% des hôpitaux en zone de combat sont hors service". Pour porter assistance aux civils, le Comité international de la Croix-Rouge réclamait elle un "accès humanitaire immédiat et sans entraves (...) une obligation au regard du droit international humanitaire". Au Darfour, l'une des régions les plus pauvres du Soudan, "la situation est catastrophique", raconte un docteur de Médecins sans frontières (MSF).

"Il y a tellement de patients qu'ils sont soignés à même le sol dans les couloirs parce qu'il n'y a tout simplement pas assez de lits", dit-il depuis cette région où les miliciens Janjawids, le gros des FSR, ont commis d'atroces exactions lors de la guerre déclenchée en 2003 par le dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019.

L'armée de l'air, qui vise les FSR disséminées dans les zones résidentielles, n'hésite pas à larguer des bombes. Dans ce chaos, "70% des 74 hôpitaux de Khartoum et des zones touchées par les combats ont été mis hors d'usage", rapporte le syndicat des médecins.

Evacuation du personnel diplomatique 

Les consultations diplomatiques, elles, s'intensifient: le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly, a écourté une tournée en Asie-Pacifique "à cause de la situation au Soudan". 

L'aéroport étant pris dans les combats et le ciel dangereux, des pays comme les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, l'Allemagne et l'Espagne n'ont pas pu évacuer leur personnel diplomatique. Toutefois, les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de militaires dans la région pour faciliter une éventuelle évacuation de leurs ambassades et ressortissants ; la Corée du Sud et le Japon vont eux envoyer des avions alors que l'aéroport est fermé depuis samedi. L'Union européenne envisage pour sa part une évacuation dès que possible par voie terrestre.

Au moins cinq travailleurs humanitaires ont été tués, dont trois du Programme alimentaire mondial, qui a depuis suspendu son opération au Soudan – terrain de l'une des plus grandes missions d'aide alimentaire au monde. Un employé de l'Organisation internationale pour les migrations a été tué vendredi dans la ville d'El Obeid, après que son véhicule a été touché par des tirs croisés alors qu'il tentait de mettre sa famille en sécurité. Et à Washington, le département d'Etat a déclaré sans donner plus de détails qu'un citoyen américain au Soudan avait été tué.

Cadavres sur les routes

Femmes et enfants essentiellement se pressent sur les routes pour fuir, entre points de contrôle et cadavres. Depuis le début des hostilités, 10 000 à 20 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, sont passés au Tchad voisin, selon l'ONU. "Ni Burhane ni Daglo n'ont l'air de vouloir céder, la situation pourrait encore empirer", estime le centre de recherche International Crisis Group (ICG). "Un conflit de longue durée serait la ruine du Soudan",  troisième producteur d'or d'Afrique où pourtant plus du tiers de la population souffre de la faim, ajoute l'ICG.

L'armée continue à avancer, combattant les RSF sur le terrain après s'en être largement tenue aux frappes aériennes et aux tirs d'artillerie dans la capitale depuis que la lutte pour le pouvoir a éclaté le week-end dernier. Dans un communiqué, l'armée a déclaré avoir commencé «le nettoyage progressif des foyers des groupes rebelles autour de la capitale».

(Avec agences)


Le président égyptien appelle à reconstruire Gaza «sans déplacer les Palestiniens»

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty et le secrétaire d'État américain Marco Rubio se serrent la main dans le bâtiment du département d'État américain, le 10 février 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty et le secrétaire d'État américain Marco Rubio se serrent la main dans le bâtiment du département d'État américain, le 10 février 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé mardi à la reconstruction de Gaza "sans déplacer les Palestiniens"
  • Lors d'un appel téléphonique avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, M. Sissi a souligné "la nécessité de commencer la reconstruction de la bande de Gaza

LE CAIRE: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé mardi à la reconstruction de Gaza "sans déplacer les Palestiniens", après que Donald Trump a dit qu'il pourrait suspendre l'aide à l'Egypte et à la Jordanie si ces pays refusent d'accueillir les Gazaouis.

Lors d'un appel téléphonique avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, M. Sissi a souligné "la nécessité de commencer la reconstruction de la bande de Gaza (...) sans déplacer les Palestiniens et de manière à préserver leurs droits de vivre sur leur terre", selon un communiqué de son bureau.

 


Le chef de l'ONU appelle le Hamas à procéder à la «libération prévue» des otages

 Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le Hamas à poursuivre la libération des otages, après la menace du mouvement islamiste palestinien de reporter la prochaine opération prévue par la trêve en vigueur à Gaza. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le Hamas à poursuivre la libération des otages, après la menace du mouvement islamiste palestinien de reporter la prochaine opération prévue par la trêve en vigueur à Gaza. (AFP)
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  • "Nous devons éviter à tout prix une reprise des hostilités à Gaza qui conduirait à une immense tragédie
  • "Les deux parties doivent respecter pleinement les engagements pris dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu et reprendre des négociations sérieuses", a-t-il ajouté

GENEVE: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le Hamas à poursuivre la libération des otages, après la menace du mouvement islamiste palestinien de reporter la prochaine opération prévue par la trêve en vigueur à Gaza.

"Nous devons éviter à tout prix une reprise des hostilités à Gaza qui conduirait à une immense tragédie. J'appelle le Hamas à procéder à la libération prévue des otages", a déclaré M. Guterres sur le réseau social X.

"Les deux parties doivent respecter pleinement les engagements pris dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu et reprendre des négociations sérieuses", a-t-il ajouté.

Une trêve fragile négociée par l'intermédiaire du Qatar avec l'aide des Etats-Unis et de l'Egypte est entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas après plus de 15 mois d'une guerre ayant dévasté la bande de Gaza.

Le cessez-le-feu a permis jusqu'ici la libération de 16 otages israéliens, enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du Hamas ayant déclenché les hostilités - en échange de quelque 700 Palestiniens détenus par Israël. Cinq otages thaïlandais ont également été libérés.

Au total 33 otages israéliens sont censés être libérés pendant la première phase de la trêve s'achevant le 1er mars. Mais le Hamas a annoncé lundi qu'il reportait sine die le prochain échange devant avoir lieu samedi, en accusant Israël de multiples violations de la trêve. Israël a qualifié la décision du Hamas de "violation totale" de l'accord et ordonné à son armée de se tenir prête "à tous les scénarios".

Le Hamas a ensuite assuré que la porte restait "ouverte" pour que la libération d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens "se déroule selon le plan prévu", samedi, "une fois qu'[Israël] se sera acquitté de ses obligations".

Le président américain Donald Trump a promis un "enfer" si le Hamas ne relâchait pas tous les otages israéliens d'ici samedi.

 


Report de la libération d'otages: Israël accuse le Hamas de violation de la trêve

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé lundi que l'annonce du Hamas sur un report de la libération d'otages était "une violation totale" de l'accord de trêve et qu'il avait donné l'ordre à l'armée de se préparer "à tous les scénarios". (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé lundi que l'annonce du Hamas sur un report de la libération d'otages était "une violation totale" de l'accord de trêve et qu'il avait donné l'ordre à l'armée de se préparer "à tous les scénarios". (AFP)
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  • Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé dans un communiqué que "toutes les familles des otages avaient été mises au courant ce soir de l'annonce du Hamas"
  • "Il a été précisé aux familles que l'Etat d'Israël tient à respecter l'accord et considère toute violation de celui-ci avec la plus grande gravité", selon le communiqué

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé lundi que l'annonce du Hamas sur un report de la libération d'otages était "une violation totale" de l'accord de trêve et qu'il avait donné l'ordre à l'armée de se préparer "à tous les scénarios".

"L'annonce du Hamas concernant l'arrêt de la libération des otages israéliens constitue une violation totale de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages", et l'armée a reçu l'ordre "de se préparer à tous les scénarios", a déclaré M. Katz dans un communiqué.

La branche armée du Hamas a annoncé un peu plus tôt reporter "jusqu'à nouvel ordre" la prochaine libération d'otages captifs à Gaza, en accusant Israël de faillir à ses engagements.

"La libération des prisonniers qui était prévue pour samedi prochain, 15 février 2025, est reportée jusqu'à nouvel ordre en attendant que l'occupation [Israël, NDLR] s'acquitte de ses obligations", a déclaré Abou Obeida, porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un communiqué.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé dans un communiqué que "toutes les familles des otages avaient été mises au courant ce soir de l'annonce du Hamas".

"Il a été précisé aux familles que l'Etat d'Israël tient à respecter l'accord et considère toute violation de celui-ci avec la plus grande gravité", selon le communiqué.

"Nous réaffirmons notre engagement à respecter les termes de l'accord tant que l'occupation s'y tient également", a affirmé de son côté Abou Obeida.

En Israël, le Forum des familles d'otages a dit avoir "demandé en urgence l'assistance des pays médiateurs pour qu'ils aident à la mise en oeuvre effective de l'accord".

Depuis l'entrée en vigueur, le 19 janvier, de la trêve négociée par l'intermédiaire du Qatar avec l'aide de l'Egypte et des Etats-Unis, 16 otages israéliens ont été libérés de Gaza, en échange de 765 Palestiniens détenus par Israël. Cinq otages thaïlandais ont également été libérés hors du cadre de l'accord.

Celui-ci prévoit dans sa première phase de six semaines le retour en Israël d'encore 17 otages, dont huit déclarés morts.