Les politiciens libanais irritent les bailleurs de fonds

Le président français, Emmanuel Macron, s'entretient avec Arnaud Tranchant, commandant du porte-hélicoptères Tonnerre, au large du port de Beyrouth (Photo, AFP/Archives)
Le président français, Emmanuel Macron, s'entretient avec Arnaud Tranchant, commandant du porte-hélicoptères Tonnerre, au large du port de Beyrouth (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 03 décembre 2020

Les politiciens libanais irritent les bailleurs de fonds

  • La visioconférence, présidée par le président français, Emmanuel Macron, et le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, vise à coordonner l’aide internationale au peuple libanais
  • «Aucune mesure requise dans la feuille de route française pour le Liban n'a été mise en œuvre, et les comptes de la Banque centrale libanaise n'ont pas été vérifiés»

BEYROUTH: Au moment où l'ONU anime une deuxième conférence internationale de soutien au Liban, les principaux donateurs étaient de plus en plus intolérants envers les politiciens libanais mercredi.

La visioconférence, présidée par le président français, Emmanuel Macron, et le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, vise à coordonner l’aide internationale au peuple libanais alors que le pays continue de faire face à des défis politiques, économiques et sociaux.

Les participants – dont des chefs d'État, des organisations internationales, des donateurs, des ONG et des représentants de la société civile – ont discuté des résultats de la première conférence, organisée le 9 août par la France après l'explosion du port de Beyrouth. Cela s'était traduit par des promesses d'aide d'une valeur d'environ 300 millions de dollars, versées dans un fonds géré par la Banque mondiale et acheminé via les agences des Nations unies et les ONG plutôt que par les institutions de l'État libanais.

Les délégués ont néanmoins exprimé leur inquiétude face à l’incapacité des factions politiques au Liban à résoudre leurs différends et à travailler ensemble pour le bien du pays. Quatre mois après l’explosion du 4 août à Beyrouth et la démission du gouvernement d’Hassan Diab, un nouveau gouvernement n’a pas encore été formé, ce qui retarde les réformes économiques et politiques nécessaires à la résolution de la crise financière.

Selon Reuters, la présidence française a affirmé mercredi: «Aucune mesure requise dans la feuille de route française pour le Liban n'a été mise en œuvre, et les comptes de la Banque centrale libanaise n'ont pas été vérifiés». Elle ajoute: que «les sanctions américaines imposées à la classe politique libanaise n'ont eu jusqu'à présent aucun effet, et n'aideront sûrement pas à former un gouvernement».

Cela fait suite à la fuite d'une conversation au cours de laquelle Dorothy Shea, l'ambassadrice américaine au Liban, a demandé à Nabih Berri, président du parlement libanais, de «se tenir à l'écart du Hezbollah». Elle a également laissé entendre que «Washington rejettera tout gouvernement qui assure une représentation au Hezbollah, et qu’il n’y aura absolument pas d’aide étrangère sans un changement radical au Liban».

Les politiciens libanais se sont réunis mercredi pour tenter de s’entendre sur les modalités du soutien financier des biens et des services de base à la lumière de la baisse des réserves de l'État. Le Liban subventionne le carburant, le blé et les médicaments. Le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salameh, a néanmoins confirmé mardi qu'il ne peut «continuer à subventionner les produits de base que pour les deux prochains mois, et cela pour faute de fonds».

L'atmosphère était tendue alors que les factions se disputaient autour de la manière de maintenir les réserves et du risque de lever les subventions. La réunion s'est soldée par une demande du gouvernement intérimaire d’un rapport détaillé sur les subventions.

Naim Qassem, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, a demandé la formation rapide d'un nouveau gouvernement. Il a en outre mis en garde contre une attente des retombées de la transition présidentielle à Washington, et qui porte l’espoir d’améliorer réellement la situation au Liban.

«Les signes montrent clairement que le pays se dirige vers un gouffre si la formation du gouvernement n'est pas accomplie le plus tôt possible», a-t-il souligné. «Si les parties concernées s'entendent sur un gouvernement, le monde et les États-Unis s'occuperont du reste».

Pendant ce temps-là, plusieurs étudiants de l'université Saint-Joseph au Liban ont été blessés lors d'affrontements entre des partisans du parti des Forces libanaises (FL) et du Hezbollah lors des élections étudiantes de mercredi. Trois personnes ont été arrêtées. Les FL ont attribué la violence à «des groupes armés non affiliés à l'université».

Les procureurs ont d’ailleurs déposé mercredi des accusations de corruption contre huit officiers des forces de sécurité, dont le chef de l'armée, le général Jean Kahwaji.

Dans une autre affaire, le général Mohamed Fahmy, ministre de l'Intérieur par intérim, a comparu devant le procureur général, le juge Ghassan Oueidat, pour répondre aux allégations du Conseil supérieur de la magistrature selon lesquelles il aurait diffamé le pouvoir judiciaire.

Fahmy a révélé après l’entretien qu'il «n’a pas l'intention d'offenser l'autorité judiciaire», tout en saluant les relations étroites entre les forces de sécurité et le pouvoir judiciaire. Il avait déclaré lors d'une interview télévisée que 95% des juges sont corrompus, ce qui a provoqué des contestations de la part de l’appareil judiciaire et une journée de grève des membres du barreau.

Par ailleurs, le président libanais Michael Aoun a déclaré mercredi qu'il souhaite voir les pourparlers sur la frontière maritime avec Israël aboutir, et que les désaccords lors du précédent cycle de négociations du mois dernier pouvaient être résolus sur la base du droit international. Ses commentaires sont venus lors d'une réunion avec John Desrocher, le médiateur américain chargé des pourparlers.

Toutefois, des responsables ont indiqué que la quatrième série de négociations, qui devait avoir lieu mercredi, a été reporté jusqu'à nouvel ordre. La résolution du problème de la frontière pourrait ouvrir la voie à des transactions pétrolières et gazières lucratives pour les deux pays.

Chaque état revendique environ 860 kilomètres carrés de la Méditerranée. Au cours de la deuxième série de négociations, le Liban a revendiqué 1 430 km2 supplémentaires.

(Rapports supplémentaires par l’AP)

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
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  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat